Avis au lecteur du tome 11 (Rolland, Flore populaire)

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Additions et corrections
du tome 10
Eugène Rolland, Flore populaire, 1896-1914
Salix



[Tome XI, V]

AVIS AU LECTEUR


Les douze premières feuilles de ce volume étaient tirées lorsque s'est produite « l'attaque brusquée » de l'armée allemande. La fin du volume n'a pas pu profiter des corrections et additions de M. J. Feller, professeur à l'Athénée royal de Verviers. La ville de Verviers, limitrophe de la forêt d'Aix-la-Chapelle, a été envahie dès la première heure, lorsque les Allemands violèrent la neutralité de la Belgique ; et, à l'heure où nous écrivons, nous ignorons ce qu'il est advenu et de Verviers et de M. Feller.

Dans la préface du tome précédent, j'avais, trop vite, annoncé que la Flore serait achevée avec le tome XII. J'avais mal calculé ce que rendrait en pages le manuscrit de Rolland ; et ce manuscrit s'allonge encore par les additions de mes collaborateurs.

Je vois maintenant, avec quelque surprise, que le manuscrit entre mes mains, avec les additions prévues, fera bien encore deux volumes, c'est-à-dire qu'il me faut publier des tomes XII et XIII ; et je compte terminer le dernier par une Table Générale de l'ouvrage. Cette Table est du reste en préparation : une partie des fiches est déjà faite.

Mais dans l'état actuel de l'Europe et surtout de la France menacée dans son existence, je ne puis prévoir quand je pourrai commencer l'impression du tome XII : Silent inter arma Musæ ... et Mercurius. A cette considération de l'heure présente s'ajoutent des raisons d'ordre personnel, le mauvais état de ma santé, et surtout l'affaiblissement de ma vue. La correction des épreuves est ici chose très délicate, puisqu'il ne s'agit pas d'un texte courant de littérature, mais de formes dialectales, d'une graphie originale. J'espère pourtant


[VI]

que tout est imprimé correctement : d'abord parce que l'écriture de Rolland est bonne et nette ; ensuite parce que les compositeurs et protes de notre imprimerie de Dijon sont des travailleurs probes et soigneux (et je suis heureux de pouvoir les remercier ici) ; et enfin parce que trois de mes collaborateurs, philologues expérimentés, MM. Edmont, Ernault et Feller, ne se contentent pas d'enrichir cet ouvrage par leurs additions, mais qu'ils veulent bien me rendre le service de revoir l'épreuve entière avec le plus grand soin. Je ne sais pas encore à l'heure présente s'il me sera possible de publier les tomes XII et XIII, comme j'ai fait des tomes VIII-XI. Si je suis forcé d'y renoncer personnellement, je tâcherai de trouver une combinaison qui permette d'achever cet ouvrage sans moi. Je me suis attaché à cette œuvre comme on s'attache à un orphelin que l'on a recueilli et que l'on veut mener à l'âge d'homme. J'ai toujours considéré l'œuvre de Rolland comme une œuvre importante de philologie et comme ayant un intérêt national ; et quoique simple éditeur, je tiens à honneur d'écrire sur la dernière page le mot Fin. Mais l'homme, le faible roseau de Pascal, doit toujours compter avec la destinée, avec les forces impassibles et indifférentes qui l'entraînent et qui l'écrasent. A Dieu va ! dit le marin sentant sa faiblesse : c'est ce que je dis ici dans l'incertitude de l'avenir.

Je signe cette préface de la date à laquelle elle s'imprime, mais sans pouvoir prévoir à quelle époque le volume sera mis en vente.


H. GAIDOZ
22, rue Servandoni (Paris, VI)
Septembre 1914.