Dendrocalamus asper (PROTA)

Ressources végétales de l'Afrique tropicale Introduction

Liste des espèces

Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Légume
Bois d'œuvre
Sécurité alimentaire

Dendrocalamus asper (Schult. & Schult.f.) Backer ex K.Heyne

Protologue: Nutt. pl. Ned.-Ind., ed. 2, 1: 301 (1927).

Famille: Poaceae (Gramineae)

Synonymes

• Gigantochloa aspera (Schult. & Schult.f.) Kurz (1876).

Noms vernaculaires

• Bambou géant (Fr).
• Giant bamboo, rough giant bamboo, sweet bamboo (En).

Origine et répartition géographique

L’origine de Dendrocalamus asper est incertaine, mais elle se situerait en Asie du Sud-Est. Dendrocalamus asper est planté dans toute l’Asie tropicale et a été introduit dans d’autres pays tropicaux, notamment au Ghana, au Bénin, en R.D. du Congo, au Kenya et à Madagascar.

Usages

Au Bénin, les tiges sont utilisées en construction et comme support d’antennes de télévision. En Asie, les tiges adultes servent pour la construction, la fabrication de meubles, de planches, d’instruments de musique, d’ustensiles pour la maison, l’artisanat, les tangons des bateaux de pêche et pour la fabrication de papier, les entrenœuds supérieurs servant de récipients et pour la cuisson. Quant aux jeunes et tendres turions, ils sont consommés comme légume.

Propriétés

Les tiges ont des parois épaisses et elles sont très solides et durables. A 8% d’humidité, la densité des parois est de 0,7–0,8 g/cm³. A 15% d’humidité, le module de rupture est de 103 N/mm², la compression axiale de 31 N/mm² et le cisaillement de 7 N/mm².

Les dimensions moyennes des fibres de la tige sont : longueur 3,8 mm, diamètre 19 μm, largeur du lumen 7 μm, épaisseur de la paroi 6 μm. La composition chimique de la tige est approximativement : holocellulose 53%, pentosanes 19%, lignine 25% et cendres 3%. La solubilité est de 4,5% dans l’eau froide, de 6% dans l’eau chaude, de 1% dans l’alcool-benzène, et de 22% dans une solution de NaOH à 1%. Des cellules de la fibre de tige en provenance de la R.D. du Congo mesuraient en moyenne 2,5 mm de longueur, avec un diamètre de 17 μm et une épaisseur de la paroi cellulaire de 7 μm ; elles étaient très rigides. Le matériel végétal provenant de la R.D. du Congo contenait : holocellulose 58–62%, α-cellulose 44–49%, pentosanes 16–21%, lignine 23–28% et cendres 1–3%. La solubilité était de 3–7% dans l’eau chaude, de 1–3% dans l’alcool-benzène, de 16–30% dans une solution de NaOH à 1% et de 0, 2–0,6% dans l’éther. On a estimé que les fibres se prêtaient à la fabrication de papier d’emballage de second choix.

La partie comestible des jeunes turions est d’environ 34%, ils pèsent en moyenne 5,4 kg avant d’être pelés et 1,8 kg après l’avoir été. Ce sont les turions de Dendrocalamus asper qui passent pour les meilleurs de toutes les pousses de bambous d’Asie tropicale. Ils supportent bien la mise en conserve.

Description

• Bambou à rhizome court, robuste et à tiges densément cespiteuses ; tige (chaume) érigée à bout retombant, de 15–30 m de haut, de 8–20 cm de diamètre, creuse mais quelquefois presque pleine à la base, paroi de 11–36 mm d’épaisseur, recouverte de poils couchés lorsque jeune, brun doré, fins, duveteux, devenant glabre plus tard ; entrenœuds inférieurs de 10–20 cm de long, les supérieurs de 30–50 cm ou plus, blanc cireux sous les nœuds ; nœuds renflés, nœuds inférieurs présentant des racines aériennes.
• Feuilles alternes, simples ; feuilles caulinaires à gaine atteignant 50 cm × 25 cm, à poils bruns, à auricules saillantes, ligule jusqu’à 10 mm de long et limbe jusqu’à 50 cm × 7 cm ; feuilles des rameaux à gaine glabre ou couverte de poils pâles apprimés et disséminés, auricules absentes, ligule de 2 mm de long, limbe de 15–30(–45) cm × 1–2,5(–8,5) cm, courtement stipité à la base, glabre au-dessus, poilu mais glabrescent au-dessous.
• Inflorescence : panicule sur un rameau dépourvu de feuilles, avec fascicules d’épillets aux nœuds.
• Epillets ellipsoïdes, de 6–9 mm × 4–5 mm, légèrement aplatis latéralement, composés de 1–2 glumes et de 4–5 fleurs, souvent avec une fleur apicale stérile ; lemme ovale, d’environ 8 mm de long, à poils courts, paléole papyracée, 2-carénée, mais la plus haute sans carène, 4–7-nervée ; fleurs à 6 étamines et ovaire ovoïde, stigmate 1.
• Fruit non développé.

Autres données botaniques

Les pousses de Dendrocalamus asper atteignent normalement leur taille définitive en moins d’un an, mais après une saison des pluies courte, la croissance marque le pas pour reprendre à la pluie suivante. Les rameaux latéraux apparaissent lorsque la tige a atteint sa taille définitive. Une tige arrive à maturité en 3–4 ans. Une belle touffe saine peut donner plusieurs pousses par an. Les tiges apparues au cours des dernières années sont plus grosses que celles du début. Elles atteignent leur diamètre maximum 5–6 ans après la plantation. Une touffe adulte peut atteindre 3 m de diamètre voire plus et compter une soixantaine de tiges. La floraison se produit chez des plantes qui ont entre 100–120 ans. La plante meurt après avoir fleuri.

Le genre Dendrocalamus comprend environ 35 espèces, réparties de l’Inde à la Chine et aux Philippines.

Ecologie

En Asie tropicale, Dendrocalamus asper est planté ou naturalisé jusqu’à 1500 m d’altitude. C’est cependant à 400–500 m d’altitude, dans des zones où la pluviométrie annuelle moyenne est d’environ 2400 mm, qu’il prospère le mieux. Dendrocalamus asper pousse sur tout type de sol, mais il préfère les sols lourds bien drainés.

Gestion

Dendrocalamus asper peut se multiplier par bouturage de rhizome, de tige et de rameau. Un protocole de micropropagation rapide a été mis au point en utilisant des segments nodaux avec des bourgeons axillaires sur un milieu de Murashige et Skoog. En Asie, les propagules sont élevées en pépinière, puis après l’apparition des racines, elles sont repiquées au champ avant ou pendant la première moitié de la saison des pluies. Elles sont plantées dans des trous contenant un mélange de fumier et d’engrais chimique, selon un espacement de 5–10 m × 5–10 m. Les jeunes plants ont besoin d’un arrosage et d’un désherbage réguliers pendant la période de croissance car ils ne peuvent pas être en concurrence pour les nutriments, la lumière et l’humidité. Les turions sont généralement récoltés pendant la saison des pluies, alors que les tiges le sont de préférence durant la saison sèche. Il est recommandé de récolter les tiges adultes entre 5–7 ans, et de veiller à toujours en laisser quelques-unes dans la touffe.

Les vrillettes Dinoderus minutus et Dinoderus brevis causent des dégâts considérables aux tiges récoltées. En Asie, la tradition veut qu’on les plonge dans l’eau ou la boue pour réduire la teneur en amidon et en sucres. Pour mieux les conserver, plusieurs traitements à base de solutions chimiques sont possibles. En Indonésie, c’est un traitement Boucherie modifié qui consiste à remplacer la sève par des produits chimiques à base de borax et de bore sous pression qui est le plus efficace.

Ressources génétiques

Dendrocalamus asper est disponible dans de nombreux jardins botaniques des tropiques. A cause de sa multiplication végétative, la diversité génétique de l’espèce est faible.

Perspectives

Dendrocalamus asper pousse rapidement et donne de longues tiges. Il pourrait remplacer le bois en Afrique tropicale, par ex. comme source de matériau de construction, pour la fabrication de pâte à papier et comme combustible. En tant que matériau de construction, il faut impérativement le protéger efficacement contre les attaques de vrillettes. Parmi les domaines qui nécessitent des recherches plus poussées, citons la multiplication et la conduite de la culture.

Références principales

• Clayton, W.D., Davidse, G., Gould, F., Lazarides, M. & Soderstrom, T.R., 1994. Poaceae. In: Dassanayake, M.D. (Editor). A revised handbook to the flora of Ceylon. Vol. 8. Amerind Publishing Co., New Delhi, India. 458 pp.

• Clayton, W.D., Harman, K.T. & Williamson, H., 2002–. GrassBase - the online world grass flora. [Internet] Rotal Botanic Gardens, Kew, United Kingdom.http://www.kew.org/data/grasses-db/. August 2007.

• Dransfield, S. & Widjaja, E.A., 1995. Dendrocalamus asper (Schultes f.) Backer ex Heyne. In: Dransfield, S. & Widjaja, E.A. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 7. Bamboos. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 80–83.

• Istas, J.R. & Hontoy, J., 1952. Composition chimique et valeur papetière de quelques espèces de bambous récoltées au Congo belge. Série Technique No 41. Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo (INEAC), Brussels, Belgium. 23 pp.

• Istas, J.R. & Raekelboom, E.L., 1962. Etude biométrique, chimique et papetière des bambous du Congo. Série Technique No 67. Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo (INEAC), Brussels, Belgium. 53 pp.

Autres références

• Arya, I.D., Satsangi, R. & Arya, S., 2002. Rapid micropropagation of edible bamboo Dendrocalamus asper. Journal of Sustainable Forestry 14(2/3): 103–114.

• Kigomo, B.N., 1999. An overview of bamboo and rattan sector in Kenya. Materials of the INBAR workshop, Beijing, China. [Internet] http://www.inbar.int/documents/country%20report/KENYA.htm. March 2007.

• Rao, A.N., Ramanatha Rao, V. & Williams, J.T. (Editors), 1998. Priority species of bamboo and rattan. IPGRI-APO, Serdang, Malaysia. 95 pp.

• Singh, S., Kumar, P. & Ansari, S.A., 2004. A simple method for large-scale propagation of Dendrocalamus asper. Scientia Horticulturae 100(1–4): 251–255.

Auteur(s)

• M. Brink, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Brink, M., 2008. Dendrocalamus asper (Schult. & Schult.f.) Backer ex K.Heyne. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 31 mars 2025.

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