Acacia albida (Fruitiers du Cameroun)
Acacia albida Del.
Fl. Egypt. : 142 (1813)
Synonyme
- Faidherbia albida (Del.) A Chev., Rev. Bot Appliq. 14 : 876 (1934)
Noms locaux
- Fulfuldé : chaki
Origine, distribution géographique et écologie
Espèce d’origine mal connue, distribuée dans les régions arides d’Afrique tropicale et du Moyen Orient. Au Cameroun, cette espèce est distribuée de la zone soudano-guinéenne au sud de Garoua (Nord-Est et Sud-Est Bénoué) jusqu’au bord du Lac Tchad.
Description
- Arbre épineux à cime arrondie et à feuillage dense ; fût court, tortueux ; écorce gris brun, écailleuse, tranche brun-pâle ; épines droites mesurant jusqu’à 2,5 cm de longueur.
- Feuilles composées bipennées atteignant 10 cm de longueur ; 3-7 paires de pinnules ; jusqu’à 15 paires de foliolules; limbes linéaires légèrement ovales d’environ 0,6 x 0,2 cm.
- Inflorescences en racèmes atteignant 12 cm de longueur.
- Fleurs blanchâtres.
- Fruits : gousses orangées épaisses, recourbées, atteignant 25 x 3,5 cm.
Variabilité et conservation de la ressource
On note une régression des superficies jadis occupées par les parcs à Acacia albida due à la pression démographique sur les terres. Cette régression se caractérise à la fois par la diminution du nombre de parcs, celle des superficies des parcs et enfin celle de la densité d’individus dans un parc donné. Tandis que parallèlement l’intensité des mutilations sur les arbres a augmenté. La culture mécanisée du coton contribue également à la diminution de la densité d’arbres dans les parcelles cotonnière à cause du fait que la mécanisation des opérations agricoles est souvent incompatibles avec une densité élevée d’arbres dans les champs.
Agronomie
Un essai de 8 provenances (Harmand in CIRAD-Forêt, 1996) dont 4 du Nord-Cameroun, une provenance de Ouagadougou (Burkina Faso), une du Burundi, une du Mali et enfin une du Sénégal a été mis en place en 1985 à quelques dizaines de kilomètres au sud de Maroua (Mouda) sur sol ferrugineux avec une densité de plantation de 4 x 4 m. On a noté une grande hétérogénéité de croissance au sein des provenances qui est expliquée par une hétérogénéité élevée du sol. Les provenances Mokolo, Mokyo et Bogo du Cameroun et celles de Ouagadougou, de keur Madiale (Sénégal), de Moi-Kolongotomo (Mali) sont en tête en 1991 du point de vue croissance en hauteur et ne présentent pas de différences significatives. Leurs hauteurs varient entre 243 cm et 186 cm. Tandis que la provenance de Ngong (Cameroun) et de Gihanga Mpanda (Burundi) montrent une croissance plus lente avec respectivement des hauteurs variant entre 149 et 132 cm.
Utilisation
Toutes les parties de l’arbre sont utilisées et particulièrement les feuilles, les fruits (gousses), les graines, la tige et les racines.
Les feuilles constituent l’une des rares sources de fourrage pour le bétail en saison sèche. Depommier et Guerin signalent (in CIRAD-Forêt, 1996) des taux d’émondage (% d’individus émondés dans un parc) allant jusqu’à 60% à Watinoma (Burkina Faso) avec une intensité parfois très forte (75-100% houppier émondé).
Les gousses sont très appréciées par le bétail et sont riches en protéines.
Bien qu’on ne signale pas de consommation des graines au Cameroun, Arbonnier (2000) observe que le fruit sert de condiment en Tanzanie et les graines sont consommées pendant les disettes en Afrique australe.
L’espèce est aussi utilisée en pharmacopée. Arbonnier (2000) signale que la racine est utilisée contre la nausée, pneumonie, toux, fièvre, diarrhée. Tandis que l’écorce est désinfectante et fébrifuge. Elle soigne les plaies, panaris, rhume, grippe, fièvre,, carie dentaire, vomissements, diarrhée, troubles urinaires, lèpre, paludisme, accouchements difficiles. Un mélange de l’écorce et de la gousse soigne l’otite et la diarrhée. Le fruit soigne l’ophtalmie, diarrhée, hémorragie, refroidissement. La gousse est émolliente, utilisée contre l'inflammation, la diarrhée, l'ophtalmie.
Le bois et les branches sont utilisés comme bois de feu. Sa cendre serait (Seignobos, 1996) une médication puissante pour les maladies de peau bénignes ou celles aux symptômes fortement marqués : lèpre ou variole.
Socio-économie
Dans le Nord-Cameroun et particulièrement chez certains Mofu, Seignobos (in CIRAD-Forêt, 1996) signale que l’arbre est présenté, avec le taureau du maray et l’igname en fosse, comme un paramètre de la « richesse » et de notoriété. Chez les Mofu de Duvangar continue Seignobos si un grand Faidherbia albida tombe pendant la saison des pluies, le propriétaire du champ sacrifie à l’esprit du champ (mbolom ma ley). Chez les Gemzek, on verse dans le trou laissé par l’arbre un choix de grains (éleusine, niébé, souchet et mil).
Du point de vue économique l’arbre fournit une importante quantité de fourrage en saison sèche. La biomasse fourragère estimée au Burkina Faso (Depommier in CIRAD-Forêt, 1996) varie de 8 kg à 39 kg de matière sèche de feuilles en fonction du diamètre des arbres et du milieu.
En saison sèche, c’est une des rares espèces soudano-sahélienne qui garde encore son feuillage vert. Ce qui sert d’ombrage pour le bétail et la population. En saison des pluies, l’arbre perd la plupart de ses feuilles. Sa litière de feuilles mortes associées aux excréments laissés par le bétail améliorent la fertilité du sol et augment les rendements des cultures associées.
Niveaux de production
L’étude de la production en fruits de l’espèce n’a pas été faite au Cameroun. Des observations sur la production en gousses faites à Watinoma et Dossi au Burkina Faso (Depommier in CIRAD-Forêt, 1996) montrent qu’en moyenne un semencier produit en moyenne 13,2 kg à Dossi et 2,2 Kg à Watinoma où l’émondage des arbres est plus intense et perturbe la fructification.