dans un assez court intervalle. On a vu le délire reparaître après avoir cessé. Dans l'un des cas décrits par Brunwell<ref>''Lond. med. obs. and inquir''., t. VI, p. 223.</ref>, ce symptôme, qui arrive ordinairement assez près de l'invasion, ne parut que trois jours après l'ingestion du poison.
Lorsque le malade résiste à l’action toxique de la belladone, ce qui arrive le plus ordinairement, les accidents, après un, deux, ou trois jours, se dissipent peu à peu ; mais la dilatation des pupilles ne cesse que longtemps après les autres symptômes ; quelquefois même divers accidents nerveux, tels que des tremblements, des vertiges, du trouble dans la vision, persistent pendant trois ou quatre semaines. On a quelquefois vu des individus empoisonnés par cette plante rester dans un-état d'idiotisme, ou conserver une paralysie, soit complète, soit partielle.
« Les cadavres des individus qui ont péri empoisonnés, dit Giacomini, offrent une teinte bleu noirâtre, et leurs tissus passent promptement à la putréfaction. Bien que quelques personnes aient cru y voir des traces de phlegmasie, il est facile de reconnaître que ce qu’ils ont appelé de ce nom consiste seulement en engorgements de sang veineux. Les intestins sont distendus par des gaz et ne présentent ni inflammation ni autre lésion organique. » Dans un cas de nécropsie rapporté par Faber<ref>''De strychnomania'', obs. II.</ref> on a seulement noté que le ventre était tendu, gonflé, que l'estomac était parsemé de taches gangreneuses. Un autre cas fourni par Gmelin<ref>''Geschichte der Pflanzengœrten'', p. 538.</ref> est celui d'un berger qui mourut dans le coma, douze heures après avoir mangé des baies de belladone. Sur le cadavre, qui avait un commencement de putréfaction, on trouva les vaisseaux de la tête gorgés : le sang était tout fluide ; il s’en écoulait avec abondance de la bouche, du nez et des yeux.
Une heure environ après mon départ, on vient m'annoncer que le malade urine abondamment, qu'il est calme et parfaitement bien. Je ne le vois qu'à cinq heures et demie du soir. Je le trouve au lit, immobile et dans un état de somnolence dont il ne sort un instant que pour répondre avec justesse aux questions que je lui adresse ; la respiration est facile ; le pouls, à 78 pulsations, est large, développé, mou ; la face est colorée, les conjonctives un peu injectées, les pupilles dilatées, la peau chaude et moite. Il y a eu écoulement abondant d'urine ; l'hypogastre est légèrement douloureux au toucher, mais souple, peu tuméfié.
Les symptômes d'un narcotisme modéré, et qui n'a pas été plus prononcé, sont évidents. On s'aperçoit seulement alors, d'après mes questions, et je m 'assure moi-même que M. Moleux a avalé le liniment au lieu de la mixture laxative ! Mais comme, à mon grand étonnement, il n'en est résulté, pendant près de sept heures, que les suites que je viens de rapporter et que je regarde comme heureuses, eu égard à la cessation instantanée du spasme vèsicalvésical, je m'abstiens de toute médication. Une abondante transpiration, qui
2° La belladone peut être utilisée dans l'empoisonnement par l'opium, et l'opium dans celui par la belladone.
3° L'âge du malade n'est pas une contre-indication à l'emploi de cet antidote<ref>Cas de Behier, ''Union médicale'', 16 juillet 1859, soixante-quinze ans ; celui de Blake, cité par les ''Archives'', p. 588, quatre ans ; un autre de Mac Namara, ''Quarlerly Quarterly Journal'', Dublin, 1863, enfant de vingt-six mois.</ref>.
4° La première indication à remplir dans l'empoisonnement par l'une on l'autre substance est d'évacuer l'estomac par les vomitifs ou la pompe aspirante ; la seconde d'administrer l'agent antagoniste à dose élevée et fractionnée, en se guidant sur l'apparition des symptômes physiologiques spéciaux à l'antidote, et surtout sur l'état de la pupille. Il faut arrêter l'emploi de la substance antagoniste aussitôt que son action physiologique a suffisamment contre-balancé celle du poison.