Bittîkh (Ibn al-Baytar) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « {{Tournepage Baytar |titre=Ibn al-Bayṭār, ''Traité des simples '' |titrepageprécédente=Botam (Ibn al-Baytar) |nomcourtprécédent=Botam |titrepages... »)
 
 
(2 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 25 : Ligne 25 :
 
*AUTRE. Si l’on fait sécher l’écorce du melon, puis qu’on la mette dans la marmite avec des viandes réfractaires, elle les fait cuire et se dissoudre rapidement.
 
*AUTRE. Si l’on fait sécher l’écorce du melon, puis qu’on la mette dans la marmite avec des viandes réfractaires, elle les fait cuire et se dissoudre rapidement.
 
*RAZES, dans son Traité des Correctifs des Aliments. Le melon est un aliment recherché, qui doit; être choisi, car il se transforme promptement en bile, surtout l’espèce douce à un degré avancé de maturité; si l’on mange les parties molles du centre au lieu de celles qui se rapprochent de l’écorce, alors il se transforme facilement en humeurs biliaires. De plus, il pénètre rapidement dans les vaisseaux, ce qui engendre des fièvres tenaces. Yahya ibn Massouîh s’est gravement trompé en cet endroit en conseillant à ceux qui ont mangé du melon de boire du vin, de prendre de l’encens et des électuaires, car c’est là ce qu’on peut faire de pis. En effet, le melon se transforme promptement. en bile et pénètre dans les vaisseaux, au point d’être diurétique, parfois lithontriptique et détersif; il est donc absurde de lui ajouter un surcroit de chaleur et d’acuité, d’accélérer son passage dans les vaisseaux, et c’est là précisément l’effet des électuaires et du vin : la bile qui en résulterait n’en serait que plus active et que plus pénétrante. En conséquence, je dis que, lorsqu’on mange du melon, il faut avoir présente à l’esprit la rapidité de sa transformation et avoir soin que d’autres aliments pénètrent préalablement dans les vaisseaux; ainsi on ingérera aussitôt de l’oxymel pur et acide, on se livrera à une promenade modérée mais prolongée, on ne dormira pas sur le côté droit jusqu’à ce qu’une selle ait eu lieu; si elle tardait, il faudrait aussitôt prendre des mets acides, du verjus et autres mets pareils, sucer des grenades ou autres fruits de ce genre, toutes choses qui s’opposent à la transformation en humeur biliaire. Ce que l’on peut faire de pis, c’est de manger du melon quand on a bien faim, puis de prendre aussitôt quelque autre nourriture d’un genre différent de celle que nous venons de recommander, puis de se livrer au sommeil. Tout cela provoque infailliblement et rapidement de la fièvre, à moins qu’il ne s’agisse d’un homme complètement froid. Ce que dit Yahya ibn Massouîh ne peut s’appliquer à aucune espèce de melon, si ce n’est à l’espèce acide et au concombre : mieux vaut encore considérer ce passage comme, dépourvu de réflexion et de discernement. 11 en est ainsi du melon d’Inde, qui se transforme instantanément en pituite sucrée; aussi rien n’est plus salutaire aux sujets fiévreux et inflammables. Il en est encore ainsi, du melon sucré bien mûr, lequel se transforme promptement en bile et pénètre rapidement dans les vaisseaux. Le melon purifie les reins et la vessie, il convient à ceux qui ont l’habitude de déposer des graviers. Ces individus doivent se garder de mander concurremment du bornage, du laitage, du pain non levé, s’ils veulent conserver l’intégrité de leurs reins. S’ils ont un tempérament chaud, ils prendront ensuite un julep. Quant aux sujets inflammables, je leur conseillerai de prendre à la suite du vinaigre. Le melon de forme allongée et acide, comme il ne subit aucune transformation, n’exige à la suite aucune ingestion de vin ou d’électuaire, et la raison en est que ce fruit ne se mange pas par gourmandise. Au contraire, on le donne à litre de remède aux sujets chauds et inflammables, auxquels il est salutaire comme rafraîchissant. Tout acide qu’il est, il est encore détersif, et ce que l’on prendrait après son ingestion nuirait au lieu de profiter.
 
*RAZES, dans son Traité des Correctifs des Aliments. Le melon est un aliment recherché, qui doit; être choisi, car il se transforme promptement en bile, surtout l’espèce douce à un degré avancé de maturité; si l’on mange les parties molles du centre au lieu de celles qui se rapprochent de l’écorce, alors il se transforme facilement en humeurs biliaires. De plus, il pénètre rapidement dans les vaisseaux, ce qui engendre des fièvres tenaces. Yahya ibn Massouîh s’est gravement trompé en cet endroit en conseillant à ceux qui ont mangé du melon de boire du vin, de prendre de l’encens et des électuaires, car c’est là ce qu’on peut faire de pis. En effet, le melon se transforme promptement. en bile et pénètre dans les vaisseaux, au point d’être diurétique, parfois lithontriptique et détersif; il est donc absurde de lui ajouter un surcroit de chaleur et d’acuité, d’accélérer son passage dans les vaisseaux, et c’est là précisément l’effet des électuaires et du vin : la bile qui en résulterait n’en serait que plus active et que plus pénétrante. En conséquence, je dis que, lorsqu’on mange du melon, il faut avoir présente à l’esprit la rapidité de sa transformation et avoir soin que d’autres aliments pénètrent préalablement dans les vaisseaux; ainsi on ingérera aussitôt de l’oxymel pur et acide, on se livrera à une promenade modérée mais prolongée, on ne dormira pas sur le côté droit jusqu’à ce qu’une selle ait eu lieu; si elle tardait, il faudrait aussitôt prendre des mets acides, du verjus et autres mets pareils, sucer des grenades ou autres fruits de ce genre, toutes choses qui s’opposent à la transformation en humeur biliaire. Ce que l’on peut faire de pis, c’est de manger du melon quand on a bien faim, puis de prendre aussitôt quelque autre nourriture d’un genre différent de celle que nous venons de recommander, puis de se livrer au sommeil. Tout cela provoque infailliblement et rapidement de la fièvre, à moins qu’il ne s’agisse d’un homme complètement froid. Ce que dit Yahya ibn Massouîh ne peut s’appliquer à aucune espèce de melon, si ce n’est à l’espèce acide et au concombre : mieux vaut encore considérer ce passage comme, dépourvu de réflexion et de discernement. 11 en est ainsi du melon d’Inde, qui se transforme instantanément en pituite sucrée; aussi rien n’est plus salutaire aux sujets fiévreux et inflammables. Il en est encore ainsi, du melon sucré bien mûr, lequel se transforme promptement en bile et pénètre rapidement dans les vaisseaux. Le melon purifie les reins et la vessie, il convient à ceux qui ont l’habitude de déposer des graviers. Ces individus doivent se garder de mander concurremment du bornage, du laitage, du pain non levé, s’ils veulent conserver l’intégrité de leurs reins. S’ils ont un tempérament chaud, ils prendront ensuite un julep. Quant aux sujets inflammables, je leur conseillerai de prendre à la suite du vinaigre. Le melon de forme allongée et acide, comme il ne subit aucune transformation, n’exige à la suite aucune ingestion de vin ou d’électuaire, et la raison en est que ce fruit ne se mange pas par gourmandise. Au contraire, on le donne à litre de remède aux sujets chauds et inflammables, auxquels il est salutaire comme rafraîchissant. Tout acide qu’il est, il est encore détersif, et ce que l’on prendrait après son ingestion nuirait au lieu de profiter.
 +
 +
____________________
  
 
Nous pensons que le premier article de Galien devrait être rapporté au concombre plutôt qu’au melon. C’est le sicuos de Galien, le siças de Dioscorides. Sous cette dernière rubrique, on lit dans la traduction arabe de Dioscorides : ^lï^.J! l’jjJI yû « c’est le concombre des jardins, » et en marge sous le nom d’Ibn el-Beithàr : t->j^[\ J.£\ (j»yuii &A.JW.J « les Maghrébins l’appellent fakkous. » Nous croyons aussi avec Fraas que Sprengel s’est trompé dans la détermination du siens et du pepôn de Dioscorides, donnant au premier le nom de melon et au second celui de pepon. Pour Fraas, le stcas est le concombre, Cucumis sativus, et le second est le melon, Cucumis melo. Quant au mot bittîkh, on sait qu’il a dans la langue arabe une acception assez large, et que, en Egypte, on donne aussi ce nom à la pastèque, qui a probablement tiré son nom de bittîkh. Toutefois ce nom paraît plus généralement correspondre au melon, et c’est aussi l’opinion de M. de Sacy, qui, dans son Abdullatif, a donné de nom breux et curieux détails sur les difl’érentes espèces de melon et de plantes voisines. Il faut bien reconnaître, avec M. de Candolle, que l’histoire des melons chez les Romains et les Grecs ne repose que sur des passages très-brefs et sujets à conteste. Mais M. de Candolle s’est trompé à propos des Arabes, en alléguant sous l’autorité de Sontheimer, traducteur d’Ibn el-Beïthâr, qu’il en aurait été question sous les noms de kat et de khiar. Ce n’est pas là que Sontheimer donne la synonymie de melon, mais sous la rubrique bittîkh, I, i45. Il est aussi à regretter, ici comme autre part, que M. de Candolle n’ait pas connu le Traité d’Agriculture d’Ibn el-Aouâm, où il est longuement question du melon et de sa culture. La connaissance de cet ouvrage aurait souvent modifié les conclusions de M. de Candolle sur l’origine de bien des plantes. (Voyez sa Géographie botanique, p. go5. Voyez aussi la Traduction d’Ibn el-Aouâm, par M. Clément Mullet, t. Il, p. 3 i5.) On doit regretter encore que l’ouvrage de M. de Sacy ait échappé à M. de Candolle. En résumé l'histoire du melon est encore obscure. Les Grecs sont trop concis pour ne pas donner prise à la controverse. MM. Bussemaker et Daremberg (Oribase, I, 46) ont vu la pastèque dans le pepôn de Galien. Je repousse cette synonymie et j’admettrais plutôt le iioUrvn, réservant le mtlopepêa pour le ineloii. On verra que les Arabes n’ont pas reconnu la pastèque chez les Grecs et lui font un article à part. Les Arabes me paraissent d’assez bons juges dans la matière, le melon étant originaire des contrées ou ils ont dominé, bien que nous ayons remarqué chez eux de la confusion, l’Agriculture nabathéenne consacre un long article au melon. En voici un passage : « Viennent ensuite deux autres espèces : l’une à écorce rude et verte et d’aspect repoussant, mais doux et arrondi, l’autre jaune à l’intérieur et moins doux. »
 
Nous pensons que le premier article de Galien devrait être rapporté au concombre plutôt qu’au melon. C’est le sicuos de Galien, le siças de Dioscorides. Sous cette dernière rubrique, on lit dans la traduction arabe de Dioscorides : ^lï^.J! l’jjJI yû « c’est le concombre des jardins, » et en marge sous le nom d’Ibn el-Beithàr : t->j^[\ J.£\ (j»yuii &A.JW.J « les Maghrébins l’appellent fakkous. » Nous croyons aussi avec Fraas que Sprengel s’est trompé dans la détermination du siens et du pepôn de Dioscorides, donnant au premier le nom de melon et au second celui de pepon. Pour Fraas, le stcas est le concombre, Cucumis sativus, et le second est le melon, Cucumis melo. Quant au mot bittîkh, on sait qu’il a dans la langue arabe une acception assez large, et que, en Egypte, on donne aussi ce nom à la pastèque, qui a probablement tiré son nom de bittîkh. Toutefois ce nom paraît plus généralement correspondre au melon, et c’est aussi l’opinion de M. de Sacy, qui, dans son Abdullatif, a donné de nom breux et curieux détails sur les difl’érentes espèces de melon et de plantes voisines. Il faut bien reconnaître, avec M. de Candolle, que l’histoire des melons chez les Romains et les Grecs ne repose que sur des passages très-brefs et sujets à conteste. Mais M. de Candolle s’est trompé à propos des Arabes, en alléguant sous l’autorité de Sontheimer, traducteur d’Ibn el-Beïthâr, qu’il en aurait été question sous les noms de kat et de khiar. Ce n’est pas là que Sontheimer donne la synonymie de melon, mais sous la rubrique bittîkh, I, i45. Il est aussi à regretter, ici comme autre part, que M. de Candolle n’ait pas connu le Traité d’Agriculture d’Ibn el-Aouâm, où il est longuement question du melon et de sa culture. La connaissance de cet ouvrage aurait souvent modifié les conclusions de M. de Candolle sur l’origine de bien des plantes. (Voyez sa Géographie botanique, p. go5. Voyez aussi la Traduction d’Ibn el-Aouâm, par M. Clément Mullet, t. Il, p. 3 i5.) On doit regretter encore que l’ouvrage de M. de Sacy ait échappé à M. de Candolle. En résumé l'histoire du melon est encore obscure. Les Grecs sont trop concis pour ne pas donner prise à la controverse. MM. Bussemaker et Daremberg (Oribase, I, 46) ont vu la pastèque dans le pepôn de Galien. Je repousse cette synonymie et j’admettrais plutôt le iioUrvn, réservant le mtlopepêa pour le ineloii. On verra que les Arabes n’ont pas reconnu la pastèque chez les Grecs et lui font un article à part. Les Arabes me paraissent d’assez bons juges dans la matière, le melon étant originaire des contrées ou ils ont dominé, bien que nous ayons remarqué chez eux de la confusion, l’Agriculture nabathéenne consacre un long article au melon. En voici un passage : « Viennent ensuite deux autres espèces : l’une à écorce rude et verte et d’aspect repoussant, mais doux et arrondi, l’autre jaune à l’intérieur et moins doux. »
 +
 +
____________________
 +
 +
*Voir aussi [[Faqqous (Ibn al-Baytar)]] (n° 1690).
 +
*Voir aussi [[Khyâr (Ibn al-Baytar)]] (n° 835).
 +
*Voir aussi [[Qittsâ (Ibn al-Baytar)]] (n° 1739).
  
  
 
[[Category:Ibn al-Baytar|Bittikh]]
 
[[Category:Ibn al-Baytar|Bittikh]]

Version actuelle en date du 28 juillet 2019 à 09:45

Botam
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Bittîkh hindy


303 - Bittîkh – Melon -


Nom accepté : [[]]

[1-235]

  • GALIEN, livre VIII. Le kittsa, bon à manger, -gv^-Ul ttXJi, autrement dit le bittikh «-k^Jl ^*L, contient des éléments subtils et, avant la maturité, des éléments grossiers. Tons deux sont incisifs et détersifs; c’est pourquoi ils sont diurétiques et détersifs de la surface du corps, surtout si l’on emploie la graine, qu’on la dessèche, qu’on la triture, qu’on la tamise et qu’on l’emploie comme on le fait des substances avec lesquelles on nettoie le corps. Ce qui domine dans ces substances, c’est l’humidité, non pas qu’elle y soit extrême, mais telle que leur place est au deuxième degré du froid et de l’humide. Si l’on fait dessécher le fruit ou la racine, ils cessent d’être humides et passent au premier degré de sécheresse, ou même au commencement du second. Les graines et la racine sont plus détersives que la pulpe du fruit.
  • DIOSCORIDES, II, 1 63. Le melon, mangé mûr, est diurétique. Employé sous forme de cataplasme, il calme l’inflammation des yeux. L’écorce est appliquée avec succès sur la tète des enfants dont le cerveau est pris d’inflammation. On l’applique aussi sur le front contre l’afflux des humeurs à l’œil. Si l’on fait du melon tout entier avec ses graines une masse avec de la farine de froment, qu’on la fasse sécher au soleil et que l’on en frictionne la face, on en fait disparaître la lividité. La racine de melon, desséchée e1 administrée à la dose de deux drachmes avec de l’hydromel, provoque le vomissement. Pour vomir sans effort après le repas, il suffit d’une dose de deux oboles de la graine. Appliquée avec du miel, elle guérit les ulcères faveux.
  • GALIEN, Livre des Aliments. Le melon (Gal. Tsèituv) est froid et très humide. Il est un peu détersif. C’est pour cela qu’il est diurétique et qu’il passe plus rapidement que les citrouilles (eJilt, Colocyntha edôdimos) et que les mélopépons (le texte arabe donne 0^U-o pour ^aajJ,^). On peut s’assurer de ses propriétés détersives à ce que, en frictions sur le corps, il le débarrasse de ses impuretés et le rend propre. En vertu de cette propriété, il fait disparaître en frictions les taches légères et le lentigo superficiel de la face. La graine est plus détersive que la pulpe du fruit, à ce point qu’elle convient aux reins affectés de graviers. Les sucs alimentaires qu’il fournit au corps sont de mauvaise nature, surtout quand il n’est pas parfaitement mûr. Il peut même alors engendrer des affections cholériques, et, avant qu’il soit tout à fait altéré, il peut provoquer le vomissement. Quand on en mange par trop et qu’ensuite on n’ingère pas quelque aliment de bonne nature, il devient alors infailliblement vomitif. — Quant au mélopépon y^ta (et c’est le bittikh jaune d’été), il est moins humide que le melon, moins diurétique, et les sucs qu’il fournit sont de moins mauvaise nature et passent plus lentement dans le canal alimentaire. De plus, il ne provoque pas les vomissements comme l’autre, il ne se corrompt pas non plus aussi facilement dans l’estomac alors qu’il y rencontre des humeurs de mauvaise nature ou bien qu’il a lui-même subi quelque influence altérante. Quoiqu’il soit beaucoup moins salutaire à l’estomac que les fruits d’automne (il faut lire »+ij^=- au lieu de â^=-), il n’a cependant pas sur l’estomac l’action malfaisante du melon, il ne provoque pas, ainsi que le melon, des vomissements. — On n’a pas l’habitude de manger le cœur du melon, c’est-à-dire cette pulpe qui renferme les graines, ce que l’on fait pour le mélopépon W^.U, attendu que celui-ci, si l’on mange sa pulpe sans les graines, est d’une issue plus difficile que la pulpe du melon.
  • IBN MASSA. Quant au melon de Merou, connu sous le nom de mdmouny ^j^UI, qui est très doux et de couleur rouge, il provoque des pustules à la bouche, si grande est sa douceur. Si je dis qu’il est chaud, ce n’est que la vérité.
  • AVICENNE. S’il s’altère dans l’estomac, il se transforme en humeur toxique : dès qu’il pèse sur l’estomac, il faut promptement s’en débarrasser. Il se transforme en toute humeur qu’il rencontre dans l’estomac. Il se transforme surtout en pituite. Il en est qui se tourne en bile, mais pas en atrabile. Quant au mèlioan, il s’altère lentement.
  • Livre des Expériences. La graine de melon, triturée, macérée dans l’eau et administrée à l’intérieur, est salutaire contre la toux fébrile, contre les douleurs de poitrine causées par une inflammation; elle facilite l’expectoration, adoucit les aspérités de la bouche, de la gorge et du larynx. Triturée et administrée dans de l’eau, elle calme la soif, est utile dans les fièvres aiguës, inflammatoires et biliaires, et contre les inflammation:; et les obstructions du foie. Elle est diurétique et détersive des uretères et de la vessie. On l’emploie contre les ardeurs de cet organe. Elle est associée aux médicaments composés employés contre les inflammations, avec le mastic, le nard indien et autres pareils. Elle tempère leur énergie et aide à la résolution de l’inflammation. Elle est un peu laxative. Elle est associée aux médicaments administrés contre les calculs pour atténuer leurs aspérités, l’es faire aboutir et calmer les douleurs cuisantes provoquées par les aspérités de ces pierres. (La bonne leçon est donnée par mes deux mss.
  • EL-ISRAÏLY. L’écorce de melon est émolliente. Elle convient pour déterger les vaisseaux. Employée comme succédané de la soude, elle détruit la fétidité de l’haleine et fait disparaître l’odeur du vin. Si l’on prend l’écorce fraîche et que l’on s’en frictionne au bain, elle déterge la peau et sert contre la gale. Introduite dans les préparations culinaires acides et exposée au refroidissement, elle fait passer promptement le bouillon à l’état de gelée.
  • Autre. L’odeur de la pulpe du melon rafraîchit le cerveau. Cette pulpe, cuite avec de la chair de bœuf, fait passer rapidement les aliments dans l’estomac.
  • AUTRE. Si l’on fait sécher l’écorce du melon, puis qu’on la mette dans la marmite avec des viandes réfractaires, elle les fait cuire et se dissoudre rapidement.
  • RAZES, dans son Traité des Correctifs des Aliments. Le melon est un aliment recherché, qui doit; être choisi, car il se transforme promptement en bile, surtout l’espèce douce à un degré avancé de maturité; si l’on mange les parties molles du centre au lieu de celles qui se rapprochent de l’écorce, alors il se transforme facilement en humeurs biliaires. De plus, il pénètre rapidement dans les vaisseaux, ce qui engendre des fièvres tenaces. Yahya ibn Massouîh s’est gravement trompé en cet endroit en conseillant à ceux qui ont mangé du melon de boire du vin, de prendre de l’encens et des électuaires, car c’est là ce qu’on peut faire de pis. En effet, le melon se transforme promptement. en bile et pénètre dans les vaisseaux, au point d’être diurétique, parfois lithontriptique et détersif; il est donc absurde de lui ajouter un surcroit de chaleur et d’acuité, d’accélérer son passage dans les vaisseaux, et c’est là précisément l’effet des électuaires et du vin : la bile qui en résulterait n’en serait que plus active et que plus pénétrante. En conséquence, je dis que, lorsqu’on mange du melon, il faut avoir présente à l’esprit la rapidité de sa transformation et avoir soin que d’autres aliments pénètrent préalablement dans les vaisseaux; ainsi on ingérera aussitôt de l’oxymel pur et acide, on se livrera à une promenade modérée mais prolongée, on ne dormira pas sur le côté droit jusqu’à ce qu’une selle ait eu lieu; si elle tardait, il faudrait aussitôt prendre des mets acides, du verjus et autres mets pareils, sucer des grenades ou autres fruits de ce genre, toutes choses qui s’opposent à la transformation en humeur biliaire. Ce que l’on peut faire de pis, c’est de manger du melon quand on a bien faim, puis de prendre aussitôt quelque autre nourriture d’un genre différent de celle que nous venons de recommander, puis de se livrer au sommeil. Tout cela provoque infailliblement et rapidement de la fièvre, à moins qu’il ne s’agisse d’un homme complètement froid. Ce que dit Yahya ibn Massouîh ne peut s’appliquer à aucune espèce de melon, si ce n’est à l’espèce acide et au concombre : mieux vaut encore considérer ce passage comme, dépourvu de réflexion et de discernement. 11 en est ainsi du melon d’Inde, qui se transforme instantanément en pituite sucrée; aussi rien n’est plus salutaire aux sujets fiévreux et inflammables. Il en est encore ainsi, du melon sucré bien mûr, lequel se transforme promptement en bile et pénètre rapidement dans les vaisseaux. Le melon purifie les reins et la vessie, il convient à ceux qui ont l’habitude de déposer des graviers. Ces individus doivent se garder de mander concurremment du bornage, du laitage, du pain non levé, s’ils veulent conserver l’intégrité de leurs reins. S’ils ont un tempérament chaud, ils prendront ensuite un julep. Quant aux sujets inflammables, je leur conseillerai de prendre à la suite du vinaigre. Le melon de forme allongée et acide, comme il ne subit aucune transformation, n’exige à la suite aucune ingestion de vin ou d’électuaire, et la raison en est que ce fruit ne se mange pas par gourmandise. Au contraire, on le donne à litre de remède aux sujets chauds et inflammables, auxquels il est salutaire comme rafraîchissant. Tout acide qu’il est, il est encore détersif, et ce que l’on prendrait après son ingestion nuirait au lieu de profiter.

____________________

Nous pensons que le premier article de Galien devrait être rapporté au concombre plutôt qu’au melon. C’est le sicuos de Galien, le siças de Dioscorides. Sous cette dernière rubrique, on lit dans la traduction arabe de Dioscorides : ^lï^.J! l’jjJI yû « c’est le concombre des jardins, » et en marge sous le nom d’Ibn el-Beithàr : t->j^[\ J.£\ (j»yuii &A.JW.J « les Maghrébins l’appellent fakkous. » Nous croyons aussi avec Fraas que Sprengel s’est trompé dans la détermination du siens et du pepôn de Dioscorides, donnant au premier le nom de melon et au second celui de pepon. Pour Fraas, le stcas est le concombre, Cucumis sativus, et le second est le melon, Cucumis melo. Quant au mot bittîkh, on sait qu’il a dans la langue arabe une acception assez large, et que, en Egypte, on donne aussi ce nom à la pastèque, qui a probablement tiré son nom de bittîkh. Toutefois ce nom paraît plus généralement correspondre au melon, et c’est aussi l’opinion de M. de Sacy, qui, dans son Abdullatif, a donné de nom breux et curieux détails sur les difl’érentes espèces de melon et de plantes voisines. Il faut bien reconnaître, avec M. de Candolle, que l’histoire des melons chez les Romains et les Grecs ne repose que sur des passages très-brefs et sujets à conteste. Mais M. de Candolle s’est trompé à propos des Arabes, en alléguant sous l’autorité de Sontheimer, traducteur d’Ibn el-Beïthâr, qu’il en aurait été question sous les noms de kat et de khiar. Ce n’est pas là que Sontheimer donne la synonymie de melon, mais sous la rubrique bittîkh, I, i45. Il est aussi à regretter, ici comme autre part, que M. de Candolle n’ait pas connu le Traité d’Agriculture d’Ibn el-Aouâm, où il est longuement question du melon et de sa culture. La connaissance de cet ouvrage aurait souvent modifié les conclusions de M. de Candolle sur l’origine de bien des plantes. (Voyez sa Géographie botanique, p. go5. Voyez aussi la Traduction d’Ibn el-Aouâm, par M. Clément Mullet, t. Il, p. 3 i5.) On doit regretter encore que l’ouvrage de M. de Sacy ait échappé à M. de Candolle. En résumé l'histoire du melon est encore obscure. Les Grecs sont trop concis pour ne pas donner prise à la controverse. MM. Bussemaker et Daremberg (Oribase, I, 46) ont vu la pastèque dans le pepôn de Galien. Je repousse cette synonymie et j’admettrais plutôt le iioUrvn, réservant le mtlopepêa pour le ineloii. On verra que les Arabes n’ont pas reconnu la pastèque chez les Grecs et lui font un article à part. Les Arabes me paraissent d’assez bons juges dans la matière, le melon étant originaire des contrées ou ils ont dominé, bien que nous ayons remarqué chez eux de la confusion, l’Agriculture nabathéenne consacre un long article au melon. En voici un passage : « Viennent ensuite deux autres espèces : l’une à écorce rude et verte et d’aspect repoussant, mais doux et arrondi, l’autre jaune à l’intérieur et moins doux. »

____________________