Poésie sur la châtaigne (Rolland, Flore populaire)

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Populus
Eugène Rolland, Flore populaire, 1896-1914
Additions et corrections du tome 10



[Tome X, 210]

Je profite d'une page blanche pour reproduire ici la plus grande partie de la charmante poésie de M. Jean Aicard, que j'ai mentionnée plus loin, p. 216. C'est la description d'une veillée d'hiver dans le beau pays de Provence :

Alors, qui met la joie à l'âme,
Quand l'aube est si proche du soir ?...
— C'est le bon feu, qui nous fait voir
De petits soleils dans la flamme.
Après le feu ? — La flamme encor ;
C'est le calèn d'huile d'olive
Qui porte au front la clarté vive
Comme un roi sa couronne d'or.
Puis ? — Le fiasque de vin, sans doute,
Qui, sous sa paille, simplement,
Tient caché tout le firmament,
Une étoile dans chaque goutte.
Et puis, après ? — C'est la chanson,
Les contes pour pleurer ou rire...
Oui, mais encor ? — La poêle à frire !.
— Oui, mais le fruit de la saison ?
Ingrats ! c'est la châtaigne brune
Qui, sous la cendre chaude, cuit,
Et nous dit, s'ouvrant avec bruit :
« La bouteille est vide. Encore une ! »
La bonne compagne d'hiver,
Ne l'oublions pas, la châtaigne
Qui s'en vient dès que le froid règne,
Mourir vive près du feu clair.
La montagne aux villes l'envoie.
Nos petits montagnards, noircis,
Oiseaux d'hiver, moitié transis,
La vendent comme un pain de joie !
Et que d'écoliers en chemin,
Attardés et prêts aux reproches,
Sur les châtaignes, dans leurs poches,
Font chaud à leur petite main !