Saxifrage (Cazin 1868)

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Saule
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Scabieuse
PLANCHE XXXVII : 1. Saxifrage. 2. Scabieuse. 3. Sceau de Salomon. 4. Scille. 5. Scolopendre.


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Saxifrage

Nom accepté : Saxifraga granulata


SAXIFRAGE. Saxifraga granulata. L.

Saxifraga rotundifolia alba. C. Bauh., Tourn. — Saxifraga alba, radice granulosa. J. Bauh.

Saxifrage blanche, — saxifrage granulée, — sanicle de montagne, — casse-pierre, — perce-pierre.

SAXIFRAGACÉES. Fam. nat. — DÉCANDRIE DIGYNIE. L.


Cette plante vivace (Pl. XXXVI) croît sur le bord des bois et dans les pâturages secs, aux endroits découverts des bois sablonneux, dans les fentes des rochers. Le nom de saxifrage dérive de saxum frango, je romps la pierre.

Description. — Racines composées de fibres roussâtres, très-menues, à l'extrémité desquelles se trouvent un grand nombre de bulbes arrondis et rougeâtres, souvent réunis par paquets, ressemblant à une grappe de groseille. — Tiges velues, rudes, peu garnies de rameaux et de feuilles, hautes d'environ 30 centimètres. — Feuilles inférieures ou radicales, réniformes, longuement pétiolées, légèrement pubescentes, largement crénelées ; les supérieures presque sessiles, incisées, petites et presque palmées. - Fleurs blanches, légèrement pédonculées (avril-mai). — Calice à cinq divisions, tanlôt libre, tantôt adhérent avec l'ovaire. — Corolle à cinq pétales s'insérant sur le calice. — Dix étamines. — Deux styles. — Fruit : capsule biloculaire, de forme variable, s'ouvrant par le sommet.

Parties usitées. — Toute la plante, mais particulièrement la racine.

Récolte. — Si on veut faire sécher cette plante, il faut lui conserver la racine, qui est la partie la plus particulièrement recherchée. On l'emploie souvent fraîche.

[Culture. — Cette plante n'est cultivée que dans les jardins botaniques ou d'agrément. On la propage par éclats de pieds, ou par les granulations des racines.]

Propriétés physiques et chimiques. — Les tubercules qui garnissent la racine sont d'abord d'une saveur herbacée, puis peu à peu âpres et amers. Cette amertume existe aussi dans les fleurs ; mais le reste de la plante est insipide ou faiblement acerbe. Bergius a remarqué que la décoction aqueuse de cette saxifrage noircit par l'addition du sulfate de fer, ce qui décèle un principe astringent.

Les anciens attribuaient à la saxifrage la vertu de dissoudre les calculs urinaires et d'en favoriser l'expulsion, sans doute à cause de la ressemblance de ses racines tuberculeuses avec des calculs, ou plutôt parce que plusieurs espèces croissent parmi les rochers, qu'elles divisent en se renflant ; et par analogie on en a conclu qu'elles étaient propres à briser les calculs urinaires. Murray pense qu'elle n'a aucune action sur les voies urinaires, et que si les urines sont quelquefois sablonneuses pendant qu'on en fait usage, c'est à l'eau qui lui sert de véhicule qu'il faut attribuer cet effet. Si, comme beaucoup d'autres plantes légèrement amères et astringentes, elle peut, lorsqu'il y a absence d'irritation, provoquer la sécrétion de l'urine, elle est, sous ce rapport, au-dessous de beaucoup de végétaux qui possèdent la même propriété. On l'administre en décoction (60 gr. par kilogr. d'eau); on peut aussi la donner en infusion dans une égale quantité de vin blanc.


Bergénia

Nom accepté : Bergenia crassifolia


SAXIFRAGE DE SIBÉRIE. Saxifraga crassifolia. Wild. — Cette espèce


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est cultivée dans nos jardins, où elle montre de bonne heure ses jolies fleurs d'un rouge foncé. Elle est spontanée dans les montagnes de la Sibérie.

Description. — Feuiiles grandes, ovales, obtuses, un peu dentelées, pétiolées, lisses, épaisses, d'un beau vert, formant une touffe d'où s'élève une tige cylindrique, charnue, glabre, terminée par une grappe de fleurs nombreuses, d'une belle couleur rose (avril-mai). Corolle grande, campaniforme, composée de cinq pétales obtus, un peu rétrécis à leur base.

Les feuilles de lierre, qui servent ordinairement pour le pansement des cautères, entretiennent une odeur extrêmement désagréable ; celles de poirée ou bette ont l'inconvénient de se dessécher promptement, de devenir friables, et adhérer ainsi aux bords de la plaie, Rousseau[1] a conseillé de remplacer ces plantes par les feuilles de saxifrage de Sibérie. Cette dernière n'étant pas détruite par la gelée, peut servir pendant toute l'année. Je l'ai employée avec avantage pour le pansement des vésicatoires.

[Nous citerons encore la saxifrage tridactyle (S. tridactylites, L.) comme jouissant des mêmes propriétés.]

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  1. Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. I, p. 189.