Gesse (Cazin 1868)

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Germandrée
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Giroflée


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Nom accepté : Lathyrus cicera, ou plutôt Lathyrus sativus


GESSE. Lathyrus Cicer. L.

Jarosse.

LÉGUMINEUSES. Fam. nat. — DIADELPHIE DÉCANDRIE. L.


(Cette plante est cultivée comme fourrage dans certaines parties de la France. — Elle croît spontanément dans les blés. Le genre lathyrus comprend plusieurs variétés. Nous nous contenterons de mentionner : le L. sativus, pois carré ; le L. odoratus, pois de senteur ; le L. tuberosus, gland de terre, très-abondant en fécule.

(Description. — Tige ailée et grimpante ; pétiole terminé en vrille, portant de deux à six folioles; stipules semi-sagittées. — Fleurs d'un blanc rosé, portées sur des pédoncules axillaires. — Calice à cinq divisions, les deux supérieures plus courtes. — Style plan, élargi au sommet et un peu velu. — Gousse oblongue, portant un sillon sur le dos, polysperme ; semences anguleuses, petites, d'un jaune fauve.

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Le pois de la gesse est amer quand il est cru ; il fournit une farine dont on s'est nourri dans les temps de disette. En Espagne, elle entre dans l'alimentation du peuple. Marmé[1] y a constaté la présence de l'inosite.)

(La gesse n'est pas et n'a pas été, que nous sachions, usitée en médecine. Nous ne l'avons admise qu'à cause des qualités nuisibles qu'on lui attribue. Duvernoy[2] la regarde comme vénéneuse et l'accuse de produire une sorte de paralysie. Dow, dans son Dictionnaire du Jardinier, dit que, mêlée par moitié avec celle de blé, la farine de cette légumineuse détermine la rigidité des membres. Vilmorin a publié le cas d'une femme jeune et bien portante chez laquelle l'usage du L. cicer, continué pendant plusieurs semaines,

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  1. Répertoire de pharmacie, août 1865, p. 60.
  2. De Lath, Quadam venenata specie in comitatu Monsbelgardensi culta. Bas., 1770, in-4°.


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amena la paralysie des extrémités inférieures. Le tribunal de Niort a condamné un fermier à l'amende et à faire 50 francs de pension à un ouvrier auquel il avait donné du pain où entrait de la farine de jarosse, et qui présentait entre autres symptômes une claudication marquée. Aux Indes, on fait de cette farine un usage alimentaire dans les classes inférieures ; on connaît cependant son action délétère. K. Kirch[1] en donne des exemples dans sa topographie de l’upper midh. Thomas Thompson a observé au Thibet des paralysies causées par cette plante. James Irving a relaté une véritable épidémie de paraplégie douloureuse dont il trouve la cause dans l'alimentation par la gesse cultivée. Il est bon d'ajouter que le pays où cet observateur se trouvait est humide et marécageux, et que les conditions hygiéniques des malades étaient presque toujours mauvaises. Evidemment, cette plante, dont les semences plutôt que les feuilles paraissent nuisibles, porte son action sur la moelle et spécialement sur son extrémité inférieure, Mais, au dire de Dupuy[2], les chevaux morts à la suite d'expériences par lui instituées avec la jarosse succombent par asphyxie. Le poison aurait, selon cet observateur, une propriété coagulante, qui interromprait la circulation en général, et particulièrement celle du poumon).

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  1. Cité par la Gazette des hôpitaux, février 1861, à laquelle nous empruntons les détails qui suivent.
  2. Académie de médecine, 2 juillet 1839.