Chervis (Candolle, 1882)
Nom accepté : Sium sisarum L.
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Chervis. — Sium Sisarum, Linné.
Cette Ombellifère vivace, pourvue de plusieurs racines divergentes en forme de carotte, est considérée comme venant de l'Asie orientale. Linné indiquait avec doute la Chine, et Loureiro 1 la Chine et la Cochinchine, où, disait-il, on la cultive. D'autres ont mentionné le Japon et la Corée, mais il y a dans ces pays des espèces qu'il est aisé de confondre avec celle-ci, en particulier le Sium Ninsi et le Panax Ginseng. M. Maximowicz 2, qui a vu ces plantes au Japon et en Chine, et pour lequel les herbiers de Saint-Pétersbourg ont été très instructifs, ne reconnaît comme patrie du Sium Sisarum spontané que la Sibérie altaïque et la Perse septentrionale. Je doute beaucoup qu'on la découvre en Chine ou dans l'Himalaya, attendu que les ouvrages modernes sur la région du fleuve Amour et sur l'Inde anglaise ne la mentionnent pas.
Il est douteux que les anciens Grecs et Romains aient connu cette plante. On lui attribue le nom Sisaron de Dioscoride, Siser de Columelle et de Pline 3. Certainement le nom italien actuel Sisaro, Sisero est à l'appui de cette idée ; mais comment les auteurs n'auraient-ils pas noté que plusieurs racines descendent du bas de la tige, tandis que dans toutes les autres Ombellifères cultivées en Europe il n'y a qu'une racine pivotante ? A la rigueur, le Siser de Columelle, plante cultivée, était peut-être le Chervis; mais ce que dit Pline du Siser 4 ne lui convient pas. Selon lui, « c'était une plante officinale » (inter medica dicendum). II raconte que Tibère en faisait venir d'Allemagne, chaque année, une grande quantité, ce qui prouve, ajoute-t-il, qu'elle aime les pays froids.
Si les Grecs avaient reçu la plante directement de la Perse, il est probable que Théophraste l'aurait connue. Elle est peut être venue de Sibérie en Russie et de là en Allemagne. Dans ce cas, l'anecdote sur Tibère s'appliquerait bien au Chervis. Je ne vois pas, il est vrai, de nom russe ; mais les Allemands ont des noms originaux Krizel, ou Grizel, Görlein ou Gierlein qui indiquent une ancienne culture, plus que le nom ordinaire Zuckerwurzel, qui signifie racine sucrée 6. Le nom danois a le même sens : Sokerot, d'où les Anglais ont fait Skirret. Le nom Sisaron n'est pas connu dans la Grèce moderne; il ne l'était même pas au
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1. Linné, Species, p. 361 ; Loureiro, Fl. cochinch., p. 223.
2. Maximowicz, Diagnoses plantarum Japoniæ et Mandshuriæ, dans Mélanges biologiques du Bulletin de l'Acad. St-Pétersbourg, décad. 13, p. 18.
3. Dioscorides, Mat. med., 1. 2, c. 139 ; Columella, 1. 11, c. 3, 18, 35 ; Lenz, Bot. der Alten, p. 560.
4. Pline, Hist. plant., I. 19, c. 5.
5. Nemnich, Polygl. Lexicon, II, p. 1313.
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moyen âge, et la plante n'est pas cultivée actuellement dans ce pays 1. Ce sont des motifs pour douter du vrai sens des mots Sisaron et Siser. Quelques botanistes du xvie siècle ont pensé que Sisaron était peut-être le Panais, et Sprengel 2 appuie cette idée.
Les noms français Chervis et Girole 3 apprendraient peut-être quelque chose si l'on en connaissait l'origine. Littré fait dériver Chervis de l'espagnol Chirivia, mais il est plus probable que celui-ci dérive du français. Jean Bauhin 4 indique, dans la basse latinité, Servillum, Chervillum ou Servillam, mots qui ne sont pas dans le Dictionnaire de Ducange. Ce serait bien l'origine de Chervis, mais d'où venait Servillum soit Chervillum ?
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1. Lenz, l. c. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands ; Langkavel, Botanik der späteren Griechen.
2. Sprengel, Dioscoridis, etc., II, p. 462.
3. Olivier de Serres, Théâtre de l'agriculture, p. 471.
4. Bauhin, Hist. plant., III, p. 134.