Belâdeur (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Semecarpus anacardium
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- Ibn el-Djezzar. C’est un mot indien. En grec on l’appelle anacardia, هو انقرديا بالرومية, ce qui veut dire : « qui ressemble à un cœur. »
- Ishak ibn Amrân. C’est le fruit d’un arbre qui ressemble au cœur d’un oiseau. Il est de couleur rouge tirant au noir, comme est la couleur du cœur. A l’intérieur, il contient quelque chose qui ressemble à du sang, et c’est la partie employée. Elle laisse après elle de la sécheresse et une chaleur interne à la langue. On l’apporte de l’Inde. Il croît aussi en Sicile sur la montagne de feu.
- Ibn Massouîh. L’anacarde est chaud et sec au quatrième degré. Il convient contre les perversions de l’intelligence et les accidents cérébraux causés par le froid et l’humidité.
- Massîh. L’anacarde est efficace contre le refroidissement et le relâchement des nerfs, la léthargie, la perte de la mémoire.
- Razès. L’anacarde brûle le sang.
- Eïssa ibn Ali. Pris à la dose d’une demi-drachme, il fortifie la mémoire. Son abus entraine de la sécheresse du cerveau, de l’insomnie, de la frénésie et une soif intense.
- Abou Djobeïdj. On ne doit pas en administrer aux jeunes gens ni aux tempéraments chauds. Il convient aux paralytiques et à ceux qui peuvent le devenir.
- Livre des Poisons. Le miel d’anacarde, employé en frictions sur les envies, les fait disparaître. Il enlève aussi les verrues et produit des ulcérations à la peau.
- Avicenne. Sa pulpe ressemble à celle de la noix sous le rapport de la douceur : elle n’a rien de malfaisant. La partie mielleuse est visqueuse et odorante. L’anacarde, en frictions, est efficace contre l’alopécie de nature pituitaire. Employé en fumigations, il dessèche
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- les hémorrhoïdes et guérit la lèpre. C’est un poison. On le combat par le lait de beurre de vache. L’huile de noix le neutralise. Il y a des gens qui en font usage sans inconvénient, surtout avec de la noix et du sucre.
- Hobeïch ibn el-Hassen. L’anacarde est un poison actif et très-nuisible. Pris à l’état de pureté, il engendre diverses affections et maladies, par exemple les vésanies, la manie, la lèpre, l’éléphantiasis, les tumeurs, la dyssenterie, des affections putrides et parfois la mort instantanée. Il ne faut en user qu’autant qu’un médecin l’aura fait entrer dans quelque préparation. On l’administre aux vieillards et aux fiévreux. C’est ce que font des personnes habiles en médecine dans les cas de refroidissement intense, dans des préparations telles que celle dite bondoka ou nabeka. Cela est salutaire chez les sujets à tempérament flegmatique, chez ceux qui ont à craindre la paralysie ou le tic facial. Quant aux tempéraments chauds, je ne leur conseille pas de prendre de ces préparations, surtout s’ils sont jeunes. Pour moi, je n’en ai pas vu en faire usage et échapper aux affections que nous avons dites. On peut le corriger en le faisant rôtir préalablement dans du beurre de vache purifié. Quand on veut prendre le miel sans l’écorce, on enlève la tête du fruit, c’est-à-dire le calice de l’anacarde, puis on fait chauffer au rouge deux pinces, au moyen desquelles on le saisit et on le presse jusqu’à ce que le miel s’en écoule. On le mélange ensuite avec du beurre cuit avant de l’employer.
- Badigoras. A défaut d’anacarde, on le remplace par cinq fois son poids de pulpe d’aveline, un quart d’huile de baume ou un sixième de naphte blanc.
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Le fruit de l’anacarde ressemble effectivement au cœur. Il est fourni par l’Anacardium, de la famille des Térébinthacées.
Garcias ab Horto prétend que l’anacarde n’a aucune action toxique. Cependant il signale son emploi comme caustique. (Voyez l’Aromat. et simpl. historia.)