Ichrâs (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : [[]]
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Ce n’est pas la racine de l’asphodèle, comme le prétend la masse des commentateurs, mais d’une plante différente, qui cependant a quelques ressemblances avec l’asphodèle. — Abou’l Abbâs en-Nebaty. Cette plante est connue dans l’Orient tout entier. On l’expédie des environs de Harran (quelques mss. : du Khorassan) vers les autres pays. Elle provient des montagnes voisines, et on l’exporte sous forme de racines d’un jaune mêlé de rouge et consistantes. On la soumet à la meule et en la triture pour l’usage des cordonniers et autres artisans. On l’emploie pour coller les livres et autres objets. Elle se dissout et se solidifie à l’instant. A cet effet, on en prend une petite portion que l’on jette dans de l’eau, puis on agite, soit avec la main, soit avec une tige de bois; on l’applique, et elle colle immédiatement. Parmi les colles tirées des végétaux, il n’y en a pas qui la surpassent en qualité. C’est à tort qu’en Espagne quelques-uns ont donné à la plante bien connue sous le nom de berouâk (l’asphodèle) le nom d’ichrâs. Quelques-uns ont aussi prétendu que l’ichrâs était la racine de moghâth connue en Orient par ses propriétés agglulinatives et collantes. Il n’en est pas ainsi. Quant à l’asphodèle, al-brūāq, elle est connue en Orient et ailleurs pour les propriétés agglulinatives dont jouissent ses variétés. Il en est une troisième espèce que l’on appelle souï, ṣūī du côté de Jérusalem. Elle ressemble au berouâk du Maghreb, sinon qu’elle est plus grande, plus amère, et son fruit plus volumineux et plus ferme. Il en est de même de la fleur, rappelant l’ellébore pour la forme, et de couleur jaune. Quant à l’ichrâs, il est plus grand. Sa feuille a la forme de l’asphodèle appelé khonlhâ, ḫunṭā, sinon qu’elle est plus large et plus courte. La tige est pareille, sinon qu’elle est de la grosseur du doigt médius, de la longueur de deux coudées et plus arrondie à son extrémité. Vers le tiers de sa hauteur sont des (leurs blanches et grandes, ressemblant à celles du berouâk, quelque peu rouges et d’un aspect agréable. Le fruit est arrondi et la racine ressemble à celle de la scille, ainsi que nous l’avons dit. — Autre auteur. On l’emploie avec beaucoup de succès dans les topiques destinés à contenir les fractures et les hernies.
Nous avons trouvé cette plante, ou du moins une des espèces, à Constantine, où elle croît et où elle est toujours employée par quelques cordonniers sous le nom de tcheridj. Elle est mentionnée, pour ses emplois industriels et pharmaceutiques, par le cheikh Dawoud et par Abd er-Rezzak. Sa fleur, dit le cheikh Dawoud, est blanche et rouge et donne une graine allongée et pointue : son succédané est le moghâth.
Cette plante est signalée dans le Voyage en Orient d’Aucher Eloy. Les tisserands de Mosul, dit-il, se servent, pour donner de la raideur à leurs fils, d’un empois qu’ils préparent avec les oignons de l’Ornithogalum umbellatum que les Arabes apportent du désert. — Nous lisons dans une note que la plante dont se servent les cordonniers à Constantinople et qui est appelée sirich provient d’un grand asphodèle blanc, voisin de l’A. ramosus et recueilli aux environs d’Alep.
Kazouini parle aussi de l’ichrâs et de ses propriétés. La Turquie avait à l’Exposition de 1867 plusieurs échantillons de tcheriche, soit en nature, soit en poudre, mais sans indication d’origine ni synonymie.
Nous lisons dans une note de la traduction arabe de Dioscorides, à propos de l’asphodèle : l’ichrâs des cordonniers en est une espèce: xxx xxx xxx.