Chakaïk en-No'mân (Ibn al-Baytar)

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Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Chekakol


1329 - Chakaïk en-No'mân, Anémone.


Nom accepté : [[]]

[2-337]

  • Dioscorides, II, 207. Il y en a deux espèces, une sauvage et une cultivée. Parmi les variétés cultivées, il en est une à fleurs rouges et une à fleurs blanchâtres et pourprées. Les feuilles ressemblent à celles de la coriandre, sinon que leurs découpures sont plus fines. La tige est velue (je lis xxx au lieu de xxx, verte), grêle. Les feuilles sont couchées sur la terre. Les rameaux ressemblent à des fragments de roseaux et portent à leur extrémité des fleurs pareilles à celles du pavot, ayant à leur centre une tête noire et des pinceaux noirâtres. La racine est de la grosseur d’une olive au plus et toute noueuse. Quant à l’espèce sauvage, elle est plus grande que l’espèce cultivée, ses feuilles sont plus larges et plus fermes, ses capitules plus longs, et sa fleur d’un rouge éclatant, ses racines grêles et nombreuses. Il y en a une espèce à feuilles noires et petites, qui est plus acre que l’espèce cultivée. Il y a des gens qui ne savent pas faire la distinction entre l’anémone sauvage, l’argémone et l’espèce de pavot appelée rhœas qui n’est autre que le pavot béchique, parce que les fleurs de ces plantes ont de commun leur couleur rouge. On se trompe aussi en confondant l’argémone avec l’eupatoire. La fleur de l’argémone et celle du pavot dit rhœas sont moins rouges que l’anémone. L’éclosion de leur fleur est plus tardive. L’argémone fournit un suc de couleur de safran et très âcre, tandis que celui du pavot est blanchâtre, bien qu’il soit acre aussi. Ces deux plantes ont dans le centre de leurs fleurs des têtes qui ressemblent à celles du pavot sauvage ; mais dans l’argémone elles sont plus larges et, dans le pavot rhœas, plus étroites. L’anémone n’a ni suc ni tête de pavot, mais elle se termine plutôt comme une pointe d’asperge. Le pavot et l’argémone croissent surtout dans les terres labourées.
  • Galien, VI.
  • Dioscorides.
  • Eïssa el-Basry. L’anémone est chaude et sèche au deuxième degré. Sa fleur, mélangée avec de l’écorce de noix fraîche, teint fortement les cheveux en noir et guérit l’impétigo. A l’état sec, elle cicatrise les ulcères.
  • Livre des Expériences. Le suc déterge les taies de l’œil, surtout chez les enfants. Si l’on associe sa décoction aux préparations ophthalmiques, elle seconde leur action.
  • Le Chérif. Les lotions faites avec la solution d’anémone extrait noircissent la papille et arrêtent les développements de la cataracte commençante; elles fortifient cet organe et aiguisent la vue. L’anémone desséchée, pulvérisée et administrée à la dose de deux drachmes dans du sirop de raisins, fait passer subitement les fatigues de la marche. Si l’on prend une livre d’anémone, que l’on ajoute moitié d’écorces de noix vertes, que l’on place le tout dans un verre et qu’on laisse pendant quinze jours dans du fumier, on obtient une préparation qui noircit les cheveux. Si l’on remplit d’anémone un vase en verre, que l’on mette à la partie inférieure du vase du cuivre brûlé réduit en poudre quatre drachmes, et autant par-dessus, puis qu’on lute le vase et qu’on l’enterre dans du fumier, si au bout de trois semaines on l’enlève, on trouvera l’anémone remplacée par un liquide noir qui teint merveilleusement les cheveux du moyen du peigne, et dont on peut se servir aussi pour teindre les mains des femmes.
  • Ibn Rodhouân. La graine d’anémone prise pendant plusieurs jours de suite guérit la lèpre blanche : c’est un fait que j’ai plusieurs fois expérimenté. Souvent j’en ai donné avec succès, chaque jour une drachme, dans de l’eau fraîche.

L’anémone de Dioscorides est aussi l’anémone des modernes. On y voit les espèces coronaria et hortensis, d’après Fraas. Un roi de Hira, No’mân, passe pour avoir donné son nom à cette fleur. Une prairie voisine de Hira produisait beaucoup d’anémones, dit M. Caussin de Perceval. No’mân affectionna cet endroit, et les fleurs qui y naissaient furent appelées chakaïk en-No’mân. On donne aussi ce nom au coquelicot, dit en Algérie Ben namân.