Balanites aegyptiaca (Fruitiers du Cameroun)

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Voacanga africana
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Adansonia digitata
fruits sur l’arbre (O. Eyog Matig)


Balanites aegyptiaca (L.) Del.

Fl. Egypt. : 77 (1812)

Synonymes

  • Agialida aegyptiaca Adanson
  • Agialida aegyptiaca O. Kuntze
  • Agihalid alpini Lippi
  • Myrobalanus chebulus Vesling
  • Ximenia aegyptiaca Adanson

Nom commun

  • Dattier du désert

Noms locaux

  • Arabe : hajlij, idjilich
  • Dama : akirna
  • Foulfouldé : morotodi, pouyadi (amande), tani, tenni
  • Guiziga: tagouar
  • Haoussa : adoua
  • Kanouri : kingo
  • Koma : dgnkoba
  • Kotoko : soumo
  • Mafa : n’tarma
  • Mandara : adoua
  • Massa : magata

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce cultivée depuis la haute antiquité en Egypte, elle est répandue dans toutes les steppes sahéliennes et savanes soudano-sahéliennes d’Afrique. Au Cameroun, on la trouve depuis la Bénoué et le Mayo Kebi jusqu’au Lac Tchad. Il s’accommode de tous les sols et est surtout abondant au nord de Maroua sur des sols argileux lourds ; il envahit les jachères et constitue alors un indicateur d’anciennes régions habitées.

Description

  • Petit arbre épineux atteignant 10 m de hauteur et 50 cm de diamètre ; cime sphérique formée d’un enchevêtrement de rameaux armés de longues épines ; épines rectilignes atteignant 12 cm de longueur, plus nombreuses sur sol pauvre ; écorce gris foncé, fissurée verticalement et écailleuse chez les vieux arbres, fibreuse, tranche jaune pâle.
  • Feuilles alternes, bifoliolées ; folioles elliptiques à obovales mesurant jusqu’à 6 x 4 cm, sommets obtus ou émarginés, courtement pétiolulées.
  • Inflorescences en fascicules axillaires.
  • Fleurs petites, jaune-verdâtre, hermaphrodites, pentamères ; 5 sépales longs de 5 mm, ovales, caduques ; 5 pétales d’environ 5 mm de longueur, oblong-lancéolés; 10 étamines et un ovaire à 5 loges.
  • Fruits : drupes jaunes ou rougeâtres à maturité, oblongues-ellipsoïdes, arrondies aux extrémités, mesurant jusqu’à 4,5 x 2,5 cm ; pulpe fibreuse et mucilagineuse de couleur brun-pâle ; noyau très dur, osseux, à section pentagonale.
  • Graine unique, jaunâtre.

Variabilité et conservation de la ressource

La cueillette est faite sur des arbres spontanés. La régénération naturelle de cette espèce est perturbée par l’intensité de la cueillette. Les feux de brousse incontrôlés détruisent parfois considérablement les sauvageons. L’arbre est cultivé dans les champs, les jardins, les pâturages. Il s’associe aisément avec la plupart des cultures.

L’étendue des superficies couvertes par B. aegyptiaca et la diversité des conditions pédoclimatiques laissent envisager des variations au sein de l’espèce. Jusqu’ici, la variation n’a été observée qu’au niveau de la taille des individus. Le nombre de chromosomes serait soit de 2n =18, soit 2n = 16 (Ouedraogo, 2002). Balanites aegyptiaca est également connu sous le nom de Ximenia aegyptiaca L.

Agronomie

L’espèce tolère des pluviométries variant de 250 mm à 1000 mm. Elle supporte une gamme variée de températures allant de 20°C à 45°C. B. aegyptiaca pousse sur des sols profonds sableux à sablolimoneux.

De nombreux essais de semis direct, en pépinière et de multiplication végétative ont montré que la multiplication de cette espèce ne présente pas de contraintes majeures.

Les semences sont de type orthodoxe et se conservent aisément pendant plusieurs années. Pour lever la dormance, un prétraitement à l’acide est nécessaire. On peut également décortiquer les fruits. Le transit des fruits par le tube digestif des animaux faciliterait également la germination des graines.

La densité de plantation est variable en fonction des conditions locales de sols et de climats. Une densité moyenne raisonnable de 200 pieds à l’hectare est cependant recommandée.

La principale contrainte est la faible vitesse de croissance. L’arbre connaît également un dessèchement périodique des cimes.

Utilisations

En Afrique, au Sud du Sahara en général et dans la région soudano-sahélienne en particulier, Balanites aegyptiaca occupe une place importante dans la vie quotidienne des populations. En effet, grâce à ses fruits, ses feuilles, son huile et ses divers autres produits, cette essence constitue un important appoint alimentaire. Les parties de Balanites aegyptiaca utilisées sont le fruit, la pulpe, l’amande, et la coque.

Le fruit est légèrement laxatif, fibreux, huileux et contient de la gomme ; son goût est doux, amer (40 % de sucre et 7 % de saponaire). Il est mangé comme un bonbon et vendu sous le nom de dattier sauvage. La pulpe sucrée mucilagineuse du fruit est comestible crue, fraîche ou séchée. Cette pulpe sert parfois à préparer un jus de fruit (« Kango » en Haoussa) ou une boisson alcoolisée (Vivien et Faure, 1995). Les noyaux représentant 50 % du poids du fruit et les amandes contenant 40 % d’huile « zachun-oil » sont également comestibles par l’homme. Les rameaux vivants et les fruits, une fois tombés au sol sont appréciés du bétail, particulièrement par les chèvres (Nouvellet, 1987).

En médecine et en pharmacopée traditionnelle, les fruits de Balanites aegyptiaca sont de bons hypocholestérolémiants. Une émulsion des fruits fournit un poison contre les escargots d’eau douce (hôtes intermédiaires de la bilharzie), les larves de ce parasite et les mouches Cyclops, vecteurs du ver de Guinée (Dracunculus medinensis).

Les amandes de Balanites aegyptiaca sont transformables en savon (Noumi, 1984). Les noyaux moulus donnent une sorte de tourteau huileux. On les emploie aussi comme bibelots ou comme jetons de jeu. L’amande contient environ 50 % de lipides et donne après broyage et trempage dans l’eau bouillante, une huile alimentaire (Vivien et Faure, 1995). Balanites aegyptiaca peut aussi être utilisé pour décontaminer les points d’eau, car l’arbre n’est pas toxique pour l’homme et les animaux domestiques (Maydell, 1990). Les racines et les écorces, riches en saponine, sont utilisées comme narcotique pour le poisson. Le bois, réputé résistant aux termites et autres insectes xylophages (Noumi, 1984), est utilisé en artisanat (manche de houe, lit…).

Niveaux de production

Au Cameroun, Balanites aegyptiaca pousse encore à l’état sauvage et n’est exploité que par les couches démunies du Nord et de l’Extrême Nord (Tchiegang et al., 2002). Parmi les produits forestiers non ligneux importants rencontrés dans les marchés du Nord Soudan, figure Balanites aegyptiaca (Walter, 2001). Au Burkina Faso, ses fruits se vendent généralement entre octobre et décembre à 113 F CFA le kilogramme (Guinko et Pasgo, 1992).

Potentialités et contraintes

Bien connue des populations du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun, Balanites aegyptiaca fait l’objet d'une intense exploitation dans le but de satisfaire les besoins des paysans en aliments, huile, médicaments, fourrages, combustibles, matériaux de construction etc. Pour autant, une forte pression s’exerce sur la ressource et rend sa conservation difficile. Il est important qu’on mette un accent sur sa domestication. Dupriez et al. (1987) ont rapporté qu’il n’existait aucune plantation de Balanites aegyptiaca dans le monde.