Voacanga thouarsii (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Épice / condiment | |
Médicinal | |
Bois d'œuvre | |
Bois de feu | |
Auxiliaire | |
Fibre | |
Changement climatique |
Voacanga thouarsii Roem. & Schult.
- Protologue: Syst. veg. 4 : 439 (1819).
- Famille: Apocynaceae
Synonymes
- Orchipeda thouarsii (Roem. & Schult.) Baron (1905).
Noms vernaculaires
- Voacanga de Thouars (Fr).
- Wild frangipani (En).
- Mlindaziwa (Sw).
Origine et répartition géographique
Voacanga thouarsii se rencontre dans toute l’Afrique tropicale, depuis le Sénégal, à travers la zone forestière, jusqu’au Soudan et au Kenya vers l’est, et vers le sud jusqu’au Mozambique et à la côte orientale d’Afrique du Sud. On le trouve aussi à Madagascar.
Usages
Les usages de Voacanga thouarsii sont analogues à ceux de Voacanga africana Stapf. On applique du latex, ou une décoction ou infusion de l’écorce de la tige, des feuilles et des racines sur les blessures, les furoncles et les plaies, et on les emploie pour traiter la blennorragie, l’eczéma, les infections cryptogamiques et la gale. On absorbe aussi des infusions pour traiter les problèmes cardiaques, l’hypertension et les affections rhumatismales. On met du latex dans les dents cariées comme plombage provisoire. En Tanzanie, l’écorce, les racines et les graines sont employées comme médicaments contre les maux d’estomac, les morsures de serpents et l’hypertension sanguine.
Le bois est employé au Liberia pour les poteaux de cases, et en Ouganda pour les manches d’outils et les gaines de couteaux. Le bois est également employé comme bois de feu et charbon de bois. Le latex était autrefois utilisé pour falsifier le latex d’Hevea. On l’utilise comme glu pour capturer les oiseaux, par ex. dans les rizières à Madagascar, et comme colle pour fixer les lames dans les manches de couteaux et pour réparer les vanneries. Au Soudan et au Ghana, on brûle le bois pour obtenir du sel. L’écorce fournit une fibre qui est utilisée en Afrique de l’Est pour confectionner des filets pour la chasse. On plante Voacanga thouarsii le long des cours d’eau pour la conservation des sols et des eaux.
En France et en Allemagne, on extrait des graines de la tabersonine, qui est convertie en vincamine, composé largement employé en Europe comme sédatif du système nerveux central et pour le traitement des troubles vasculaires cérébraux chez les patients gériatriques. Les graines sont également exportées pour être employées dans des médicaments destinés à traiter les maladies de cœur, abaisser la pression sanguine et traiter les cancers.
Production et commerce international
Il existe un marché régulier pour les graines de Voacanga thouarsii, comme pour celles de Voacanga africana. Plusieurs centaines de tonnes de graines de Voacanga sont exportées en particulier d’Afrique de l’Ouest, du Cameroun et de Madagascar à destination de firmes pharmaceutiques de France et d’Allemagne qui les transforment.
Propriétés
En pharmacologie, les alcaloïdes indoles sont de loin les composés les plus importants des Voacanga spp., dont Voacanga thouarsii. Les principaux alcaloïdes de l’écorce des racines sont des dimères de la classe des corynanthéanes-iboganes, principalement voacamine, mais également voacamidine et voacorine ; la vobtusine (dimère de la classe des pluméranes-pluméranes) est un important alcaloïde de l’écorce des racines. Dans l’écorce des tiges, la voacamine et ses congénères prédominent, tandis que la vobtusine est également souvent présente. La voacangine et la voacristine (= voacangarine) sont également des constituants importants. Les feuilles contiennent principalement des alcaloïdes dimères des classes des corynanthéanes-iboganes et des pluméranes-pluméranes, mais on y trouve aussi des iboganes monomères, dont ibogaïne et voacangine. La composition en alcaloïdes des graines est analogue à celle des autres espèces de Voacanga, et consiste presque exclusivement en tabersonine de la classe des pluméranes (1,6–1,8%). La voacamine, la vobtusine et la voacangine ont des propriétés hypotensives, cardiotoniques et sympatholytiques. On a montré que les feuilles de spécimens provenant de Madagascar contenaient les hétérosides flavonoïdes rutine et kaempférol-3-glucoside. Un cal développé in vitro à partir de tissu foliaire contenant 0,9% d’alcaloïdes a produit 0,3% d’alcaloïdes (0,2% dans le tissu et 0,1% excrété dans le milieu). La tabersonine a été le seul alcaloïde isolé de la culture ; ce n’était pas un constituant des feuilles.
Le bois est brun rougeâtre, solide et difficile à scier. Il ne donne pas une surface lisse au rabotage à cause du peluchage du fil.
Description
Petit arbre atteignant 15(–20) m de haut, à ramification dichotomique répétée, glabre à courtement poilu sur toutes ses parties ; tronc jusqu’à 40(–80) cm de diamètre ; écorce brun-gris pâle, lisse, avec un peu de latex blanc. Feuilles opposées, simples et entières ; ochréa élargie en stipules à l’aisselle des pétioles ; pétiole de 8–25 mm de long ; limbe étroitement obovale, de 6–25 cm × 2–9 cm, base cunéiforme ou décurrente sur le pétiole, apex acuminé, coriace, pennatinervé à 12–20 paires de nervures latérales. Inflorescence : cyme, par 2 à la fourche des branches, à fleurs peu nombreuses ; pédoncule de 5–14 cm de long, trapu ; bractées ovales, jusqu’à 10 mm × 7 mm, à apex arrondi, caduques. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, odorantes ; pédicelle de 8–15 mm de long ; calice campanulé, de 10–16 mm de long, charnu, lobes largement ovales, à apex arrondi, à bord transparent, érigés, embrassant le tube de la corolle, et caducs avec la corolle ; tube de la corolle presque cylindrique, de 17–23 mm de long, tordu, lobes largement obcordés, de 19–30 mm × 28–43 mm, étalés ou recourbés, vert pâle, crème ou blancs ; étamines insérées à 3–4 mm en dessous de la gorge de la corolle, exsertes sur 2–3 mm, anthères sessiles, étroitement triangulaires, base sagittée, apex acuminé ; ovaire supère, constitué de 2 carpelles séparés, entouré par un disque annulaire, style s’épaississant graduellement au sommet, tête du pistil de 1–1,5 mm de long avec un disque fimbrié à la base. Fruit constitué de 2 follicules globuleux séparés de 4–10 cm de diamètre, tachetés de vert pâle et foncé, à 2 valves, contenant de nombreuses graines. Graines obliquement ovoïdes ou ellipsoïdes, de 8–10 mm de long, finement verruqueuses, avec des sillons superficiels, brun foncé, arille orangé, pulpeux. Plantule à germination épigée.
Autres données botaniques
Voacanga est un genre de l’Ancien Monde qui comprend 12 espèces, dont 7 en Afrique et 5 en Asie. Il est étroitement apparenté au genre Tabernaemontana. Les plantes de Voacanga thouarsii se développent selon le modèle architectural de croissance de Leeuwenberg, déterminé par un tronc monopodial orthotrope, qui se termine par une inflorescence terminale. Après la floraison, les 2 bourgeons axillaires supérieurs se développent en branches, de sorte que la croissance est sympodiale ; l’infrutescence semble être axillaire. Voacanga thouarsii fleurit toute l’année.
Ecologie
Voacanga thouarsii se rencontre principalement dans la forêt semi-décidue et dans les savanes, souvent dans des localités humides, du niveau de la mer jusqu’à 600 m d’altitude. Il colonise aisément les milieux perturbés.
Gestion
Les fruits de Voacanga thouarsii sont récoltés dès qu’ils s’ouvrent, et les graines sont enlevées des arilles. Elles peuvent être semées directement ; un trempage d’une nuit dans de l’eau froide peut hâter la germination. Du fait que les graines sont collantes, on doit les entreposer dans un substrat tel que du sable. Voacanga thouarsii repousse bien après avoir été coupé en taillis ou en têtard.
Ressources génétiques
En Afrique de l’Ouest, la récolte destructive des fruits de Voacanga thouarsii en vue du marché pharmaceutique international est un motif de préoccupation. La récolte intensive de fruits pour l’obtention des graines limite la régénération. D’un autre côté, l’adaptation de Voacanga thouarsii à des milieux perturbés, sa vaste répartition et sa faculté de régénération rapide limitent le risque d’érosion génétique.
Perspectives
Nombre des alcaloïdes indoles que l’on trouve dans Voacanga thouarsii et les espèces voisines présentent des propriétés pharmacologiques bien distinctes et intéressantes. Certains d’entre eux auraient la capacité de fournir des composés de base pour la mise au point de nouveaux médicaments. Dans certaines régions, la récolte intensive de fruits et la coupe d’arbres pour recueillir leurs fruits afin de satisfaire la demande de graines de grandes firmes pharmaceutiques provoquent une disparition rapide de Voacanga thouarsii à l’état sauvage. Une domestication et la mise au point de pratiques agronomiques adaptées sont nécessaires pour contrecarrer cette évolution. Entre temps, les autorités locales doivent veiller à mettre un terme à l’exploitation destructive afin de préserver l’avenir de l’espèce.
Références principales
- Bisset, N.G., 1985. Phytochemistry and pharmacology of Voacanga species. In: Leeuwenberg, A.J.M. (Editor). Series of revisions of Apocynaceae 15. Agricultural University Wageningen Papers 85–3. Wageningen Agricultural University, Wageningen, Netherlands. pp. 81–113.
- Bisset, N.G., 1985. Uses of Voacanga species. In: Leeuwenberg, A.J.M. (Editor). Series of revisions of Apocynaceae 15. Wageningen Agricultural University Papers 85–3. Wageningen Agricultural University, Wageningen, Netherlands. pp. 115–122.
- Hendrian, R., 2001. Voacanga Thou. In: van Valkenburg, J.L.C.H. & Bunyapraphatsara, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(2): Medicinal and poisonous plants 2. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 582–585.
- Leeuwenberg, A.J.M., 1985. Voacanga Thou. In: Leeuwenberg, A.J.M. (Editor). Series of revisions of Apocynaceae 15. Wageningen Agricultural University Papers 85–3. Wageningen Agricultural University, Wageningen, Netherlands. pp. 5–80.
- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
Autres références
- Beentje, H.J., 1994. Kenya trees, shrubs and lianas. National Museums of Kenya, Nairobi, Kenya. 722 pp.
- Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
- Cunningham, A.B., 1997. An Africa-wide overview of medicinal plant harvesting, conservation and health care. In: Bodeker, G. & Vantomme, P. (Editors). Medicinal plants for forest conservation and health care. Non-Wood Forest Products 11, FAO, Rome, Italy. 158 pp.
- Gurib-Fakim, A. & Brendler, T., 2004. Medicinal and aromatic plants of Indian Ocean Islands: Madagascar, Comoros, Seychelles and Mascarenes. Medpharm, Stuttgart, Germany. 568 pp.
- Katende, A.B., Birnie, A. & Tengnäs, B., 1995. Useful trees and shrubs for Uganda: identification, propagation and management for agricultural and pastoral communities. Technical Handbook 10. Regional Soil Conservation Unit, Nairobi, Kenya. 710 pp.
- Latham, P., 2004. Useful plants of Bas-Congo province, Democratic Republic of the Congo. DFID, London, United Kingdom. 320 pp.
Auteur(s)
- G.H. Schmelzer, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Schmelzer, G.H., 2006. Voacanga thouarsii Roem. & Schult. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 15 décembre 2024.
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