Jatropha curcas (TRAMIL)

De PlantUse Français
Révision de 14 novembre 2020 à 23:52 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à : navigation, rechercher
Ipomoea batatas
TRAMIL, Pharmacopée végétale caribéenne, 2014
Justicia pectoralis
Jatropha curcas fruits TRAMIL.jpg
Jatropha curcas feuilles TRAMIL.jpg
Jatropha curcas fleurs TRAMIL.jpg
Jatropha curcas fruits 2 TRAMIL.jpg
Jatropha curcas graines TRAMIL.jpg
Jatropha curcas dessin TRAMIL.jpg


Jatropha curcas L.
EUPHORBIACEAE



Noms vernaculaires significatifs TRAMIL

  • Guatemala, Honduras, Rép. Dominicaine : piñón, piñón botija
  • Haïti : medsiyen
  • autres noms créoles : médsynié bayè, médsynié blan, médsyen

Distribution géographique

Originaire d’Amérique tropicale, naturalisée dans d’autres régions tropicales.

Description botanique

Arbuste ou petit arbre pouvant atteindre 5 m, avec un latex jaune laiteux ou rougeâtre. Feuilles arrondiesovées, à 3-5 lobes, cordées à la base, à l’extrémité aiguë ou acuminée. Cymes petites, denses, à longs pédoncules; pétales blanchâtres oblong-ovés, à pilosité dense. Capsule ellipsoïdale, de 2,5 à 4 cm. Graines de 2 cm, noirâtres.

Vouchers :

  • Rouzier,69,SOE
  • Pimentel,1120,JBSD
  • Girón,237,CFEH
  • Ochoa,250,HPMHV
  • Veloz,3039,JBSD

Emplois traditionnels significatifs TRAMIL

  • brûlure : sève, en application locale1
  • candidose buccale : sève (latex), en application locale1-3
  • démangeaison : feuille fraîche, décoction, bain5
  • plaie : sève de la feuille, en application locale4

Recommandations

Selon l’information disponible :

L’emploi contre la candidose buccale, démangeaison, plaie et brûlure superficielle est classé REC sur la base de l’usage significatif traditionnel documenté par les enquêtes TRAMIL, les études de toxicité et l’information scientifique publiée.

Si l’état du patient se détériore ou que la candidose, la plaie, brûlure, démangeaison persiste plus de 5 jours, ou 3 jours chez l’enfant, consulter un médecin.

Limiter l’emploi traditionnel à des brûlures superficielles (endommagement épidermique) peu étendues (moins de 10% de la surface corporelle) et localisées en dehors des zones à haut risque telles que la figure, les mains, les pieds et les parties génitales.

Ne pas employer avec des enfants de moins de 10 ans, ni avec des femmes enceintes ou allaitantes.

Éviter l’ingestion de la graine à cause du risque de toxicité. En cas d’intoxication par ingestion, consulter un médecin.

Chimie

Travail TRAMIL6

Analyse phytochimique préliminaire de la feuille :

alcaloïdes -
quinones -
flavonoïdes +
stéroïdes, terpénoïdes +
saponosides +
composants phénoliques +
tanins +

Le latex contient des protéines : curcacycline7 et curcaïne (enzyme protéolytique)8.

La feuille contient des glucosides cyanogènes; des tanins; des terpènes : α-amirine, β-sitostérol, campestérol, stigmastérol; des flavonoïdes : vitexine, isovitexine9-11.

La feuille et l’écorce contiennent des sapogénines stéroïdiques12.

Activités biologiques

Travail TRAMIL13

Le latex pur et dilué dans de l’éthanol (1:10) in vitro a montré une activité significative contre Staphylococcus aureus mais une activité faible contre Candida albicans.

Travail TRAMIL14-15

Le latex et l’extrait aqueux de feuille fraîche (1000 μg/ mL) in vitro n’ont pas eu d’activité contre Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli ni Candida albicans.

Travail TRAMIL16

L’extrait aqueux (décoction) lyophilisé de feuille fraîche, (10 mg/oreille) dose unique, par voie topique à 10 souris Swiss femelles (17,15 ± 0,64 g), modèle d’œdème induit par l’huile de croton, n’a pas provoqué d’effet antiinflammatoire.

Le latex in vitro a inhibé la croissance de Staphylococcus aureus17.

Lors d’une étude clinique avec 30 patients, du latex ou de l’azote liquide (témoin) ont été appliqués pour traiter des verrues plantaires. Le groupe traité avec le latex a obtenu une amélioration après 11-20 jours d’application, c’est-à-dire moins rapidement qu’avec l’azote. Des effets collatéraux non limitatifs ont été observés, à savoir : une desquamation locale, des changements de coloration et des démangeaisons18.

Toxicité

Travail TRAMIL19

Le jus de feuille fraîche (4, 6, 10 mL/kg) appliqué pendant 24 heure sur la peau rasée du lapin (méthode Draize), après 14 jours d’observation a produit peu de toxicité cutanée à des doses de 4 et 6 mL/kg; pour une dose de 10 mL/kg, il a été légèrement irritant.

Le jus de feuille fraîche (0,2 mL) appliqué sur la muqueuse buccale et du pénis de lapin (méthode Draize), a produit une légère irritation.

Travail TRAMIL20

L’extrait aqueux (décoction 50%) de feuille fraîche, (0,6 mL/6 cm2 de peau saine, 3 endroits différents) par voie topique au lapin albinos New Zealand, 3 mâles (1,9 kg), modèle Acute Dermal Irritation OECD 404. Au bout de 4 heures les patchs sont retirés. La lecture pour érythème et œdème s’est faite après 1, 24, 48 et 72 heures, sans montrer aucun signe clinique visible.

Il a été rapporté que l’ingestion de la plante entière est toxique pour l’être humain21.

On ne dispose pas d’information garantissant l’innocuité de son emploi avec des enfants, ni avec des femmes enceintes ou allaitantes.

Préparation et dosage

Contre la candidose buccale, plaie ou brûlure superficielle :

Casser la base de la feuille au niveau de son attache à la tiges et laisser suinter le latex. Appliquer 2-4 gouttes du latex directement sur la zone affectée 2-4 fois par jour.

Contre la démangeaison :

Préparer une décoction avec 30 grammes de feuilles fraîches avec ou sans tige dans 4 tasses (1 litre) d’eau, bouillir pendant 5 minutes dans un récipient couvert. Baigner la zone affectée 2 ou 3 fois par jour.

Toute préparation médicinale doit être conservée au froid et utilisée dans les 24 heures.

Références

  1. WENIGER B, ROUZIER M, 1986 Enquête TRAMIL. Service Oecuménique d’Entraide SOE, Port au Prince, Haïti.
  2. WENIGER B, 1987-88 Encuesta TRAMIL. enda-caribe, Santo Domingo, Rep. Dominicana.
  3. LAGOS-WITTE S, 1988-89, 1996 Encuesta TRAMIL. Laboratorio de Histología Vegetal y Etnobotánica, Dep. de Biología, Universidad Nacional Autónoma de Honduras UNAH, Tegucigalpa, Honduras.
  4. CASTILLO D, RODRIGUEZ S, DE LOS SANTOS C, BELEN A, 2003 Encuesta TRAMIL, Zambrana, Cotui. Dep. de Botánica, Jardín Botánico Nacional, Santo Domingo, Rep. Dominicana.
  5. GIRON L, 1988 Encuesta TRAMIL (Costa atlántica). Centro Mesoamericano de Tecnología CEMAT, Guatemala, Guatemala.
  6. WENIGER B, SAVARY H, DAGUIHL R, 1984 Tri phytochimique de plantes de la liste TRAMIL. Laboratoire de chimie des substances naturelles, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université d’Etat d’Haïti, Port au Prince, Haïti.
  7. VAN DEN BERG A, HOARSTEN S, KETTENES-VAN-DEN BOSCH J, KROES B, BEUKELMAN C, LEEFLANG B, LABADIE R, 1995 Curcacycline A - a novel cyclic octapeptide isolated from the latex of Jatropha curcas L. Febs Lett 358(3):215-218.
  8. NATH LK, DUTTA SK, 1991 Extraction and purification of curcain, a protease from the latex of Jatropha curcas Linn. J Pharm Pharmacol 43(2):111-114.
  9. HEGNAUER R, 1973 Chemotaxonomy der Pflanzen. Basel & Stuttgart: Birkhauser Verlag. 6:882.
  10. SUBRAMANIAN SS, NAGARAJAN S, SULOCHANA N, 1971 Flavonoids from some Euphorbiaceous plants. Phytochemistry 10:2548-2549.
  11. HUFFORD CD, OGUNTIMEIN BO, 1978 Non-polar constituents of Jatropha curcas. Lloydia 41(2):161-165.
  12. HUSSAIN H, DEENI Y, 1991 Plants in Kano ethomedicine; screening for antimicrobial activity and alkaloids. Int J Pharmacog 29(1):51-56.
  13. LE GRAND A, WONDERGEM PA, 1986 Activités antimicrobiennes et études bibliographiques de la toxicologie de dix plantes médicinales de la Caraïbe. Rapport TRAMIL. Dép. de Pharmacognosie, Universités de Groningen & Leyden, Pays-Bas.
  14. SOLIS PN, RODRIGUEZ N, ESPINOSA A, GUPTA MP, 2004 Estudio antimicrobiano de algunas plantas TRAMIL con usos en Martinica. Informe TRAMIL. Centro de Investigaciones Farmacognósticas de la Flora Panameña CIFLORPAN, Facultad de Farmacia, Universidad de Panamá, Panamá, Panamá.
  15. OLMEDO D, RODRIGUEZ N, ESPINOSA A, VASQUEZ Y, GUPTA MP, 2005 Ensayo antimicrobiano de algunas especies con usos significativos TRAMIL-Centroamérica. Informe TRAMIL. Centro de Investigaciones Farmacognósticas de la Flora Panameña CIFLORPAN, Facultad de Farmacia, Universidad de Panamá, Panamá, Panamá.
  16. GARCIA–GONZALEZ M, FERNANDEZ A. ARGUEDAS R, MONTERO S, 2005 Efecto antiinflamatorio en ratones, en aplicación tópica, del extracto acuoso (decocción) de las hojas frescas de Jatropha curcas dosis única. Informe TRAMIL. PRONAPLAMED. Depto de Fisiología, Escuela de Medicina, Universidad de Costa Rica, San Pedro, Costa Rica.
  17. THOMASO O, 1989 Re-examination of the antimicrobial activities of Xylopia aethiopica, Carica papaya, Ocimun gratissimum and Jatropha curcas. Fitoterapia 60(2):147-155.
  18. MARROQUIN E, BLANCO JA, GRANADO S, CACERES A, MORALES C, 1997 Clinical Trial of Jatropha curcas sap in the treatment of common warts. Fitoterapia 68(2):160-162.
  19. HERRERA J, 1990 Determinación de actividades biológicas de vegetales utilizados en medicina tradicional. Informe TRAMIL. Laboratorio de fitofarmacología, Dep. de Farmacología, Facultad de Salud, Universidad del Valle, Cali, Colombia.
  20. LOPEZ M, MOREJON Z, BACALLAO Y, FUENTES V, MORON F, 2009 Irritabilidad dérmica primaria de hoja fresca de Jatropha curcas L. Informe TRAMIL. Facultad de Ciencias Médicas “Dr. Salvador Allende”, Laboratorio Central de Farmacología, C. Habana, Cuba.
  21. WEE Y, GOPALAKRISHNAKONE P, CHAN A, 1988 Poisonous plants in Singapore - a colour chart for identification with symptoms and signs of poisoning. Toxicon 26(1):47.