Eryngium foetidum (Pharmacopées en Guyane)

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Xylopia surinamensis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Apocynaceae
Eryngium foetidum. Pieds de chardon béni (ou radié la fièvre)



Eryngium foetidum L.

Noms vernaculaires

  • Créole : chardon béni [chardon-béni], radié la fièvre [radjé-lafièv], chardon étoilé (vieilli)
  • Wayãpi : sepali ka’a.
  • Palikur : awaruβan, waruβan.
  • Kali’na : akakasin.
  • Portugais : chicória, coentro-de-caboclo.

Écologie

Herbe à odeur de coriandre assez commune, protégée, souvent cultivée [1].

Collections de référence

Grenand 1613 ; Jacquemin 2835 ; Moretti 735 ; Prévost 3516.

Emplois

Cette plante classique de la pharmacopée créole est prise en tisane ou en looch contre les refroidissements et la grippe ; les feuilles pilées puis frictionnées sur tout le corps font tomber la fièvre [2].

La tisane est aussi utilisée comme purgatif pour les enfants (LUU, 1975).

Les feuilles se mangent en salade, en soupe ou comme condiment.

Les Palikur préparent les feuilles en décoction : celle-ci est bue ou utilisée en bain fébrifuge. Selon BERTON (1997), on peut également y adjoindre des Phyllanthus herbacés (cf. Euphorbiacées). Les feuilles ramollies au feu et pressées sont aussi un remède contre les inflammations auriculaires. Pour un autre emploi, cf. Ayapana triplinervis (Astéracées).

Étymologie

  • Créole : chardon béni, transposition ancienne du nom d’une espèce d’Europe, Cnicus benedictus L., Astéracées, également médicinale et aux feuilles d’aspect similaire. Radié la fièvre, de radié, « plante » et fièvre, en raison de ses propriétés.
  • Wayãpi : de sepali, « raie venimeuse, (Potamotrygon hystrix) » et ka’a, « plante », parce que la feuille est dentée comme le dard de la raie. Il s’agit d’un néologisme, la plante ayant été introduite il y a une quinzaine d’années seulement.
  • Palikur : de waru, « espèce d’arbre (Vatairea guianensis, Papilionacées) », et βan, « plante ».

Chimie et pharmacologie

L’huile essentielle à odeur forte de cette plante, renferme surtout du 2-dodecen 1-al (KOOLHAAS, 1932) ; elle renferme aussi de l’acide caprique, aux propriétés fongicides. Les parties aériennes sont riches en calcium, en fer, en riboflavine et en carotène. Les experts de la Pharmacopée caribéenne ont mis en évidence une forte activité antipyrétique de l’extrait aqueux statistiquement significative, par rapport au groupe témoin et à un groupe traité par du DIPLOFENAC, ainsi qu’une activité antispasmodique de l’infusion de feuille à 10 % chez le rat par voie orale (ROBINEAU et al, 1999). L’extrait aqueux exerce une activité antimalarique in vivo sur Plasmodium gallinaceum (SPENCER et al., 1947). En revanche, SAUVAIN (1989) a montré que l’extrait hydro-alcoolique des parties aériennes est inactif in vitro sur P. falciparum à la concentration de 100 mg/ml, ce qui hypothèque l’emploi de cette plante dans le traitement du paludisme. Un premier triage pharmacologique réalisé par le laboratoire Roger-Bellon sur un échantillon que nous avons récolté en Guyane, a montré l’absence de toxicité de la plante par voie orale, DLO mg/kg > 1000 (FORGACS et al., 1983).


2.
  1. En Guyane, elle semble uniquement cultivée ou du moins strictement anthropique. L'examen des sources en fait plus une plante des Antilles et d'Amérique centrale, où elle se comporte comme une mauvaise herbe (HODGE et TAYLOR, 1957 ; BERLIN et al., 1974), que d'Amazonie où elle paraît moins commune, sauf dans les villes et villages.
    Dans l'intérieur forestier des Guyanes, nous ne l'avons pas trouvée chez les Amérindiens - bien qu'elle soit apparue récemment chez les Wayãpi du moyen Oyapock - et il en a été de même chez les Tiriyo pour CAVALCANTE et FRIKEL (1973).
  2. Les Kali'na l'utilisent peu ou prou de la même façon (AHLBRINCK, [1931] 1956). D'autres usages moins fréquents ont été signalés, soit comme emménagogue, soit comme alexitère (DEVEZ, 1932 ; LEMÉE, IV, 1956). Signalons enfin, que l'usage des feuilles comme condiment en remplacement de la coriandre, rend quelque peu surprenant le qualificatif de foetidum.