Lin (Candolle, 1882) : Différence entre versions
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[y compris subsp. ''bienne'' (Miller) Thell. (syn. : ''L. bienne'' Miller ; ''L. angustifolium'' Huds.)]. | [y compris subsp. ''bienne'' (Miller) Thell. (syn. : ''L. bienne'' Miller ; ''L. angustifolium'' Huds.)]. | ||
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+ | |titre=[[Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées. 1882 et 1886.|Alphonse de Candolle, ''Origine des plantes cultivées'', 1882]] | ||
+ | |titrepageprécédente=Thé (Candolle, 1882) | ||
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+ | |titrepagesuivante=Jute (Candolle, 1882) | ||
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'''Lin'''. — ''Linum usitatissimum'', Linné. | '''Lin'''. — ''Linum usitatissimum'', Linné. | ||
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Pour comprendre les difficultés qu'elle présente, il faut d'abord se rendre compte des formes, très voisines, que les au- | Pour comprendre les difficultés qu'elle présente, il faut d'abord se rendre compte des formes, très voisines, que les au- | ||
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teurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d'une seule espèce. | teurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d'une seule espèce. | ||
Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848 <sup>1</sup>. Il a montré clairement les différences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium, qu'on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer <sup>2</sup>, à l'occasion de recherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les caractères indiqués, et en ajoutant l'étude de deux formes intermédiaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l'idée d'admettre une seule espèce composée de plusieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l'usage dans les livres de botanique. | Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848 <sup>1</sup>. Il a montré clairement les différences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium, qu'on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer <sup>2</sup>, à l'occasion de recherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les caractères indiqués, et en ajoutant l'étude de deux formes intermédiaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l'idée d'admettre une seule espèce composée de plusieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l'usage dans les livres de botanique. | ||
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<center>''Linum usitatissimum''.</center> | <center>''Linum usitatissimum''.</center> | ||
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On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez vague, en particulier pour 1' ''angustifolium'', car M. Loret, qui a observé ce Lin aux environs de Montpellier, s'exprime ainsi <sup>3</sup> : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c'est ce qui a lieu en Sicile, d'après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l'on peut s'en assurer en l'observant sur le littoral, notamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétinés il a une durée plus longue que dans les | On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez vague, en particulier pour 1' ''angustifolium'', car M. Loret, qui a observé ce Lin aux environs de Montpellier, s'exprime ainsi <sup>3</sup> : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c'est ce qui a lieu en Sicile, d'après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l'on peut s'en assurer en l'observant sur le littoral, notamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétinés il a une durée plus longue que dans les | ||
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1. Planchon, dans Hooker, ''Journal of botany'', vol. 7, p. 165. | 1. Planchon, dans Hooker, ''Journal of botany'', vol. 7, p. 165. | ||
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3. Loret, ''Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéraines'', dans la ''Revue des sc. nat'' , 1875. | 3. Loret, ''Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéraines'', dans la ''Revue des sc. nat'' , 1875. | ||
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sables, où le soleil dessèche promptement ses racines et où l'aridité du sol ne lui permet de vivre qu'une seule année. » | sables, où le soleil dessèche promptement ses racines et où l'aridité du sol ne lui permet de vivre qu'une seule année. » | ||
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Le ''Lin d'hiver'' est connu seulement comme cultivé, dans quelques provinces d'Italie <sup>4</sup>. | Le ''Lin d'hiver'' est connu seulement comme cultivé, dans quelques provinces d'Italie <sup>4</sup>. | ||
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1. Boissier, ''Flora orient.'', 1, p. 851. C'est le ''L. usitatissimum'' de Kotschy, n° 164. | 1. Boissier, ''Flora orient.'', 1, p. 851. C'est le ''L. usitatissimum'' de Kotschy, n° 164. | ||
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4. Heer, ''Ub. d. Flachs'', p. 17 et 22. | 4. Heer, ''Ub. d. Flachs'', p. 17 et 22. | ||
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Le ''Linum ambiguum'' de Jordan croît sur la côte de Provence et du Languedoc, dans les endroits secs <sup>1</sup>. | Le ''Linum ambiguum'' de Jordan croît sur la côte de Provence et du Languedoc, dans les endroits secs <sup>1</sup>. | ||
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Il était démontré surabondamment que les anciens Egyptiens et les Hébreux se servaient d'étoffes de lin. Hérodote l'affirmait. On voit d'ailleurs la plante figurée dans les dessins de l'ancienne Egypte, et l'examen au microscope des bandelettes qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute <sup>9</sup>. La culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les Celtes, et dans l'Inde, d'après les notions historiques. Enfin des noms vulgaires très différents indiquaient aussi une culture ancienne ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte ''Lin'' et gréco-latin ''Linon'' ou ''Linum'' n'a aucune analogie avec le nom hébreux ''Pischta'' <sup>10</sup> ni avec les noms sanscrits ''Ooma'' (prononcez ''Ouma''), ''Atasi, Utasi'' <sup>11</sup>. Quelques botanistes citaient le Lin comme « à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabilités en disant : « L'étymologie multiple des noms, l'ancienneté de la culture en Egypte, en Europe et dans le nord de l'Inde à la fois, | Il était démontré surabondamment que les anciens Egyptiens et les Hébreux se servaient d'étoffes de lin. Hérodote l'affirmait. On voit d'ailleurs la plante figurée dans les dessins de l'ancienne Egypte, et l'examen au microscope des bandelettes qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute <sup>9</sup>. La culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les Celtes, et dans l'Inde, d'après les notions historiques. Enfin des noms vulgaires très différents indiquaient aussi une culture ancienne ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte ''Lin'' et gréco-latin ''Linon'' ou ''Linum'' n'a aucune analogie avec le nom hébreux ''Pischta'' <sup>10</sup> ni avec les noms sanscrits ''Ooma'' (prononcez ''Ouma''), ''Atasi, Utasi'' <sup>11</sup>. Quelques botanistes citaient le Lin comme « à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabilités en disant : « L'étymologie multiple des noms, l'ancienneté de la culture en Egypte, en Europe et dans le nord de l'Inde à la fois, | ||
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1. Jordan, cité dans Walpers, ''Annal.'', vol. 2, et dans Heer, ''l. c.'', p. 22. | 1. Jordan, cité dans Walpers, ''Annal.'', vol. 2, et dans Heer, ''l. c.'', p. 22. | ||
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11. Piddington, ''Index Ind. plants'' ; Roxburgh, ''FI. ind'' , ed. 1832, 2, p. 110. Le nom ''Matusee'' (prononcez ''Matousi'') indiqué par Piddington, appartient à d'autres plantes, d'après Ad. Pictet, ''Origines indo-europ.'', éd. 2, vol. 1, p. 396. | 11. Piddington, ''Index Ind. plants'' ; Roxburgh, ''FI. ind'' , ed. 1832, 2, p. 110. Le nom ''Matusee'' (prononcez ''Matousi'') indiqué par Piddington, appartient à d'autres plantes, d'après Ad. Pictet, ''Origines indo-europ.'', éd. 2, vol. 1, p. 396. | ||
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la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seulement pour faire de l'huile, me font croire que deux ou trois espèces d'origine différente, confondues sous le nom de Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis dans divers pays, sans imitation ou communication de l'un à l'autre..... Je doute, en particulier, que l'espèce cultivée par les anciens Egyptiens fut l'espèce indigène en Russie et en Sibérie. » | la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seulement pour faire de l'huile, me font croire que deux ou trois espèces d'origine différente, confondues sous le nom de Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis dans divers pays, sans imitation ou communication de l'un à l'autre..... Je doute, en particulier, que l'espèce cultivée par les anciens Egyptiens fut l'espèce indigène en Russie et en Sibérie. » | ||
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Depuis les observations ingénieuses du savant de Zurich, on a découvert un Lin employé par les habitants des tourbières préhistoriques de Lagozza, en Lombardie ; et M. Sordelli a constaté, que c'était celui de Robenhausen , le ''L. angus-'' | Depuis les observations ingénieuses du savant de Zurich, on a découvert un Lin employé par les habitants des tourbières préhistoriques de Lagozza, en Lombardie ; et M. Sordelli a constaté, que c'était celui de Robenhausen , le ''L. angus-'' | ||
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1. Heer, ''Die Pflanzen der Pfahlbauten'', br. in-4°, Zürich, 1865, p. 35 ; ''Ueber den Flachs und die Flachscultur in Altherthum'', br. in-4°, Zürich, 1872. | 1. Heer, ''Die Pflanzen der Pfahlbauten'', br. in-4°, Zürich, 1865, p. 35 ; ''Ueber den Flachs und die Flachscultur in Altherthum'', br. in-4°, Zürich, 1872. | ||
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4. ''Mittheil. anthropol. Gesellschaft''. Wien. vol. 6, p. 122, 161 ; ''Abhandl. Wien. Akad.'', 84, p. 488. | 4. ''Mittheil. anthropol. Gesellschaft''. Wien. vol. 6, p. 122, 161 ; ''Abhandl. Wien. Akad.'', 84, p. 488. | ||
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''tifolium'' <sup>1</sup>. Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les lacustres de l'âge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation, déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant que les métaux, même le bronze, y fussent d'un usage habituel, et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus <sup>2</sup>. Ce serait avant l'arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après <sup>3</sup>. | ''tifolium'' <sup>1</sup>. Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les lacustres de l'âge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation, déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant que les métaux, même le bronze, y fussent d'un usage habituel, et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus <sup>2</sup>. Ce serait avant l'arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après <sup>3</sup>. | ||
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Le nom ''Lin, Llin, Linu, Linon, Linum, Lein, Lan'', existe dans toutes les langues européennes, d'origine aryenne, du centre et du midi de l'Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines. Ce n'est pas un nom commun avec les langues aryennes de l'Inde ; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet <sup>4</sup>, la culture du Lin doit avoir commencé par les Aryens occidentaux et avant leur arrivée en Europe. J'ai fait cependant une réflexion qui m'a conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et d'Italie avant l'arrivée des peuples aryens, il l'était probablement par les Ibères, qui occupaient alors l'Espagne et la Gaule, et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques, qu'on suppose descendre des Ibères. Or, d'après plusieurs dictionnaires de leur langue <sup>5</sup>, ''Liho, Lino'' ou ''Li'', suivant les dialectes, signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans toute l'Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir reçu le Lin des peuples d'origine aryenne, ou peut-être ils ont perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des Celtes et des Romains. Le nom ''Flachs'' ou ''Flax'', des langues germaniques, vient de l'ancien allemand ''Flahs'' <sup>6</sup>. Il y a aussi, dans le nord-ouest de l'Europe, des noms particuliers pour le lin : ''Pellawa, Aiwina'' en finlandais <sup>7</sup> ; ''Hor, Hör, Härr'' en danois <sup>8</sup> ; | Le nom ''Lin, Llin, Linu, Linon, Linum, Lein, Lan'', existe dans toutes les langues européennes, d'origine aryenne, du centre et du midi de l'Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines. Ce n'est pas un nom commun avec les langues aryennes de l'Inde ; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet <sup>4</sup>, la culture du Lin doit avoir commencé par les Aryens occidentaux et avant leur arrivée en Europe. J'ai fait cependant une réflexion qui m'a conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et d'Italie avant l'arrivée des peuples aryens, il l'était probablement par les Ibères, qui occupaient alors l'Espagne et la Gaule, et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques, qu'on suppose descendre des Ibères. Or, d'après plusieurs dictionnaires de leur langue <sup>5</sup>, ''Liho, Lino'' ou ''Li'', suivant les dialectes, signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans toute l'Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir reçu le Lin des peuples d'origine aryenne, ou peut-être ils ont perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des Celtes et des Romains. Le nom ''Flachs'' ou ''Flax'', des langues germaniques, vient de l'ancien allemand ''Flahs'' <sup>6</sup>. Il y a aussi, dans le nord-ouest de l'Europe, des noms particuliers pour le lin : ''Pellawa, Aiwina'' en finlandais <sup>7</sup> ; ''Hor, Hör, Härr'' en danois <sup>8</sup> ; | ||
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1 Sordelli, ''Sulle piante della torbiera e della stazione preistorica della Lagozza'', p. 37 et 51, imprimé à la suite de Castelfranco, ''Notizie all. stazione lacustre della Lagozza'', in-8°, ''Atti della Soc. ital. sc. nat.'', 1880. | 1 Sordelli, ''Sulle piante della torbiera e della stazione preistorica della Lagozza'', p. 37 et 51, imprimé à la suite de Castelfranco, ''Notizie all. stazione lacustre della Lagozza'', in-8°, ''Atti della Soc. ital. sc. nat.'', 1880. | ||
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8. Nemnich, ''ibid.'' | 8. Nemnich, ''ibid.'' | ||
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''Hör'' et ''Tone'' en vieux goth <sup>1</sup>. ''Haar'' existe aussi dans l'allemand de Salzburg <sup>2</sup>. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens ordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de ''Li'' peut être rattaché à une même racine que ''ligare'', lier, et comme ''Hör'', au pluriel ''Hörvar'', est rattaché par les érudits <sup>3</sup> à ''Harva'', radical allemand pour ''Flachs'', mais le fait n'en existe pas moins que dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d'autres expressions que dans tout le midi de l'Europe. Cette diversité indique l'ancienneté de la culture et concorde avec le fait que les lacustres de Suisse et d'Italie cultivaient un Lin avant les premières invasions des Aryens. Il est possible, je dirai même probable, que ceux-ci ont apporté le nom ''Li'', plutôt que la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n'est spontané dans le nord de l'Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois, d'origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le Lin ''annuel'', car le Lin vivace ne supporterait pas les rigueurs des pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire annuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et en Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les Finnois ; après quoi les Aryens auraient répandu les noms les plus habituels chez eux, celui de ''Lin'' dans le midi et de ''flahs'' dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté d'Asie le Lin annuel, qu'on aurait vite substitué au Lin vivace, moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a remplacé, en Italie, celle du ''Linum angustifolium'' vivace, mais ce doit être avant l'ère chrétienne, car les auteurs parlent d'une culture bien établie, et Pline dit qu'on semait le Lin au printemps et qu'on l'arrachait en été <sup>4</sup>. On ne manquait pas alors d'instruments de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s'il avait été vivace. D'ailleurs celui-ci semé au printemps n'aurait pas été mûr avant l'automne. | ''Hör'' et ''Tone'' en vieux goth <sup>1</sup>. ''Haar'' existe aussi dans l'allemand de Salzburg <sup>2</sup>. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens ordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de ''Li'' peut être rattaché à une même racine que ''ligare'', lier, et comme ''Hör'', au pluriel ''Hörvar'', est rattaché par les érudits <sup>3</sup> à ''Harva'', radical allemand pour ''Flachs'', mais le fait n'en existe pas moins que dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d'autres expressions que dans tout le midi de l'Europe. Cette diversité indique l'ancienneté de la culture et concorde avec le fait que les lacustres de Suisse et d'Italie cultivaient un Lin avant les premières invasions des Aryens. Il est possible, je dirai même probable, que ceux-ci ont apporté le nom ''Li'', plutôt que la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n'est spontané dans le nord de l'Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois, d'origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le Lin ''annuel'', car le Lin vivace ne supporterait pas les rigueurs des pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire annuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et en Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les Finnois ; après quoi les Aryens auraient répandu les noms les plus habituels chez eux, celui de ''Lin'' dans le midi et de ''flahs'' dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté d'Asie le Lin annuel, qu'on aurait vite substitué au Lin vivace, moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a remplacé, en Italie, celle du ''Linum angustifolium'' vivace, mais ce doit être avant l'ère chrétienne, car les auteurs parlent d'une culture bien établie, et Pline dit qu'on semait le Lin au printemps et qu'on l'arrachait en été <sup>4</sup>. On ne manquait pas alors d'instruments de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s'il avait été vivace. D'ailleurs celui-ci semé au printemps n'aurait pas été mûr avant l'automne. | ||
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Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiens devait être annuel. On n'a pas trouvé jusqu'à présent dans les catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de nature à donner des preuves directes et incontestables. Seulement Unger <sup>5</sup> a pu examiner une capsule tirée des briques d'un monument que Lepsius attribue au xiiie ou xive siècle avant J.-C., et il l'a trouvée plus semblable à celles du ''L. usitatissimum'' que du | Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiens devait être annuel. On n'a pas trouvé jusqu'à présent dans les catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de nature à donner des preuves directes et incontestables. Seulement Unger <sup>5</sup> a pu examiner une capsule tirée des briques d'un monument que Lepsius attribue au xiiie ou xive siècle avant J.-C., et il l'a trouvée plus semblable à celles du ''L. usitatissimum'' que du | ||
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1. Nemnich, ''ibid.'' | 1. Nemnich, ''ibid.'' | ||
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5. Unger, ''Botanische Streifzüge'', 1866, n° 7, p. 15. | 5. Unger, ''Botanische Streifzüge'', 1866, n° 7, p. 15. | ||
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L. ''angustifolium''. Sur trois graines que Braun <sup>1</sup> a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d'autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au ''L. angustifolium'' et les deux autres au ''L. humile'', mais il faut convenir qu'une seule graine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffisante. Les peintures de l'ancienne Egypte montrent qu'on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l'arrachait <sup>2</sup>. En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sécheresse de l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au printemps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée ''humile'', est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu cultivé en Egypte <sup>3</sup>. | L. ''angustifolium''. Sur trois graines que Braun <sup>1</sup> a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d'autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au ''L. angustifolium'' et les deux autres au ''L. humile'', mais il faut convenir qu'une seule graine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffisante. Les peintures de l'ancienne Egypte montrent qu'on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l'arrachait <sup>2</sup>. En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sécheresse de l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au printemps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée ''humile'', est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu cultivé en Egypte <sup>3</sup>. | ||
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L'extension par les Aryens aurait marché plus au nord que celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide, | L'extension par les Aryens aurait marché plus au nord que celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide, | ||
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1. A. Braun, ''Die Pflanzenreste des Egyptischen Museums in Berlin'', in-8°, 1877, p. 4. | 1. A. Braun, ''Die Pflanzenreste des Egyptischen Museums in Berlin'', in-8°, 1877, p. 4. | ||
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7. Maspero, p. 213 et suivantes. | 7. Maspero, p. 213 et suivantes. | ||
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c'est-à-dire de cette région au pied du Caucase, où l'on a trouvé de nos jours le Lin annuel ordinaire sauvage. Il ne semble pas que les Grecs aient cultivé la plante à cette époque <sup>1</sup>. Les Aryens en avaient peut-être déjà introduit la culture dans la région voisine du Danube. Cependant j'ai noté tout à l'heure que les restes des lacustres de Laybach et Mondsee n'ont indiqué aucun Lin. Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, les Romains tiraient de très beau Lin d'Espagne ; cependant les noms de la plante dans ce pays ne font pas présumer que les Phéniciens en aient été les introducteurs. Il n'existe pas en Europe un nom oriental du Lin, venant ou de l'antiquité ou du moyen âge. Le nom arabe ''Kattan, Kettane'' ou ''Kittane'', d'origine persane <sup>2</sup>, s'est propagé vers l'ouest seulement jusqu'aux Kabiles d'Algérie <sup>3</sup>. | c'est-à-dire de cette région au pied du Caucase, où l'on a trouvé de nos jours le Lin annuel ordinaire sauvage. Il ne semble pas que les Grecs aient cultivé la plante à cette époque <sup>1</sup>. Les Aryens en avaient peut-être déjà introduit la culture dans la région voisine du Danube. Cependant j'ai noté tout à l'heure que les restes des lacustres de Laybach et Mondsee n'ont indiqué aucun Lin. Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, les Romains tiraient de très beau Lin d'Espagne ; cependant les noms de la plante dans ce pays ne font pas présumer que les Phéniciens en aient été les introducteurs. Il n'existe pas en Europe un nom oriental du Lin, venant ou de l'antiquité ou du moyen âge. Le nom arabe ''Kattan, Kettane'' ou ''Kittane'', d'origine persane <sup>2</sup>, s'est propagé vers l'ouest seulement jusqu'aux Kabiles d'Algérie <sup>3</sup>. | ||
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4. Ces deux formes principales ou états du Lin existent dans les cultures et sont probablement spontanées dans leurs localités actuelles depuis au moins 5000 ans. Il n'est pas possible de deviner leur état antérieur. Leurs transitions et variations sont si nombreuses qu'on peut les considérer comme une espèce, pourvue de deux ou trois races ou variétés héréditaires, ayant elles-mêmes des sous-variétés. | 4. Ces deux formes principales ou états du Lin existent dans les cultures et sont probablement spontanées dans leurs localités actuelles depuis au moins 5000 ans. Il n'est pas possible de deviner leur état antérieur. Leurs transitions et variations sont si nombreuses qu'on peut les considérer comme une espèce, pourvue de deux ou trois races ou variétés héréditaires, ayant elles-mêmes des sous-variétés. | ||
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1. Les textes grecs sont cités surtout dans Lenz, ''Botanik der Alten Griechen und Rœmer'', p. 672 ; Hehn, ''Culturpflanzen und Hausthiere'', ed. 3, p. 144. | 1. Les textes grecs sont cités surtout dans Lenz, ''Botanik der Alten Griechen und Rœmer'', p. 672 ; Hehn, ''Culturpflanzen und Hausthiere'', ed. 3, p. 144. | ||
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3. ''Dictionnaire français-berbère'', 1 vol. in-8°, 1844. | 3. ''Dictionnaire français-berbère'', 1 vol. in-8°, 1844. | ||
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+ | [[Catégorie:Candolle]] |
Version actuelle en date du 18 septembre 2013 à 11:39
Nom accepté : Linum usitatissimum L.
[y compris subsp. bienne (Miller) Thell. (syn. : L. bienne Miller ; L. angustifolium Huds.)].
[95]
Lin. — Linum usitatissimum, Linné.
La question de l'origine du Lin, ou plutôt des Lins cultivés, est une de celles qui ont donné lieu aux recherches les plus intéressantes.
Pour comprendre les difficultés qu'elle présente, il faut d'abord se rendre compte des formes, très voisines, que les au-
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teurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d'une seule espèce.
Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848 1. Il a montré clairement les différences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium, qu'on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer 2, à l'occasion de recherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les caractères indiqués, et en ajoutant l'étude de deux formes intermédiaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l'idée d'admettre une seule espèce composée de plusieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l'usage dans les livres de botanique.
1. Annuum (annuel). Racine annuelle ; tige unique, droite ; capsules de 7 à 8 mill. de longueur ; graines de 4 à 6 mill., terminées par un bec. α. Vulgare (ordinaire). Capsules de 7 mill. ne s'ouvrant pas à maturité, et offrant des replis intérieurs glabres. — Chez les Allemands : Schliesslein, Dreschlein. β. Humile (petit). Capsules de 8 mill., s'ouvrant à maturité d'une manière brusque, à replis intérieurs ciliés. — Linum humile Miller. L. crepitans Bœninghausen. Chez les Allemands : Klanglein, Springlein.
2. Hyemale (d'hiver). Racine annuelle ou bisannuelle ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 7 mill., terminées par un bec. — Linum hyemale romanum. En allemand : Winterlein.
3. Ambiguum (ambigu). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses ; feuilles acuminées ; capsules de 7 mill., à replis peu ciliés; graines de 4 mill., terminées par un court bec. — Linum ambiguum, Jordan.
4. Angustifolium (à feuilles étroites). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 6 mill., à replis ciliés ; graines de 3 mill., à peine crochues au sommet. — Linum angustifolium Hudson.
On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez vague, en particulier pour 1' angustifolium, car M. Loret, qui a observé ce Lin aux environs de Montpellier, s'exprime ainsi 3 : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c'est ce qui a lieu en Sicile, d'après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l'on peut s'en assurer en l'observant sur le littoral, notamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétinés il a une durée plus longue que dans les
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1. Planchon, dans Hooker, Journal of botany, vol. 7, p. 165.
2. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, in-4°, Zurich, 1863, p. 35 ; Ueber den Flachs und die Flachskultur, in-4°, Zurich, 1872.
3. Loret, Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéraines, dans la Revue des sc. nat , 1875.
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sables, où le soleil dessèche promptement ses racines et où l'aridité du sol ne lui permet de vivre qu'une seule année. »
Lorsque des formes ou des états physiologiques passent de l'un à l'autre et se distinguent par des caractères variables selon les circonstances extérieures, on est conduit à les considérer comme constituant une seule espèce, quoique ces formes ou états aient un certain degré d'hérédité et remontent peut-être à des temps très anciens. Nous sommes cependant obligés, dans des recherches sur les origines, de les considérer séparément. J'indiquerai d'abord dans quels pays on a trouvé chaque forme à l'état spontané ou quasi spontané. Ensuite je parlerai des cultures, et nous verrons jusqu'à quel point les faits géographiques ou historiques confirment l'opinion de l'unité d'espèce.
Le Lin annuel ordinaire n'a pas encore été trouvé dans un état spontané parfaitement certain. Je possède plusieurs échantillons de l'Inde, et M. Planchon en avait vu d'autres dans les herbiers de Kew, mais les botanistes anglo-indiens n'admettent pas que la plante soit indigène dans leur région. La flore récente de sir Joseph Hooker en parle comme d'une espèce cultivée, principalement pour l'huile qu'on tire des graines, et M. C.-B. Clarke, ancien directeur du jardin de Calcutta, m'écrit que les échantillons récoltés doivent venir des cultures, très fréquentes en hiver, dans le nord de l'Inde. M. Boissier 1 mentionne un L. humile à feuilles étroites, que Kotschy a récolté « près de Schiraz, en Perse, au pied de la montagne Sabst Buchom. » Voilà peut-être une localité bien en dehors des cultures, mais je ne puis donner à cet égard des informations suffisantes. Hohenacker a trouvé le L. usitatissimum « subspontané » dans la province de Talysch, au sud du Caucase, vers la mer Caspienne 2. Steven est plus affirmatif pour la Russie méridionale 3. Selon lui, le L. usitatissimum « se trouve assez souvent sur les collines stériles de la Crimée méridionale, entre Jalta et Nikita, et le professeur Nordmann l'a récolté sur la côte orientale de la mer Noire. » En avançant vers l'ouest dans la Russie méridionale ou la région de la mer Méditerranée, on ne cite plus l'espèce que rarement et comme échappée des cultures ou quasi spontanée. Malgré ces doutes et la rareté des documents, je regarde comme très possible que le lin annuel, sous l'une ou l'autre de ses deux formes, soit spontané dans la région qui s'étend de la Perse méridionale à la Crimée, au moins dans certaines localités.
Le Lin d'hiver est connu seulement comme cultivé, dans quelques provinces d'Italie 4.
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1. Boissier, Flora orient., 1, p. 851. C'est le L. usitatissimum de Kotschy, n° 164.
2. Boissier, ibid. ; Hohenh., Enum. Talysch, p. 168.
3. Steven, Verzeichniss der auf der taurischcn Halbinseln wildwachsenden Pflanzen, Moscou, 1857, p. 91.
4. Heer, Ub. d. Flachs, p. 17 et 22.
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Le Linum ambiguum de Jordan croît sur la côte de Provence et du Languedoc, dans les endroits secs 1.
Enfin le Linum angustifolium, dont le précédent diffère à peine, présente une habitation bien constatée et assez vaste. Il croît spontanément, surtout sur les collines, dans toute l'étendue de la région dont la mer Méditerranée est le centre, savoir dans les îles Canaries et Madère, au Maroc 2, en Algérie 3 et jusque dans la Cyrénaïque 4, au midi de l'Europe jusqu'en Angleterre 5, jusqu'aux Alpes et aux Balkans, et enfin en Asie, du midi du Caucase 6 au Liban et à la Palestine 7. Je ne le vois pas mentionné en Crimée, ni au delà de la mer Caspienne.
Voyons ce qui concerne la culture, destinée le plus souvent à fournir une matière textile, souvent aussi à donner de l'huile ou, chez certains peuples, une matière nutritive au moyen des graines. Je me suis occupé de la question d'origine, en 1855 8. Elle se présentait alors de la manière suivante :
Il était démontré surabondamment que les anciens Egyptiens et les Hébreux se servaient d'étoffes de lin. Hérodote l'affirmait. On voit d'ailleurs la plante figurée dans les dessins de l'ancienne Egypte, et l'examen au microscope des bandelettes qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute 9. La culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les Celtes, et dans l'Inde, d'après les notions historiques. Enfin des noms vulgaires très différents indiquaient aussi une culture ancienne ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte Lin et gréco-latin Linon ou Linum n'a aucune analogie avec le nom hébreux Pischta 10 ni avec les noms sanscrits Ooma (prononcez Ouma), Atasi, Utasi 11. Quelques botanistes citaient le Lin comme « à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabilités en disant : « L'étymologie multiple des noms, l'ancienneté de la culture en Egypte, en Europe et dans le nord de l'Inde à la fois,
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1. Jordan, cité dans Walpers, Annal., vol. 2, et dans Heer, l. c., p. 22.
2. Ball, Spicilegium fl. marocc., p. 380.
3. Munby, Catal., ed. 2, p. 7.
4. Rohlf, d'après Cosson, Bull. Soc. bot. de Fr., 1875, p. 46.
5. Planchon. l. c. ; Bentham, Handbook of brit. fl. ed. 4, p. 89.
6. Planchon, l. c.
7. Boissier, Fl. or., 1, p. 861.
8. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 833.
9. Thomson, Annals of philos., juin 1834 : Dutrochet, Larrey et Costaz, Comptes rendus de l'Acad. des sc., Paris, 1837, sem. 1, p. 739 ; Unger, Bot. Streifzüge, 4, p. 62.
10. On a traduit d'autres mots hébreux par lin, mais celui-ci est le plus certain. Voir Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 58.
11. Piddington, Index Ind. plants ; Roxburgh, FI. ind , ed. 1832, 2, p. 110. Le nom Matusee (prononcez Matousi) indiqué par Piddington, appartient à d'autres plantes, d'après Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396.
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la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seulement pour faire de l'huile, me font croire que deux ou trois espèces d'origine différente, confondues sous le nom de Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis dans divers pays, sans imitation ou communication de l'un à l'autre..... Je doute, en particulier, que l'espèce cultivée par les anciens Egyptiens fut l'espèce indigène en Russie et en Sibérie. »
Une découverte très curieuse de M. Oswald Heer, est venue, dix ans après, confirmer mes prévisions. Les habitants des palafittes de la Suisse orientale, à une époque où ils n'avaient que des instruments de pierre et ne connaissaient pas le chanvre, cultivaient déjà et tissaient un lin qui n'est pas notre lin ordinaire annuel, mais le lin vivace appelé Linum angustifolium spontané au midi des Alpes. Cela résulte de l'examen des capsules, des graines et surtout de la partie inférieure d'une plante extraite soigneusement du limon de Robenhausen 1. La figure publiée par M. Heer montre clairement une racine surmontée de deux à quatre tiges, à la manière des plantes vivaces. Les tiges avaient été coupées, tandis qu'on arrache notre Lin ordinaire, ce qui prouve encore la qualité persistante de la plante. Avec les restes du Lin de Robenhausen se trouvaient des graines du Silene cretica, espèce également étrangère à la Suisse, qui abonde en Italie dans les champs de Lin 2. M. Heer en a tiré la conclusion que les lacustres suisses faisaient venir des graines de Lin d'Italie. Il semble en effet que ce devait être nécessaire, à moins de supposer jadis un autre climat en Suisse que celui de notre époque, car le Lin vivace ne supporterait pas habituellement aujourd'hui les hivers de la Suisse orientale 3. L'opinion de M. Heer est appuyée par le fait, assez inattendu, que le Lin n'a pas été trouvé dans les restes lacustres de Laybach et Mondsee, des Etats autrichiens, qui renferment du bronze 4. L'époque tardive de l'arrivée du Lin dans cette région empêche de supposer que les habitants de la Suisse l'aient reçu de l'Europe orientale, dont ils étaient séparés d'ailleurs par d'immenses forêts.
Depuis les observations ingénieuses du savant de Zurich, on a découvert un Lin employé par les habitants des tourbières préhistoriques de Lagozza, en Lombardie ; et M. Sordelli a constaté, que c'était celui de Robenhausen , le L. angus-
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1. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, br. in-4°, Zürich, 1865, p. 35 ; Ueber den Flachs und die Flachscultur in Altherthum, br. in-4°, Zürich, 1872.
2. Bertoloni, Flora ital., 4, p. 612.
3. Nous avons vu qu'il avance vers le nord-ouest de l'Europe, mais il manque au nord des Alpes. Peut-être l'ancien climat de la Suisse était-il plus égal qu'à présent, avec plus de neiges pour abriter les plantes vivaces.
4. Mittheil. anthropol. Gesellschaft. Wien. vol. 6, p. 122, 161 ; Abhandl. Wien. Akad., 84, p. 488.
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tifolium 1. Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les lacustres de l'âge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation, déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant que les métaux, même le bronze, y fussent d'un usage habituel, et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus 2. Ce serait avant l'arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après 3.
Les noms vulgaires du Lin dans les anciennes langues d'Europe peuvent jeter quelque jour sur cette question.
Le nom Lin, Llin, Linu, Linon, Linum, Lein, Lan, existe dans toutes les langues européennes, d'origine aryenne, du centre et du midi de l'Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines. Ce n'est pas un nom commun avec les langues aryennes de l'Inde ; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet 4, la culture du Lin doit avoir commencé par les Aryens occidentaux et avant leur arrivée en Europe. J'ai fait cependant une réflexion qui m'a conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et d'Italie avant l'arrivée des peuples aryens, il l'était probablement par les Ibères, qui occupaient alors l'Espagne et la Gaule, et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques, qu'on suppose descendre des Ibères. Or, d'après plusieurs dictionnaires de leur langue 5, Liho, Lino ou Li, suivant les dialectes, signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans toute l'Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir reçu le Lin des peuples d'origine aryenne, ou peut-être ils ont perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des Celtes et des Romains. Le nom Flachs ou Flax, des langues germaniques, vient de l'ancien allemand Flahs 6. Il y a aussi, dans le nord-ouest de l'Europe, des noms particuliers pour le lin : Pellawa, Aiwina en finlandais 7 ; Hor, Hör, Härr en danois 8 ;
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1 Sordelli, Sulle piante della torbiera e della stazione preistorica della Lagozza, p. 37 et 51, imprimé à la suite de Castelfranco, Notizie all. stazione lacustre della Lagozza, in-8°, Atti della Soc. ital. sc. nat., 1880.
2. La poule a été introduite d'Asie en Grèce dans le vie siècle avant J.-C, d'après Heer, Ueb. d. Flachs, p. 25.
3. Ces découvertes dans les tourbières de Lagozza et autres lieux, en Italie, montrent à quel point M. V. Hehn (Kulturpfl., ed. 3, 1877, p. 524) s'est trompé en supposant les lacustres suisses des Helvétiens rapprochés du temps de César. Les hommes de la même civilisation qu'eux au midi des Alpes étaient évidemment plus anciens que la république romaine, peut-être plus que les Ligures.
4. Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396.
5. Van Eys, Dict. basque-français, 1876 ; Gèze, Éléments de grammaire basque suivis d'un vocabulaire, Bayonne, 1873 ; Salaberry, Mots basques navarrais, Bayonne, 1856 ; Lécluse, Vocabul. français basque, 1826.
6. Ad. Pictet, l. c.
7. Nemnich, Polygl. Lexicon d. Naturgesch., 2, p. 420 ; Rafn, Danmark flora, 2, p 390.
8. Nemnich, ibid.
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Hör et Tone en vieux goth 1. Haar existe aussi dans l'allemand de Salzburg 2. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens ordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de Li peut être rattaché à une même racine que ligare, lier, et comme Hör, au pluriel Hörvar, est rattaché par les érudits 3 à Harva, radical allemand pour Flachs, mais le fait n'en existe pas moins que dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d'autres expressions que dans tout le midi de l'Europe. Cette diversité indique l'ancienneté de la culture et concorde avec le fait que les lacustres de Suisse et d'Italie cultivaient un Lin avant les premières invasions des Aryens. Il est possible, je dirai même probable, que ceux-ci ont apporté le nom Li, plutôt que la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n'est spontané dans le nord de l'Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois, d'origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le Lin annuel, car le Lin vivace ne supporterait pas les rigueurs des pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire annuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et en Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les Finnois ; après quoi les Aryens auraient répandu les noms les plus habituels chez eux, celui de Lin dans le midi et de flahs dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté d'Asie le Lin annuel, qu'on aurait vite substitué au Lin vivace, moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a remplacé, en Italie, celle du Linum angustifolium vivace, mais ce doit être avant l'ère chrétienne, car les auteurs parlent d'une culture bien établie, et Pline dit qu'on semait le Lin au printemps et qu'on l'arrachait en été 4. On ne manquait pas alors d'instruments de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s'il avait été vivace. D'ailleurs celui-ci semé au printemps n'aurait pas été mûr avant l'automne.
Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiens devait être annuel. On n'a pas trouvé jusqu'à présent dans les catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de nature à donner des preuves directes et incontestables. Seulement Unger 5 a pu examiner une capsule tirée des briques d'un monument que Lepsius attribue au xiiie ou xive siècle avant J.-C., et il l'a trouvée plus semblable à celles du L. usitatissimum que du
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1. Nemnich, ibid.
2. Nemnich, ibid.
3. Fick, Vergl. Worterbuch Ind. germ. 2e éd., 1, p. 722. Le même fait venir le nom Lina du latin Linum, mais ce nom remonte plus haut, étant commun à plusieurs langues aryennes européennes.
4. Plinius, 1. 19, cap. 1 : Vere satum æstate vellitur.
5. Unger, Botanische Streifzüge, 1866, n° 7, p. 15.
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L. angustifolium. Sur trois graines que Braun 1 a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d'autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au L. angustifolium et les deux autres au L. humile, mais il faut convenir qu'une seule graine, sans la plante ou la capsule, n'est pas une preuve suffisante. Les peintures de l'ancienne Egypte montrent qu'on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l'arrachait 2. En Egypte, le Lin est une culture d'hiver, car la sécheresse de l'été ne permettrait pas plus d'une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l'on sème au printemps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée humile, est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu cultivé en Egypte 3.
M. Heer soupçonne que les anciens Egyptiens auraient cultivé le Linum angustifolium, de la région méditerranéenne, en le semant comme une plante annuelle 4. Je croirais plutôt qu'ils ont emporté ou reçu leur Lin d'Asie, et déjà sous la forme de l' humile. Les usages et les figures montrent que leur culture du Lin datait d'une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant que les Egyptiens des premières dynasties avant Chéops appartenaient à une race proto-sémitique, venue par l'isthme de Suez 5. Le Lin a été retrouvé dans un tombeau de l'ancienne Chaldée, antérieur à Babylone 6, et son emploi dans cette région se perd dans la nuit des temps. Ainsi les premiers Egyptiens de la race blanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs successeurs immédiats ont pu le recevoir d'Asie avant l'époque des colonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs de la Grèce avec l'Egypte sous la XIVe dynastie 7.
Une introduction très ancienne d'Asie en Egypte n'empêche pas d'admettre des transports successifs de l'est à l'ouest dans des temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes. Ainsi les Aryens occidentaux et les Phéniciens ont pu transporter en Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que le L. angustifolium, pendant la période de 2500 à 1200 ans avant notre ère.
L'extension par les Aryens aurait marché plus au nord que celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide,
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1. A. Braun, Die Pflanzenreste des Egyptischen Museums in Berlin, in-8°, 1877, p. 4.
2. Rosellini, pl. 3S et 36, cité par Unger, Bot. Streifzüge, n° 4, p. 62.
3. W. Schimper, Ascherson, Boissier, Schweinfurth, cités dans Al. Braun, l. c., p. 4.
4. Heer, Ueb. d. Flachs, p. 26.
5. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, éd. 3, Paris, 1878, p. 13 et suivantes.
6. Journal of the royal asiatic soc., vol. 13 p. 271, cité dans Heer, l. c., p. 6.
7. Maspero, p. 213 et suivantes.
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c'est-à-dire de cette région au pied du Caucase, où l'on a trouvé de nos jours le Lin annuel ordinaire sauvage. Il ne semble pas que les Grecs aient cultivé la plante à cette époque 1. Les Aryens en avaient peut-être déjà introduit la culture dans la région voisine du Danube. Cependant j'ai noté tout à l'heure que les restes des lacustres de Laybach et Mondsee n'ont indiqué aucun Lin. Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, les Romains tiraient de très beau Lin d'Espagne ; cependant les noms de la plante dans ce pays ne font pas présumer que les Phéniciens en aient été les introducteurs. Il n'existe pas en Europe un nom oriental du Lin, venant ou de l'antiquité ou du moyen âge. Le nom arabe Kattan, Kettane ou Kittane, d'origine persane 2, s'est propagé vers l'ouest seulement jusqu'aux Kabiles d'Algérie 3.
L'ensemble des faits et des probabilités me paraît conduire à quatre propositions, acceptables jusqu'à nouvelles découvertes :
1. Le Linum angustifolium, ordinairement vivace, rarement bisannuel ou annuel, spontané depuis les îles Canaries jusqu'à la Palestine et au Caucase, a été cultivé en Suisse et dans le nord de l'Italie par des populations plus anciennes que les conquérants de race aryenne. Sa culture a été remplacée par celle du lin annuel.
2. Le Lin annuel (L. usitatissimum), cultivé depuis 4 ou 5000 ans au moins dans la Mésopotamie, l'Assyrie et l'Egypte était spontané et l'est encore dans des localités comprises entre le golfe Persique, la mer Caspienne et la mer Noire.
3. Ce Lin annuel paraît avoir été introduit dans le nord de l'Europe par les Finnois (de race touranienne) ; ensuite dans le reste de l'Europe par les Aryens occidentaux, et peut-être, çà et là, par les Phéniciens; enfin dans la péninsule indienne par les Aryens orientaux, après leur séparation des occidentaux.
4. Ces deux formes principales ou états du Lin existent dans les cultures et sont probablement spontanées dans leurs localités actuelles depuis au moins 5000 ans. Il n'est pas possible de deviner leur état antérieur. Leurs transitions et variations sont si nombreuses qu'on peut les considérer comme une espèce, pourvue de deux ou trois races ou variétés héréditaires, ayant elles-mêmes des sous-variétés.
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1. Les textes grecs sont cités surtout dans Lenz, Botanik der Alten Griechen und Rœmer, p. 672 ; Hehn, Culturpflanzen und Hausthiere, ed. 3, p. 144.
2. Ad. Pictet, l. c.
3. Dictionnaire français-berbère, 1 vol. in-8°, 1844.