Goémons (Cazin 1868)

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Gnaphalie
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Grateron


[489]

Nom accepté : Fucus spp.


GOËMONS.

(Sous ce nom, les marins désignent tous les fucus. Les habitants de la Bretagne et de la Normandie leur donnent le nom de Brai ou Brochons. Nous renvoyons, pour l'étude de certains d'entre eux, aux articles CARRAGAHEEN, LAMINAIRE, MOUSSE DE CORSE, VARECH VÉSICULEUX, etc. ; mais nous avons voulu dire quelques mots des goémons en général.

Le nombre des varechs est infini ; à peu de chose près, leurs propriétés sont les mêmes. Un des plus répandus est le fucus crispus (voyez CARRAGAHEEN). Il a des frondes vertes fortement découpées ; lavé, puis exposé à l'air, il répand des vapeurs à odeur fortement marine, il se dessèche, devient blanc : dans cet état, il est insipide et inodore, il craque sous la dent, mais par le séjour dans la bouche il se ramollit et gonfle. Le tissu du goémon est constitué par des cellules emprisonnant une substance propre, qui par ébullition dans l'eau forme une dissolution mucilagineuse, qui par refroidissement se prend en gelée. Cette substance neutre, que Blondeau[1] propose d'appeler goëmine, n'est point de la gélatine, n'ayant aucune des réactions propres à ce corps. Ce qui différencie la goëmine des substances cellulosiques, c'est sa solubilité dans l'acide chlorhydrique, l'acide azotique et la potasse. Analysée, elle a fourni : carbone, 21.80 ; hydrogène, 4.87 ; azote, 21.36 (chiffre supérieur à celui de toutes les autres substances azotées) ; soufre, 2.51 ; oxygène, 49.46. Comme la gélatine, la goëmine n'en est-elle peut-être pas plus nutritive malgré la présence d'une grande quantité d'azote. Il y aurait des recherches à faire dans ce sens.

Nous n'insistons pas sur les usages du goëmon comme source de soude, d'iode, etc. ; les détails en sont exposés aux articles que nous venons de citer.

Laennec a tenté de faire un air maritime artificiel dans le centre de la France, en déposant des goémons dans la chambre des phthisiques. Il crut d'abord[2] obtenir de brillants avantages de ce traitement ; mais on ne tarda pas[3] à être éclairé sur son peu de valeur.)

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  1. Répertoire de pharmacie, mai 1865.
  2. Traité de l'auscultation médiate.
  3. Revue médicale, 1815.