Smilax (Pharmacopées en Guyane)

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Simarouba amara
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Brunfelsia guianensis


Smilax sp. Feuilles et fruits d’une liane bagotte
Famille Smilacaceae



Smilax spp.


Noms vernaculaires

  • Créole : liane bagotte [yann-bagòt], bagou [bagou, yann-bagou], salsepareille [chassepareille].
  • Wayãpi : yũ apekã.
  • Palikur : barakut.
  • Aluku : aguwago maka.
  • Portugais : japecanga, salsa.

Écologie, morphologie

Lianes épineuses communes en forêt primaire, en forêt secondaire et dans les zones rudérales.

Collections de référence

Cf. note [1].

Emplois

La salsepareille est aujourd’hui une plante bien oubliée, alors qu’elle fut au cours des siècles passés ardemment recherchée pour ses propriétés antisyphilitiques. LE COINTE (1, 1922) indique qu’entre 1870 et 1920, c’est par tonnes que les fines racines sèches étaient exportées chaque année de Belém et de Manaus. L’ensemble des sources, à l’instar des vendeuses créoles du marché de Cayenne, attribuent à la macération et à la décoction des racines de salsepareille une action dépurative, en sus de pouvoirs strictement antisyphilitiques, (DEVEZ, 1932 ; MORS et RIZZINI, 1966 ; SILVA et al, 1977). Plus rustiquement, les Créoles des communes utilisent la décoction des feuilles soit en bain comme défatigant, soit en breuvage comme fébrifuge.

En revanche, chez les Amérindiens qui nous occupent, il en va tout à fait différemment puisque les Wayãpi se contentent d’insister sur le caractère venimeux des longues épines noires ; quant aux Palikur, ils l’utilisent dans la préparation d’un diabolique aphrodisiaque : la racine tubéreuse est grattée ou écrasée et préparée en décoction. Lorsque l’ébullition est atteinte, on ajoute coup sur coup la racine de Ptychopetalum olacoïdes (Olacacées), un clou chauffé à blanc et un sexe mâle de coati (Nasua nasua L.), animal réputé pour ses activités sexuelles débordantes. Le tout est soigneusement remué ; le liquide refroidi est filtré et versé dans une bouteille. Pendant une semaine, ce breuvage est consommé à raison d’une cuillerée par jour ; le reste sert à frictionner les organes sexuels masculins [2]. C’est une préparation dangereuse, réservée en théorie aux hommes d’âge mûr.

Étymologie

Les divers noms créoles et portugais cités ci-dessus recouvrent en général et selon les régions de nombreuses espèces parmi lesquelles seules Smilax papyracea Duhamel (en synon. Smilax longifolia L. C. Rich), Smilax pseudosyphilitica Willd et Smilax officinalis Poepp., ont eu une réelle importance économique. Par ailleurs, les noms de salsa ou de salsepareille sont nettement réservés aux racines sèches et les noms de japecanga et liane bagotte aux plantes in situ.

  • Wayãpi : de , « épine », ape, « dos » et ãkã, « tête », « la [liane] épineuse qui a ses têtes sur le dos », parce que les épines sont disposées en couronne à chaque nœud (tête) sur la tige (dos).
  • Palikur : amalgame de arakut, « nœud » et de aβutga, « épine », « épines aux nœuds », pour les mêmes raisons que ci-dessus.

Chimie et pharmacologie

Les extraits fluides servent de véhicule favorisant l’absorption d’autres substances. Les principes actifs sont des saponosides stéroïdiques dont le plus important est le sarsasaponoside (KARRER, 1958).

Les salsepareilles ont aussi été utilisées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et dans le traitement de diverses maladies de la peau, telles la lèpre et le psoriasis.

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  1. Les espèces collectées par notre équipe, bien que cette liste ne soit pas restrictive, sont :
  2. L'usage comme aphrodisiaque de Smilax schomburgkiana Kunth, en association avec d’autres plantes, est également signalé chez les Amérindiens et les Créoles du nord de la Guyana (VAN ANDEL, 2000), ainsi que chez les Aluku (FLEURY, 1991).