Smilax (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Smilax spp.
Noms vernaculaires
- Créole : liane bagotte [yann-bagòt], bagou [bagou, yann-bagou], salsepareille [chassepareille].
- Wayãpi : yũ apekã.
- Palikur : barakut.
- Aluku : aguwago maka.
- Portugais : japecanga, salsa.
Écologie, morphologie
Lianes épineuses communes en forêt primaire, en forêt secondaire et dans les zones rudérales.
Collections de référence
Cf. note [1].
Emplois
La salsepareille est aujourd’hui une plante bien oubliée, alors qu’elle fut au cours des siècles passés ardemment recherchée pour ses propriétés antisyphilitiques. LE COINTE (1, 1922) indique qu’entre 1870 et 1920, c’est par tonnes que les fines racines sèches étaient exportées chaque année de Belém et de Manaus. L’ensemble des sources, à l’instar des vendeuses créoles du marché de Cayenne, attribuent à la macération et à la décoction des racines de salsepareille une action dépurative, en sus de pouvoirs strictement antisyphilitiques, (DEVEZ, 1932 ; MORS et RIZZINI, 1966 ; SILVA et al, 1977). Plus rustiquement, les Créoles des communes utilisent la décoction des feuilles soit en bain comme défatigant, soit en breuvage comme fébrifuge.
En revanche, chez les Amérindiens qui nous occupent, il en va tout à fait différemment puisque les Wayãpi se contentent d’insister sur le caractère venimeux des longues épines noires ; quant aux Palikur, ils l’utilisent dans la préparation d’un diabolique aphrodisiaque : la racine tubéreuse est grattée ou écrasée et préparée en décoction. Lorsque l’ébullition est atteinte, on ajoute coup sur coup la racine de Ptychopetalum olacoïdes (Olacacées), un clou chauffé à blanc et un sexe mâle de coati (Nasua nasua L.), animal réputé pour ses activités sexuelles débordantes. Le tout est soigneusement remué ; le liquide refroidi est filtré et versé dans une bouteille. Pendant une semaine, ce breuvage est consommé à raison d’une cuillerée par jour ; le reste sert à frictionner les organes sexuels masculins [2]. C’est une préparation dangereuse, réservée en théorie aux hommes d’âge mûr.
Étymologie
Les divers noms créoles et portugais cités ci-dessus recouvrent en général et selon les régions de nombreuses espèces parmi lesquelles seules Smilax papyracea Duhamel (en synon. Smilax longifolia L. C. Rich), Smilax pseudosyphilitica Willd et Smilax officinalis Poepp., ont eu une réelle importance économique. Par ailleurs, les noms de salsa ou de salsepareille sont nettement réservés aux racines sèches et les noms de japecanga et liane bagotte aux plantes in situ.
- Wayãpi : de yũ, « épine », ape, « dos » et ãkã, « tête », « la [liane] épineuse qui a ses têtes sur le dos », parce que les épines sont disposées en couronne à chaque nœud (tête) sur la tige (dos).
- Palikur : amalgame de arakut, « nœud » et de aβutga, « épine », « épines aux nœuds », pour les mêmes raisons que ci-dessus.
Chimie et pharmacologie
Les extraits fluides servent de véhicule favorisant l’absorption d’autres substances. Les principes actifs sont des saponosides stéroïdiques dont le plus important est le sarsasaponoside (KARRER, 1958).
Les salsepareilles ont aussi été utilisées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et dans le traitement de diverses maladies de la peau, telles la lèpre et le psoriasis.
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- ↑ Les espèces collectées par notre équipe, bien que cette liste ne soit pas restrictive, sont :
- Grenand 336, 991, Smilax schomburgkiana Kunth ;
- Grenand 646, Smilax syphilitica Willd. ; [Smilax syphilitica Griseb. = Smilax schomburgkiana ; Smilax syphilitica Mart. = Smilax longifolia]
- Grenand 1428, Smilax quinquenervia Vell. ;
- Haxaire 542, Smilax cordato-ovata L. C. Rich.
- Jacquemin 2081, Smilax cuspidata Poir.
- Prévost 370, Smilax pseudosyphilitica Kunth. [= Smilax schomburgkiana].
- ↑ L'usage comme aphrodisiaque de Smilax schomburgkiana Kunth, en association avec d’autres plantes, est également signalé chez les Amérindiens et les Créoles du nord de la Guyana (VAN ANDEL, 2000), ainsi que chez les Aluku (FLEURY, 1991).