Cassis (Cazin 1868)

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Carvi
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Cataire


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Nom accepté : Ribes nigrum


CASSIS ou GROSEILLIER NOIR. Ribes nigrum. L.

Grossularia non spinosa, fructu nigro majore. C. Bauh., Tourn. — Ribesium fructu nigro. Dod.

Ribésiacées. Fam. nat. — Pentandrie monogynie. L.


Cet arbrisseau, cultivé dans tous les jardins, est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en donner la description.

Parties usitées. — Les fruits, les feuilles et les sommités.

[Culture. — Le cassis se cultive en grand dans les champs ; il demande une terre légère. On le propage par éclats de pieds faits à l'automne ou par semis faits au printemps, que l'on repique à deux ans. On en connaît une variété à feuilles réniformes et tomenteuses, et à fruits petits.]

Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — Les feuilles, et surtout les sommités, ont une odeur aromatique agréable et sui generis ; leur saveur est un peu acerbe. Les fruits, un peu acides, renferment une huile volatile amère qui se trouve principalement dans l'enveloppe. Le suc de cassis seul, obtenu sans expression, se rapproche de celui de groseille ; joint à l'enveloppe dans une préparation quelconque, il devient aromatique. On fait avec le suc de cassis une confiture et un sirop que les Anglais emploient dans les maux de gorge, comme celui de mûres. (Ils en fabriquent des saccharolés solides (black currents lozenges) sous forme de pastilles.) On fait aussi un ratafia de cassis et une liqueur de fleurs de cassis dont Bouillon-Lagrange donne le mode de préparation, et qui est stomachique et stimulante.

Les feuilles et les sommités de cassis sont astringentes, toniques, diurétiques, diaphorétiques, etc. L'infusion chaude est donnée avec avantage dans la diarrhée chronique, dans les fièvres éruptives, lorsque l'éruption languit par débilité, dans les affections rhumatismales, la gastralgie, etc. La décoction est administrée comme diurétique dans l'hydropisie, la gravelle, le catarrhe chronique de la vessie, en l’associant à des remèdes plus actifs, ou comme boisson ordinaire, mêlée avec une suffisante quantité de vin blanc. Les fruits sont acidulés et conviennent dans les angines, et dans quelques diarrhées entretenues par la phlegmasie chronique de la muqueuse intestinale. (Il a paru, en 1722, un ouvrage intitulé : Des propriétés admirables du cassis, où cette plante était considérée comme une panacée. Le livre et le médicament sont tous deux à peu près oubliés.)

Je prépare avec les feuilles et les sommités fraîches de cassis une boisson très-agréable pour les malades, en les faisant macérer dans l'eau froide et en ajoutant à cette infusion une certaine quantité de vin blanc et de sucre. Cette boisson convient dans la période des fièvres muqueuses où de légers toniques sont indiqués, sans perdre de vue l'irritation encore existante des


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cryptes muqueux. Je l'emploie aussi avec avantage dans les hydropisies accompagnées d'une soif intense, qu'elle calme tout en favorisant la sécrétion des urines. J'ai conseillé aux moissonneurs du nord de la France, qui trop souvent ne font usage que de l'eau froide pendant leurs travaux, de se désaltérer avec l'infusion à froid de feuilles de cassis, à laquelle on ajoute quatre cuillerées d'eau-de-vie par kilogramme d'infusion. C'est de toutes les boissons la plus convenable et la moins dispendieuse pour se désaltérer pendant les chaleurs de l'été et les pénibles travaux de la récolte.