Cinnamomum elongatum (Rollet, Antilles)

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Beilschmiedia pendula
Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006
Cinnamomum falcatum


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Planche 105 : LAURACEAE. III. Cinnamomum elongatum. A. Rameau fleuri. B. Rameau fructifié. C. Écorce (coupe transversale).

Cinnamomum elongatum (Nees) Kosterm. Reinwardtia 6 : 21 (1961).

Basionyme: Phoebe elongata Nees, Syst. Laur. : 116 (1836).

Synonymes: Phoebe cubensis Nees (1836) ; Cinnamomum cubensis (Nees) Kosterm. (1961).

Noms vernaculaires: Précolombien : Kulanaho (Caraïbe). Créole : Lowyé Kannel (Ste-Lucie). Fr : Bois doux, Bois chypre (Guadeloupe) ; Laurier cannelle, cannelier sauvage (Martinique) ; Laurier mama z’enfants (Trinidad) ; Bois doux, Cyp blanc (Martinique) ; Laurier de rose (Dominique) ; Laurier cannelle (Ste-Lucie) ; Laurier senti (Grenade).

Description: Grand arbre atteignant 20 m de haut et 100 cm de diamètre. Pied : contreforts aliformes, 1 m de haut, avec pattes à 30° (diamètre 35 cm), ou seulement pattes aliformes à 45° jusqu’à 0,6 m (diamètre 30 cm). Écorce : épaisseur totale 3-4 mm pour un diamètre de 30 cm. Aspect externe : brun gris clair à gris foncé sublisse ; lenticelles rondes, 1 mm sans ordre ; sous le liège gratté : verdâtre puis orangé. Écorce vivante : en section transversale, rayons très fins serrés sinueux, blanchâtres, certains progressivement élargis ; tranche fibro-grumeleuse orange. Rameaux : branches étagées, croissance rythmique (modèle de Massart d’après HUC). Feuilles : alternes, lancéolées, très acuminées, 6-18 × 2-5 cm ; 5 paires de nervures, face inférieure un peu glauque, ne craquent pas en les froissant. Fleurs : blanches, odorantes, inflorescences dressées, généralement plus courtes que les feuilles ; calice large à 6 lobes persistants. Fruits : cupule couronnée par les 6 lobes du calice persistant en grosses dents deltoïdes ; baie ellipsoïde à cylindrique, fruit plus gros que chez C. cubensis (voir ci-dessous). Phénologie : sempervirent. Fleurs de février à juin. Fruits en août-septembre. Habitat : disséminé en forêt dense entre 100 et 600 m. Tempérament : sciaphile. Le nom vernaculaire de Trinidad évoque la propension à produire de nombreux rejets à la base du tronc ; croissance lente. Plantule : Type VII. Les cotylédons restant au sol, plus ou moins enfermés dans les téguments et les parois du fruit, libèrent un épicotyle qui ne porte que 4 ou 5 cataphylles avant d’exposer des feuilles assimilatrices. Les feuilles vert sombre et luisant sont longuement acuminées.

Usages: Opinions variables quant à la qualité et l’utilisation du bois, probablement à cause de la confusion dans les espèces. Bois grisâtre, mou, peu utilisé (MARSHALL), très attaqué par les insectes (LITTLE and al.) ; résistant aux termites et aux champignons (Lang). Meubles, menuiserie intérieure (LITTLE and al.). Bois recherché pour la construction (DUSS) ; construction, menuiserie, ébénisterie (Lang). Utilisé par les Caraïbes pour leurs lits (HODGE & TAYLOR). Connu comme un bois très durable, très résistant à la pourriture : des souches et vieilles billes abandonnées sur le parterre des coupes restent très longtemps sans pourrir. L’espèce ne se régénère pas activement, et par suite de la surexploitation, tend à devenir rare.

Distribution générale: Cuba, Hispaniola, Puerto Rico, Virgin Islands, Petites Antilles, Trinidad, Tobago. Contrairement à ce qu’indique BEARD (1944), l’espèce ne se trouve pas en Amérique tropicale continentale (cf. Bernardi).

Distribution aux Petites Antilles: St Eustache, St Kitts, Montserrat, Guadeloupe (Basse-Terre), Dominique, Martinique, St Vincent, Grenade.

Matériel examiné: BT : HUC 1077, Forêt de Choisy, 400 m (GUAD). M : ROLLET 755, 1723, 1726, Anse Couleuvre, 100-250 m et pente bord de mer, Le Prêcheur (GUAD).

Observations: SE : Quill, 300 m, fond du cratère (BOLDINGH in STOFFERS). SK : pente Sud South Range, 100- 550 m, abondant (FIARD & ROLLET). BT : Hauteurs de Deshaies, Sofaia, Ravine chaude (DUSS). M : Rivière rouge, 290 m, Morne Man Roy, 600 m, au pied du Morne Boucher (FIARD & ROLLET) ; hauteurs du Prêcheur, Champflore, Ajoupa-Bouillon (DUSS).

Bibliographie: (*Iconographie ; **Couleur). BEARD 1944, 1949 ; BERNARDI 1962 ; BRITTON & WILSON 1924 ; DUSS 1897 ; FIARD** 1992 ; FOURNET* 1978 ; HODGE & TAYLOR 1957 ; HOWARD 1988 ; LANG 1954 ; LIOGIER 1983 ; LITTLE and al.* 1974 ; MARSHALL 1939 ; STOFFERS 1966.

Note: Cinnamomum cubensis n’est pas distingué ici de C. elongatum, peut-être à tort : le tronc lisse et marron rougeâtre, les fleurs plus ou moins pileuses, le pédicelle du fruit fin et cylindrique, grêle, le fruit lui-même étroitement cylindrique (plus cylindrique que C. elongatum) pourraient être suffisants comme caractères distinctifs ; l’arbre est une espèce hémi-héliophile, pionnière dans les trouées en forêt mésophile.

Anatomie du bois

coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)
  • (3)-5-6-(25)-28-31-46-50-52-55-56-61-69 (Voir la signification des codes)
  • Bois parfait inconnu ; aubier beige jaunâtre, mi-dur et mi-lourd (0,70 à 0,80 g/cm3), à grain fin.
  • Pores disséminés, isolés ou accolés radialement par 2 ou 3-(4), au nombre de 20 à 30 par mm2, non distincts à l’œil nu (diamètre moyen de 80-90 μm). Perforations des éléments vasculaires uniques ; taille des ponctuations intervasculaires de 10 à 12 μm.
  • Parenchyme associé aux pores en manchon parfois un peu losangique et en lignes terminales plus ou moins nettes. Files de cellules composées de 2 à 4 éléments. Présence de cellules à huile.
  • Rayons 2-(3)-sériés, au nombre moyen de 7 par mm, de structure légèrement hétérogène : cellules couchées au centre et 1 à 3 rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. Cellules à huile fréquentes. Ponctuations radiovasculaires grosses, ovales ou allongées. Présence de très nombreux cristaux aciculaires.
  • Fibres cloisonnées, à ponctuations simples.