Simarouba amara (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Simarouba amara Aublet
Synonymie
- Quassia simarouba L.f.
Noms vernaculaires
- Créole : simarouba [simarouba].
- Wayãpi : ɨwẽ’ɨ.
- Palikur : tima aβain.
- Portugais : marupa, paraíba.
Écologie, morphologie
Arbre moyen à grand, typique des vieilles forêts secondaires mais parfois présent en forêt primaire.
Collections de référence
Grenand 535 ; Jacquemin 1428, 1984, 2069, 2243 ; Moretti 1340.
Emplois
Cet arbre est bien connu des Créoles.
La macération des écorces, très amères, dans le rhum est prise comme tonique amer, antidysentérique [1] et antipaludique. Les Palikur ont adopté ce dernier usage mais, en décoction, lui préfèrent Simaba cedron. Cependant, la prise régulière de la macération dans le rhum aurait une action préventive contre le paludisme.
Étymologie
- Créole : simarouba, du kali’na (Karib) asumaipa, désignant la même espèce.
- Wayãpi : de ɨwesẽ, « râpe à manioc » et ɨ, « arbre », « arbre pour les râpes à manioc ».
- Palikur : de timaa, « râpe à manioc », et aβain, « lieu de », « ce avec quoi on fait les râpes à manioc ». Ces deux dernières appellations font référence à l’excellence de ce bois pour y enchâsser des éclats de roche ou des fragments métalliques afin de fabriquer des râpes à manioc.
Chimie et pharmacologie
Un quassinoïde, le simarolide, a été isolé dès 1961. Polonsky et Jacquemin ont repris l’étude de cette drogue, sur des échantillons dûment identifiés et ont décrit deux quassinoïdes à squelette à 20 atomes de carbone : 2’-acétylglaucarubine et 13, 18- déhydroglaucarubinone. Ce dernier inhibe de façon significative la leucémie murine lymphocitique p 388. En revanche, on ne note aucune trace de quassinoïde en C25 comme le simarolide. Ce type de composé semble caractéristique de l’espèce Simaba morettii (cf. supra), ce qui suggère une possible confusion, lors de la récolte de l’échantillon étudié en 1961 par Polonsky entre Simarouba amara et Simaba morettii.
Ont aussi été isolés 4 triterpènes : la mélianone, la 21, 20-anhydromélianone, l’oxo-3- tirucalla-7, 24-diène et le dioxo-3, 21-ti rucalla-7, 24-diène (POLONSKY et al., 1976, 1977 et 1978).
Cette espèce renferme enfin un alcaloïde, la 5-hydroxycanthine-6-one (LASSAK et al., 1977).
L’extrait méthanolique des fruits de S. amara est actif in vitro sur une souche de Plasmodium falciparum résistante à la chloroquine. L’activité est concentrée dans l’extrait chloroformique duquel 4 quassinoïdes ont été isolés : ailanthinone, 2’-acétyle glaucarubinone, holacanthone et la glaucarubinone. Ces mêmes extraits réduisent in vivo de 30 à 50 % la parasitémie de souris impaludées, à la dose de 600 à 900 mg/kg/j., sans qu’aucune mortalité n’apparaisse à ces doses chez les souris, cela malgré la toxicité connue de ces quassinoïdes. Ces résultats obtenus par GUPTA et al. (1995) au Panama tendent à justifier l’usage de cette drogue comme antipaludique.
Les essais insecticides que nous avons effectués ont montré que les écorces de tige de cette espèce ont une activité larvicide sur Aedes aegypti (Moretti, travaux non publiés). Les propriétés insecticides peuvent être attribuées aux dérivés de la glaucarubinone. Ce quassinoïde présente, sur Locusta migratoria, une DL 50 de 4,5 mg par gramme d’insecte, activité comparable, sinon meilleure à celle des pyrèthres (ODJO et al., 1981).
In vitro, la glaucarubinone inhibe de façon significative la croissance de Plasmodium falciparum à la dose de 0,006 mg/ml (TRACER et POLONSKY, 1981). Par ailleurs la glaucarubinone a été employée avec succès sur l’homme contre Entamoeba histolytica.
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- ↑ Selon JOUSSET (1870), l’écorce de racine est tonique, amère et antidysentérique : « Pour l’obtenir, après avoir fait de larges incisions sur la racine, on bat cette écorce jusqu'à ce qu'elle se détache elle-même, en ayant soin d'éviter le suc laiteux, âcre et corrosif, qui jaillit de tous côtés pendant ce travail ».
Selon DESCOURTILZ (1835), « l'écorce de cet arbre fut, dès 1713, introduite en Europe » ; elle était connue des habitants de Cayenne et de la Guyane qui l’employaient comme le spécifique des flux dysentériques. « Elle aurait été employée avec succès par Antoine de Jussieu dans la grande épidémie qui se déclara en 1718.
Quoique l’écorce des racines soit généralement plus estimée, on se sert néanmoins de l'écorce de l’arbre et de son bois râpé, mais à double dose. Le simarouba se rencontre fréquemment aux Antilles ».