Alpiste (Maison rustique 1, 1842)
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L'ALPISTE ou Phalaride des Canaries (Phalaris Canariensis), graine des Canaries (voir la fig. au chap. des Plantes fourragères), a un épi terminal, ovale ou à peu près cylindrique, assez épais ; — des balles glabres à courts pédoncules. — Quoiqu'on le regarde comme originaire des Canaries, on le retrouve fréquemment à l'état sauvage sur plusieurs points de la France, notamment en Bourgogne, dans le Lyonnais et le Languedoc. Il se plaît de préférence dans les prés humides.
Les voyageurs rapportent que, dans les îles dont je viens de parler, cet alpiste servait autrefois de nourriture aux habitans qui en font encore des bouillies fort bonnes, comme cela a lieu aussi dans certains cantons de l'Espagne, de l'Italie et même de la France méridionale. Mais, dans tous ces pays, lorsqu'on le cultive en petit, c'est principalement pour en donner la graine aux oiseaux. Il est moins productif que beaucoup d'autres graminées tout aussi propres à cette destination. — Une propriété particulière, qui, si elle était bien reconnue, augmenterait cependant probablement la culture de cette plante, c'est que la farine de ses graines paraît être préférable à toute autre pour faire la colle destinée à affermir la chaîne des tissus fins, parce qu'elle conserve plus longtemps son humidité.
Le phalaris des Canaries aime les terres légères, chaudes et pourtant substantielles. Sa végétation s'accomplit rapidement au sud de l'Europe ; — assez lentement, au contraire, dans les régions du nord, puisqu'en Angleterre il ne fleurit que vers le mois de juillet et ne parvient à maturité que vers septembre ou octobre. Dans la plupart des contrées où on le cultive, on le sème à la manière de l'avoine ou de l'orge. En Angleterre, il parait qu'on le sème en rayons distans d'un pied les uns des autres, dans le courant de février.