Capsicum frutescens (Fruitiers du Cameroun)

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Vitellaria paradoxa
Fruitiers Forestiers Comestibles du Cameroun
Cola acuminata
fruits mûrs (D. Lema Ngono)


Capsicum frutescens L.,

Sp. Pl. 189

Nom local

  • Ewondo : ondondobeti

Origine, distribution géographique et écologie

Espèce pantropicale ; elle est subspontanée en forêt secondaire.

Description

  • Sous-arbrisseau atteignant 1 m de hauteur, assez buissonnant ; rameaux anguleux, glabres.
  • Feuilles simples, alternes largement lanceolées à ovales ; base cunée ; bords entiers et sommet courtement acuminé, mesurant environ 5-8 x 2-5 cm.
  • Inflorescences axillaires en fascicules de 3-8 fleurs.
  • Fleurs étalées, petites, blanches ou jaune pâle ; calice à 5 dents ; corolle rotacée-campanulée à 5 pétales.
  • Fruits par paires ou unique par fascicule ; baie verte, puis rouge à maturité, de forme conique à sommet aigu, atteignant 2 cm de longueur et moins de 5 mm de largeur à la base.

Variabilité et conservation de la ressource

C. frutescens fait partie de la famille des Solanacées qui comprend près de 75 genres et 2 000 espèces. Près de 100 espèces et plusieurs variétés sont souvent classées sous le genre Capsicum. Par contre, on reconnaît officiellement 2 espèces principales : C. annuum et C. frutescens. Capsicum annuum est de loin l’espèce la plus cultivée et la plus importante économiquement.

D’après Purseglove (1968), deux théories se confrontent : la théorie de Bailey d’une part et celle de Heiser et Smith d’autre part. Selon Bailey, il existe une seule espèce, Capsicum frutescens (syn. C. annuum) avec 5 variétés parmi lesquelles C. cerasiforme, C. conoides, C. fasciculatum, C. grossum et C. longum. Par contre, Heiser et Smith reconnaissent C. frutescens et C. annuum comme 2 espèces distinctes étant donné que le croisement entre les individus des deux espèces est difficile et les rares hybrides obtenus en F1 sont très souvent stériles. Ils ajoutent à ces espèces deux autres espèces de Capsicum cultivées dont C. pubescens Ruiz et Pav. et C. pendulum.

En culture du piment, Arondelle de Hayes et Traoré (1964) distinguent les « variétés » suivantes :

  • Jaune du Burkina Faso : à fruits plus ou moins coniques (Station de Farako-BA) ;
  • Safi : variété à fruits charnus très piquants de 6 grammes environ (CDH/Camberene, Technisem) ;
  • Piment de Cayenne : variété à fruits pendants rouge-vifs, longs d’environ 8 cm (Tezier, Clause, griffaton) ;
  • Salmon : variété à petits fruits très pointus, dressés en grappe (CDH/Camberene, Technisem) ;
  • Sucette de Provence : variété à fruits semi-allongés (Technisem, Caillard).

Tous les piments, aussi bien les espèces cultivées que les espèces sauvages apparentées, sont diploïdes (2n = 2x = 24). Les hybrides entre C. annuum, C. baccatum, C. frutescens et C. chinense suivant diverses combinaisons présentent des degrés variables de fertilité. En revanche, C. pubescens s’est avéré génétiquement bien isolé des autres espèces cultivées. Un nombre considérable d’hybrides a été aussi obtenu avec des croisements entre diverses espèces cultivées et des espèces sauvages. Chez les espèces cultivées, l’autocompatibilité semble être de règle. La plupart des espèces sauvages par contre sont autoincompatibles et certaines possèdent un long style favorisant la pollinisation croisée.

Agronomie

Pour une croissance et un développement harmonieux, le piment exige des sols bien drainés, riches en matière organique et en éléments minéraux tels l’azote, le calcium, le phosphore, le potassium et le magnésium. Moins exigeante que celle du poivron, la culture du piment nécessite cependant un sol moyennement humide. L’excès ou l’insuffisance d’eau sont des facteurs de chute prématurée des fleurs et par conséquent de baisse de rendement.

Le fruit contient plusieurs graines, on compte à peu près 140 graines par gramme de semence. Elles gardent leur pouvoir germinatif pendant 2 à 3 ans. La germination a lieu au bout de 6 à 10 jours après le semis.

La multiplication se fait par semis. On peut procéder à un semis direct ou passer par la pépinière. Pour la pépinière, 400 grammes de semences permettent d’obtenir les plants nécessaires pour repiquer un hectare. En pépinière, le substrat doit être désinfecté et les graines semées en lignes espacées de 15 cm, avec une profondeur de semis maximale de 1 à 2 cm.

La transplantation se fait après 4 à 5 semaines. Pour la plantation, il faut procéder à un triage rigoureux en pépinière et ne retenir que les plants vigoureux à port bien dressé. La densité moyenne de plantation est de 25 000 plants par hectare avec des écarts de plantation de 0,80 m entre les lignes et 0,50 m entre les plants.

La floraison a lieu 1 à 2 mois après la plantation et, par la suite, il faut à peu près 1 mois pour voir apparaître les premiers fruits. La récolte commence 1 à 2 semaines plus tard et peut s’échelonner sur 3 mois. Sur le plan phytosanitaire, la culture du piment se heurte aux attaques de nombreux champignons et ravageurs qui sont à l’origine des dégâts tels que la fonte de semis, le flétrissement des plants dû aux attaques de Phytophtora, des pucerons et des mouches de fruits.

Utilisations

Capsicum spp. présente plusieurs variétés. Nous nous intéresserons uniquement à Capsicum frutescens dont les feuilles et les fruits sont utilisés à diverses fins.

Capsicum frutescens, plus proche de la variété sauvage, donne un fruit à saveur brûlante utilisé comme assaisonnement ou ingrédient culinaire. Il se consomme frais, sec, en poudre, écrasé ou liquéfié. Les feuilles de Capsicum frutescens se consomment comme épinard ou comme légumes d’assaisonnement.

En médecine traditionnelle, le fruit de Capsicum frutescens sert en usage externe ou interne, pour soigner plusieurs maladies (Walker et Sillans, 1995) ; il est utilisé en thérapeutique traditionnelle pour les lavements. Les feuilles trempées dans de l’huile chaude sont appliquées sur les furoncles pour en accélérer la maturité. Ces feuilles sont également utilisées contre les rhumatismes. La pâte de feuilles et de fruits de piment s’applique sur les entorses. Les fruits de Capsicum spp. soulagent des hémorroïdes lorsqu’ils sont consommés avant les repas. Ces fruits, macérés dans de l’alcool, traitent les chutes de cheveux et stimulent la repousse (Lavergne et Véra, 1989).

Niveaux de production

Capsicum spp. est commercialisé dans la plupart des marchés du Cameroun. Les données collectées par le CIFOR dans les marchés de Sa’a (province du Centre) et de Newbell (province du Littoral), révèlent qu’entre 1997 et 1999, un volume moyen de 8 472,6 filets de 75 litres a été vendu pour une valeur monétaire de l’ordre de 182 millions de F CFA.

Potentialités et contraintes

Capsicum spp. est un produit forestier non ligneux qui regroupe plusieurs espèces. La domestication de certaines d’entre elles est aujourd’hui très avancée au Cameroun. Capsicum spp. est facile à cultiver. Le virus de la mosaïque du tabac limite souvent le rendement ; d’où la nécessité d’un suivi phytosanitaire approprié.