Saule (Cazin 1868)

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Sauge
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Saxifrage


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Saule blanc

Nom accepté : Salix alba


SAULE BLANC. Salix alba. L.

Salix vulgaris alba arborescens. C. Bauh., Tourn. — Salix prima vel procera. Dod. — Salix Dioscoridis. Lob. — Salix maxima fragilis alba, hirsuta. J. Bauh. — Salix arborea angustifolia alba vulgaris. Park.

Saule commun, — osier blanc, — saux blanc.

SALICACÉES. Fam. nat. — DIOÉCIE DIANDRIE. L.


Le saule blanc est un arbre très-commun le long des routes, près des villages, au bord des ruisseaux, des rivières, dans les terrains humides et marécageux.

Description. — Racine dure, ligneuse, blanchâtre. — Tronc droit, revêtu d'une écorce un peu cendrée, s'élevant de 15 à 20 mètres quand on le laisse croître, au lieu de le tailler en boule. — Feuilles alternes, velues, blanchâtres, pétiolées, lancéolées, dentées en scie, paraissant après la floraison. — Fleurs dioïques, en chatons écailleux, ovoïdes ; les chatons mâles cylindriques, pédonculés, un peu velus, composés d'écailles imbriquées, ovales, renfermant chacune deux étamines ; les chatons femelles grêles, alternes, à écailles oblongues, aiguës, munies d'un ovaire, d'un style et de deux stigmates. — Fruit : capsule uniloculaire, bivalve, polysperme, à graines munies d'une aigrette fine et nacrée (mars-avril).

Parties usitées. — L'écorce.

Récolte. - Il faut que l'écorce de saule soit prise sur des branches de deux, trois ou quatre ans, récoltées avant la floraison, desséchées promptement à l'étuve et conservées à l'abri du contact de l'air et de l'humidité. Cette écorce desséchée est roulée, d'une épaisseur variable, mais en général assez mince, d'un brun fauve.

[Culture. - Le saule est très-répandu dans les bois. Il préfère les lieux humides, les bois, les fleuves, les bords des rivières et des ruisseaux, les marais ; on ne le cultive pas pour l'usage médical. On le propage par boutures, on coupe les pousses très-souvent


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pour faire des liens (S. babylonica) ou des échalas. Il en résulte que le sommet du tronc prend un grand accroissement. C'est ce qu'on appelle cultiver en têtard.]

Propriétés physiques et chimiques. — L'écorce de saule est inodore, très-amère et un peu astringente. D'après Pelletier et Caventou, cette écorce contient une matière brun-rougeâtre, soluble dans l'alcool et peu soluble dans l'eau ; une matière grasse verte, une matière tannante qui ne précipite pas par l'émétique, et par conséquent différente de celle des quinquinas ; de la gomme et du ligneux. Ils regardent la matière colorante, jaune et amère, comme celle qui joue le plus grand rôle dans cette écorce. Le Roux, pharmacien à Vitry-le-Français, a découvert dans cette écorce un princine immédiat qu'il a nommé Salicine, et dont Fontana, pharmacien à Lazzïa, près Vérone, Buchner et Regatelli avaient déjà signalé l'existence. Ce principe, retiré de l'écorce de plusieurs espèces de saule, est d'un aspect nacré, d'une saveur très-amère, un peu soluble dans l'eau froide, très-soluble dans l'eau chaude, insoluble dans l'éther et dans les huiles volatiles, soluble dans les acides sans se combiner avec eux.

La salicine est un produit extrêmement intéressant au point de vue chimique ; elle peut être représentée par C26 H18 O14 ; elle contient, en outre, six proportions d'eau ; elle fond au-dessous de 100° C. ; à + 17 degrés, l'eau en dissout 6 pour 100. L'acide azotique à chaud la transforme en acide benzoïque et en acide carbazotique (picrique) ; la synaptase le dédouble en saligénine = C14 H8 O4 et en glycose. En effet :

C26 H18 O14 (Salicine) + 4 HO = C14 H8 O4 (Saligénine) + C12 H14 O14 (Glycose) ; c'est par conséquent un glycoside.

La salicine traitée par l'acide sulfurique étendu la transforme en salirétine = C14 H6 O2, et l'acide sulfurique concentré en rutiline (C28 H12 O4). Par l'acide sulfurique et le bichromate de potasse, et à la distillation elle est transformée en essence de reine des prés ou acide salycileux = C14 H6 O4. La salicine est l'analogue de la phloridzine du pommier, et la populine du peuplier.

Substances incompatibles. — La gélatine, les carbonates de potasse et d'ammoniaque, l'eau de chaux, le sulfate de fer.

On fait avec les branches de saule des échalas, des cercles, du charbon pour la poudre à canon, etc.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction, de 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre, de 8 à 30 gr., en pilules, électuaires, ou dans du vin, de la bière, etc.
Teinture (1 sur 4 d'alcool), de 10 à 30 gr., en potion.
Extrait par infusion (1 sur 10 d'eau) ; — par

décoction (1 sur 8 d'eau) ; — alcoolique (1 sur 5 d'alcool), de 1 à 2 gr., en pilules, bols, ou dans du vin, etc.

A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, pour lotions, fomentations, injections, gargarismes, cataplasmes, etc.


L'écorce de cet arbre est un tonique énergique et un peu astringent, proposé comme un bon succédané du quinquina ; on l'emploie avec succès contre les fièvres intermittentes. Comme tonique, elle est très-utile dans l'atonie du tube digestif, les névroses, les hémorrhagies passives, les flux muqueux atoniques et surtout la leucorrhée ; on la donne aussi comme vermifuge. On en fait des bains toniques contre la faiblesse des enfants, etc.

L'écorce de saule blanc doit être considérée comme l'un des toniques indigènes les plus énergiques. Un grand nombre d'expériences ne permettent plus de douter de sa vertu fébrifuge ; à cet égard, elle est, de toutes les écorces des arbres d'Europe, celle qui se rapproche le plus du quinquina.

Dès 1694, Etner avait employé les feuilles de saule en décoction contre la fièvre intermittente.

Longtemps avant que les médecins eussent fait mention de l'écorce de saule comme fébrifuge, nos paysans l'employaient en décoction aqueuse ou vineuse. Elle est, dans quelques villages de ma circonscription pratique, d'un usage populaire et traditionnel. On la prend, en forte décoction, en infusion dans le vin, dans la bière ou dans le cidre, suivant les ressources locales ou individuelles.


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Tous les médecins savent que Stone, Gunzius, Gerhard, Mayer, Harthmann, Gilibert, Wilkinson, Coste et Wilmet, ont combattu avec succès des fièvres intermittentes de tous les types avec l'écorce du saule blanc et de quelques autres espèces du même genre. Koning[1] rapporte beaucoup de faits en faveur de l'efficacité de cette écorce employée comme fébrifuge. Burtin, qui en a obtenu aussi beaucoup de succès, affirme qu'il l'a vue quelquefois réussir dans des cas où le quinquina avait échoué. Wauters a administré l'écorce de saule à quarante-neuf malades atteints de fièvres intermittentes de divers types ; sur ce nombre, trente-deux guérirent parfaitement, onze furent soulagés, les six autres n'en éprouvèrent aucun effet. Clossius a retiré les mêmes avantages de cette écorce, non-seulement dans les fièvres intermittentes, mais encore dans d'autres maladies périodiques. Il arrêta un vomissement pituiteux périodique, en administrant cette substance, finement pulvérisée, à la dose de 24 gr. dans l'intermission. Barbier, d'Amiens, dit que de nombreuses observations justifient les éloges qu'on accorde à l'écorce de saule dans le traitement des affections périodiques. Dureau-Delamalle, de retour d'un voyage en Italie (1818), affirma, en présence de l'Académie des sciences, que les médecins de Sienne se servaient habituellement de ce fébrifuge, de préférence au quinquina. Planche[2] assure que, n'ayant pu faire disparaître une fièvre tierce au moyen du quinquina, il eut le plaisir de la voir céder à 60 gr. d'écorce de saule. Pour éviter une rechute, une égale quantité fut administrée en quatre jours. Depuis plus de vingt ans que j'emploie cette écorce, il m'arrive rarement d'avoir recours au quinquina. Cependant, j'avouerai que, malgré l'observation rapportée par Monier, médecin à Apt[3], constatant la guérison, par ce moyen, d'une fièvre intermittente pernicieuse cholérique, je n'ai pu encore me décider à m'en tenir à l'emploi de l'écorce de saule dans les fièvres pernicieuses. Le danger imminent que présentent ces fièvres commande au praticien consciencieux de ne substituer au quinquina aucun autre médicament, quelque vanté qu'il ait été. Il ne pourrait être autorisé à une telle substitution qu'autant que l'écorce du Pérou lui manquerait ; celle de saule serait alors le seul succédané qu'il pût choisir. Il faut, contre une fièvre pernicieuse, une action prompte et sûre, telle que celle du sulfate de quinine. Si, dans une fièvre intermittente ordinaire, l'accès ne disparaît pas après l'administration des premières doses d'écorce de saule, ce qui arrive souvent, on peut, sans danger, attendre un résultat favorable de la continuation de l'emploi de cette écorce. Il n'en est pas de même de la fièvre intermittente ou rémittente ataxique, qui, abandonnée à elle-même ou mollement combattue, peut emporter le malade au deuxième ou au troisième accès.

Je ne rapporterai point les cas nombreux de guérison de fièvres intermittentes que j'ai été à même de constater, ce serait grossir inutilement le répertoire de tous ceux que les auteurs citent et que les praticiens connaissent. Je dirai seulement que de tous les faits que j'ai observés, j'ai pu conclure que l'écorce de saule, administrée à grande dose (double ou triple de celle de l'écorce du Pérou), compte autant de succès que le quinquina dans les fièvres intermittentes ordinaires ; que, néanmoins, le type tierce cède plus facilement que le type quotidien et quarte, par la raison que les fièvres printanières guérissent plus tôt que les fièvres automnales. Dans les premières, il me suffit souvent de donner 8 gr. de poudre d'écorce de saule dans chaque intermission pour obtenir la guérison au bout de trois ou quatre jours, avec la précaution, comme pour l'emploi du quinquina, d'en continuer l'usage pendant huit à quinze jours, afin d'empêcher la récidive. Dans

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  1. De cort. salicis alb.
  2. Bulletin de pharmacie, t. I, p. 36.
  3. Journal de la Société de médecine, t. XXIV, p. 141.


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les quotidiennes et quartes automnales, je porte la dose à 30, 60 et même 80 gr., divisée en quatre, cinq ou six prises pour chaque intervalle d'accès. C'est à l'élévation des doses, selon les cas, que je dois les succès constants que j'obtiens. La décoction et le vin que je fais préparer sont toujours très concentrés. Ainsi que le pratiquait Sydenham pour l'administration du quinquina, je fais reprendre l'usage de l'écorce de saule le huitième jour depuis la dernière dose, et je reviens jusqu'à trois ou quatre fois à cet usage en laissant toujours huit ou quinze jours d'intervalle ; quelquefois je donne alors le fébrifuge pendant trois ou quatre jours.

Dans les fièvres automnales rebelles, avec bouffissure, engorgement splénique, je me suis bien trouvé de l'addition de sel commun à l'écorce de saule, dans la proportion de 1 gr. pour 5 ou 6 gr. de poudre de cette écorce, administrés trois ou quatre fois dans l'intermission. Je mêle ce sel au vin de saule dans les mêmes proportions pour chaque dose de vin, au moment de son administration. J'emploie aussi, dans ces cas, le vin concentré de saule et d'absinthe, avec addition de cendre de genêt ou de genévrier. La teinture d'écorce de saule, celle d'absinthe et de semences d'angéliqueme servent, mêlées, à composer un vin fébrifuge extemporané. J'ai mis en usage avec succès la formule suivante d'après Bouillon-Lagrange : écorce de saule blanc et racine de benoite, de chaque 30 gr. ; faites bouillir dans 1/2 litre d'eau et réduire à 400 gr. ; ajoutez : hydrochlorate d'ammoniaque 1 à 2 gr. ; sirop d'écorce d'orange 30 gr., à donner en deux fois au malade à une heure de distance. Cette dose doit être répétée deux ou trois fois dans l'intervalle des accès, suivant le type et l'intensité de la fièvre.

Dans les cas d'hydropisie accompagnant les fièvres intermittentes, j'ai associé avec avantage à l'écorce de saule la racine de raifort sauvage ou celle de bryone, à dose diurétique et légèrement laxative, les baies de genièvre concassées et la semence de moutarde blanche infusées dans le vin blanc, la bière ou le bon cidre.

J'ai employé l'écorce de saule avec un succès incontestable, comme moyen de préserver des fièvres intermittentes les habitants qui, constamment soumis aux influences marécageuses, en étaient atteints chaque année. Je pourrais citer vingt familles indigentes qui, par l'usage habituel, au printemps et en automne, de la décoction ou de la simple infusion à froid d'écorce fraîche de saule, se sont délivrées de ce fléau périodique et de la misère qui en était la conséquence. Je citerai, comme le plus remarquable, le fait suivant. La famille Pinchedé, composée du père, de la mère, et de huit enfants, habitant la vallée humide de la Liane (où ces fièvres sont devenues endémiques depuis l'établissement de fossés qui longent le chemin de fer), et soumise, en outre, aux effets débilitants d'une position voisine de l'indigence, était atteinte chaque année, depuis cinq ans, de fièvres d'accès de divers types. Cette famille était littéralement ruinée par l'emploi réitéré du sulfate de quinine. Il m'a suffi, durant le printemps de 1847, de la mettre à l'usage d'une forte décoction de saule, et de revenir dans le cours de l'été, pendant deux ou trois jours, à cet usage, pour la préserver de l'intoxication paludéenne. Le même moyen, réitéré en 1848, a également réussi. De tels résultats, qu'il est d'autant plus facile d'obtenir que le saule croît en abondance dans les lieux ou sévissent généralement les fièvres intermittentes, sont de nature à fixer l'attention des philanthropes.

L'écorce de saule peut être administrée comme tonique dans tous les cas où l'emploi du quinquina est indiqué. J'ai fait cesser des diarrhées chroniques, des hémorrhagies passives, des leucorrhées, des gastralgies, par le seul usage de la décoction aqueuse, du vin, de la teinture ou de la poudre d'écorce de cet arbre. Lorsque, dans les diarrhées chroniques, il existe une grande susceptibilité des voies digestives jointe à la débilité, j'associe l'écorce de saule, en décoction ou en teinture, au sirop diacode administré à


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petites doses souvent répétées. Barbier dit qu'on s'est bien trouvé de l'emploi de l'écorce de saule dans la dyspepsie, etc.

« L'infusion de l'écorce de cet arbre a guéri, dans six semaines, deux ulcères internes, dont l'un à la poitrine, et l'autre au sein gauche, suite d'abcès qui avaient été ouverts et qui avaient déjà jeté le malade dans une fièvre lente et dans le marasme[1]. » Welsh (In Murray) dit qu'on a employé l'extrait des jeunes feuilles de saule blanc dans les ulcères du poumon.

Harthman et Luders ont préconisé l'écorce de saule comme un anthelminthique puissant. Ils en ont surtout employé la décoction en lavement contre les ascarides vermiculaires. Je l'ai aussi administrée avec succès comme vermifuge ; mais on retire de bien plus grands avantages, sous ce rapport, de l'écorce de saule à feuilles de laurier, vantée par Em. Harthmann[2], oubliée de nos jours, et que j'ai employée comme anthelminlhique avec beaucoup de succès depuis plus de vingt ans. On pourrait aussi l'utiliser comme fébrifuge.

A l'extérieur, l'écorce de saule blanc est employée soit en décoction, soit en poudre, contre les ulcères atoniques ou fongueux, contre la gangrène et la pourriture d'hôpital. A cet égard encore, elle se rapproche du quinquina et agit de la même manière. In gangrenà a decubitu, et bubonibus gangrenosis, magnæ efficaciæ esse usum externum decocti foliorum, aut corticis salicis albæ, certò noci, dit Stoll[3]. J'ai fréquemment mis en usage cette écorce en décoction comme antiseptique ; j'ai pu arrêter promptement la gangrène dans un cas d'érysipèle phlegmoneux occupant toute la jambe gauche chez un vieillard cacochyme, âgé de soixante-neuf ans, cultivateur au village de Besinghen, par cette seule décoction très-concentrée, employée en fomentation sur toute l'étendue du membre, et en injection dans les sinuosités causées par la fonte suppuratoire du tissu cellulaire et le décollement de la peau, qui ont toujours lieu dans cette affection. Je me suis trouvé très-bien de cette même décoction pour baigner les enfants scrofuleux ou ceux qui sont atteints de débilité des extrémités inférieures. Après chaque bain, je fais pratiquer des frictions sur le rachis avec la teinture d'écorce de saule et de sommités de romarin ou de sauge. Je crois que ces bains peuvent suffire chez les enfants pour guérir les fièvres intermittentes, quand l'état du tuhe digestif ou la répugnance du malade ne permet pas l'administration de lécorce de saule à l'intérieur.

Les chatons de saule en fleur exhalent une odeur agréable ; suivant Gunzius, ils sont calmants et hypnotiques, et l'on peut en préparer une eau distillée assez analogue à celle des fleurs de tilleul.

Dioscoride dit que l'usage habituel des feuilles de saule en décoction suffit pour rendre les femmes stériles. C'est sans doute d'après cette assertion que Ettmuller et autres conseillent le suc de ces feuilles aux femmes trop ardentes ou atteintes de nymphomanie : Commendantur contrà libidinem imprimis muliebrem arcendam, ad quam decoctum horum cum vino egregiè valet[4]. Bien que la vertu antiaphrodisiaque des feuilles de saule s'accorde peu avec les propriétés toniques bien reconnues de cet arbre, on n'en doit pas moins les soumettre à l'expérience. Les caractères physiques ne sont pas toujours en rapport avec les propriétés thérapeutiques des substances, et la chimie même est souvent impuissante pour en découvrir le principe actif et spécial. J'offrirai pour exemple le seigle ergoté, qui est loin de laisser soupçonner, par ses propriétés physiques et chimiques, l'énergie de son action spéciale sur l'utérus. Peut-être existe-t-il dans les chatons de saule, auxquels on a reconnu une propriété sédative, un principe analogue au lu-

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  1. Robert, Nouveaux éléments de médecine pratique, 2e partie, p. 842. Paris, 1845.
  2. Dissert. de virtute salicis laureæ anthelmint. Francfort, 1781.
  3. Ratio medendi, pars tertia, p. 229. Parisiis, 1787.
  4. Boecler, Cynosur. mat. med., t. III, p. 589.


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pulin. On a pu donner en même temps les feuilles et les chatons, et attribuer aux premières un effet dû aux secondes.

Plusieurs autres espèces, telles que les salix fragilis (saule cassant) triandra, pentandra (osier rouge), vitellina, purpurea, caprea (saule Marceau), hélix, viminalis, etc., ont été essayées et ont donné des résultats à peu près semblable.

C'est de l'osier blanc, ou osier franc, amarinier (S. viminalis), qu'on retire, dit-on, le plus de salicine.


Salicine

SALICINE. — L'action de la salicine sur nos organes l'a fait considérer comme un tonique puissant. Proposée comme succédanée du sulfate de quinine, la salicine a été employée avec succès dans les fièvres intermittentes et dans toutes les affections qui ont une marche périodique ; mais comme elle doit être administrée à plus forte dose, le prix en devient presque aussi élevé en pharmacie que celui de ce dernier. On a administré la salicine à la dose de 10, 15 et même de 100 décigr. dans de nombreux cas de fièvres intermittentes, et les succès ont été nombreux, quoi qu'en dise le professeur Trousseau. Si ce médecin révoque en doute la propriété fébrifuge de la salicine, Magendie la considère comme jouissant d'autant d'efficacité que la quinine et la cinchonine. Andral a administré la salicine à douze fiévreux : chez six malades, l'accès a manqué après la première dose du médicament ; chez deux, il n'est revenu qu'une seule fois ; le traitement a échoué chez les quatre autres. Une foule d'autres médecins, tels que Miquel[1], Noble, médecin à Versailles, Lefebvre, etc., ont obtenu de la salicine, administrée comme fébrifuge, les résultats les plus avantageux,

Serre a employé avec succès la salicine dans un cas de névralgie faciale intermittente. Lenz[2] s'en est bien trouvé dans la toux chronique qui persiste à la suite des affections aiguës de la poitrine, et surtout dans celle qui résulte de la grippe. La salicine a encore été utile dans les maladies chroniques avec paroxysmes fébriles périodiques, les flux muqueux atoniques, les diarrhées colliquatives, en un mot, dans tous les cas où la quinine est indiquée.

(Macari[3] a publié un beau travail sur la salicine. Voici quelques-unes de ses conclusions : la dose doit être de 1 à 3 gr. donnés dans l'intervalle d'un accès à un autre, et que l'on doit répéter une ou plusieurs fois. La première dose diminue ordinairement d'une manière sensible l'intensité et la durée de l'accès suivant, mais coupe rarement la fièvre d'emblée. La solution est la préparation la plus efficace. L'expérience manque pour décider si la salicine brute est plus active que le produit purifié. Cet agent ne donne lieu à aucun symptôme de perturbation et d'altération nerveuses, comme le fait le sulfate de quinine ; mais, dans les cas rebelles et dans les fièvres pernicieuses, il faudra toujours recourir à ce dernier. Nous pensons que, devant l'enthousiasme des uns et les dénégations des autres, ces conclusions répondent à la pensée de beaucoup de praticiens non prévenus.)

L'écorce de saule en poudre, en teinture, en extrait, etc., a été entre mes mains bien plus efficace que la salicine, à laquelle j'ai rarement recours. Cette dernière, principe amer isolé, ne possède pas exclusivement la propriété fébrifuge, antipériodique qui, dans l'écorce, dépend de sa combinaison avec d'autres matières ; le sulfate de quinine, lui-même, malgré son énergie, n'est-il pas plus efficace lorsqu'on l'associe au tannin ? Le quinquina en substance m'a souvent réussi dans des fièvres quartes où le sulfate de

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  1. Gazette médicale de Paris, janvier 1830.
  2. Journal de Hufeland, août 1833.
  3. Gazette médicale de Toscane citée par Journal de pharmacie et de chimie, t. XXVII, p. 393. Paris, 1855.


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quinine avait été vainement employé. Je crois pouvoir avancer, d'après l'expérience, que cet alcaloïde fait plus promptement disparaître la fièvre dans la grande majorité des cas, mais que les récidives sont plus fréquentes que lorsqu'on employait le quinquina en substance. Aussi, dans les cas où les fébrifuges indigènes sont insuffisants, je commence par l'emploi du sulfate de quinine, et je termine par l'usage du quinquina ou de l'écorce de saule, continué pendant quelque temps et repris par intervalles hebdomadaires. Cette pratique est constamment couronnée d'un succès durable.