Anangoaika (Pharmacopée malagasy)

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Anandaingo
Rakoto, Boiteau, Mouton, Eléments de pharmacopée malagasy
Andrakadraka
Figure 44 : Anangoaika : 1, 2 et 3. Hypericum lanceolatum, port et aspect de rameaux plus ou moins xérophiles ; 4. Bouton floral ; 5. Fleur ; 6. Pétale. Hypericum Lalandii ; 7 et 7'. Aspect des tiges annuelles et parties souterraines (ces dernières peuvent être beaucoup plus développées dans les prairies soumises aux feux annuels) ; 8. Fleur. Hypericum japonicum : 9. Port de la plante ; 10. Détail d'un rameau ; 11. Disposition des feuilles ; 12. Fleur; 13. Graine. Hypericum Boierianum : 14. Port de la plante ; 15. Détail d'une feuille ; 16. Fleur ; 17. Graine. (D'après Perrier de la Bâthie, Mlle Vesque del. in Flore de Madagascar de H. Humbert).
Figure 45 : Hypéricine

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Notice 35 - ANANGOAIKA

Nom généralement donné aux espèces du genre Hypericum (Hypericacées), appelées en français Millepertuis.

Ce genre comprend des herbes vivaces, des plantes suffrutescentes et des arbrisseaux, à feuilles opposées — rarement verticillées par trois ou plus — glanduleuses, marquées de ponctuations visibles par transparence sur les feuilles fraîches et qui correspondent à autant de petites poches sécrétrices d'essence (c'est parce que ces ponctuations transparentes étaient prises pour des trous qu'on a donné autrefois à la plante le nom de « mille pertuis », c'est-à-dire : mille petits trous). Fleurs du type 5, axillaires ou terminales, solitaires, mais pouvant former dans leur ensemble une cyme terminale lâche, plus ou moins feuillée. Pétales toujours de couleur jaune plus ou moins foncé suivant les espèces. Etamines nombreuses, le plus souvent groupées en 3, 4 ou 5 faisceaux, à anthères petites, introrses ; glandes hypogynes en même nombre que les faisceaux d'étamines et alternant avec eux. Ovaire supère, libre, à 3, 4 ou 5 loges, surmonté d'autant de styles libres ; chaque loge renfermant de nombreux ovules à placentation axile. Le fruit est une capsule s'ouvrant par des fentes : il renferme de très nombreuses petites graines globuleuses.

Le genre Hypericum compte 4 espèces spontanées à Madagascar qui peuvent être considérées toutes les quatre comme officinales. Une autre espèce a été introduite, mais ne s'échappe pas des cultures.


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Hypericum bojerianum

Hypericum bojerianum H. Perrier de la Bâthie In Notulae Systematicae (Paris), XIII (1948), p. 269.

Synonymes : Hypericum rupestre Bojer, manuscrit ex H. Perrier, Archives de Bot., Bull. mensuel n° 1, janvier 1927 (à ne pas confondre avec la plante décrite sous le même nom par Jaubert et Spach, Illustr., I (1842-1843), tab. 21) ; H. Japonicum var. rupestre R. Keller in Bull. Herbier Boissier (Genève), VIII (1908), p. 175.

Noms malagasy : Ahigoaika d'après Boiteau n° 1226 in Herb. Jard. Bot. Tananarive à Tsarasaotra, près Tananarive (1935) ; Anangoaika d'après Boiteau n° 1345 in Herb. Jard. Bot. Tananarive à l'Ankatso près Tananarive (1935).

Description

Herbe vivace, glabre, à tiges nombreuses, rampantes à la base, étalées en cercle autour du collet. Feuilles nettement, mais brièvement pétiolées (pétiole de 0,5 à 2 millimètres), obovales ou presque orbiculaires (de 3 × 2,5 à 10 × 7 millimètres), arrondies à la base et au sommet, marquées à la face inférieure de glandes noires formant une rangée presque continue parallèle au bord du limbe. Fleurs solitaires, terminales, portées par des pédicelles plus longs que les feuilles axillantes (5 à 7 millimètres) ; pétales jaune clair (couleur de beurre frais), marqués sur les bords, ainsi que les sépales, des mêmes glandes noires que les feuilles ; 25 à 30 étamines, plus ou moins densément groupées, mais ne formant pas de faisceaux distincts ; ovaire le plus souvent à quatre loges et surmonté de 4 styles plus longs que la hauteur de l'ovaire. Capsule enfermée à maturité dans les sépales persistants, légèrement accrus ; s'ouvrant en 4 valves par deux fentes perpendiculaires ; graines nombreuses, allongées, en cylindre tronqué plus ou moins régulier, de 1,5 millimètres de haut et 0,5 millimètre de diamètre, marquées à leur surface de très nombreuses petites fovéoles en creux, irrégulièrement disposées.

Plante des lieux dénudés arides, des rocailles suintantes et des tourbières des sommets montagneux de l'Imerina, du Vakinankaratra (Votovorona, Vavavato, Ibity), de l'Andringitra au sud-est d'Ambalavao, etc., entre 1200 et 2500 mètres d'altitude.

Espèce spéciale à Madagascar, assez commune.

Hypericum japonicum

Hypericum japonicum Thunberg

Cette espèce qu'on rencontre dans tout l'Extrême-Orient : Chine, Corée, Japon, Philippines, etc., en Océanie, en Australie, et jusqu'en Amérique du Nord, comprend un très grand nombre de formes géographiques.

Elle est représentée à Madagascar par la sous-espèce pseudocrispum R. Keller in Bull. Herb. Boissier, VIII (1908), p. 186, que Perrier de la Bâthie considère comme endémique (spéciale à la Grande Ile ).


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Noms malagasy : Anangoaka, Anantatatra, Manitsorohina, Tsikotrokotr d'après H. Perrier de la Bâthie in Humbert, Flore de Madagascar, Hypéricacées, p. 7 ; Anangoaika, Anantatara, Manitsorohina, Tsikotrakotra, Tsikotrokotroka, Voantrotroka d'après Heckel, Plantes Utiles de Madagascar, 1910, p. 342 (Heckel fait une confusion avec Trotroka qui est le nom général des Mélastomacées du genre Dichaetanthera). Heckel, même page, indique encore Anantarobazaha comme nom d'un Hypericum en Imerina, alors que ce nom désigne une Amaranthe.

Description

Herbe vivace, rampante et gazonnante, à rameaux grêles de 10 à 15 centimètres de long, étalés en cercle autour du collet, glabre dans toutes ses parties. Feuilles sessiles, petites, ovales ou elliptiques, de 4 millimètres de long et 2 millimètres de large pour la plupart, obtuses au sommet, marquées de nombreux points pellucides visibles par transparence, bien que peu apparents, mais dépourvues de glandes noires marginales. Fleurs terminales et axillaires, à l'aisselle des feuilles supérieures, solitaires, mais formant dans leur ensemble une petite cyme lâche pauciflore au sommet de chaque rameau, portées par des pédicelles de 8 à 10 millimètres. Pétales d'un beau jaune tirant sur l'orangé ; 18 à 20 étamines groupées en trois faisceaux mal délimités ; ovaire à 3 loges, surmonté de 3 styles grêles, à peine aussi longs que la hauteur de l'ovaire. Capsule dissimulée à maturité dans les sépales accrescents ; nombreuses graines ellipsoïdales, de 0,7 millimètre de long et 0,5 millimètre de diamètre, marquées de fovéoles en creux formant des lignes méridiennes.

Plante des lieux découverts, le plus souvent sur les talus de route, les bords de fossés, les diguettes de rizières, mais aussi sur les rochers suintants et dans les tourbières des sommets rocheux ou sur les alluvions des berges des cours d'eau, entre 600 et 2000 mètres d'altitude, dans tout le centre et les versants Est et Ouest. Très commune.

Hypericum lalandii

Hypericum lalandii Choisy In de Candolle, Prodromus Syst. Veg., I (1824), p. 550.

Synonymes : Hypericum comorense Baillon in Grandidier, Histoire Physique, Naturelle et Politique de Madagascar, Botanique, Atlas, V (1894), tab. 338 ; récolté en réalité par Humblot dans le pays sihanaka et non pas aux Comores ; H. stenocarpum Drake in Bull. Soc. Linnéenne Paris, 2 (1898), p. 1219 (à ne pas confondre avec H. japonicum var stenocarpum H. Perrier in Arch. de Bot., Bull. mensuel, n° 1 (1927), qui n'est qu'une forme de l'espèce précédente).

Noms malagasy : Anangoaika Ch. d'Alleizette n° 250 à Tananarive (1905) qui note en outre l'emploi des feuilles parfois consommées comme brèdes ; Amankaja d'après Perrier de la Bâthie in Humbert, Flore de Mad., Hypéricacées, p. 6.


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Description

Herbe glabre, vivace par ses parties souterraines, à tige se détruisant chaque année et remplacée l'année suivante par une autre tige grêle, dressée, simple ou peu ramifiée, tétragone, de 20 à 30 centimètres de haut. Feuilles sessiles, opposées ou plus rarement verticillées par trois, à limbe lancéolé, obtus au sommet, atteignant de 10 à 18 millimètres de long et de 5 à 7 millimètres de large, à points transparents visibles par transparence, mais dépourvu de glandes noires marginales. Fleurs en cyme lâche terminale pauciflore. Pétales jaune foncé souvent avec nervures rouges, sans glandes noires marginales ; 40 à 50 étamines réparties en 3 faisceaux peu distincts ; ovaire à 3 loges, surmonté de 3 styles fortement divergents dès la base. Capsule très aiguë au sommet, dépassant longuement les sépales ; nombreuses graines longues ellipsoïdales de 1 millimètre de long et 0,3 millimètre de diamètre ; à surface présentant de petites fovéoles en creux formant des rangées longitudinales.

Plante des prairies sèches, résistant bien aux feux annuels ; assez commune dans tout le centre entre 800 et 2000 mètres d'altitude : Ankaizina, pays sihanaka, Imerina, Vakinankaratra, Betsileo et pays bara jusqu'au massif du Kalambatritra dans le Sud-Est.

Elle existe aussi sur les montagnes d'Afrique et de l'Inde méridionale.

Hypericum lanceolatum

Hypericum lanceolatum Lamarck In Encycl. Méthod., IV (1797), p. 145.

Synonymes : Hypericum angustifolium Lamarck, même ouvrage ; H. madagascariense Steudel et A. Richard, Tentamen Flora Abyssinica, I (1847), p. 96 ; Campylosporus reticulatus Spach, Histoire Naturelle Vég. Phanérogames, tome V (1838), p. 424 ; C. angustifolius Spach, même ouvrage, p. 425 ; C. madagascariensis Spach, même ouvrage, p. 426.

Noms malagasy : Ambarasaha d'après Chapelier manuscrit sans date (voir H. Poisson, Etude des Manuscrits de Louis-Armand Chapelier, p. 89 ; contrairement à ce qu'écrit Poisson, il ne s'agit pas d’H. japonicum) ; Bojer, échantillon sans numéro, type du H. madagascariense de Steudel in Herb. Muséum Paris, indique aussi le même nom malagasy.

Perrier de la Bâthie, in Humbert, Flore de Mad., Hypéricacées, p. 4 écrit : Amborasaha, par erreur pensons-nous (nous avons vu que ce nom s'applique plutôt aux Burasaia, voir Notice n° 28).

Noms créoles : à Maurice, Millepertuis fétide ou Fleur jaune d'après Daruty de Grandpré in Plantes Médicinales de l'île Maurice, 1911, p. XLIII, et table, p. VI ; à la Réunion, Ambaville, Fleur jaune ou Bois de fleur jaune d'après les indications manuscrites de Frappier et divers autres auteurs (in herb. Muséum Paris).

Description

Arbrisseau de 1 à 2 mètres de haut, à feuilles persistantes, glabre dans toutes ses parties, à jeunes rameaux rougeâtres. Feuilles densément


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groupées surtout vers l'extrémité des rameaux, sessiles ou à pétiole extrêmement court et peu distinct, à limbe oblong-lancéolé, obtus au sommet, pouvant atteindre jusqu'à 50 millimètres de long et 14 millimètres de large dans les stations favorables et sur les rameaux vigoureux, mais n'ayant souvent que 12 millimètres de long et 3 millimètres de large dans les stations sèches où la plante se ramifie en une multitude de petits rameaux chétifs. Les ponctuations translucides tendent à former dans cette espèce des lignes presque continues parallèles à la nervure principale, bien visibles sur le frais par transparence. Fleurs solitaires au sommet des rameaux ; pétales d'un jaune foncé éclatant atteignant 1,5 à 2 centimètres de longueur, largement ovales, contractés à la base en un petit onguicule ; étamines groupées en 5 faisceaux de 15 étamines chacun nettement séparés les uns des autres ; ovaire à 5 loges surmonté de 5 styles coalescents à la base, libres dans leur partie supérieure ; graines très étroitement ellipsoïdales, atteignant 1 millimètre de long et 0,2 millimètre de diamètre, rougeâtres à maturité.

Plante devenue rare à l'état spontané (elle était plus abondante au début du XIXe siècle), localisée dans les brousailles éricoïdes et les restes de sylve à lichens des sommets montagneux : Tsaratanàna, plateau de Mrangaka, Ankaizina, Ankaratra ; mais parfois cultivée dans les jardins, surtout par les créoles, comme espèce médicinale et décorative. Elle existe aussi à la Réunion, à Maurice, aux Comores et sur les hauts sommets d'Afrique tropicale et australe.

Pour des renseignements plus détaillés sur les Hypericum malagasy, voir H. Perrier de la Bâthie, Famille des Hypéricacées (1950), in Humbert, Flore de Mad.

Outre ces espèces spontanées, on trouve également en culture dans les jardins (côte Est et Fort-Dauphin ; notamment aux stations d'essai de l'Ivoloina et de Nampoha) une espèce introduite comme espèce décorative et pour ses vertus médicinales :

Hypericum chinense

Hypericum chinense Linné In Syst. (1735), p. 1184.

Synonymes : Hypericum monogynum Miller, Icones (1789), tab. 151, fig. 2 ; Norysca chinensis Spach in Hist. Vég. Phanérogames, vol. V (1836), p. 427.

Noms créoles : Millepertuis de Chine ou Liane Minguet.

Cette espèce se reconnaît aux caractères suivants : tiges ligneuses plus ou moins flexueuses, grêles, devenant presque lianoïdes à l'ombre des grands arbres, à rameaux ultimes lavés de rouge. Feuilles oblongues ou elliptiques, pratiquement sessiles, cordées ou subamplexicaules à la base, arrondies ou courtement apiculées au sommet, atteignant 4 à 5 centimètres de long et 0,5 centimètres de large, d'un vert foncé brillant dessus, glauques en-dessous. Fleurs isolées ou groupées en corymbe terminal comportant un pédoncule commun raide plus court que la dernière paire de feuilles ; pédicelles rougeâtres de 8 à 12 millimètres de long. Fleurs grandes, atteignant 3 à 4 centimètres de diamètre, à pétales


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d'un beau jaune ocré brillant. Capsule dépassant un peu le calice lors de sa maturité.

Cette espèce, originaire de la Chine et du Japon, est commune dans tout le Sud-Est asiatique. Elle a été introduite dans de nombreux pays, notamment l'Angleterre et la France, comme espèce ornementale (le Botanical Magazine en a donné une excellente planche en couleurs, tab. 334). Le Millepertuis perforé, Hypericum perforatum Linné, considéré comme officinal dans la plupart des pays d'Europe, s'adapte très bien au climat des environs de Tananarive et pourrait être aisément cultivé (voir la notice : Millepertuis).

Emplois empiriques

Heckel in Plantes Utiles de Madagascar, 1910, p. 147, donne Hypericum iaponicum (Anangoaika, Anantatatra ou Manitsorohina) comme vulnéraire, hémostatique, antiasthmatique, antidysentérique et utilisé dans le traitement du « tambaty ».

Daruty de Grandpré in Plantes Médicinales de l'Ile Maurice, 1911, p. XLIV, cite H. lanceolatum comme vulnéraire, hémoptysique, anti-asthmatique et antidysentérique et préconise son emploi dans le traitement des plaies, des crachements de sang, de l'asthme et de la dysenterie. Il le recommande tout spécialement (p. 30) pour la préparation d'un sirop pectoral dont la formule serait due à M. Furteau et dont la composition était la suivante (les noms créoles étant remplacés par les noms scientifiques) :


grammes
Racines d’Achyranthes aspera 500
Atylosia scaraboeoides 500
Cassia occidentalis ou C. tora 500
Leucas aspera 60
Fleurs d’Hypericum lanceolatum 60
Ecorce de Quivisia oppositifolia 60
Psiadia glutinosa 60
Baume du Pérou 60
Gomme arabique 120
Leonitis nepetaefolia 30
Eau 7 litres


« Faites bouillir et réduire à 6 litres ; ajoutez sucre blanc et faites un sirop à 31° (Baumé) bouillant ; dose : une cuillérée à bouche de temps en temps ».

Les feuilles de ce Millepertuis sont encore préconisées (p. 89) avec d'autres plantes pour la préparation de bains aromatiques et stimulants avec lesquels on traite les enfants débiles, scrofuleux. Il entre encore dans


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la composition (p. 102) d'une formule de sirop administrée sans grande conviction semble-t-il — dans « le rachitisme et la phtisie abdominale » et d'un remède (p. 105) réputé soigner le « tambave », mot malagasy, francisé par les créoles de Maurice, et qui désigne les maladies de la petite enfance et surtout celles qui résultent d'une mauvaise nutrition lors du sevrage (nous en avons parlé à propos de l’Aferontany, voir notice n° 9).

Daruty (p. 90) recommande aussi le Millepertuis de Chine, Hypericum chinense, pour le traitement des plaies. A cet effet, les sommités fleuries fraîches sont cuites avec du vin rouge et du sucre ; on filtre ; la partie solide encore tiède est appliquée sur les plaies durant vingt-quatre heures ; le décocté recueilli est ensuite utilisé en lavages sur ces plaies ; on le fait à nouveau tiédir avant chaque emploi.

Les fleurs fraîches servent à préparer une huile médicamenteuse. A cet effet, on les laisse macérer dans une bouteille d'huile bouchée qu'on expose chaque jour au soleil, pendant six semaines. Cette huile, prise par la bouche, constituerait un puissant vulnéraire. Enfin la décoction de la plante, appliquée en compresses, soulagerait les douleurs rhumatismales.

Composition chimique

Les propriétés de ces plantes sont dues à leurs principes actifs, parmi lesquels il faut citer notamment :

- Une huile essentielle (0,05 à 0,11 %) étudiée par de nombreux auteurs : A. Buchner, in Repertorium für die Pharm., 34 (1830), p. 217-242 ; H. Hansel, in Apothek. Zeitung, 20 (1905 ), p. 45 ; J. Zellner et Z. Poradko in Archiv der Pharm., 263 (1925), p. 170-179 ; E.-R. Miller in Journ. American Pharm. Assoc., 16 (1927), p. 824-828, etc. De composition quelque peu variable suivant les espèces, cette essence a néanmoins toujours pour principaux constituants l'alpha-pinène, le cadinène, le gurjunène, l'aromadendrène, le myrcène et le cinéol. Elle est renfermée dans les poches sécrétrices des feuilles dont nous avons parlé. Parmi les espèces représentées à Madagascar, H. lanceolatum paraît être la plus riche en essence. C'est cette huile essentielle qui confère à la plante ses principales propriétés désinfectantes et antibiotiques. Sur cette activité antibiotique vis-à-vis de divers microorganismes, consulter : H.J. Carlson et H.G. Douglas, Journ. of Bacteriology, 55 (1948), p. 235-240 ; H.J. Carlson, H.G. Douglas et J. Robertson, loc. cit., p. 241-248 ; L. Hayes, Bot. Gazette, 108 (1948), p. 408-414 ; F. Neuwald et V. Hagenstrom, Archiv der Pharm., 287 (1954), p. 439-441.

- Un oside flavonique, l’hypéroside (0,5 à 0,7 %), identifié au d-galactoside du quercétol (P. O'Neill et A.G. Perkin, J. Chem. Soc. (London), 113 (1918), p. 125-140 ; Z. Jerzwanowska, Wiadom. Farm. (Pologne), 64 (1937), p. 527-532). Cette substance jaune contribue à donner la coloration des fleurs des Millepertuis. Elle jouit aussi de propriétés antibiotiques, favorise la vascularisation des plaies et la réparation épithéliale.


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- Un autre pigment : l’hypéricine C30H16O8 appartenant au groupe des polyphénols, dont la structure a été établie par Brockmann et ses collaborateurs qui ont réussi à en faire la synthèse (voir Naturwissenschaften, 37 (1950), p. 540 ; 38 (1951), p. 47 et 141 ; 41 (1954), p. 86-87). Ce pigment rouge jouit de la propriété de sensibiliser la peau à l'action de la lumière. C'est ainsi que les animaux qui l'absorbent en quantités importantes ne présentent aucun signe de maladie s'ils sont maintenus à l'abri du soleil. Mais si l'on vient à les exposer à une grande lumière, ils présentent une vive inflammation des muqueuses qui entraîne elle-même des ulcérations multiples, une hausse de la température pouvant aller jusqu'à entraîner la mort si l'exposition au soleil se poursuit. L'hypéricine est contenue dans les fleurs, mais aussi dans les autres parties de la plante, notamment l'écorce des jeunes rameaux. En ce qui concerne les espèces malagasy, seul H. Bojerianum semble ne pas contenir d'hypéricine.

- Une résine renfermant des di- et triterpènes non encore étudiés ; responsables en partie des effets cicatrisants et vulnéraires ;

- Des tannins ;

- La teneur en vitamine C (acide ascorbique) : 165 milligrammes par 100 grammes de poids frais (d'après R. Charonnat et L. Beauquesne, cités par G. Garner, L. Bézanger-Beauquesne et G. Debraux, in Ressources Médicinales de la Flore française, tome 1, p. 584) explique peut-être les résultats obtenus dans certains états de malnutrition.

Indications thérapeutiques et posologie

Bten qu'ils diffèrent quelque peu par leur composition, les divers Anangoaika peuvent être utilisés sensiblement aux mêmes usages. Les sommités fleuries à l'état frais peuvent être utilisées pour la préparation d'une infusion théiforme, d'une alcoolature et d'une huile médicamenteuse.

L’infusion théiforme se prépare à raison de 30 grammes de sommités fraîches pour 1000 grammes d'eau bouillante (quantité à boire dans la journée). Elle s'administre de préférence dans les cystites et les catarrhes de la vessie, mais donne aussi de bons résultats dans les affections du rhino-pharynx et les bronchites. Les malades qui suivent ce traitement doivent garder la chambre et éviter l'exposition à une lumière intense.

L’alcoolature d’Anangoaika se prépare comme celle de Datura (voir Notice n° 22). Elle s'emploie surtout en usage externe, en frictions sur les contusions et les hématomes, quand il n'y a pas de plaie ouverte. On peut l'administrer à raison de 4 à 5 grammes dans un verre d'eau très sucrée, comme cordial et vulnéraire, aux personnes qui


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viennent d'être victimes d'un accident (traitement à réserver aux adultes).

L’huile d’anangoaika se prépare comme suit : 100 grammes de sommités fraîches sont incorporés à 1000 grammes d'huile d'arachide dans un récipient fermant hermétiquement et susceptible d'aller au feu. On chauffe au bain-marie pendant deux heures en agitant de temps en temps. On passe avec expression et on filtre sur filtre de nylon. Cette huile constitue une excellente embrocation pour masser les membres fatigués, réparer la fatigue musculaire et les petites lésions. Elle jouit d'une grande réputation auprès des sportifs. L'huile d’anangoaika peut aussi être employée en applications ou en compresses au traitement des brûlures. Les sommités fleuries sèches servent par contre à préparer un extrait fluide et une teinture.

Pour préparer l’extrait fluide, on procède à la lixiviation de 100 grammes de plante sèche incisée ou broyée grossièrement, par 1000 grammes d'alcool à 80°. La colature obtenue est concentrée dans un petit alambic de façon à ce que le poids final de l'extrait corresponde au poids de plante mis en oeuvre. Cet extrait peut être administré à raison de 1 à 2 grammes par dose, à chaque repas. Il prévient les accidents vasculaires, les états thrombo-emboliques et corrige la fragilité capillaire quand elle est excessive. Il a un léger pouvoir hypotenseur dû à une action vasodilatatrice périphérique. Il accroît également au moment de son administration le débit des coronaires, mais cette efficacité n'est que fort limitée dans le temps.

La teinture d’anangoaika se prépare à partir de l'extrait fluide. A cet effet, additionner 20 grammes de l'extrait fluide décrit ci-dessus, de 80 grammes d'alcool à 20°. Filtrer et conserver en flacons bien bouchés. Dose : 5 à 10 grammes par repas, dans les mêmes indications que ci-dessus ; toutefois, on préferera l'extrait à la teinture chaque fois qu'il y a des signes d'hypertension.

Emplois

Outre les préparations galéniques ci-dessus décrites, on emploie encore l’anangoaika dans la préparation de l’Alcoolat vulnéraire qui comprend en outre d'autres ingrédients (voir Notice n° 21), et de la Teinture balsamique, dont nous parlerons ultérieurement à propos des teintures.

L'emploi du Millepertuis européen a été préconisé ou est effectivement utilisé dans de nombreuses autres préparations. On pourra consulter notamment à ce sujet les ouvrages généraux suivants :

H. Leclerc : Précis de Phytothérapie (4e édition), Paris, 1954, Masson et Cie édit.


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Inverni et della Beffa : Manuale di Fitoterapia (3e édit.), Milano, 1951 (en italien).