Tulipier (Cazin 1868)
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Nom accepté : Liriodendron tulipifera
Tulipe en arbre, — tulipe de Virginie.
MAGNOLIACÉES. — MAGNOLIÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYNIE. L.
Cet arbre, de l'Amérique septentrionale, est cultivé chez nous en pleine terre et peut prendre rang aujourd'hui parmi nos arbres indigènes. D'une beauté rare et d'un port magnifique, il est un des plus beaux ornements de nos jardins paysagers.
Description. — Arbre qui, dans un terrain et sous un ciel favorable, s'élève jusqu'à 30 mètres, et dont le tronc a jusqu'à 10 mètres de circonférence ; tête vaste et touffue, rameaux d'un brun cendré. — Feuilles imitant la forme d'une lyre, d'un vert soyeux, très-agréable à l'œil, alternes, pétiolées, grandes, divisées en trois lobes, dont le moyen est tronqué au sommet. — Fleurs semblables aux tulipes par leur forme et leur volume, s'évasant en cloche et se nuançant de vert et de jaune (juin-juillet). — Fruit comme en cône, formé par une réunion de samares ligneuses, à styles endurcis, se détachant à la maturité de l'épi, qui, lui seul, est persistant.
Parties usitées. — L'écorce, surtout celle de la racine ; quelquefois les fruits, les feuilles.
Culture. — On le multiplie de graines, au printemps, qu'on ressème en terrines, en terre de bruyère. On recouvre à peine de terreau mêlé de bruyère. Pendant l'accroissement, on entretient l'ombre avec des paillassons. On repique en pépinière, et lorsque le tulipier a environ 1 mètre 1/2, on le met à demeure dans une terre franche et fraîche ; il vient mieux s'il est isolé.
Récolte. — C'est pendant la floraison que l'on doit récolter l'écorce, parce qu'elle jouit alors de toutes ses forces.
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - Cette écorce exhale une odeur aromatique imitant celle du cédrat. D'après Tromsdorff et Carminati, elle réunit les principes amer et gommeux au tannin. Bouchardat[1] y a trouvé de l'huile essentielle, du piperin, du tannin, une résine molle, un alcali végétal, etc. Emmer y a constaté la présence d'un principe à la fois amer et aromatique, auquel il a donné le nom de liriodendrine, et qui paraît contenir les propriétés de ce végétal.
Les habitants du Canada emploient la racine du tulipier pour adoucir l'amertume de la bière de sapinette ; l'écorce sert à parfumer les liqueurs des îles. Bosc a vu préparer une liqueur de table très-agréable avec la racine.
A L'INTÉRIEUR. — Poudre, 8 à l5 gr., et plus, en bols, pilules, électuaire ou dans du vin. |
Vin (écorce et alcool, 1 sur 7 de vin), de 100 à 150 gr. (Bouchardat), préférable. |
Tonique, amer, astringent et aromatique, le tulipier est considéré avec raison comme un des meilleurs succédanés du quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes. Schoeff[2], Chapman, Barton, Young[3], Rusch, Carminati, ont substitué l'écorce de cet arbre à celle du quinquina, et dans les mêmes cas, avec succès. Sur six cas de fièvres intermittentes où Hildenbrand l'a prescrite, il en a guéri cinq. De tels résultats sont de nature à engager les praticiens à avoir recours à l'écorce de cet arbre, devenu commun en France, et dont la culture pourrait prendre une extension à la fois utile et agréable.
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- ↑ Recherches sur l'écorce du tulipier. (Annuaire, 1841, p. 75.)
- ↑ Matière médicale américaine.
- ↑ American Museum, t. XII.
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Cette écorce a été employée dans diverses maladies. Burton affirme qu'il n'y a pas dans toute la matière médicale de meilleur remède pour guérir l'hystérie que l'écorce de tulipier unie à une petite quantité de laudanum. Il la donne aussi dans la phthisie pulmonaire, les affections vermineuses, l'atonie de l'estomac, dans la dernière période des dysenteries, contre la goutte et le rhumatisme. A Philadelphie, c'est un remède vulgaire dans ces deux dernières affections ; mais il est évident qu'il ne peut convenir comme antigoutteux que chez les sujets faibles, énervés, cachectiques. Les feuilles de cet arbre ont été regardées comme propres à guérir les maux de tête écrasées et appliquées sur le front. Les semences sont, dit-on, apéritives.