Byrsonima crassifolia (Pharmacopées en Guyane)

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Cuphea carthagenensis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Byrsonima verbascifolia


Byrsonima crassifolia. Inflorescences du prunier savane
Byrsonima crassifolia. Fruits du prunier savane



Famille Malpighiaceae

Byrsonima crassifolia (L.) Kunth

Noms vernaculaires

  • Créole : prunier [prim, prin]. prunier savane [prin-savann], coumaté [koumaté], morossif [morosif].
  • Wayãpi : palãlã ka’a.
  • Palikur : mariuβra.
  • Portugais : murici, muruci.
  • Kali’na : mule:i.

Écologie, morphologie

Arbre des savanes et des inselbergs.

Collections de référence

Cremers 6999 ; Grenand 1220, 3116 ; Moretti 1013.

Emplois

Pour l’utilisation de cette espèce dans la pharmacopée créole, cf. l’espèce suivante [1]. Les propriétés colorantes de l’écorce riche en tanins sont utilisées par les Palikur et les Kali’na (GRENAND et PRÉVOST, 1994).

Les Palikur préparent, avec l’écorce mise à macérer dans l’eau fraîche pendant plusieurs heures, un remède bu contre la diarrhée. La décoction de l’écorce de couleur rouge sert à préparer un bain défatigant pour les femmes relevant de couches.

Étymologie

  • Créole : prunier, en raison de la ressemblance avec les pruniers d’Europe, de par l’aspect de l’arbre et, plus vaguement, de ses fruits jaunes et comestibles comme les mirabelles ; koumaté désigne en créole plusieurs arbres tinctoriaux servant à teindre les calebasses.
  • Wayãpi : de palãlã, « criquet » (Tropidacris cardinalis) et ka’a, « plante », « la plante du criquet », parce que cet insecte en mange les feuilles.

Chimie et pharmacologie

Du tronc de Byrsonima crassifolia ont été isolés des tanins condensés : deux procyanidols trimères, cinq procyanidols dimères (dont un déjà mis en évidence), trois procyanidols monomères déjà connus. Les feuilles et l’écorce renferment des glycolipides et des sulphonoglycolipides (RASTRELLI et al., 1997 ; AMARQUAYE et al., 1994). Les feuilles de B. crassifolia renferment aussi des triterpènes (bétulinaldehyde, bétuline, acide bétulinique, acide oléanolique et ursenaldehyde), des stérols (sitostérol et son glucoside), 4 aminoacides (alanine, acide aspartique, proline et valine), 2 amino-acides non protéiniques (acide pipécolique et acide 5-hydroxypipécolique), des flavonoïdes, catéchol et épicatéchol (flavane-3-ol), guaijavérine, hypérine, quercétol (BEIAR et al., 1995).

Les propriétés médicinales ont fait l’objet de nombreux travaux que nous avons regroupés en quatre catégories.

  • Propriété anti-bactérienne et traitement de troubles gastro-intestinaux : En Amérique centrale, Byrsonima crassifolia est utilisé dans le traitement de la diarrhée et des troubles gastro-intestinaux. La propriété anti-diarrhéique est sans doute due à sa teneur en tanins. (CACERES et al., 1990). L’écorce et la tige ont une activité contre deux entérobactéries pathogènes pour l’homme : Salmonella typhi et Shigella flexneri (CACERES et al., 1993). Les parties de la plante utilisées sont l’écorce et les rameaux (MARTINEZ et al, 1999).
  • Traitement des dermatophytoses et propriété anti-fongique : Byrsonima crassifolia a montré in vitro une activité contre certains dermatophytes : Candida albicans, Epidermophyton floccosum, Microsporum canis, M. gypseum, Trichophyton mentagrophytes et T. rubrum. Les parties de la plante les plus actives sont les feuilles et l’écorce (CACERES et al., 1991a, 1991b, 1993).
  • Propriété anti-protozoaire : Byrsonima crassifolia est utilisée traditionnellement au Guatemala pour traiter la maladie de Chagas ; les extraits de feuilles sont actifs in vitro contre les formes trypomastigotes et épimastigotes de Trypanosoma cruzi (BERGER et al. 1998).
  • Autres propriétés : En Amérique centrale Byrsonima crassifolia est utilisée dans le traitement de la toux et des morsures de serpent (AMARQUAYE et al., ibid.).

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

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  1. Cette plante à tanins est employée dans divers pays d'Amérique tropicale pour soigner de nombreuses affections allant des maux de gorge à la dysenterie (RIBEIRO et al., 1997). Les fruits comestibles sont appréciés en Amérique centrale et au Brésil où cette espèce est semi-domestiquée. Les Tiriyo utilisent l’écorce ou la racine en emplâtre pour soigner les blessures et les brûlures (CAVALCANTE et FRIKEL, 1973). En Amazonie brésilienne, l'écorce est utilisée comme tonique, fébrifuge et pour soigner la tuberculose (CID, 1978). Une espèce voisine, Byrsonima chrysophylla Kunth., est vendue sur le marché de Manaus comme anti-inflammatoire et pour traiter les hémorroïdes (FERREIRA, 1996).