Genipa americana (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Noms vernaculaires
- Créole : génipa [jinipa].
- Wayãpi : yanɨpa.
- Palikur : arasgu.
- Portugais : jenipapo (fruit), jenipapeiro (arbre).
Écologie, morphologie
Grand arbre de la forêt primaire, peu commun, parfois entretenu ou planté près des villages [1].
Collections de référence
Jacquemin 2462 ; Moretti 1197 ; Oldeman et Burgot 3616 ; Sabatier et Prévost 4201.
Emplois
Cette espèce, surtout connue pour ses fruits comestibles au suc tinctorial bleu-noir dont les Amérindiens font leurs peintures corporelles (GRENAND et PRÉVOST, 1994), est parfois utilisée également pour ses propriétés médicinales.
Chez les Créoles, la racine grattée, préparée en décoction, est purgative ; l’écorce de tronc serait, à l’inverse, antidiarrhéique. La même écorce préparée en emplâtre est appliquée sur les ulcères [2].
Étymologie
- Créole : d’une langue amérindienne tupi de Guyane ou du Brésil (cf. le nom Wayãpi).
Chimie et pharmacologie
La génipine a été isolée des fruits et des feuilles de G. americana (DIERASSI et al., 1960). La génipine, d’une belle couleur bleue, dérive probablement de l’hydrolyse du géniposide par action d’une glucosidase et en présence d’acides aminés (HIROYYKI et al., 1969 ; GUARNACCIA et al., 1972).
Les tests chimiques réalisés ont montré la présence de saponines, de flavanes et de tanins dans les feuilles et les tiges ; on observe avec les feuilles une fausse réaction des alcaloïdes, probablement due à une interaction avec des iridoïdes, présents dans cette espèce.
L’acide génipique et l’acide génipinique inhibent la croissance des bactéries gram+ et gram-, celle du champignon Trichophyton mentagrophytes, de l’algue Chlorella vulgaris, et du protozoaire Tetrahymena gelleii (TALLENT, 1964). NAKANISHI et al. (1965) ont complété ce travail et trouvé que la toxicité pour les fruits, les feuilles et les tiges était de DL 50 mg/kg > 1000. La vitamine c est présente dans le fruit à la dose de 2,04 mg/ml (MARIANETTI, 1951).
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- ↑ En dépit de sa célébrité, cette espèce s’avère peu répandue en Guyane française. Les sujets observés sont soit des pieds semés et entretenus, soit des pieds sauvages, toujours en forêt primaire et atteignant souvent plus de 25 mètres. Par ailleurs, Genipa americana est souvent confondu in situ avec Genipa spruceana Steyerm., espèce beaucoup plus commune, de plus petite taille et croissant en végétation ripicole.
- ↑ Ce dernier usage est signalé aussi au Venezuela (DELASCIO CHITTY, 1985) ; il est à rapprocher du remède observé chez les Caraïbes de la Dominique (HODGE et TAYLOR, 1957) pour soigner les pians : il est fait de pulpe de fruit de Genipa americana, de racines écrasées d’un Heliconia (Héliconiacées) et de cendres tirées de la base des feuilles de Gynerium sagittatum (Poacées). Le jus de génipa non dilué est recommandé pour soigner la jaunisse (troubles hépatiques, hépatites) chez les Caboclos de la région de Santarém (BRANCH et SILVA, 1983).