Adansonia digitata (Fruitiers du Cameroun)

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Balanites aegyptiaca
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Bombax costatum
fruit (O. Eyog Matig)


Adansonia digitata L.

Sp. Pl. 2: 1190 (1753)

Synonymes

  • Adansonia baobab L.
  • Adansonia sphaerocarpa A. Chev.
  • Adansonia sulcata A. Chev.

Nom commun

  • Baobab

Noms locaux

  • Arabe : hamar
  • Foulfouldé : bobdi, boki
  • Guiziga : moulgouï
  • Haoussa : boumbou, kouboli, kouka
  • Kanouri : kouka
  • Koma : kmsa
  • Kotoko : azoum, balkouba

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce largement représentée dans toutes les régions semi-arides d’Afrique tropicale et de Madagascar ; caractéristique des steppes sahéliennes et des savanes soudano-sahéliennes. Au Cameroun, la limite méridionale de son aire spontanée se situe à une centaine de kilomètres au sud de Garoua. Elle est plantée çà et là plus au Sud jusqu’à la limite de la forêt dense. On la retrouve parfois sur les emplacements des anciens villages.

Description

  • Grand arbre à tronc court et à cime étalée, de 20-25 m de hauteur ; fût de forme irrégulière atteignant un diamètre de 5 m ou plus ; écorce grise ou gris violacé à argentée, lisse, tranche marbrée de rouge et de blanc, tendre, épaisse et exsudant une gomme.
  • Feuilles alternes caduques en saison sèche; composées digitées avec 5-7 folioles ; limbe entier ou denticulé, longuement pétiolulées.
  • Fleurs solitaires ou par paires, blanches et grandes, atteignant 20 cm de longueur, pendantes à l’aisselle des feuilles, au bout d’un long pédicelle ; hermaphrodites, pentamères ; 5 pétales glabres sur les deux faces, blancs plus ou moins faiblement teintés de rouge à l’état frais, rouge à l’état sec ; nombreuses étamines blanches, filets libres et grêles ; ovaire à 5-10 loges.
  • Fruits : capsules indéhiscentes oblongues, ovoïdes ou parfois presque sphériques ; ligneuses, densément pubescentes, veloutées et renfermant une pulpe blanchâtre dans laquelle sont noyées de nombreuses graines.
  • Graines réniformes, de couleur brun-noir. Feuilles caduques en saison sèche.

Floraison en fin de saison sèche ; fleurs s’épanouissant dès le crépuscule et se flétrissant au lever du jour.

Variabilité et conservation de la ressource

La plante est maintenue dans les plantations et autour des habitations. On assiste souvent à une cueillette abusive des fruits, ne laissant presque pas de matériel nécessaire à la régénération naturelle.

Comme autres espèces sauvages apparentées à l’espèce A. digitata, on connaît 6 espèces endémiques à l’Ile de Madagascar (A. rubrostipa, A. madagascariensis, A. aza, A. perriera, A. grandidieri et A. suarezensis) et une espèce en Australie (A. gibbosa). Certaines de ces espèces telles que A. perrieri, A. suarezensis et A. grandidieri, sont menacées de disparition.

Adansonia digitata est une espèce monoïque. La pollinisation est assurée par des chauves-souris en quête de nectar et dans une moindre mesure par des papillons et des fourmis. Elle est bien connue comme étant un auto-tétraploïde (4n =176) alors que les 6 autres espèces de Madagascar et l’unique espèce d’Australie sont diploïdes (2n = 88).

Les graines sont de type orthodoxe. Elles peuvent par conséquent être conservées à basse température dans les chambres froides. Ainsi, les banques de gènes des centres nationaux de semences forestières dans certains pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal contiennent un certain nombre d’accessions d’Adansonia digitata.

Au départ, on distinguait les arbres à partir de la couleur de l’écorce : les arbres à écorce noire et les arbres à écorce rouge. Mais on ne sait pas très bien si ces caractères sont génétiquement discriminants. C’est pour cette raison que, de plus en plus, d’autres caractères tels que la taille et la couleur des feuilles, la forme, la couleur et le goût des fruits, la couleur des graines sont également pris en compte. En outre, la sélection doit tenir compte de la taille des arbres qui est une contrainte majeure à la récolte des fruits et des feuilles.

Agronomie

Dans les conditions écologiques du Nord du Cameroun, les fruits arrivent à maturité entre septembre et octobre. On compte 2500 à 3000 graines par kilogramme. En pépinière, il est conseillé de semer 3 graines par sachet. Les graines doivent être semées en pépinière 4 à 5 mois avant la date prévue pour la plantation. La croissance au départ est très lente (hauteur de 85 cm à 2 ans et demi).

A maturité, les fruits tombent, éclatent et libèrent les graines. Ces graines germent au pied des arbres et les jeunes plants qui en résultent peuvent être transplantés. Cette méthode de transplantation des semis est d’autant plus recommandée que les graines de baobab subissent une dormance tégumentaire due à la dureté de la coque qui l’entoure et qui fait que le taux de germination en pépinière reste faible, de l’ordre de 20 %. Cependant, la levée de dormance peut être obtenue en faisant un trempage dans de l’acide sulfurique concentrée pendant 6 à 12 heures. Le taux de germination passe alors de 20 à 90 % environ. Dans les zones rurales, le trempage dans l’acide peut être remplacé par la scarification manuelle. En pépinière, les jeunes plants requièrent d’abord un ombrage épais pendant une quinzaine de jours avant d’être exposés en plein soleil. La transplantation est recommandée à quatre mois après la germination.

En dehors de la multiplication par graines, le bouturage est possible et régulièrement pratiqué. Les arbres sont plantés à un écartement de 10 m sur 10 m dans les trous de 60 cm x 60 cm x 60 cm, parfois avec une fumure de fond qui peut être de la matière organique ou du phosphate tricalcique. La compétition avec les mauvaises herbes nuit à la croissance des jeunes plants, le désherbage régulier est donc nécessaire pendant les premières années.

En condition naturelle, les graines germent rapidement après ingestion du fruit par de gros mammifères. La plantule possède un hypocotyle aplati, long de 4-5 cm. La croissance est assez aléatoire, environ 1 m par an jusqu’à 10 ans, âge auquel l’arbre commence à fructifier.

Utilisations

Adansonia digitata est un des arbres les plus utiles du Sahel, ce qui lui vaut traditionnellement la protection et la vénération de la population. Les parties utilisées sont les feuilles, l’écorce, le fruit, la graine, la gomme, les fleurs, les rameaux etc.

Pressée ou séchée, la pulpe fraîche contenue dans le fruit donne après dissolution dans l’eau ou du lait, une boisson rafraîchissante très appréciée. Cette boisson acidulée, riche en calcium et en vitamines B et C s’accompagne de la bouillie de mil mélangée aux arachides (Vivien et Faure, 1995 ; Arbonnier, 2000, Malgras, 1992). Les graines sont oléagineuses et donnent après extraction une huile végétale très appréciée et utilisée à des fins alimentaires, cosmétiques et thérapeutiques. Les graines sont consommées grillées. Elles sont également utilisées comme condiment alimentaire en Afrique de l’Ouest. Réduite en poudre, la coque du fruit est utilisée comme succédané du sel ou du tabac à priser.

Lorsque le fourrage devient rare en période de sécheresse, les fruits sont spontanément consommés par les animaux (bovins, chevaux, ânes). Les fleurs sont très appréciées des abeilles et des oiseaux.

Dans les zones sèches d’Afrique de l’Ouest, les racines ont des vertus médicinales. Elles sont fortifiantes et traitent le paludisme de même que l’écorce. Les feuilles ont des propriétés diurétiques, diaphorétiques, toniques et soignent entre autres la diarrhée, la dysenterie et l’ophtalmie. Les racines d’Adansonia digitata offrent aux artisans une teinture rouge. Le tronc de l’arbre sert d’abri, de grenier, de réservoir d’eau, ou d’étable. Au Sénégal, le tronc servait jadis de tombe aux griots (Vivien et Faure, 1995 ; Arbonnier, 2000 ; Malgras, 1992). La pulpe a des vertus cicatrisantes. Elle est utilisée dans les zones sèches d’Afrique Centrale et de l’Ouest contre la diarrhée infantile, la tuberculose, la dysenterie, la variole, la rougeole. La fibre du fruit (en décoction) est également emménagogue et anti-diarrhéique etc. La pulpe fumée est un répulsif contre les mouches. Les feuilles sont susceptibles d’avoir quelques actions thérapeutiques favorables en raison des éléments qui rentrent dans leur composition (Noumi, 1984). Les feuilles fraîches constituent une excellente source de vitamine C et de calcium (Noumi, 1984).

De par leur teneur en phosphate, les graines sont utilisées dans la fabrication artisanale du savon et d’engrais en Afrique de l’Ouest. L’écorce est utilisée pour fabriquer des frondes (utilisées pour chasser les oiseaux dans les champs) et des cordages (Nouvellet, 1987).

Niveaux de production

La production d’Adansonia digitata est caractérisée par une irrégularité interannuelle qui peut varier du simple au double (Walter, 2001). L’espèce occupe une place importante dans l’alimentation en Mauritanie. Elle est l’un des produits forestiers non ligneux les plus importants rencontrés dans les marchés du Nord du Soudan. En Afrique du Sud, les fibres importantes dans la fabrication des outils ménagers, des habits viennent du baobab. La plus grande partie des produits à base des fibres est vendue dans les marchés nationaux et régionaux (Maliehe, 1993).

Au Burkina Faso, Adansonia digitata figure parmi les produits forestiers non ligneux comestibles les plus précieux par rapport au prix (Lamien et al., 1996). En 1990, la production de feuilles de baobab au Burkina Faso était de l’ordre de 92 445 t pour une valeur de 782 000 000 F CFA (Coulibaly, 1993).

Mécanismes de fixation des prix

Le prix des produits d’Adansonia digitata est déterminé en général par trois facteurs : la disponibilité, la distance entre le lieu de production et les centres de consommation, le type de marché. Les méthodes d’acquisition ont un grand effet sur le prix. Les produits achetés auprès des fournisseurs sont plus chers que ceux achetés auprès des paysans. Les prix sont aussi influencés par la période de l’année et par la disponibilité des produits. Le prix d’un kilogramme de feuilles tourne généralement autour de 35 F CFA au Burkina Faso (Guinko et Pasgo, 1992).