Pomme de terre (Vilmorin-Andrieux, 1904)
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POMME DE TERRESolanum tuberosum L.
Fam. des Solanées.
SYNONYMES : Parmentière, Patate des jardins. P. de la Manche, P. de Virginie, Tartaufe,Tartutle, Trufelle, Morelle truffe.
Noms ETa. : ANGL. Potato; (Am.) Irish potato. — ALL. Kartoffel. —FLAM. Aardappel.DAN. Jordepeeren. — su1 o. Potatis. — riAL. Patata. — ESP. et PORT. Patata.ESP. (AM.) Papa. — RUSSE l artôtel. — POL. Ziemniak, Kartofel.
Des hautesmontagnes de l'Amérique méridionale. —Annuelle, rivace par sestubercules. — L'histoire de la découverte et de l'introduction de la Pomme deterre en Europe est assez obscure. Il paraît certain cependant que c'est versla fin du xvte siècle que la plante a commencé à se répandre et à êtreemployée comme légume.
La culture en a été adoptée d'abord clans les Pays-Bas, en Lorraine, enSuisse, dans le Dauphiné, s'est meme répandue en Espagne et en Italie avantde devenir usuelle dans le centre et le nord de la France. Ce n'est, en effet,,qu'après les travaux et les publications de Parmentier que la Pomme de terrea été appréciée à sa juste valeur dans les environs de París et dans les régionsavoisinantes. C'est à peu pres à la même époque que sa culture a pris del'importance en Angleterre. L'extension en a été depuis cette époque extrê-mement rapide, et malgré l'invasion de la maladie qui a pu, vers le milieu dusiecle, faire craindre la ruine complue de cette culture, la Pomme de terreconserve le premier rang parmi les tubercules alimentaires.
Le nombre des variétés de la Pomme de terre est prodigieux, on en comp-terait plusieurs milliers, si l'on voulait enregistrer toutes celles qui ont étéobtenues et recommandées depuis cent ans dans les différents pays. Cetteextréme multiplicité de variétés nous a mis dans l'obligation d'en écarter untrès grand nombre, et nous nous bornerons, pour ne pas rendre cet ouvragetrop volumineux, à décrire une cinquantaine de variétés qui nous paraissentdes plus distinctes en même temps que des plus recommandables.
La tige de la Pomme de terre est habituellement pleine, plus ou moinscarrée, souvent relevée d'ailes membraneuses sur les angles. Les feuilles sontcomposées, formées de folioles ovales, entre lesquelles se trouvent le plussouvent de petites expansions foliacées ressemblant à d'autres folioles pluspetites. Les fleurs sont en bouquets axillaires et terminaux; la corolle en estentière, étalée en roue, à cinq pointes; elle varie du blanc pur au violet.
Beaucoup de variétés ne fleurissent pas, et, parmi celles qui fleurissent.un grand nombre ne dorme jamais de fruits. Ceux-ci consistent en baies arron-dies ou très courtemeut ovoïdes; elles sont vertes, ou rarement teintées debrun violacé, de 0"02 à 0m03 de diamètre. Elles contiennent, au milieu d'unepulpe verte et très Acre, de petites graines blanches, aplaties, réniformes.
Les tubercules, qui ne sont que des rameaux souterrains renflés et remplisde fécule, présentent, suivant les variétés, de très grandes différences deforme et de couleur. On les distingue habituellement en tubercules ronds,oblongs et longs. A ces caractères et à ceux qu'on tire de la couleur, on peutajouter encore ceux que fournissent les germes développés par les tubercules
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dans l'obscurité : leur apparence et leur couleur sont très constantes, et per-mettent de reconnaître assez sûrement les variétés les unes des autres. Nouscroyons que peu de caractères ont autant d'importance que celui-là pour ladétermination des variétés, et nous en parlions en ces termes dans un ouvragepublié précédemment (1) :
o Que les tubercules aient pris tout leur accroissement, ou au contrairequ'ils soient restés petits et chétifs à l'excès; qu'ils aient ou non atteint leurcomplète maturité; qu'ils soient même sains ou malades, pourvu qu'il leurreste assez de vie pour commencer à végéter, les germes se développent tou-jours semblables à eux-mêmes, avec la même apparence et la même couleur dans une même variété. » -
A condition, bien entendu, que le tubercule n'ait été exposé, ni avant,pendant la croissance du germe, à l'influence prolongée de la lumière.
CULTURE. — Pour la culture en pleine terre dans les jardins, les pommes de terre seplantent ordinairement dans le courant du mois d'Avril en poquets espacés en tous sens deo"'40 à o'bo, selon le développement que prennent les différentes variétés, et profonds deo'" I; à o"' ao suivant la nature du sol. Les tubercules entiers, niais de dimensions moyennes,sont les plus avantageux à employer comme semence ; toutefois, lorsque la semence est rare,ou si l'on a affaire à une variété à gros tubercules, on peut les sectionner en deux parties enavant soin de couper clans le sens de la longueur, mais ce moyen n'est pas à recommander;les tubercules doivent être recouverts, au moment de la plantation, d'environ o"' Io à o' 12cte terre, de manière que les poquets ne soient pas entièrement remplis. Lorsque les germessont bien sortis de terre, on donne un premier binage, à la suite duquel les poquets setrouvent comblés de terre. Environ quinze jours à trois semaines après, on donne un secondbinage dont on profite pour butter chaque touffe. Il sera prudent, entre le premier et lesecond binage, de protéger les jeunes pousses contre les gelées tardives en ramenant surelles de la terre prise dans les intervalles. Les autres soins à donner consistent simplement àmaintenir le terrain très propre, en arrachant à la main les mauvaises herbes qui ne peuventque nuire au bon développement des pommes de terre. Le buttage profite aux tubercules,qui se trouvent mieux ramassés au pied de la plante, et l'arrachage en devient plus facile.
Les pommes de terre mûrissent, suivant les variétés, depuis le commencement de Juinjusqu'à la fin d'Octobre, et la consommation se prolonge tout l'hiver et jusqu'en Juin, sion a le soin dégermer les tubercules à plusieurs reprises et de les tenir en lieu frais.
Quand les tubercules destinés à la plantation ont pu être exposés d'avance à l'influencede l'air et de la lumière, la végétation en est ordinairement d'autant plus vigoureuse et plushfàtive. Mais il faut, dans ce cas, beaucoup d'attention au moment de la plantation pour nepas briser les germes qui ont commencé à se développer.
La plantation des pommes de terre à l'automne ne présente quelque avantage que clans leMidi et en Bretagne ; les cultures ainsi faites donnent généralement un rendement un peuplus fort, à égalité de surface et de semence employée, que les plantations de printemps.Par contre, clans les régions moins privilégiées, la semence est exposée à périr en terre dansles hivers très froids ou humides. Culture forcée. — Cette culture a perdu maintenant toute importance au point de vue dela vente des tubercules au commerce, le cours des arrivages de l'Égypte, de l'Espagne, del'Algérie et du Midi ne permettant plus aux maraîchers de soutenir la concurrence : maiselle se pratique encore dans les propriétés éloignées des lieux d'approvisionnement.
On force ordinairement les pommes de terre sous chàssis et sur couche plus ou moinschaude, depuis le mois de Décembre jusque dans le courant de Mars. On les plante le plussouvent à o"20 ou o"' 25 en tous sens, en se servant pour cette culture de tubercules germés
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CATALOGUE METHODIQUE ET SYNONYMIQUE DES PRINCIPALES VARIETES DE POMMES DE TERRE, par Philippe de VILMORIN 3e édition), Paris 1902.
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à l'avance que l'on trouve facilement dans le commerce ou que l'on fait germer soi-même,comme nous l'expliquons à l'article Pomme de terre Marjolin (Voy. page 589); on avanceainsi la production de plusieurs semaines.
I1 est nécessaire d'aérer chaque fois que le temps le permet; mais la nuit, les chàssisdoivent être recouverts de paillassons. Il faut aussi arroser lorsqu'il en est besoin, le matin depréférence. On butte lorsque les tiges ont environ o'" ro à o'n 15 de hauteur, et on surélèveles coffres lorsque les feuilles touchent les verres des châssis.
On emploie surtout, pour la culture forcée, la P. de terre Marjolin dont les fanes sonttrès peu développées, ainsi que les variétés : A feuille d'ortie, Royal ash-leaved kidney,Victor, Belle de Fontenay. L'arrachage des tubercules peut commencer deux mois à deuxmois et demi après la plantation.
Culture rnfridionale de primeur. — La consommation considérable dont la Pomme de terreest l'objet en toute saison, et la préférence marquée accordée par les consommateurs auxpommes de terre dites » nouvelles », a naturellement poussé les cultivateurs des régionsfavorisées par des hivers doux et un printemps chaud et précoce, à donner un grand dévelop-pement à la culture de ce légume. L'Égypte, l'Algérie et l'Espagne apportent dès le moisd'Avril de grosses quantités de pommes de terre provenant de plantations effectuées enOctobre ou Novembre. La culture se fait dans les terres chaudes et légères du littoral, abon-damment fumées d'avance, disposées en billons larges de on' 6o, espacés par des fossés de0"'34) de largeur. Les tubercules sont plantés sur les bords de l'ados, à environ o'° 3o entous sens ; on bine et on butte comme dans les cultures précédentes, on irrigue en outre sicela est nécessaire.
Dans le Midi, on plante fréquemment dans les terrains abrités, sur les coteaux exposés auSud, ou sous le couvert des Oliviers, depuis Août jusqu'en Septembre ; les soins de culturesont ceux que nous avons déjà indiqués ; mais il est important d'abriter les jeunes tiges àl'aide d'une couche de paille, de litière, ou de feuilles sèches à l'époque des fortes gelées. Larécolte a lieu de Novembre à Février, et ce sont ces produits qui acquièrent le plus hautprix; malheureusement cette culture n'est pas possible partout dans la région méridionale.
La saison normale pour la culture de primeur en Provence commence en Février-Mars etles produits sont bons à récolter de tin-Avril à Juin.
Dans le Sud-Ouest et en Bretagne, la pornnie de terre de primeur est l'objet de culturesimportantes dont les produits font immédiatement suite aux envois de la Provence. En Bre-tagne, la plantation s'effectue dès la mi-Janvier en terres de coteaux bien exposées ; mais leprintemps étant plus tardif et moins chaud que dans le Midi, il est rare qu'on puisse pro-céder à l'arrachage avant la première dizaine de Mai. Les pommes de terre récoltées enBretagne, notamment à Roscoff et dans les environs, sont dirigées en majeure partie surl'Angleterre.
Culture en plein champ. -- Elle se fait absolument comme la culture ordinaire des jardins,en terrain profondément labouré et fumé deux ou trois mois à l'avance au moyen de bonfumier à moitié décomposé. On adopte ordinairement l'espacement de o"' 6o entre les ligneset de o"' 50 sur les lignes pour les variétés industrielles ou fourragères et les pommes deterre de consommation tardive ; les variétés précoces se plantent en lignes écartées deo"5o, les plants étant placés à o"'3o les uns des autres. Quant aux binages et buttages faitsà la main dans la culture de jardin, on les effectue en plein champ à l'aide de bineuses etet de hutteuses à cheval.
Dès que les premières feuilles sont sorties de terre, on herse vigoureusement. Le hersagedes pommes de terre, pour brutal qu'il puisse paraître, loin d'être de quelque dommage àcette culture, est aú contraire une opération très utile et d'ailleurs très usitée dans lesgrandes exploitations. Il a pour but d'aérer le sōl et de le débarrasser des mauvaises herbesqui, au début de la végétation, nuisent beaucoup au développement des jeunes pousses.
Le couchage des tiges, préconisé par divers agronomes, ne paraît pas à recommander ; ilen est de même de l'effeuillage et de la suppression des fleurs. La récolte s'effectue quandles tiges sont devenues brunes, les tubercules n'ayant rien à gagner d'un séjour plusprolongé en terre, mais, suivant les circonstances, on peut commencer l'arrachage dès lejaunissement des feuilles.
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SEMIS. — Ce procédé de multiplication est surtout employé pour l'obtention de variétésnouvelles ; mais il a aussi pour but de régénérer l'espèce. On sème les graines en pépinière,sur couche, en Février-Mars ou sur cotière ou ados en Avril. La semence doit être très peurecouverte et le semis sera tenu constamment frais à l'aide de bassinages. Suivant la façondont le semis a été effectué, on peut ou se contenter d'éclaircir lorsque le plant a deux outrois feuilles, ou repiquer en pots ou sur une nouvelle couche en espaçant de o" 15 à om zo.
Les tubercules, de la grosseur d'une noisette, que donne la première année de culture,sont replantés l'année suivante comme les tubercules ordinaires ; ce n'est qu'au bout de troisans de culture que l'on obtient des tubercules de volume normal.
ENGRAIS ET EXIGENCES. — La Pomme de terre se plait surtout dans les terres légères, siliceusesou calcaires; néanmoins elle donne des résultats satisfaisants dans les terres fortes, pourvuqu'elles ne soient ni trop compactes ni d'une humidité excessive.
C'est une plante exigeante, dont la production est entièrement subordonnée aux soins deculture et d'engrais dont elle est l'objet. L'ameublissement du sol est un des points principauxà observer ; les labours profonds (om 3o à om4o), joints à une fumure abondante, ont permisde dépasser les rendements de So,000 kil. à l'hectare pour les variétés industrielles.
La fumure à apporter devra varier naturellement suivant la composition chimique du solet les exigences habituelles des terres que l'on exploite. Voici, à titre de renseignement, unexemple de fumure applicable à tout terrain de composition moyenne pour compléter unebonne fumure au fumier de ferme, en vue d'une récolte d'au moins 3o,000 kil. à l'hectare :
Superphosphate de chaux 600 kil. Nitrate de soude 200 (J( par hectare. Sulfate de potasse 500 —
On enfouit d'abord le superphosphate et le sulfate de potasse au moment du dernierlabour ; le nitrate est répandu en deux fois, moitié après la levée du plant, moitié aupremier binage ; on doit, autant que possible, choisir un temps couvert et laissant prévoir lapluie à brève échéance.
INSECTES NUISIBLES ET MALADIES. — Dans le règne animal, la Pomme de terre n'a guère àredouter que les atteintes du ver blanc, larve du Hanneton, et celles du Dorypbora decent-liueala, coléoptère ressemblant assez à une grosse coccinelle ; heureusement, les cultivateursfrançais n'ont pas beaucoup à craindre ce dernier ennemi qui, par contre, cause de grandsravages en Amérique où on le combat à l'aide de l'arsenite de cuivre ou de l'arsenite dechaux, qui sont tous deux des poisons violents dont l'emploi exige de grandes précautions.
Par contre, plusieurs maladies de nature cryptogamique affectent la Pomme de terre etcausent, dans certaines années, des dommages considérables aux cultures. La plus redoutableet la plus connue est celle déterminée par le Phytophthora iulestans, qui s'attaque surtoutaux variétés tardives, car son apparition a rarement lieu avant la fin de Juin. Les feuilles dessujets contaminés, puis les tiges, se couvrent de taches brunes bientôt entourées d'une sorted'auréole blanchâtre. Tout le feuillage semble comme grillé et meurt au bout de peu de temps ;,l'infection atteint même les tubercules qui présentent, comme les feuilles, des taches brunessuperficielles gagnant en profondeur et finissant par déterminer la décomposition des tissus.
Cette maladie peut être efficacement combattue par un traitement préventif au sulfate decuivre. On emploiera, par exemple, une bouillie composée de :
Eau. .....loo litres. Sulfate de cuivre .........2 kil. Cristaux de soude 3 —
avec laquelle on arrosera toute la végétation à l'aide d'un pulvérisateur. C'est ordinairementdans les premiers jours de Juillet qu'il faut procéder 'a ce traitement qui doit être fait à ladose de 15 à ao hectolitres à l'hectare ; lorsque le temps est pluvieux, ou si l'invasion a étéparticulièrement forte l'année précédente, il est prudent de faire une deuxième et même unetroisième pulvérisation à quinze jours d'intervalle.
Une autre maladie, moins répandue heureusement, et due au Macrosporium solani, causequelquefois des dégâts assez sérieux. C'est celle que les Américains appellent « rouilleprécoce» (Early blight), pour la distinguer de la maladie causée par le Phytophthora,dénommée par eux « rouille tardive» (Late blight). La maladie se présente sous la forme de
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bord des folioles. Le sulfate de cuivre employé sous forme de bouillie contre cette maladie,donne de bons résultats.
La « gale » qui affecte les tubercules, dont elle arrête le développement, se reconnaît à laprésence sur la peau de verrues subéreuses. Elle parait due à l'action d'une cryptogamedésignée par M. Roze sous le nom de Micrococcus pellucides. On recommande d'éviter decultiver la Pomme de terre dans les terres se saturant facilement d'eau, ce milieu- paraissantconvenir particulièrement à la propagation- du parasite. Si la maladie a fait son apparitiondans un terrain sain, il faut alors éviter d'y faire revenir la Pomme de terre avant au moinstrois ans, et «employer pour la plantation que des tubercules sains, non coupés.
Les mêmes précautions sont à prendre contre la « brunissure des feuilles » qui paraît due àune bactérie. C'est cette maladie qu'on désigne aussi sous le nom de « frisolée », dénomina-tion imprécise s'appliquant également à d'autres maladies de même apparence, mais causéespar des organismes différents.
Nous terminerons cette rapide énumération des affections qui frappent le plus courammentla Pomme de terre, en disant quelques mots d'une maladie qui, sans être précisémentnouvelle, semble, depuis quelques années surtout, vouloir prendre une extension inquié-tante. Il s'agit de ce qu'on appelle la « filosité ». Les tubercules atteints, au lieu de formerde beaux germes, ne développent plus à l'endroit des yeux que des filaments amincis, grêles,absolument impropres à donner des tiges fortes et vigoureuses. Ces tubercules sont, ensomme, frappés de stérilité et, comme aucun caractère extérieur ou intérieur ne permet dereconnaître un tubercule fertile d'un tubercule stérile, il s'ensuit qu'on est exposé à voir leschamps, à la levée, à moitié ou aux deux tiers dégarnis. Jusqu'à présent, les causes de cetteinfécondité des tubercules sont tout à fait inconnues ; on a bien émis nombre d'hypothèsesplus ou moins ingénieuses pour expliquer cette anomalie, mais en fait, on ne sait rien depositif, et le cultivateur n'a pas d'autre ressource, pour éviter les manques dans ses champs,que de provoquer la sortie des germes avant d'effectuer la plantation, absolument commeon a l'habitude de traiter certaines variétés hâtives, telles que la Marjolin, la Victor, etc. Onsait du reste que la P. de terre Marjolin présente souvent cette particularité de produiresouterrainement des tiges filiformes stériles, et que la précaution d'en faire germer préa-lablement les tubercules est absolument nécessaire.
USAGE. — On mange les tubercules de Pommes de terre, jeunes ou mûrs. Ils sont aussi employés à l'alimentation des animaux, à la fabrication de la fécule et de l'alcool.
En France, on préfère les pommes de terre à chair jaune. En Angleterre, au contraire, cesont les variétés à chair blanche et farineuses qui sont les plus recherchées.
I. — Variétés jaunes rondes.
POMME DE TERRE RONDE NATIVE DE PROVENCE.
NOM ÉTRANGER : ALL. Lwiekauer friihe Kartoffel.
Tubercules gros, ronds, jaune pâle, réguliers, légèrement entaillés ; chairjaune très pâle; germe violet. Tiges grosses, vigoureuses, anguleuses, étalées :feuilles très amples, à folioles faiblement réticulées ; fleurs blanches. Cette variété est très productive malgré sa grande précocité; elle convienttrès bien à la culture de primeur en vue de l'exportation.
POMME DE TERRE CRAVE.
SYN. : P. de terre Shaw, P. Madeleine, P. Patraque jaune, P. de Perthuis, P. Bole.
Noms ÉTRANGERS: ANGL. Shaw potato, Regent P., Early Regent P.
Tubercule rond, jaune, à peau lisse ou rugueuse, suivant la nature duterrain; veux assez enfoncés. Chair jaune, très farineuse; germe d'un jaune decire, violet à la base et à l'extrémité. Quand la végétation de cette pomme deterre a repris après avoir été suspendue ou retardée par la sécheresse, il n'est
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pas rare que les tubercules s'allongent très notablement ; mais ces mêmestubercules employés comme semence donnent, l'année suivante, des tuberculesparfaitement ronds, si la végétation, cette fois, s'est faite dans des conditionsfavorables.
Tiges assez longues, atteignant jusqu'à un mètre, souples, presque toujourstombantes, complètement vertes ou très légèrement lavées de brun, faiblementailées, presque toujours ramifiées; feuilles courtes, nombreuses, d'un vertfoncé un peu terne; folioles serrées, réticulées, toujours frisées et ondulées.Fleurs ne s'épanouissant que très exceptionnellement, et tombant presque tou-jours à l'état de boutons encore petits : quand elles s'ouvrent, elles sont d'unecouleur lilas pâle bleuâtre.
Porerne de terre Chave (ne grosseur naturelle).
Cette variété est la plus cultivée des pommes de terre jaunes rondes, auxenvirons de Paris; elle est très productive, farineuse et d'excellente qualité.Plantée en Avril, elle mûrit dans le courant du mois d'Août.
La P. de terre Segon;ae ou Saint-Jean ne se distingue de la P. de terre Chave quepar quelques caractères de végétation sans importance.
POMME DE TERRE JAUNE RONDE HATIVE.
SYNONYMES : Pomme de terre de trois mois, P. d'Orléans, P. moissonnette jaune.
Cette variété peut être considérée comme une race un peu plus précoce dela Chave dont elle diffère à peine par ses caractéres de végétation. Les tuberculesen sont habituellement plus ronds, avec des yeux un peu moins nombreux; lestiges ne dépassent guère 0"'6O à O"'70 ; les feuilles sont moins abondanteset d'un vert un peu plus clair, celles du bout des tiges plus pâles et plusblondes que celles de la base. Les fleurs tombent à l'état de boutons.
Très jolie et excellente variété. Plantée en Avril, elle est bonne à récolterdès les derniers jours de Juillet.
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POMME DE TERRE JAUNE D'OR DE NORVÈGE.
Tubercules moyens, arrondis; quelquefois un peu allongés, ordinairementtrès réguliers; peau d'un beau jaune; chair jaune; germe violet. Tiges grêles;feuillage petit, vert blond; fleurs gris de lin.
Cette variété, très estimée en Angleterre, est une des plus recommandablespour la table, surtout clans les régions à climat un peu sec. Dans les terreshumides et par les années pluvieuses, elle a une tendance à prendre facilementla maladie.
Pomme de terre Belle écossaise (Be grosseur uatureiie).
POMME DE TERRE BELLE ÉCOSSAISE.
SYNONYME: P. de terre Cigarette.
Nom ÉTRANGER : ANGL. Kerr's Cigaret potato.
Tubercules gros, jaunes, ronds ou très légèrement oblongs et méplats, trèslisses ; chair blanche ; germe rose.
Tiges nombreuses, assez fortes, peu anguleuses. blondes; feuillage léger, àpetites folioles ovales-pointues et légèrement velues. Fleurs toujours caduques. Cette variété a contre elle la couleur blanche de sa chair, mais elle rachètece défaut par d'excellentes qualités et surtout par sa grande production et larégularité parfaite de ses tubercules, qui sont d'un épluchage très facile. C'estune pomme de terre de moyenne saison.
POMME DE TERRE FIN DE SIÈCLE
Nom ÉTRANGER : ANGL. Up-to-date potato.
Tubercules ronds, quelquefois un peu allongés et aplatis, presque sans yeux ;peau jaune. Chair jaune pâle, de qualité suffisante pour en permettre l'utili-sation dans la cuisine ; germe rose. Tiges hautes et vigoureuses ; fleurs lilas.
Cette variété, introduite récemment d'Angleterre où elle est très appréciée,est une excellente acquisition pour la culture en grand en vue de la grosse
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la Halle ; si elle est inférieure à celle-ci sous le rapport de la qualité, sonrendement, qui atteint et dépasse même 30000 kil. à l'hectare et sa résistanceà la maladie la feront certainement apprécier des cultivateurs.
Pomme de terre Canada (De grossrur naturelle:.
POMME DE TERRE CANADA.
Tubercule jaune, gros, un peu entaillé, rond ou légèrement allongé ; chairblanche ; germe rose. Tiges vigoureuses, hautes, garnies d'un feuillage abon-dant, vert un peu grisâtre ; fleurs blanches en bouquets nombreux ; grainesnulles ou très rares.
La P. de terre Canada est une variété de grande culture convenant surtoutà l'industrie et pour la nourriture des bestiaux ; elle est tardive, très vigou-reuse et très productive. Elle a été importée du Canada il -y a une trentained'années.
POMME DE TERRE IMPERATOR.
Nom ÉTRANGER : ALL. Richter's Imperator Kartoffel, Juwel K.
Tubercule arrondi ou légèrement oblong, gros ott très gros, assez entaillé,d'un jaune pale ; chair blanche; germe violet. Tiges vigoureuses, hautes,dressées, anguleuses, brunâtres, et portant des feuilles grandes, å folioleslarges, arrondies, mais assez espacées, de sorte que la plante a un port plutôtléger que compact ; fleurs grandes, lilas, ne nouant pas habituellement.
La P. de terre Imperator est tardive; les tubercules en sont remarquablement riches en fécule et, par ce motif, tout spécialement recherchés par l'industrieféculière. C'est de cette variété, que feu M. Aimé Girard avait préconisé la
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culture à la suite de ses remarquables recherches sur la Pomme de terreindustrielle; mais depuis, d'autres variétés ont fait leur apparition et finirontvraisemblablement par prendre à leur tour la place importante qu'occupeactuellement la P. de terre Imperator dans les cultures françaises.
Pomme de terre Imperator (De grosseur naturelle).
POMME DE TERRE JOYAU D'AGNELLI.
Tubercules ressemblant beaucoup à ceux de la P. de terre Imperator, maisde forme. plus allongée et à peau d'un jaune clair; chair blanche; germe vio-let. Les tiges sont hautes et très fortes ; même feuillage que la P. de terreImperator ; fleurs couleur de gris de lin.
Variété tardive, d'origine autrichienne, exclusivement industrielle ou four-ragère. Elle donne couramment à l'hectare 30000 kilogrammes de tubercules,dont la teneur en fécule dépasse souvent 18 0/0.
POMME DE TERRE PROFESSEUR MÆRKER.
Tubercules assez gros, jaunes, arrondis, à yeux superficiels, peu accentués ;chair blanche ; germe violet. Fleurs colorées.
Cette variété demi-tardive, introduite d'Allemagne depuis quelques années,peut à la rigueur servir à la grosse consommation ; mais c'est surtout unerace fourragère et industrielle caractérisée par une teneur élevée en fécule etune grande résistance à la maladie.
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