Abricot (Rozier)
[tome 1 - 185]
Chap. I. Description du genre.
Chap. II. Description des espèces.
Chap. III. Des semis, greffes & soins que demande l’abricotier dans la pépinière.
Les premiers plants furent apportés d’Arménie en Grèce, d’où ils passèrent en Italie, & successivement dans le reste de l’Europe. Quel est le vrai pays natal de cet arbre ? On l’ignore ; on peut cependant soupçonner qu’il vient des régions septentrionales de l’Asie, puisqu’on a découvert une espèce d’abricotier en Sibérie, avec laquelle il a beaucoup de rapport. Malgré cette ressemblance, il répugne à penser que l’abricotier de Sibérie soit le type de celui d’Arménie. Cet arbre craindroit moins le froid dans nos climats, froid qu’on ne sauroit comparer à celui de ce pays. Pour ne pas faire ici des répétitions inutiles, voyez au mot espèce en quoi consiste la différence de l’espèce connue pour telle par les botanistes, & qu’on doit appeler espèce de Botaniste, & l’espèce regardée comme telle par les jardiniers, que
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nous désignerons sous le nom d’espèce jardinière. Au mot Espèce, on examinera comment elle se perfectionne ou dégénère. La culture a donné à l’abricotier une nouvelle manière d’être, que l’on appelle plus perfectionnée, parce qu’elle est plus conforme à nos besoins : enfin, les soins assidus du cultivateur ont multiplié les variétés. Souvent la nature elle seule les a produites par l’union de la poussière fécondante de la fleur d’une espèce avec la partie femelle de la fleur d’une autre espèce. De ce mélange, il en est résulté une variété hibride ou adultérine, c’est-à-dire, qui tient des deux individus ; comme de l’union d’un homme blanc avec une négresse, il en provient un individu qui n’est complettement ni blanc ni noir, mais qui tient de tous les deux. Nous en citerons plusieurs exemples en décrivant les espèces d’abricots cultivés dans les jardins.
Avant de passer à ces descriptions, il est essentiel de prévenir, pour éviter la confusion, que nous parlerons le langage des jardiniers & des cultivateurs, & non pas celui du botaniste. Ainsi l’abricotier sera considéré comme un genre, & ses variétés permanentes comme des espèces. Cette manière de présenter les objets est plus à la portée des lecteurs.
Tournefort, le restaurateur de la botanique en France, place l’abricotier dans la classe des arbres à fleurs en rose, & il en fait un genre sous la dénomination d’armeniaca fructu majori. Le Chevalier Von Linné, le patriarche de l’histoire naturelle du nord, le confond dans le genre du prunier, & en fait une espèce. Il l’appelle prunus armeniaca, & le place dans la classe de l’icosandrie monogynie, c’est-à-dire, fleur à vingt mâles portés sur le calice, & une femelle[1]. Il est inutile de discuter ici si l’abricotier dérive du prunier, ou si c’est un être à part ; ce seroit s’écarter du plan proposé dans cet Ouvrage, qui doit être plutôt un livre classique qu’un livre de botanique. Cependant nous emprunterons de cette science ses descriptions, ses observations, & tout ce qui tend à la pratique. Elle a un langage particulier, clair, précis, caractéristique, un peu sec, il est vrai ; & la clarté de son laconisme vaut mieux que les périphrases, parce que chaque mot présente une idée. Pour bien entendre les mots techniques, cherchez-en l’explication dans ce Dictionnaire, chacun à leur article.
Fleur en rose, à cinq pétales, & plus souvent à six, obronds, concaves, attachés au calice par leur onglet. Le calice est d’une seule pièce en forme de cloche, coriace ; son sommet est divisé en cinq parties obtuses & concaves. La base du calice est ordinairement recouverte
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- ↑ Si vous desirez vous instruire plus que le commun des cultivateurs, & voir en grand le magnifique tableau de la nature, il faut avoir une idée des systêmes botaniques. On n’a pas encore découvert l’enchaînement complet, & tous les rapports que les plantes ont entr’elles. Cependant, à force de travail & d’observations, on reconnoît aujourd’hui plusieurs familles naturelles de plantes, mais on est bien éloigné de pouvoir toutes les classer. Le créateur de l’univers est le seul qui ait la clef de son systême. Consultez le mot Botanique.
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de deux rangs de folioles. Les étamines, au nombre de vingt à vingt-cinq, presque de la longueur des pétales, implantées sur le calice. Le pistil, ou partie femelle, est de la longueur des étamines ; il est unique ; son stigmate est arrondi & un peu échancré.
Fruit, nommé abricot, charnu, pulpeux, plus ou moins rond, plus ou moins long, ainsi que son noyau, dont l’amande est douce ou amère, suivant les espèces que l’on décrira.
Feuilles, simples, presque en forme de cœur, alongées en pointe à leur extrémité supérieure, garnies dans leurs contours de dentelures plus ou moins aiguës, suivant les espèces. Elles sont d’un beau verd, luisantes, portées par de longs pétioles, & subsistent jusqu’aux premières gelées. Elles acquièrent alors une couleur tirant sur le jaune paille, & elles ont quelquefois à cette époque la couleur incarnat. Cette métamorphose dans la couleur annonce leur état de langueur & le moment de leur chute. Comme cet arbre n’est pas naturel à nos climats, les premières rosées blanches & les pluies froides de la fin de l’automne, lui font perdre ses feuilles, & l’arbre, qui quelquefois étoit très-verd deux jours auparavant, se trouve aussi dépouillé qu’au gros de l’hiver. Les nervures des feuilles sont alternes dans toutes les espèces, ainsi que leurs ramifications ; elles sont souvent d’une couleur différente de celle de la feuille.
Racines, recouvertes d’une écorce brune, ligneuses, rameuses, rougeâtres, rarement pivotantes, à moins que l’arbre ne soit venu de noyau, & n’ait pas été transplanté.
Port. L'écorce des tiges de l’année, & en été, est d’un verd rougeâtre ; elle brunit en automne, & est tiquetée de petits points bruns : l'écorce du tronc est brune & écailleuse, ainsi que celle des branches de trois ans. Les fleurs naissent sur des péduncules si courts, que le fruit touche à la branche, & dans quelques espèces les fleurs sont presque en bouquets, très-près les unes des autres.
Propriétés. Le fruit est doux, sucré, d’une odeur agréable & exaltée dans les provinces méridionales du royaume. Sa chair est nourrissante, un peu indigeste, calme la sécheresse de l’arrière-bouche, tempère la soif, fournit beaucoup d’air lorsqu’il est soumis aux organes de la digestion, cause souvent des coliques venteuses, & il est inutile de l’employer dans aucune maladie.
Usages. L’amande fraîche sert pour les émulsions ; l’amère & la douce fournissent également par l’expression une huile douce qu’on peut substituer à celle d’amande, & employer dans les mêmes cas où celle-ci est prescrite.
Abricot précoce ou Abricot musqué. (Voyez Planche 3.) Nous nous servirons de la phrase botanique par laquelle M. Duhamel a caractérisé cette espèce. Aucun auteur n’a observé avec autant d’exactitude les fleurs & les fruits des arbres cultivés dans les jardins ; de
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forte qu’aujourd’hui, il ne reste plus qu’à glaner après lui, & même à copier ce qu’il a dit. Son Traité des Arbres fruitiers est un chef-d’œuvre, & les gravures sont supérieurement exécutées. Cet hommage, rendu avec plaisir & reconnoissance à la gloire & au travail de cet académicien, nous désignerons avec lui l’abricot précoce par cette phrase : Armeniaca fructu parvo, rotundo, partim subro, partim flavo, praecoci.
Fleur, épanouie forme une rose à cinq pétales ou feuilles arrondies par leur sommet, & sans échancrure ; le nombre des étamines de vingt à vingt-cinq, & alongées presque jusques sur le bord des pétales.
Fruit, un peu aplati dans ses deux extrémités, & arrondi dans son diamètre. Une rainure bien caractérisée règne depuis l’ombilic jusqu’au péduncule ou queue, qui s’implante dans une cavité formée par la prolongation de la rainure. La peau qui recouvre le fruit du côté exposé au soleil est rougeâtre, & d’un beau jaune doré du côté de l’ombre. La couleur de la chair ou substance pulpeuse est d’un jaune blanchâtre. Le noyau est renflé du côté de l’arête. Son épaisseur égale sa hauteur, & il est un peu plus long que large. Son amande est amère.
Feuilles, d’un beau verd foncé, renflées dans leur circonférence, alongées à l’extrémité, inégalement dentelées dans leur contour, & les dentelures peu profondes. Elles sont portées par un pétiole, communément d’un tiers de la longueur de la feuille. Son côté exposé au soleil est d’un rouge foncé. Le pétiole s’épanouit dans la feuille, & se subdivise en un grand nombre de ramifications alternes. Chaque feuille, à son insertion avec la branche, recouvre un bouton qui donnera l’année suivante ou du fruit ou du bois, suivant sa nature. La feuille est pour ainsi dire la nourrice, la tutrice de ce bouton. Si on arrache la feuille avec son pétiole avant le tems que la nature a prescrit pour sa chute, le bouton périt. Il en est ainsi presque pour tous les arbres.
Bourgeons ; la couleur est rougeâtre du côté du soleil, & verte du côté opposé.
Boutons, gros, alongés, ordinairement au nombre de trois le long des jeunes branches.
Proportions de l’arbre. On ne peut ici prescrire pour les abricotiers, ainsi que pour tous les arbres potagers, aucunes proportions exactes ; elles varient suivant le climat, l’exposition & le terrain. Ces arbres sont aujourd’hui trop éloignés de leur type, & la main de l’homme l’a prodigieusement changé : il n’y a aucune comparaison à faire entre l’arbre auquel on n’a pas coupé le pivot, & celui dont le pivot & les racines ont été mutilés par le jardinier pour le replanter. L’abricotier musqué à plein vent s’élève de 15 à 20 pieds, & son tronc a souvent plus de 15 pouces de diamètre.
Maturité. Cet abricot est mûr dans les environs de Paris au commencement de Juillet ; presqu’au milieu de Juin, dans la Bourgogne, le Nivernois, le pays d’Aunis, & enfin au commencement de Juin dans la Basse Provence & le Bas-Languedoc. On peut compter sur trois semaines de différence de Marseille à Paris.
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Qualité. En total c’est un très-mauvais fruit dans les provinces septentrionales, assez aqueux ; & je ne sais trop pourquoi on l’appelle musqué à Paris ; il l’est un peu au midi du royaume : être précoce est son seul mérite.
Cet abricot se reproduit par ses noyaux, & donne plusieurs variétés aussi bonnes que lui. On peut ne pas le greffer.
L’abricot hâtif ou précoce, qui vient d’être décrit, a produit une variété aujourd’hui constante & durable. Quelques auteurs la regardent comme une espèce.
ABRICOT BLANC, très-improprement appellé ABRICOT-PÊCHE. Armeniaca fructu parvo, rotundo, albido, præcoci. Duhamel. Voici en quoi il diffère du précédent. 1°. La peau du fruit est recouverte d’un duvet fin ; le côté exposé au soleil est légèrement coloré en rouge-brun, & le côté opposé est de couleur de cire blanchâtre. 2°. La chair est blanche du côté de l'ombre, & du côté vivifié par le soleil, la chair est moins colorée que la peau : la chair de ce fruit est fine. 3°. Les feuilles moins grandes, moins profondément dentelées.
Cet arbre se charge de beaucoup de fruits ; il exige plus de chaleur pour leur maturité. Lorsqu’on le mange, on croit sentir un petit goût de pêche ; & en effet, il est assez marqué dans les provinces méridionales. On doit regarder ce fruit comme une variété hibride. (Voyez ce mot) Ces jeux de la nature ne sont pas rares, & nous aurons souvent occasion d’en parler dans le cours de cet Ouvrage. Cet abricotier se greffe sur prunier de damas noir ; il reprend encore mieux sur prunier de Virginie. Ses écussons sont très-difficiles à enlever : on peut encore l’élever de noyaux ; ce qui est bien plus simple.
ABRICOT-ANGOUMOIS. Armeniaca fructu parvo, oblongo, nucleo dulci. Duhamel. ( Voyez Planc. 3, p. 187.)
Fleur, à cinq pétales un peu concaves à leur extrémité supérieure : l’onglet qui les réunit au calice, plus alongé que dans les autres espèces d’abricots ; les étamines portées par des filets déliés : à la base de ces filets, on voit souvent dans les pays chauds une substance jaunâtre, visqueuse, douce, sucrée & un peu âpre ; c’est du vrai miel, & cette espèce en fournit plus que les autres.
Fruit, plus petit que les abricots précédens, & plus alongé. Sa partie supérieure est légèrement aplatie, & vers son milieu commence une rainure qui se termine à la partie opposée, c’est-à-dire, à l'insertion du péduncule, dans une cavité profonde & serrée. La partie de la peau exposée au soleil est d’un beau rouge vineux & foncé, parsemée de points d’un rouge brun ; le côté opposé est d’un jaune rougeâtre. Sa chair est d’un jaune presque rouge des deux côtés ; la longueur & la largeur de son noyau sont presque égales ; son épaisseur est ordinairement des deux tiers de sa longueur, & quelquefois il est aussi épais que long ; alors il contient deux amandes, & cela arrive souvent. Voici une singularité de ce noyau, à laquelle aucun auteur n’a fait attention. Sur le dos du noyau & à ses deux extrémités, on voit un petit trou,
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par où passe une nervure qui se confond avec la chair du fruit. Si on présente à l'une ou à l'autre de ces deux ouvertures un crin, & qu'on le pousse en avant, le noyau se trouve enfilé comme un grain de chapelet, & enfilé par le côté. Son amande est douce, agréable à manger, & son goût approche de celui de la noisette. La peau qui la recouvre n'a presque point d'amertume. Les noyaux à amandes douces font plus ronds, plus ramassés que ceux à amandes amères.
Feuilles, alongées par les deux extrémités, profondément & finement dentelées en manière de scie ; soutenues par des pétioles à-peu-près de la moitié de la longueur de la feuille. Au bas du pétiole, on remarque assez communément deux appendices ou oreillettes.
Bourgeons, menus, très-longs, bruns, lisses, brillans lorsque la sève commence à monter. Les bourgeons, c'est-à-dire les jeunes pousses de l'année précédente, acquièrent la couleur rouge très-vive, & deviennent verds quand les boutons s'épanouissent.
Boutons, gros, ovales, triples dans toute l'étendue du bourgeon.
Maturité, au commencement de Juillet, au midi de la France ; & vers le milieu de ce mois au nord.
Qualité. Sa chair est fondante, son goût agréable, vineux, légèrement acide. Son odeur est forte, & se répand au loin. Cet abricot est excellent.
L'espalier lui convient très-peu ; il aime le grand air, se plaît sur les côteaux calcaires ; & dans les provinces où cet abricot est commun, comme le Bordelois, l'Angoumois, le Lionnois, le Dauphiné, &c. on le préfère à toutes les autres espèces que l'on y trouve fades & peu odorantes, en comparaison.
ABRICOT COMMUN. (Voyez Pl. 3, p. 187) Armeniaca fructu majori, nucleo amaro. Tournefort.
Fleur ; les pétales moins arrondis que dans l'abricot précoce, assez souvent légèrement échancrés & alongés à leur sommet ; les divisions du calice repliées & recourbées sur elles-mêmes, au nombre de quatre, & plus souvent de cinq ; les fleurs alternes, mais rapprochées.
Fruit ; c'est le plus gros des abricots, après l'abricot-pêche. Son diamètre est ordinairement égal à sa hauteur, sur-tout si l'arbre est à plein vent. Sa forme varie singuliérement lorsque l'arbre est asservi aux entraves de l'espalier : alors le fruit est souvent alongé, aplati sur les côtés & dans la ligne ou rainure qui part de l'ombilic, pour se terminer au péduncule ; on voit un des côtés renflé & beaucoup plus saillant que l'autre. Ce fruit se colore peu, si on n'a pas l'attention d'enlever les feuilles qui le recouvrent. Sa peau est souvent raboteuse, & semble être galeuse. Ces gales ou excroissances sont occasionnées par quelques goutelettes d'eau ou de rosée auxquelles le soleil a communiqué trop de chaleur, & qui ont fait l'office de loupe ; de là l'ulcération de la peau. On ne voit aucune gale du côté de l'ombre, ni sur les fruits recouverts par les feuilles. La chair se colore d'un jaune ambré du côté frappé des rayons du soleil. La
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largeur du noyau égale presque sa longueur, & son épaisseur est de la moitié de sa longueur ; il est pointu par un bout, & comme tronqué par l'inférieur. On le détache très-nettement de la chair, à l'exception de la partie des arêtes qui répond à la rainure du fruit. On y distingue trois arêtes bien prononcées.
Feuilles, d'un beau verd, grandes, plus larges que longues, un peu en demi-cercle à leur insertion au pétiole, alongées & pointues à leur sommet ; leur circonférence dentelée profondément en manière de scie ; les pétioles très-alongés.
Bourgeons, bien nourris, forts & vigoureux, rouges du côté du soleil & verds du côté opposé.
Boutons, longs, pointus, souvent au nombre de quatre & même de cinq à chaque nœud.
Proportions. Cet arbre passe pour être le plus grand & le plus fort des abricotiers. Cette proposition est vraie pour les environs de Paris & pour les provinces du nord : dans celles du midi & aux expositions où se plaît l'abricot angoumois, celui-ci le dispute à tous pour la force & pour la grandeur.
Maturité, à-peu-près aux mêmes époques que les précédens.
Qualité, ainsi que pour tous les abricotiers, relative à l'exposition & au climat. Le mérite de cet arbre est de charger beaucoup, c'est-à- dire, de produire un grand nombre de fruits. En total, sa chair est pâteuse, peu aromatisée, sur-tout dans le nord du royaume.
ABRICOT DE PROVENCE. Armeniaca fructu parvo, compresso, nucleo dulci. Duhamel.
Fleur, moins grande que dans l’abricot angoumois, & semblable pour tout le reste.
Fruit, ordinairement comme celui angoumois. Il en diffère par sa rainure profonde & par une côte plus saillante d'un côté que d'un autre ; il est aplati. Sa peau est d'un rouge vif du côté du soleil, & jaune du côté de l'ombre. Sa chair est d'un jaune très-foncé : son noyau brun, raboteux, sa base ordinairement marquée de trois crenelures : son amande est douce.
Feuilles, plus petites que celles de l’abricot angoumois, rondes, terminées par une pointe assez large, repliée en dehors ; la circonférence doublement dentelée & les dentelures peu profondes.
Bourgeons, longs, très-lisses, d'un rouge vif & clair du côté du soleil, verds du côté de l'ombre.
Boutons, gros, pointus & souvent grouppés jusqu'à huit sur le même nœud.
Maturité. L'arbre s'élève comme celui d’angoumois. Le fruit mûrit au commencement de Juillet au midi, & à la mi-Juillet au nord du royaume. Le plein-vent est plus tardif de quelques jours.
Qualité ; sa chair plus sèche que celle de l’angoumois : il est plus doux que lui & également vineux ; sa partie aromatique est très-exaltée.
ABRICOT DE HOLLANDE. (Pl. 4.) Armeniaca fructu parvo, rotundo, nucleo dulci, amygdalinum simul & avellaneum saporem referenti. Duhamel. Ne pourroit-on pas dire que cet abricot dérive de celui d’an-
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goumois, & que c'est une variété due à la culture ?
Fleur. Les pétales, au nombre de cinq ou de six, ce qui varie souvent, s'épanouissent entièrement & forment la rose ; ils sont arrondis & légèrement crenelés, se réunissent à leur base par des onglets assez larges, & dans cette partie laissent entr'eux un espace vuide & oblong.
Fruit, vient par bouquet, petit comme celui angoumois, & de forme sphérique ; la rainure bien prononcée, assez superficielle ; les lèvres quelquefois légèrement inégales. La peau d'un beau rouge foncé du côté du soleil, & d'un beau jaune du côté de l'ombre : la chair est d'un jaune foncé : le noyau est oblong, pointu à son extrémité supérieure, tronqué & crenelé à l'inférieure ; les arêtes saillantes sur le côté.
Feuilles. Leur grandeur varie beaucoup : la longueur, dans les unes, égale la largeur, & dans les autres la longueur augmente d'un tiers. La nervure ou prolongement du pétiole est très-saillante, quelquefois rouge, quelquefois très-verte ; la circonférence est dentelée en manière de scie, & les dentelures petites & aiguës.
Bourgeons, gros, tiquetés de points gris, d'un rouge clair du côté du soleil, & verd du côté de l'ombre.
Bouton, alongé , pointu, & triple dans toute l'étendue du bourgeon.
Maturité, en même tems que l'abricot de Provence.
Qualité. Beaucoup d'amateurs le préfèrent à tous les abricots dont on a parlé. La chair en est fondante, l'eau d'un goût relevé & excellent. L'amande est douce ; elle a un goût d'aveline & un arrière-goût d'amande douce.
N. B. On doit à M. Duhamel une excellente observation sur la force de cet arbre. Lorsqu'il est greffé sur prunier cerisette , il devient "moins grand que l’angoumois, & sur le prunier Saint-Julien, il est plus grand, & ses fruits en espalier excèdent en grosseur celle des plus forts abricots communs. Il faut ajouter, d'après M. le baron de Tschoudi, que lorsque cet arbre est élevé de noyau, on le distingue de tous les autres par ses racines qui ressemblent à des branches de corail.
ABRICOT-ALBERGE. Armeniaca, fructu parvo, compresso, è flavo, hinc non nihil rubescente indè virescente. Duhamel.
Fleur, de même largeur que celle d’angoumois : les pétales arrondis par leur sommet, creusés en cuilleron.
Fruit, petit, aplati, s'alongeant un peu au sommet. Sa peau d'un jaune foncé, brune du côté du soleil & d'un verd jaunâtre à l'ombre. Cette peau se couvre de taches rougeâtres, formant de petites proéminences. La rainure est à peine sensible. La chair est d'un jaune foncé & rougeâtre : le noyau grand & plat, presqu'aussi large que long ; son amande est grosse & amère.
Feuilles, petites, terminées en pointe, fort longues & repliées en dehors au sommet, larges & arrondies du côté du pétiole ; leur circonférence profondément dentelée & à double dentelure. Le pétiole est presque
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