Spathodea campanulata (PROTA)
Introduction |
Importance générale | |
Répartition en Afrique | |
Répartition mondiale | |
Fruit | |
Médicinal | |
Bois de feu | |
Ornemental | |
Fourrage | |
Auxiliaire | |
Sécurité alimentaire | |
Changement climatique |
Spathodea campanulata P.Beauv.
- Protologue: Fl. Oware 1 : 47, t. 27 (1805).
- Famille: Bignoniaceae
- Nombre de chromosomes: 2n = 26, 36, 38
Synonymes
- Bignonia tulipifera Thonn. (1829),
- Spathodea tulipifera (Thonn.) G.Don (1838),
- Spathodea nilotica Seem. (1865).
Noms vernaculaires
- Tulipier du Gabon, arbre-flamme (Fr).
- African tulip tree, Nandi flame, fountain tree (En).
- Tulipeira-do-Gabão (Po).
- Kifabakazi (Sw).
Origine et répartition géographique
Le tulipier du Gabon est originaire de l’Afrique de l’Ouest et centrale ainsi que de l’ouest de l’Afrique de l’Est, c.-à.-d. du sud du Sénégal vers l’est jusqu’à l’ouest du Kenya et de la Tanzanie, et vers le sud jusqu’au nord de l’Angola et au sud de la République démocratique du Congo. Ailleurs en Afrique tropicale, par ex. au Cap-Vert, au Zimbabwe et à Madagascar, on le plante à des fins ornementales. Le tulipier du Gabon est très cultivé dans les régions tropicales et subtropicales en dehors de l’Afrique. Il a été naturalisé et est un composant important de la végétation secondaire, par ex. au Mexique et à Porto Rico, et est considéré comme envahissant à Guam et à Hawaii.
Usages
Le tulipier du Gabon est planté comme arbre ornemental, comme arbre d’alignement ou d’ombrage. On l’utilise pour améliorer le sol, pour reboiser, pour contrôler l’érosion et réhabiliter des terrains, et comme haie vive. Sa cime dense ne permet pas de culture intercalaire, mais ses feuilles peuvent constituer un paillage intéressant. Il a été utilisé comme arbre d’ombrage dans les plantations de café. Dans les plantations de teck, le tulipier du Gabon peut être utilisé pour attirer les populations initiales de défoliateurs du teck (Hyblaea puera), qui peuvent alors être facilement détruites. Spathodea campanulata a de nombreuses applications médicinales autant dans les contrées d’où il est originaire que dans celles où il a été introduit. Les extraits d’écorce, de feuilles et de fleurs sont utilisés pour soigner la malaria, l’HIV, le diabète sucré, les œdèmes, la dysenterie, la constipation, les problèmes gastro-intestinaux, les ulcères, les maladies de la peau, les blessures, la fièvre, les inflammations urétrales, les maux de foie, et comme antidote contre des poisons. Il pourrait être efficace comme prophylactique contre la malaria et dans la lutte contre les moustiques Aedes.
En Afrique de l’Ouest, le bois est utilisé pour les sculptures, mais est considéré comme de qualité inférieure pour d’autres usages. En Ethiopie, on l’utilise comme bois de feu et pour produire du charbon de bois. La fabrication de contreplaqué semble être la seule application commerciale répandue pour ce bois, qui est commercialisé sous le nom de African tulip (En) ou tulipier (Fr); aux Philippines, on cultive le tulipier du Gabon dans des plantations à cet effet. Les graines sont consommées dans beaucoup de régions d’Afrique. Les boutons floraux contiennent un jus rougeâtre, et sont utilisés comme pistolet à eau par les enfants.
Propriétés
Les recherches médicales se sont concentrées sur les effets de Spathodea campanulata sur le diabète, la malaria et la schistosomose. Une décoction d’écorce de tronc montre une activité hypoglycémique chez les souris, mais n’a pas d’influence sur le taux d’insuline. Dans des essais sur Plasmodium berghei berghei chez les souris, les extraits à l’hexane et au chloroforme de l’écorce ont une action sanguine schizonticide, et l’extrait au chloroforme a quelques propriétés prophylactiques. Les extraits ne suppriment pas seulement la parasitémie mais prolongent aussi la vie des souris. Un extrait alcoolique aqueux de feuilles montre aussi des propriétés antipaludiques.
Des extraits ont été testés comme molluscicide; plusieurs se sont montrés efficaces contre Biomphalaria glabrata au Brésil, mais au Swaziland ils se sont révélés être les moins efficaces parmi tous les extraits testés contre Bulinus africanus, le vecteur de la schistosomose (bilharziose). En tant que fongicide, ils ont peu d’effet sur la fonte des semis causée par Pythium aphanidermatum, mais ils sont efficaces contre la rouille du haricot causée par Uromyces appendiculatus. Les extraits ont montré des propriétés larvicides contre le moustique Aedes fluviatilis, qui est un vecteur de la fièvre de la vallée du Rift.
Parmi les nombreux composants isolés dans le bois, l’écorce et les feuilles, les plus prometteurs sont l’acide ursolique et ses dérivés, qui joueraient un rôle dans l’activité antipaludique de l’extrait d’écorce.
Le bois est blanc sale, très léger (densité après séchage à l’air d’environ 360 kg/m²), mou et fibreux. Il est sensible à la pourriture. C’est un arbre inférieur comme bois d’œuvre ou bois de feu, bien que parfois utilisé comme tel.
Description
- Arbre dioïque de petite à moyenne taille, jusqu’à 25(–35)m de haut, souvent sous forme de buisson en savane, aux racines superficielles; fût jusqu’à 60 cm de diamètre, cannelé; jeune écorce gris brun pâle et lisse, devenant gris noir avec l’âge, puis rugueuse et écailleuse à la base du fût; tranche blanc sale présentant des taches et des trous épars, devenant brun verdâtre; cime compacte, avec un feuillage foncé, parfois quelque peu aplatie.
- Feuilles opposées ou verticillées par 3, imparipennées; stipules absentes; pétiole de 7–15 cm de long; rachis de 15–35 cm de long; folioles (7–)9–15(–19), sessiles ou avec des pétiolules jusqu’à 5 mm de long, limbe elliptique à ovale ou ovale-oblong, de (3–)7–16 cm × (1,5–)3–7 cm, tronqué à cunéiforme de façon asymétrique à la base avec 1–2 glandes, acuminé ou aigu à l’apex, glabre à pubescent en dessous, avec (6–)8–11 paires de nervures latérales.
- Inflorescence: racème terminal en forme de corymbe.
- Fleurs bisexuées, zygomorphes, grandes et voyantes; pédicelle jusqu’à 6 cm de long, plus long dans la partie inférieure de l’inflorescence que dans la partie supérieure; calice spathacé, de 4–8 cm de long, récurvé, longuement acuminé, strié, se fendant d’un côté vers le bas; corolle largement campanulée à partir d’une base contractée, de 8–15 cm de long, 5-lobée, écarlate ou orange rouge avec un bord et une gorge jaunes; étamines 4, insérées sur le tube de la corolle, didynames, plus ou moins saillantes, à thèques divariquées; ovaire supère, 2-loculaire, style filiforme, effilé, stigmate 2-lamellé.
- Fruit: capsule ligneuse étroitement ellipsoïde de 15–27 cm × 3,5–7 cm, brun noirâtre, déhiscente par 2 valves, contenant de nombreuses graines.
- Graines fines et plates, d’environ 1,5 cm × 2 cm, largement ailées.
Autres données botaniques
Spathodea ne comprend qu’une seule espèce, avec 3 sous-espèces distinctes par leur pilosité. Les feuilles et l’ovaire de subsp. campanulata sont glabres, le calice est finement velouté, et elle est limitée aux forêts de plaine ouest-africaines. Subsp. nilotica (Seem.) Bidgood a des feuilles et un ovaire densément poilus, un calice densément velouté, et on la trouve dans les forêts de basse montagne centre- et est-africaines. Subsp. congolana Bidgood, présente dans les forêts de plaine du bassin du Congo, a des feuilles garnies de poils longs, bouclés, disséminés, alors que le calice et l’ovaire sont glabres ou à poils bouclés. Une certaine introgression entre les sous-espèces a été signalée.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; 13 : perforations simples ; (19 : perforations réticulées, foraminées et/ou d’un autre type de perforations multiples) ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; (31 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparemment simples : ponctuations rondes ou anguleuses) ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; (45 : vaisseaux de deux classes de diamètre distinctes, bois sans zones poreuses) ; 46 : ≤ 5 vaisseaux par millimètre carré ; (47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré) ; 56 : thylles fréquents.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
- Parenchyme axial : 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 82 : parenchyme axial aliforme ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; (89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales) ; 91 : deux cellules par file verticale ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale.
- Rayons : 98 : rayons couramment 4–10-sériés ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
Croissance et développement
La croissance en diamètre du fût peut atteindre 5 cm/an. La floraison peut commencer 2–3 ans après la plantation. Les fleurs individuelles ont une durée de vie courte, mais l’ensemble des fleurs successives s’étale sur une longue période. En conditions favorables, le tulipier du Gabon peut fleurir tout au long de l’année. Dans des régions avec une saison sèche prononcée (par ex. au Kenya) ou une saison froide (par ex. dans le sud des Etats-Unis ou en Espagne), les arbres sont caducifoliés et ont un pic de floraison marqué. De hautes températures durant la floraison perturbent le développement du pollen et la fécondation. Les graines sont dispersées par le vent. On a signalé que le recépage est excellent; les arbres repoussent jusqu’à atteindre au moins la taille de poteaux.
Ecologie
Le tulipier du Gabon est présent naturellement dans les lisières des forêts, dans les ripisylves, les broussailles secondaires, dans la savane boisée et la savane ouverte, jusqu’à une altitude de 2000 m, et dans des régions recevant 1300–2000 mm de précipitation par an. Dans les forêts secondaires, on trouve peu d’arbres juvéniles, car cette espèce ne tolère pas l’ombre. Il préfère les conditions chaudes et humides, mais sur des sols profonds il supporte la sécheresse. Le tulipier du Gabon est sensible au gel lorsqu’il est jeune. Il ne produit pas de graines lorsque la température est élevée ou quand l’humidité relative est faible.
Multiplication et plantation
La multiplication se fait principalement par graines. Les graines ne requièrent pas de traitement; elles sont récalcitrantes et leur viabilité est courte. Un kg contient environ 125000 graines. Les boutures peuvent aussi être utilisées pour la multiplication, les boutures de grand diamètre (jusqu’à 10 cm) donnent les meilleurs résultats. Le greffage à cheval et le greffage latéral sont parfois utilisés pour multiplier des formes ornementales désirées telles que celles à fleurs jaunes, avec des taux de réussite plus élevés pour le greffage latéral (75% contre 25%). Cependant, les plantes greffées à cheval ont une meilleure croissance. Les drageons peuvent aussi être utilisés pour la multiplication.
Gestion
Le bois est délicat et cassant, la plantation doit donc être réalisée là où des chutes de branches ne causeront pas de dégâts.
Maladies et ravageurs
Le tulipier du Gabon est affecté par la cloque de la feuille au Kenya et est sensible à la pourriture du bout et du cœur. Les maladies fongiques (espèces de Diplodia et Corynespora) attaquent les plants âgés de 1–2 ans à Cuba. Le tulipier est un hôte du champignon Ceratocystis fimbriata et du coléoptère Xyleborus à Cuba, et de la lymantride spongieuse (Lymantria dispar) et la punaise Coreidae Leptoglossus zonatus (ravageur du maïs, du soja, du sorgho, du coton) au Brésil. D’autres insectes nuisibles comprennent le défoliateur du teck (Hyblaea puera) en Inde et une cicadelle (Rabela tabebuiae) en Floride.
Ressources génétiques
La Subtropical Horticultural Research Unit, à Miami, aux Etats-Unis possède une collection de ressources génétiques de 16 entrées. Des semences sont disponibles commercialement à partir de plusieurs sources. Une forme orange à jaune-bouton-d’or de l’espèce, originaire d’Ouganda, est populaire en horticulture. On la multiplie de manière végétative.
Perspectives
Le tulipier du Gabon, apprécié pour son ombre et ses fleurs spectaculaires restera important comme arbre de parc et de rue. Son usage en agriculture, en foresterie et comme plante médicinale mérite plus d’attention. Il a aussi un potentiel d’utilisation plus important dans la réhabilitation des terres déséquilibrées par son aptitude pionnière et sa croissance rapide.
Références principales
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Sources de l'illustration
- Bidgood, S., 1994. Infraspecific variation in Spathodea campanulata (Bignoniaceae). In: Seyani, J.H. & Chikuni, A.C. (Editors). Proceedings of the 13th plenary meeting of AETFAT, Zomba, Malawi. Volume 1. National Herbarium and Botanic Gardens of Malawi, Zomba, Malawi. pp. 327–332.
- Liben, L., 1977. Bignoniaceae. In: Bamps, P. (Editor). Flore d’Afrique centrale. Spermatophytes. Jardin botanique national de Belgique, Brussels, Belgium. 39 pp.
Auteur(s)
- C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 18 décembre 2024.