Chou (Vilmorin-Andrieux, 1904) : Différence entre versions
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Version actuelle en date du 12 février 2020 à 12:55
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- Nom accepté : Brassica oleracea
Le Chou, plante indigène de l'Europe et probablement de l'Asie occidentale, est un des légumes dont la culture remonte le plus loin dans les temps passés. Les anciens le connaissaient et en possédaient certainement plusieurs variétés pommées. L'antiquité de sa culture peut se reconnaître au grand nombre de races qui existent et aux modifications profondes qui ont été apportées aux caractères de la plante primitive.
Le chou sauvage, tel qu'il existe encore sur plusieurs points des côtes de France et d'Angleterre, est une plante vivace, à feuilles lobées, larges, ondulées, épaisses, glabres, couvertes d'une pruine glauque. La tige s'élève de 0m60
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à 1 mètre ; elle est garnie de feuilles entières, embrassantes, et se termine par un épi de fleurs jaunes et quelquefois blanches. Toutes les variétés cultivées présentent ces mêmes caractères dans leur inflorescence, mais elles offrent jusqu'à la floraison les plus grandes différences entre elles et avec la plante sauvage.
Dans la plupart des choux, ce sont les feuilles qui ont été développées par la culture ; le plus souvent, elles sont imbriquées les unes par-dessus les autres, se rejoignant et se coiffant mutuellement, de manière à former une tête ou pomme plus ou moins serrée, enveloppant le bourgeon central ainsi que toutes les feuilles les plus jeunes. L'ensemble de ces feuilles affecte une forme sphérique, déprimée ou conique ; on réunit toutes les variétés qui présentent ce caractère sous la désignation générale de Choux pommés. D'autres variétés ont le feuillage très ample et très développé, sans former cependant de pomme ; on les désigne sous le nom de Choux verts.
Dans d'autres choux, ce sont les pousses portant les parties florales qui ont été modifiées au point de composer une masse épaisse, charnue et tendre, démesurément grossie au détriment des fleurs elles-mêmes, qui avortent presque complètement, mais produisent néanmoins suffisamment de tiges florales propres à la propagation de l'espèce. Cette classe de choux a été appelée : Choux-fleurs et Brocolis.
Dans d'autres, les feuilles ont conservé des dimensions très ordinaires, mais la culture a fait prendre un développement considérable à la tige, qui s'est renflée en boule, ou à la racine principale, qui a pris l'apparence d'un navet. On désigne en conséquence ces derniers sous le nom de Choux-navets ou Rutabagas, tandis qu'on donne aux autres le nom de Choux-raves.
Il y a, enfin, des variétés de choux dans lesquelles les modifications résultant de la culture et de la sélection ont porté, soit sur les côtes des feuilles (Choux à grosses côtes), soit sur les rejets qui se développent à leurs aisselles (Choux de Bruxelles), soit enfin sur plusieurs organes à la fois (Choux moelliers, Chou-rave frisé de Naples).
Nous ne parlons pas du Colza, autre race de chou dont le produit utile consiste surtout dans ses graines, et qui doit être rangé parmi les plantes industrielles oléifères.
Les diverses séries de Choux cultivés différent assez sensiblement les unes des autres par le volume de leur graine : les Choux verts non pommés et les Choux-raves donnent les plus grosses graines ; ensuite viennent les Choux pommés, les Choux-navets et les Rutabagas ; et enfin les Choux-fleurs et les Brocolis, qui donnent les plus petites. Cependant, le poids moyen de toutes ces graines est à peu près uniformément de 700 grammes par litre, et leur durée germinative est ordinairement de cinq années. Le nombre des graines contenues dans un gramme varie de 300 à 550, selon les espèces.
CULTURE. - La diversité de tempérament et d'emploi des différentes races de choux est si grande qu'il n'est guère possible de donner autre chose, pour la culture de ces plantes, que des indications s'appliquant d'une façon générale à chacune des catégories que nous avons cru devoir adopter ou former pour la facilité de la classification. Nous compléterons lorsqu'il y aura lieu ces indications, en mentionnant dans la description des variétés les particularités de culture qui pourraient s'écarter des instructions générales.
Les climats frais et humides paraissent convenir à la culture des choux mieux que tous les autres. Les régions maritimes, les îles et les côtes, produisent généralement de plus beaux choux que les pays de plaines et les plateaux. La chaleur et la sécheresse leur sont contraires,
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tandis qu'ils se développent à merveille dans les saisons humides, brumeuses et même presque froides. Les choux aiment une terre forte un peu compacte, riche en engrais et en débris organiques ; ils ne craignent pas les sols un peu acides et viennent bien dans les terres nouvellement défrichées. On doit, dans le potager, leur donner les places les plus fraîches ; ce n'est que pour les choux de primeur qu'il faudra choisir une exposition chaude et abritée. Le terrain destiné aux choux doit être profondément labouré, tenu toujours propre et exempt de mauvaises herbes. Des arrosages donnés à propos, en été, assureront une végétation normale et permettront aux choux d'acquérir tout leur développement.
FUMURE. - Le Chou est très avide d'engrais ; le fumier de ferme bien décomposé lui convient particulièrement, ainsi que les gadoues, le sang et la chair desséchés, les eaux d'égouts, etc.
Il se montre également très sensible à l'action des engrais chimiques ; une fumure composée de :
Fumier de ferme |
200 kil. |
par are. |
suffit aisément aux besoins d'une récolte de 800 à 900 kilog. de pommes à l'are, rendement que donnent couramment les gros Choux cabus d'été et d'automne. Certains d'entre eux, même, notamment le Chou quintal d'Alsace et le Chou quintal d'Auvergne, produisent jusqu'à 1200 kilog. et même plus à l'are. Pour ces variétés, on augmentera un peu les doses indiquées ci-dessus, de même qu'on les diminuera légèrement en vue de la culture des Choux de printemps, dont les variétés hâtives : d'York, Cœur-de-bœuf et variétés qui en dérivent, donnent rarement plus de 600 à 700 kilog. à l'are.
Des expériences récentes, dans lesquelles le nitrate de soude a été employé à la dose de 5 kilog. à l'are, répartie en plusieurs fois, ont permis d'établir que, sous l'influence d'une forte fumure azotée, le rendement augmente dans la proportion d'un cinquième à un quart, avec une avance d'environ un mois sur l'époque ordinaire de production.
CHOUX CABUS DE PRINTEMPS. — On les sème ordinairement dans les dix derniers jours du mois d'Août ou dans les dix premiers de Septembre, à raison de 100 à 125 grammes de graines au plus à l'are, les semis trop drus donnant ordinairement des plants faibles et mal conformés. On les laisse sur place jusqu'au mois d'Octobre, époque où ils sont bons à repiquer, soit définitivement en place, soit en pépinière d'attente, pour n'être plantés qu'au printemps. Dans les terres saines, chaudes et légères, on peut habituellement planter les choux à demeure dès la fin de l'automne, en rayons espacés de 0m40 à 0m45, et profonds d'environ 0m10 ; dans les sols humides ou dans les localités exposées aux grands froids, aux neiges ou aux pluies excessives, il vaut mieux attendre que l'hiver soit passé. Les Choux d'York et autres variétés précoces de première saison se plantent dans une position chaude et abritée, le long d'un mur ou dans une planche exposée au Midi. Il est bon de faire, dès le mois de Février, un semis de choux hâtifs sur couche, pour remplacer, au moyen de plants ainsi obtenus et repiqués également sur couche, les pieds qui auraient péri par l'effet des intempéries, ou qui monteraient à graine prématurément, par suite de l'impulsion excessive donnée à la végétation par une température trop douce.
On peut commencer à récolter des choux à demi pommés depuis la fin d'Avril, et la production se prolonge jusqu'en Juin.
On sème aussi les choux hâtifs en Février-Mars, sur couche, en pépinière ou en terrain bien exposé, en abritant au besoin à l'aide de cloches ou de châssis, ou bien encore de Mars en Juin, en pépinière ; les plants sont ensuite mis en place aussitôt qu'ils sont assez développés ou qu'on a du terrain prêt à les recevoir. La récolte obtenue de ces semis de printemps succédera à celle provenant des semis d'automne. — Cette dernière culture est la plus simple et la plus facile, mais elle est cependant moins pratiquée que les semis d'automne, parce que ces variétés hâtives sont surtout cultivées pour primeurs, et que, du reste, les choux d'été, semés dans les mêmes conditions, sont plus productifs, tout en donnant leur produit à peu prés à la même époque.
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CHOUX CABUS D'ÉTÉ ET D'AUTOMNE. — On les sème le plus souvent au printemps, de Mars en Juin, suivant les variétés et selon l'époque où l'on désire en obtenir le produit. Le semis se fait en pleine terre ; le plant se repique le plus tôt possible en pépinière d'attente, et on le met en place dans un terrain bien travaillé et richement fumé, aussitôt que la tige a acquis la grosseur d'un tuyau de plume. L'écartement à laisser entre les plants varie, suivant les variétés, de 0m40 à 0m60. — Pour avancer la production, on sème assez fréquemment les Choux cabus d'été dès le mois de Février, sur couche, en abritant au besoin de cloches ou de châssis. On obtient ainsi des choux bons à récolter dès le mois de Juin, alors que les variétés les plus hâtives de cette section semées en Mars en pleine terre ne donnent généralement pas avant le mois de Juillet. — Les arrosages ne doivent pas être ménagés, d'abord pour assurer la reprise du plant, et ensuite pour faire face à l'évaporation considérable qui se produit pendant les longues et chaudes journées de l'été.
Les choux qui sont récoltés à l'automne ne demandent aucun soin particulier ; ceux qu'on veut réserver pour l'hiver ne peuvent être laissés en place que si l'on se trouve dans un climat très doux, ou s'ils ont été cultivés dans une situation très saine et très abritée ; partout ailleurs il faut les arracher, les débarrasser des feuilles qui commencent à pourrir, ainsi que de la plupart de celles qui entourent la pomme sans en faire partie, après quoi on les replante en rangs serrés, à demi couchés, le pied enterré et le sommet de la pomme tourné de préférence du côté du Nord. On peut même se dispenser de les arracher ; il suffit de creuser au pied de chacun d'eux une tranchée orientée de façon que le chou, une fois couché dans cette tranchée, ait le sommet de la pomme dirigé vers le Nord. — Dans certains pays, on conserve les choux par un procédé assez curieux, mais qui paraît donner de bons résultats : on fait une espèce de mur en terre dans lequel on engage la tige et la racine des choux, pendant que la pomme reste à l'extérieur ; ils peuvent se conserver de la sorte très avant dans l'hiver.
Parmi les gros choux cabus, très peu se prêtent à la culture automnale, c'est-à-dire : semis en Août pour pommer au commencement de l'été suivant. Soumis à ce traitement, la plupart montent à fleur sans pommer. Il ne faut donc les traiter en plantes bisannuelles que dans les localités où l'expérience de cette culture est déjà faite et réussit, et en se servant des races qui y sont notoirement appropriées.
CHOUX CABUS D'HIVER. — Ces choux se sèment d'ordinaire de Mars en Juin, en pépinière ; on laisse le plant prendre de la force, puis on le met en place environ six semaines après le semis, en terrain sain et bien fumé, en espaçant de 0m50 à 0m60. La récolte peut commencer en Novembre et se prolonge jusqu'en Mars. — Bien que ces choux puissent être semés aux mêmes époques que les Choux cabus d'été et d'automne, il est bien évident que si l'on a en vue un produit devant rester tout l'hiver en pleine terre et destiné à la consommation à l'arrière-saison, c'est-à-dire jusqu'au printemps, les premiers semis printaniers cessent de présenter de l'intérêt, d'autant que les choux obtenus de ces premiers semis n'offrent pas toute la rusticité de ceux obtenus des semis du mois de Juin.
CHOUX DE MILAN. — Leur culture est la même que celle des Choux cabus d'été, d'automne et d'hiver. — De même que les Choux cabus d'hiver, les Choux de Milan tardifs destinés à la consommation d'hiver et de printemps, devront être semés de préférence d'Avril en Juin.
CHOUX A GROSSES CÔTES. — On leur applique absolument la même culture qu'aux Choux cabus d'hiver.
CHOUX VERTS. — Ces choux, qui sont extrêmement rustiques, se cultivent de la même façon que les Choux cabus d'hiver ; ils sont très appréciés dans les régions à hivers rigoureux, car leurs feuilles, qui ne souffrent pas du froid, constituent un excellent légume que l'on prépare de la même façon que les autres choux et pour les mêmes usages.
INSECTES NUISIBLES ET MALADIES. — Les Choux sont exposés aux attaques de nombreux ennemis : Les Altises ou Puces de terre (Altica brassicæ), qui dévorent fréquemment les jeunes semis. On les éloigne par des bassinages à l'eau étendue de nicotine ou de quelque autre insecticide ; on en détruit également un grand nombre en promenant à diverses reprises, au-dessus des planches envahies, des plaquettes de bois recouvertes d'une couche de goudron liquide sur laquelle les insectes viennent se coller en sautant. On dit aussi, qu'on éloigne ces insectes en
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répandant sur les jeunes semis du superphosphate de chaux ou des scories de déphosphoration finement pulvérisées.
La Piéride du chou (Pieris brassicæ), ce grand papillon blanc que tout le monde connaît, ou plutôt sa larve, sorte de petite chenille gris bleuâtre avec trois raies jaunes longitudinales.
La Piéride du navet (Pieris rapæ), petit papillon blanc dont la chenille est verte avec une fine raie jaune sur le dos et une rangée de taches jaunes un peu plus bas de chaque côté.
La Noctuelle du chou (Noctua brassicce, Hadena brassicce), papillon gris ou roussâtre, dont la chenille, d'un gris tantôt verdâtre et tantôt noirâtre, présente des marbrures brunes ou noires avec une raie foncée sur le dos et une autre jaune sur chaque flanc.
Pour combattre ces trois insectes, le plus sûr moyen est de les chercher et de les prendre à la main. On peut aussi en détruire d'assez grandes quantités en répandant sur les choux de la poudre de chaux délitée à l'air, ou bien encore par des arrosages à l'eau additionnée de nicotine ou de Solutol. On aurait obtenu aussi d'excellents résultats en saupoudrant les plants attaqués de superphosphate de chaux finement pulvérisé, à la dose de 5 kilog. à l'are.
L'Anthomye ou Mouche du chou (Anthomya brassicæ) pond au collet des plantes ses œufs, qui donnent naissance à de petits vers blancs, cylindriques, sans pattes, amincis vers la tête et renflés à la partie postérieure. La présence de ces larves se révèle aisément au changement des feuilles, qui jaunissent et se fanent ; il est bon alors d'utiliser de suite les pommes des choux attaqués et de brûler tout le reste, feuilles, tiges et racines, avec de la chaux vive.
Le Charançon ou Lisette du chou (Ceuthorynchus sulcicollis) fait des piqûres sur le pied ou vers le collet des choux et dépose un œuf dans chacune d'elles ; il se forme alors aux endroits piqués des protubérances auxquelles on donne le nom de bosses ou galles du chou et qui, selon leur grosseur et leur nombre, entravent ou arrêtent même la végétation. Dans les localités où cet insecte est abondant, il est bon, avant de repiquer les jeunes plants de choux, de les tremper dans de la bouse de vache, ou de mettre, au moment de la plantation, une poignée d'un mélange de poussière de chaux et de terre légère autour du collet des plants. L'emploi des tourteaux de Ricin a, paraît-il, pour effet d'éloigner ces insectes.
Le Puceron du chou (Aphis brassicæ), qui est de couleur verte, a les ailes poudrées d'une pruine bleuâtre, la tête et le corselet noirs bigarrés de jaune. C'est surtout à l'automne qu'il exerce ses ravages. On recommande d'enlever et de brûler les feuilles sous lesquelles il se tient. On peut aussi employer contre lui le jus de Tabac dilué au dixième.
La Punaise du chou (Pentatoma oleracea), reconnaissable à ses ponctuations rouges et noires, et la Punaise rouge des tilleuls (Lygæus apterus), sont parfois abondantes au point d'arrêter la végétation des choux. On éloigne ces insectes par des pulvérisations de nicotine diluée, ou en projetant sur les choux attaqués de la poudre de chaux mélangée de terre légère.
Le Chou est encore fréquemment attaqué par une cryptogame, le Plasmodiophora brassicæ, qui détermine la maladie connue sous le nom de « hernie du chou ». Cette affection se reconnaît aux excroissances à surface raboteuse et de forme irrégulière qui se forment sur la tige et surtout sur les racines et les radicelles. Jusqu'à présent, on n'a pas trouvé de remède sûr contre ce mal : on recommande d'abord d'éviter de cultiver le Chou dans des terres humides non drainées ; de choisir au repiquage des plants absolument sains ; d'alterner le plus possible les cultures, c'est-à-dire éviter de faire des choux pendant au moins deux ou trois ans dans le terrain infesté ; enfin, de détruire immédiatement, par le feu ou par la chaux vive, tout ce qui peut rester des choux après en avoir récolté la partie comestible.
On évite, paraît-il, ou tout au moins on réduit de beaucoup les chances d'infection, en déposant autour de chaque plant, au moment du repiquage, une bonne poignée de chaux vive. On a aussi préconisé le trempage des racines, toujours au moment du repiquage, dans une bouillie composée de bouse de vache dans laquelle on verse, par 10 litres de bouillie, 250 grammes de sulfate de cuivre préalablement délayé dans un lait de chaux.
USAGE. - On emploie dans les Choux pommés les feuilles, cuites de diverses manières, ou assaisonnées en salade, ou encore fermentées, et désignées alors sous le nom de « choucroute » ; dans les Choux-fleurs, la tête ou pomme formée par les parties florales ; dans les Choux-raves, la tige ; dans les Choux-navets et les Rutabagas, la racine ; dans les Choux de Bruxelles les petits rejets pommés qui naissent tout le long de la tige.