Tamarindus indica (Fruitiers du Cameroun)

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Scorodophloeus zenkeri
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Myrianthus arboreus
gousses en vente (O. Eyog Matig)


Tamarindus indica L.

Sp. Pl. Ed 1 : 34 (1753)

Synonymes

  • Tamarindus occidentalis Gaertn.
  • Tamarindus officinalis Hook.

Noms communs

  • Français : tamarinier, tamarin
  • Anglais : tamarind tree

Noms locaux

  • Foulfouldé : dabe, dami, mbere
  • Guiziga : mbulam
  • Kapsiki : oumbla
  • Massa : chitna
  • Toupouri : baaré zoulgo, mblar

Origine, distribution géographique et écologie

Originaire de Madagascar et d’Afrique orientale, le tamarinier est actuellement répandu dans toute l’Afrique tropicale semi-aride et au Sud de l’Asie. On l’a récemment introduit en Amérique et en Australie. L’espèce est présente depuis le Sénégal et la Sierra Leone en Afrique occidentale jusqu’au Cameroun en Afrique centrale, et au delà jusqu’en Erythrée, Somalie et Mozambique en Afrique de l’Est. Elle est parfois grégaire. L’arbre résiste aux grands vents et aux fortes pluies grâce à son système racinaire très profond. Il exige une pluviométrie minimale de 200 millimètres et une température minimale de 20°C. Il n’existe pas sur les terrains marécageux et argileux. Au Cameroun, elle est plantée autour des villages et comme arbre d’ombrage. Elle est devenue spontanée et commune dans les savanes soudano-sahéliennes. On la retrouve çà et là plus au Sud.

Description

  • Arbre atteignant 20 m et 80 cm de diamètre, bas-branchu ; cime dense, sphérique ; écorce grise crevassée et écailleuse, tranche jaune à l’extérieur, rougeâtre à l’intérieur.
  • Feuilles alternes, composées imparipennées, jusqu’à 15 cm de longueur ; 9-15 paires de folioles opposées ; limbes oblongues mesurant environ 2-3 x 1 cm, arrondis aux deux extrémités, asymétriques à la base, à une nervure basilaire.
  • Inflorescence en racème terminal ou axillaire de 6-15 cm de longueur, parfois paniculés.
  • Fleurs hermaphrodites, jaunâtres ; 4 sépales inégaux, jaunes intérieurement, rougeâtres extérieurement ; 5 pétales rouge-orangé avec des rayures brun-rouge, finement denticulés ; 3 étamines fertiles unies en partie en un tube ; ovaire pubescent.
  • Fruits : gousses indéhiscentes subcylindriques aplaties, droites ou courbées plus ou moins étranglées, atteignant 18 x 2,5 x 1,5 cm, jaunes puis brunes, contenant une pulpe acidulée rouge-brun.
  • Graines nombreuses, brunâtres et brillantes.

Floraison de novembre à décembre, mai à août. Fructification de novembre à janvier.

Variabilité et conservation de la ressource

Cette espèce est maintenue près des habitations et plantée dans les jardins de case, dans les avenues en ville et autour des villages comme arbre d’ombrage. La possibilité de bouturer ou de marcotter les rameaux peut permettre l’amélioration génétique rapide de cette plante en capturant les caractères les plus intéressants. La cueillette des fruits est encore artisanale et non réglementée.

Agronomie

Les graines sont souvent disséminées par les animaux. La croissance est lente chez les jeunes plants : environ 3 m à 8 ans.

Les fruits persistent longtemps sur l’arbre. Une fois tombés au sol, ils sont consommés par les animaux qui disséminent les graines mais abroutissent les jeunes plants. La germination des graines (2000 à 2500 par kg) extraites de fruits bien mûrs est rapide (une semaine) et abondante (90 %). Les jeunes plants doivent être ombragés. Les résultats des essais de plantation de 4 x 4 m sur différentes conditions agro-écologiques (Hautdidier et al., 2002) on donné les croissances en hauteur suivantes : 746 cm à huit ans dans la zone soudano-sahélienne de Maroua sur planosol, tandis que sur sol alluvionnaires sur nappe dans la même zone on a après sept ans une hauteur de 334 cm. Pur ce qui concerne la zone soudanienne plus humide sur sol ferrugineux, la croissance est encore plus lente, la hauteur des arbres est en effet de 418 cm après douze ans sur sol ferrugineux. Cependant le taux de survie est meilleur de l’ordre de 92%. Cette espèce émet naturellement des drageons. Il est aussi possible de réaliser le bouturage et le marcottage de rameaux.

Utilisations

Tamarindus indica est généralement planté dans les zones sèches d’Afrique Centrale et de l’Ouest pour ses fruits, l’ombrage et la protection du sol (Arbonnier, 2000). Les parties utilisées de la plante sont : les fruits, les feuilles, les fleurs, les rameaux, les racines, l’écorce et le bois.

Le fruit est un condiment alimentaire (Bolza et Keating, 1972 ; Kater et al., 1992 ; Sabiiti et Cobbina, 1992 ; Ruffo et al., 2002). La pulpe de Tamarindus indica est très riche en vitamine C. Elle donne par macération dans de l’eau froide (ou tiède) additionnée au sucre ou au miel, une boisson acidulée très rafraîchissante. La pulpe est également consommée sous forme de bouillie (Vivien et Faure, 1995 ; Arbonnier, 2000). Au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, elle fait l’objet de produits industriels : jus de tamarin, bonbon de tamarin, etc. (N’Klo, 2001). Les fleurs et les feuilles sont d’excellents fourrages (Nouvellet, 1987).

Les feuilles de Tamarindus indica sont douées de propriétés vermifuges. Elles soignent la fièvre et la diarrhée. Elles sont très appréciées du bétail et ont une action épilante sur les chevaux et les porcs.

Les fleurs sont préconisées contre certaines infections du foie. Le fruit a des propriétés laxatives et est couramment utilisé en Afrique de l’Ouest pour soigner le rhume, l’ictère, les vers intestinaux, l’amibiase, les affections intestinales infantiles, la folie, l’impuissance et la stérilité. Ces fruits macérés dans de l’eau et légèrement salés sont absorbés contre les troubles de la vue (Lavergne et Vera, 1989). La poudre de la graine sert à coaguler le caoutchouc ; il en est de même de la pulpe du fruit en décoction. De plus, la poudre des graines, la gousse additionnés de cuivre servent à teindre les tissus (Walker et Sillans, 1995 ; Arbonnier, 2000). Les graines sont employées dans la fabrication de la poudre à fusil (Malgras, 1992). Les racines utilisées en décoction auraient des propriétés aphrodisiaques (Lavergne et Vera, 1989).

Les racines, les rameaux et les écorces de Tamarindus indica ont des propriétés médicinales. Ils sont purgatifs et diurétiques. Les racines sont généralement utilisées pour traiter la conjonctivite, l’ophtalmie et la paralysie. Les écorces servent dans le traitement des coliques, la constipation, l’ictère, l’hépatite, la gonococcie, la toux, les plaies, l’asthme etc. Les rameaux sont des fortifiants qui entrent dans le traitement de l’hépatite, des coliques, de la fièvre et de la bronchite (Arbonnier, 2000).

Le bois est utilisé en construction et en charronnage. Il sert à la fabrication des mortiers, des pilons, des manches d’outils etc. C’est un excellent bois de feu.

Niveaux de production

Les informations sur la production et la commercialisation de Tamarindus indica au Cameroun ne sont pas disponibles. Au Malawi par contre, certaines communautés tirent une partie de leurs revenus de la vente de Tamarindus indica grâce à une organisation opérant dans le pays et transformant les fruits en jus (Walter, 2001).

Flux et circuits de commercialisation

Tamarindus indica est commercialisé dans certains marchés éthiopiens. Au Soudan, les fruits sont exportés (Sulieman et al., 1994). Au Burkina Faso, le kilogramme de Tamarindus indica coûte 50 F CFA (Guinko et Pasgo, 1992). D’après Gunasena et Hughes (2000), Tamarindus indica fait l’objet d’un commerce local, régional et international. Sur le marché local les fruits se vendent frais ; sous forme de pulpe, de jus ou de pâte. Sur le marché international, c’est surtout sous forme de TKP (Tamarind Kernel Powder) que Tamarindus indica est commercialisé. L’Inde est le plus grand exportateur mondial avec 11 145 tonnes en 1993. Les autres pays exportateurs sont la Thaïlande, l’Indonesie et le Sri Lanka.

Mécanisme de fixation des prix

La valeur marchande de Tamarindus indica varie en fonction du lieu, la variété, la qualité, la transformation subie et la demande (Gunasena et Hughes, 2000).

Potentialités et contraintes

Dans certains pays comme le Malawi, un grand effort est déployé pour la domestication de Tamarindus indica, tout comme d’autres produits forestiers non ligneux. Cela participe à la préservation de l’espèce (Ngulube, 1993).