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<center>'''RENONCULES'''. ''Ranunculi''. L.</center>
<center>RENONCULACÉES. — RENONCULÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYNIE. L.</center>
'''RENONCULE ACRE ''' (Pl. XXXIV), RENONCULE DES PRÉS, GRENOUILLETTE, JAUNEAU, BOUTON D'OR, PATTE-DE-LOUP, HERBE A LA TACHE, ''Ranunculus acris'', L. ; ''Ranunculus hortensis secundus'', Dod. ; ''Ranunculus pratensis erectus acris'', C. Bauh. — Cette espèce vivace est très-commune dans les prés et les pâturages un peu humides, sur la lisière des bois. On cultive dans les jardins une variété à fleurs doubles, sous le nom de ''bouton d'or''. On dit que les chèvres et les moutons la mangent.
'''Description'''. ~ Racine : souche simple formant un faisceau de fibres blanchâtres,
'''RENONCULE BULBEUSE ''' (Pl. XXXIV), BASSINET, PIED-DE-COQ, PIED-DE-POULE, PIED-DE-CORBIN, CLAIR-BASSIN, RAVE DE SAINT-ANTOINE, ''Ranunculus bulbosus'', L. ; ''Ranunculus tuberosus major'', Offi. — Cette renoncule vivace croît dans les pâturages, les haies, les bois, les lieux humides.
'''Description'''. — Racine bulbifère. — Tige unique ou multiple, dressée, rameuse, striée, velue. — Feuilles velues, les radicales pétiolées, à pétiole dilaté à partie inférieure, triséquées avec lobes trilobés et dentés ; les caulinaires subsessiles, les supérieures divisées en segments linéaires entiers. — Fleurs jaunes, assez grandes, solitaires sur chaque division de la tige (mai-août). — Calice velu, réfléchi sur le pédoncule. — Pétales ovales, arrondis, obtus. — Fruit lisse et glabre, à bec courbé au sommet comme les carpelles, réunis en tête arrondie.
'''RENONCULE SCÉLÉRATE ''' (Pl. XXXIV), RENONCULE DES MAEAIS, GRENOUILLETTE D'EAU OU AQUATIQUE, HERBE SARDONIQUE, MORT-AUX-VACHES, ''Ranunculus sceleratus'', L. ; ''Ranunculus palustris apii folio lævis'', C. Bauh. ; ''Ranunculus palustris'', Black. ; ''Ranunculus sylvestris'' (''Herba sardoa des'' anciens), Dod. ; ''Batrachium'', Fuchs. — Cette plante est annuelle. Elle habite les marécages et le bord des eaux.
'''Description'''. — Racines fibreuses. — Tige dressée, fistuleuse, épaisse, striée, rameuse. — Feuilles radicales, pétiolées, glabres, tri ou quinquilobées, à lobes obtus, incisés, les caulinaires sessiles, lancéolées, incisées sur les bords, les supérieures tout à fait entières. — Fleurs jaunes, assez petites et nombreuses, formant une sorte de panicule foliacée, lâche ; pétales dépourvus d'écailles au devant de la fossette nectarifère ; carpelles très-nombreux. — Fruits très-petits et nombreux ; formant un capitule ovoïde qui s'allonge après la floraison.
'''RENONCULE FLAMMULE''', FLAMMINETTE, PETITE-FLAMME, PETITE-DOUVE, HERBE DE FEU, ''Ranunculus flammula'', L. ; ''Flammula ranunculus'', Dod.; ''Ranunculus longifolius palustris minor'', C. Bauh. ; ''Ranunculus palustris flammeus minor sive angustifolius'', Park. — On trouve cette espèce dans les marais, où elle est très-commune. Son nom lui vient de son âcreté, qu'on a comparée à celle du feu mitigé, ''flammula''.
'''Description'''. —- Racine fibreuse. — Tige de 33 centimètres environ, un peu couchée, fistuleuse et rameuse. — Feuilles lancéolées, aiguës, denticulées et glaires, atténuées en un pétiole allongé, amplexicaule. — Fleurs jaunes, solitaires et terminales (juin-octobre). — Calice velu. — Corolle assez petite. — Carpelles et fruits lisses, à bec court.
'''RENONCULE FICAIRE''', FICAIRE, BASSINET, PETITE CHÉLIDOINE, HERBE AUX HEMORRHOÏDES, ''Ranunculus ficarius'', L. ; ''Ficaria ranunculoïdes'', Roth. ; ''Chelidonia minor, sive rotundifolia minor'', C. Bauh. Elle habite les prés, le bord des haies, les bois ; on la rencontre partout aux premiers jours du printemps.
'''Description'''. — Tige de 10 à 20 centimètres. — Feuilles épaisses, luisantes, crénelées, à pétiole dilaté inférieurement. — Fleurs jaunes, à pédoncules allongés (avril-mai). — Trois sépales. — Six pétales. — Carpelles nombreux en capitule globuleux, à bec presque nul.
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Toutes les renoncules sont remarquables par leur âcreté. Cette âcreté est due à un principe volatil qui se détruit par la dessiccation ou par la coction ; mais l'eau de cuisson est âcre et vomitive. Ce principe, suivant Krap, n'est ni acide ni alcalin.
(C'est une huile essentielle volatile, jaune, soluble dans l'éther, d'une saveur et d'une odeur très-âcres. Elle ne renferme pas de soufre. Au bout d'un certain temps, elle devient solide et d'apparence cornée, et perd en même temps son odeur. Il est probable qu'alors il y a dédoublement, après absorption d'oxygène, en acide ''anémonique'', substance inerte, et en ''anémonine'', principe alcaloïde, qui n'ont plus les propriétés brûlantes de la plante. C'est cette transformation qui est cause que la dessiccation lui fait perdre l'âcreté dont elle jouit pendant la vie. Elle contient, en outre, une résine acide non volatile, ne s'altérant ni par la chaleur ni par la dessiccation.
Virey<ref>Traité de pharmacie, t. I, p. 73.</ref> a retiré une fécule douce et nutritive de la renoncule bulbeuse.)
On oppose à cet empoisonnement les boissons mucilagineuses et le lait pris en grande quantité, et, si les symptômes s'aggravent au point d'attaquer le système nerveux, les opiacés, les antispasmodiques diffusibles, etc.
On a employé les renoncules à l'extérieur contre la teigne, les ulcères atoniques et scrofuleux ; mais le plus ordinairement on ne s'en sert que comme rubéfiantes et vésicantes. Elles peuvent remplacer les cantharides lorsque l'on craint l'action de celles-ci sur la vessie, ou que certains cas d'urgence obligent de se servir du moyen qui se trouve sous la main. L'action rubéfiante et vésicante des renoncules a lieu assez promptement : quelques minutes suffisent quelquefois pour produire une inflammation suivie de vésicules. Les plaies qui en résultent guérissent assez promptement par l'application des feuilles broyées de cynoglosse ou de bouillon blanc. Les mendiants qui, au rapport de Linné et de Gaspard Hoffmann, se faisaient venir des ulcères par l'application de la renoncule scélérate, afin d'exciter la commisération, se servaient de feuilles de bouillon blanc pour les guérir. La renoncule âcre a été employée comme vésicatoire dans la goutte et les maux de-tête, par Chesneau. Il a guéri un prêtre retenu au lit depuis trois mois par la goutte, en appliquant sur la partie affectée des feuilles de cette renoncule écrasée<ref>''Observ. med. libri quinque'', 1672.</ref>. Baglivi appliquait cette plante sur le siège des douleurs externes : ''Doloribus externarum partium, si alia non proficiant, ad causticum devenias : ipse uti soleo foliis ranunculi''...<ref>''Opera omnia''. Antwerp, 1715, p. 113.</ref>. Störck employait ce topique dans le rhumatisme articulaire chronique. Sennert<ref>''De febr.'', lib. IV.</ref> dit qu'un individu affecté de fièvre quarte, avec douleurs violentes à l'épaule gauche, fut guéri par l'application au poignet de la renoncule pilée.
La renoncule âcre est vulgairement employée en épicarpe contre les taies des yeux ; on entoure de cette herbe écrasée le poignet du côté opposé à celui de l'œil atteint de taches ; après la vésication résultant de ce topique, et à l'aide de quelques oraisons ou d'une neuvaine, on attend patiemment la guérison !
Stanislas Martin propose d'employer à l'extérieur, dans le même but, la ficarine en lotion dissoute dans l'eau à la dose de 2 gr. dans 100 gr. d'eau distillée ; il recommande aussi le liniment suivant : ficarine pulvérisée, 1 gr ; glycérine, 30 gr.)
La renoncule des champs (''ranunculus arvensis'', L.); la renoncule graminée (''ranunculus gramineus'') ; la renoncule rampante (''ranunculus repens'', L.) ; la renoncule aquatique (''ranunculus aquatilis'', L.), etc., jouissent des mêmes propriétés que celles dont nous venons de parler. Le ''ranunculus thora'', qui croît sur les hautes montagnes de la France, est si vénéneux que, au rapport des historiens, les Gaulois en empoisonnaient le fer de leurs flèches. On prétend que les blessures que faisaient ces flèches se gangrenaient promptement.
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