Badendjân (Ibn al-Baytar)

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Bân
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Bâkhiroudji


227 - Badendjân, Solanum melongena.


Nom accepté : [[]]

[1-191]

C’est là le nom persan arabisé de (l’aubergine), plante bien connue. Elle porte en arabe le nom de a’nb t^st, de macjhd ù*j.*, et de ouaghd ^xij.

  • Razès, dans son Livre des Correctifs des Aliments. L’aubergine convient aux estomacs qui rejettent les aliments. Elle ne vaut rien pour la tète. Elle engendre un sang noir, chaud et en petite quantité. Son usage entraine en abondance des impétigos, des hémorrhoïdes, des ophthalmies et des affections atrabilaires. Elle dilate les obstructions du foie et de la rate. Bouillie d’abord, puis rôtie avec de l’huile, du vinaigre et des amandes, elle perd son aigreur et son àcreté; et même ces deux dernières propriétés persistent dans celle qui a été bouillie si l’on ne la prépare pas avec de l’huile. Il en est de même, toutefois à un degré moindre, quand on la fait entrer, sans l’avoir fait préalablement bouillir, dans la préparation alimentaire appelée bourany Jb^j. Piôtie, elle convient aux estomacs qui rejettent les aliments; bouillie avec du vinaigre, elle est bonne pour les tempéraments chauds, ainsi qu’aux sujets dont le foie est chaud ou la rate tuméfiée, et môme son action est très marquée. Bouillie, puis rôtie avec de l’huile douce, comme de l’huile d’amandes et du vinaigre, elle vaut mieux encore, à ce point que l’huile ne retient plus rien de son âcreté. Cette préparation a l’avantage qu’elle n’entraîne aucune des affections atrabilaires dont nous avons parlé.
  • Ibn Massouîh. Voici la meilleure manière de l’employer. On l’épluche, on la fend, on la remplit de sel, on la laisse pendant assez longtemps dans de l’eau froide, on décante ensuite cette eau, que l’on renouvelle a plusieurs reprises : alors, après l’avoir fait bouillir, on la fait cuire avec de la chair de mouton, de chevreau, de poule. On peut aussi la rôtir avec de l’huile d’amandes douces ou de sésame, du vinaigre et du garnm : on ne mange que sa pulpe et sa partie tendre et mince; il faut qu’elle soit fraîche encore. Après son ingestion, on suce des grenades aigres-douces ou bien l’on en boit le suc. — Autre. On peut la manger en la corrigeant de la manière suivante. On la fait macérer dans de l’eau salée jusqu’à ce qu’elle perde de son àcreté. Préparée de cette manière et avec du vinaigre, elle n’a plus d’incouvenients; elle neutralise la bile, est utile contre les nausées et n’a aucune action mauvaise sur l’œil ou sur la tète.
  • Avicenne. Ancienne, elle ne vaut rien; fraîche, elle est meilleure. Suivant Masserdjouih, elle serait froide; cependant il est positif que ses propriétés dominantes sont la chaleur et la sécheresse au second degré, ce qui ressort de son amertume et de son àcreté. Elle engendre des obstructions et de l’atrabile. Elle altère le teint, noircit la peau et la fait passer au jaune. L’aubergine, mangée petite encore et avec son écorce, provoque le dévelop pement de lentigo, de cancer, d’indurations, de lèpre, l’épilepsie et l’insomnie; elle dessèche la bouche et entendre des obstructions du foie et de la rate, à l’exception toutefois de celle qui a été préparée avec du vinaigre, laquelle peut désobstruer le foie. Elle développe des hémorrhoïdes; cependant son enveloppe, desséchée à l’ombre et triturée, s’emploie contre les hémorrhoïdes en embrocations. Par elle- même, elle ne relâche ni ne resserre; cependant, cuite avec de l’huile, elle relâche, et, cuite avec du vinaigre, elle resserre.
  • Autre. Elle fortifie l’estomac, et, prise comme aliment, elle arrête les sueurs sanguines par une propriété qui lui est spéciale. La pulpe de l’aubergine, à la dose d’une once, bien macérée dans du vin et administrée, agit comme diurétique. Si on la brûle et que l’on fasse une pâte avec ses cendres, elle fait tomber les verrues.
  • Le Chérif. Si l’on vide une aubergine jaune, à savoir celle qui est restée longtemps sur la tige et a fini par v jaunir, crue l’on remplisse la cavité d’huile de citrouille, que l’on mette ce fruit dans un four tiède, qu’on le retire, que l’on clarine cette huile et qu’on l’injecte dans une oreille douloureuse, on fera cesser à l’instant sa douleur. On peut aussi prendre une petite aubergine; on la fait cuire dans un peu d’eau et de sel et on là laisse jusqu’à cuisson sur un feu modéré. On décante l’eau et on la mélange avec une égale quantité d’huile : on fait cuire jusqu’à ce que l’eau s’évapore et qu’il ne reste plus que l’huile. On fait avec cette huile des onctions pendant le jour; on prend ensuite l’aubergine que l’on a fait cuire et l’on en fait des embrocations sur les verrues froides pendant la nuit. On l’enlève le jour pour recommencer les onctions avec l’huile. On continue ainsi jusqu’à la guérison. C’est là un traitement à l’épreuve. On fait cuire aussi l’aubergine jaune avec de l’huile de graine de lin; on décante cette huile et on la mélange avec de la cire jaune pour en faire un cérat, dont on fait des onctions sur les gerçures des cous-de-pied et des doigts avec un succès marqué. Le calice de l’aubergine, associé avec partie égale de pulpe d’amandes amères, et trituré et mélangé à de l’huile de violettes, peut être employé en onctions sur les hémorrhoïdes, qu’il guérit. C’est un traitement à l’épreuve. On fait aussi sécher ce calice à l’ombre, on le triture et l’on en fait des applications sur les hémorrhoïdes préalablement ointes avec de l’huile chaude : on obtient un succès marqué. Si l’on veut pouvoir en faire cuire toute l’année, on prend des aubergines encore petites, on fait à chacune deux ouvertures dans le sens transversal, on les fait cuire dans de l’eau salée et on les conserve dans cette eau où elles ont cuit. On les conserve ainsi toute l’année.

Le Solanum melongena, dit aussi S. œsculentum, est l’aubergine en français. On dit aussi en arabe badendjdl JL^àL. De ce mot les Espagnols ont l’ait berengena ou albe-renqena. Les Catalans disent albarginicra. M. Clément Mullet, dans sa traduction d’Ibrt el-Aouwaco, IF, 2.36, considère la badendjan ou aubergine comme le Strychnos edôdimos de Dioscorides; c’est une erreur. D’abord, les auteurs arabes ne citent pas les Grecs à propos de l’aubergine, et ils considèrent le 1" Strychnos de Dioscorides comme In morelle. On lit dans la traduction arabe de Dioscorides -.^.Xs-^ù^ ^Ixw.a.11 (jï.c^ijIoj» ^AjtXii. Fraas t’ait du Strychnos kêpaios de Dioscorides le Solanum nigrum. On lit dans Môrat et Delens, à propos de la morelle. : « Cette plante est alimentaire depuis la plus liante antiquité, puisque Dioscorides (IV, GG) mentionne cet usage et qu’on le retrouve chez les créoles de l’Ile de France, de la Jamaïque, de Saint-Domingue, etc. qui en mangent fort abondamment, sous le nom de brides, à la manière des épinards, et les préfèrent à ceux-ci (VI, /n8).» On peut encore opposer à l’opinion de M. Cl. Mullet celle de M. Decandolle, Géographie botanique, p. 91 5 : « Elle est arrivée en Europe depuis les Piomains. »