Bridelia micrantha (PROTA)

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Médicinal Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois de feu Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Ornemental Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Auxiliaire Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


répartition en Afrique (sauvage)
1, rameau en fruits ; 2, fleur mâle ; 3, fleur femelle ; 4, fruit. Redessiné et adapté par J.M. de Vries
arbre
branches en fruits
coupe transversale du bois
coupe tangentielle du bois
coupe radiale du bois

Bridelia micrantha (Hochst.) Baill.


Protologue: Adansonia 3: 164 (1862).
Famille: Euphorbiaceae (APG: Phyllanthaceae)

Synonymes

  • Bridelia stenocarpa Müll.Arg. (1864).

Noms vernaculaires

  • Mitzeerie, Coast goldleaf, Yoruba ironwood, Benin ironwood (En).
  • Mwiza (Sw).

Origine et répartition géographique

Bridelia micrantha est largement réparti sur l’ensemble de l’Afrique continentale tropicale, à l’exception d’un certain nombre de pays dont la pluviométrie annuelle est très faible. Il a été introduit à la Réunion, probablement pour ses propriétés médicinales, et s’y est naturalisé.

Usages

Le bois est très employé en construction, pour la confection de poteaux, de mobilier, de mortiers, de cuillères et de manches d’outils. Il convient pour la parqueterie, la menuiserie, les boiseries intérieures, les étais de mines, la construction navale, la charronnerie, les jouets et les articles de fantaisie, la caisserie, la sculpture, le modelage, les égouttoirs, le tournage, les placages et le contreplaqué. Le bois sert également de bois de feu et de charbon de bois.

Les feuilles sont consommées par le bétail. Elles constituent un des aliments de prédilection du ver à soie sauvage (Anaphe spp.), et on récolte des vers à soie et des chenilles comestibles sur des peuplements sauvages aussi bien que sur des plantes semi-domestiquées. Les fruits sont doucereux et comestibles, et en Afrique de l’Est, les Massaïs les utilisent pour aromatiser le lait. En Afrique de l’Ouest, on rajoute l’écorce au vin de palme pour en rehausser le goût. Bridelia micrantha est planté dans des plantations agroforestières pour donner de l’ombre et du paillis, parfois il est planté en haies. En Afrique du Sud, il est planté pour restaurer et stabiliser les canaux d’irrigation sur les exploitations de canne à sucre. Il est planté comme arbre d’ornement et particulièrement recommandé pour les sols asphyxiés. Dans la région sahélienne, la décoction de feuilles et de jeunes branches sert de teinture noire en poterie, et en Tanzanie on extrait un colorant rouge de l’écorce. L’écorce, les feuilles et les racines sont employées en médecine sur l’ensemble de l’aire de répartition de Bridelia micrantha. L’écorce est très utilisée dans le traitement des plaies, comme purgatif, abortif et aphrodisiaque, alors qu’au Congo la décoction d’écorce se prend en cas de toux et de maux de gorge. En Afrique du Sud, l’écorce guérit les maux de tête, les douleurs articulaires, les douleurs oculaires, les douleurs d’estomac, les diarrhées, le ténia, les maladies vénériennes et la fièvre. On utilise les feuilles comme laxatif et on les mâche contre les maux de tête. En Tanzanie, les racines traitent les symptômes du diabète sucré non insulinodépendant comme une soif intense, une production fréquente d’urine et une transpiration importante. En Côte d’Ivoire, on applique l’extrait de feuille et de racine comme anthelminthique, antipaludéen et contre la trypanosomose. En R.D. du Congo, l’écorce interne sert à confectionner un poison de flèche.

Production et commerce international

Le bois d’œuvre est commercialisé sous le nom de “asas” ou de “assas” mais les quantités sont minimes et les statistiques indisponibles. Des quantités considérables d’écorce sont vendues sur les marchés locaux à des fins médicinales, mais pour ce commerce les statistiques restent également indisponibles.

Propriétés

Le bois de cœur, brun pâle à brun foncé, se distingue nettement ou faiblement de l’aubier grisâtre ou blanc jaunâtre. Le fil est droit à contrefil, le grain fin et irrégulier.

C’est un bois de poids moyen, avec une densité de 500–610(–705) kg/m³ à 12% d’humidité. Il nécessite un séchage soigné si l’on veut éviter les déformations et les gerces. Les taux de retrait sont modérés, de l’état vert à anhydre ils sont de 3,8–4,0% dans le sens radial et de 6,1–6,5% dans le sens tangentiel. Une fois sec, le bois est modérément stable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 119–135 N/mm², le module d’élasticité de 10 380–12 250 N/mm², la compression axiale de 39–48 N/mm², le fendage de 19–20,5 N/mm, la dureté Janka de flanc de 5200 N, la dureté Janka en bout de 6490 N et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 1,7–3,8.

Le bois se scie assez facilement, se rabote bien et on obtient un joli polissage. Il tient bien les clous comme les vis, se colle bien, et fait de bonnes charnières. Même exposé au sol ou à l’eau, il est durable, car il résiste assez bien aux champignons et à toutes sortes d’insectes y compris aux termites, alors que l’aubier est sensible aux Lyctus. C’est un excellent bois de feu qui produit un charbon de bois de bonne qualité.

Le bois contient environ 43% de cellulose, 28% de lignine, 14% de pentosanes, 1,1% de cendres et un peu de silice. La solubilité est de 6,6% dans l’alcool-benzène, de 2,1% dans l’eau chaude et de 14,1% dans une solution à 1% de NaOH.

Les tanins isolés de l’écorce ont montré une activité antibactérienne, et les extraits aqueux de l’écorce ont mis en lumière un effet anti-inflammatoire. Il a été établi que des extraits méthanoliques et aqueux des racines et de l’écorce de la tige de Bridelia micrantha avaient une puissante activité contre l’intégrase et la transcriptase inverse du VIH-1. Des extraits méthanoliques de l’écorce ont montré in vitro l’inhibition d’un grand nombre de bactéries gram-positives et gram-négatives. Des extraits de racine ont eu le même effet mais seulement à des concentrations plus élevées. Parmi les composés isolés qui sont probablement responsables de l’activité antibactérienne, figurent la friedéline, la taraxérone, l’épifriedélinol, le taraxérol ainsi que des tanins (l’acide gallique, l’acide ellagique et l’acide caféique).

Falsifications et succédanés

Le bois ressemble à celui de Lovoa trichilioides Harms. Le bois d’œuvre de Bridelia micrantha partage son nom commercial avec celui de Bridelia grandis Pierre ex Hutch. et le bois d’œuvre des deux espèces est mélangé dans les échanges commerciaux.

Description

  • Arbre de taille petite à moyenne atteignant 20(–27) m de haut, sempervirent ou caducifolié, monoïque ; fût court, souvent tortueux, jusqu’à 50(–100) cm de diamètre, parfois pourvu d’épines émoussées et disséminées ; surface de l’écorce à fines fissures, gris foncé ; cime étalée, assez ouverte ; branches souvent garnies d’épines émoussées ; rameaux à poils mous disséminés ou bien glabres.
  • Feuilles alternes, distiques, simples et entières ; stipules linéaires-lancéolées, de 4–7 mm de long, caduques ; pétiole de 5–13 mm de long ; limbe elliptique à oblong-elliptique, de 3–28 cm × 2–12 cm, base arrondie à cunéiforme, apex courtement acuminé, glabre à faiblement poilu au-dessus, à rares poils mous au-dessous, pennatinervé à 5–20 paires de nervures latérales.
  • Inflorescence : petit fascicule axillaire.
  • Fleurs unisexuées, régulières, 5(–6)-mères ; sépales triangulaires, d’environ 2 mm de long ; pétales petits, de 0,5–1 mm de long ; disque superficiellement 5-lobé ; fleurs mâles à pédicelle d’environ 1 mm de long, étamines à filets soudés en une colonne à la base, libres et étalées au-dessus, ovaire rudimentaire ; fleurs femelles presque sessiles, ovaire supère, 2–3-loculaire, styles 2, soudés à la base, à 2 branches.
  • Fruit : drupe presque globuleuse, charnue, d’environ 7 mm de diamètre, noire à maturité, contenant 1 seule graine.
  • Graines d’environ 5 mm de long, brunâtres.
  • Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 3–4 cm de long, épicotyle de 0,5–1 cm de long, légèrement poilu ; cotylédons foliacés, transversalement oblongs, d’environ 1 cm × 2 cm ; premières feuilles alternes.

Autres données botaniques

Le genre Bridelia est présent sous les tropiques de l’Ancien Monde, et comprend quelque 75 espèces. Près d’une quinzaine se trouve en Afrique continentale tropicale et 2 sont endémiques des îles de l’océan Indien.

Bridelia ndellensis

Bridelia ndellensis Beille est un petit arbre atteignant 15(–20) m de haut dont le fût mesure jusqu’à 30 cm de diamètre, et dont l’aire de répartition s’étend depuis le sud du Nigeria jusqu’au Soudan et en Ouganda. Son bois, blanchâtre et dur, sert en R.D. du Congo pour la construction d’habitations. Au Soudan, on consomme ses fruits. En R.D. du Congo, la macération d’écorce est prescrite en cas de toux et de diarrhée.

Anatomie

Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :

  • Cernes de croissance : 1 : limites de cernes distinctes ; 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
  • Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; (19 : perforations réticulées, foraminées et/ou d’un autre type de perforations multiples) ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; (30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon) ; 31 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations rondes ou anguleuses ; 32 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations horizontales (scalariformes) à verticales (en balafres) ; (33 : ponctuations radiovasculaires de deux tailles distinctes ou de deux types différents dans la même cellule du rayon) ; (34 : ponctuations radiovasculaires unilatéralement groupées et grandes (plus de 10 μm)) ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 56 : thylles fréquents.
  • Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 65 : présence de fibres cloisonnées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
  • Parenchyme axial : 76 : parenchyme axial en cellules isolées ; 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale.
  • Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; (98 : rayons couramment 4–10-sériés) ; 107 : rayons composés de cellules couchées avec 2 à 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; 108 : rayons composés de cellules couchées avec plus de 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées ; 109 : rayons composés de cellules couchées, carrées et dressées en mélange ; (110 : présence de cellules bordantes) ; 115 : 4–12 rayons par mm.
  • Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 137 : cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons ; 138 : cristaux prismatiques dans les cellules couchées des rayons ; 140 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées, dressées et/ou carrées des rayons ; 141 : cristaux prismatiques dans les cellules non cloisonnées du parenchyme axial ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
(N.P. Mollel, P.E. Gasson & E.A. Wheeler)

Croissance et développement

En conditions favorables, lorsque les semis sont plantés sur des sols profonds et humides, leur croissance est rapide, jusqu’à 2 m par an. Bridelia micrantha produit déjà un ombrage important et peut commencer à fleurir 3 ans après le semis. La floraison a lieu pendant la saison sèche. Les arbres ne donneraient pas de fruits chaque année. Les fruits sont disséminés par de nombreux animaux, dont les civettes, les rongeurs et probablement les oiseaux. Il arrive que les racines forment des drageons lorsqu’elles sont blessées.

Ecologie

On trouve Bridelia micrantha dans une multitude de milieux qui vont de la savane et de la forêt claire aux pâturages périodiquement inondés, à la ripisylve, à la forêt marécageuse et aux lisières des mangroves, depuis le niveau de la mer en Afrique de l’Ouest jusqu’à 1750(–2500) m d’altitude en Afrique de l’Est. C’est une espèce pionnière qui tolère une grande diversité de sols. Elle supporte un gel modéré.

Multiplication et plantation

Le meilleur moyen de multiplier Bridelia micrantha est de semer des graines fraîches. Les graines sont huileuses et perdent rapidement leur viabilité. Il est difficile de les conserver longtemps. On prélève également des sauvageons en vue de la plantation. En Ouganda, on a réussi à mettre en place des plantations à partir de boutures. Si l’on souhaite obtenir une bonne croissance initiale, il convient de désherber après la plantation.

Gestion

Bridelia micrantha peut être étêté, élagué et conduit en taillis, et une rotation de taille de 30 ans a été proposée. Sur de petites exploitations de Tanzanie, il est fréquemment cultivé en culture intercalaire et étêté sur des rotations courtes afin de limiter l’ombrage provoqué par les cimes. Au Nigeria et en Ouganda, des peuplements purs ont été mis en place dans le cadre de la production de vers à soie.

Ressources génétiques

En Ethiopie, Bridelia micrantha s’est raréfié sous l’effet de la surexploitation qu’il subit pour son bois résistant aux termites. Au Kenya, l’usage intensif qui en est fait a produit le même effet et il est probable que les peuplements subissent la même pression dans bien d’autres régions. Si l’on veut continuer à exploiter du bois d’œuvre de belles dimensions, des mesures de protection et sa domestication s’imposent.

Perspectives

Le bois de Bridelia micrantha continuera d’être demandé pour des usages qui exigent un bois durable. L’isolation et la détermination de la structure des composés actifs de Bridelia micrantha s’avéreront très utiles pour la mise au point d’antibiotiques ayant une activité inhibitrice de la β-lactamase. La résistance des bactéries à ce type d’antibiotiques est rare. Quant à la production de soie, les perspectives sont bonnes. Il importe de mener des recherches sur sa domestication et sur des méthodes de gestion pour tous les usages qui pourraient en être faits.

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Sources de l'illustration

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Auteur(s)

  • C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Bosch, C.H., 2012. Bridelia micrantha (Hochst.) Baill. [Internet] Fiche de PROTA4U. Lemmens, R.H.M.J., Louppe, D. & Oteng-Amoako, A.A. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.

Consulté le 22 décembre 2024.


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