|nomcourtsuivant=Salsepareille
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'''Description'''. — Tige herbacée, charnue, étalée, de 25 à 30 centimètres, verte,divisée en rameaux formant une suite d'articulations comme enfilées, un peu aplaties enhaut et échancrées au sommet. — Fleurs jaunâtres ou d'un blanc rosé, point de corolle. — Calice ventru, légèrement tétragone, presque membraneux. — Une et très-souvent deux étamines. — Style court. — Stigmate un peu bifide.
'''Parties usitées'''. — L'herbe.
['''Culture'''. — Les salicornes ne sont pas cultivées. Celles qui viennent spontanément dans les endroits marécageux, sur le bord de la mer, se propagent toutes seules par graines.]
'''Récolte'''. — Se récolte pendant toute la belle saison, pour être mangée fraîche ouconservée confite au vinaigre, etc.
'''Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques'''. - La salicorne a un goût salé, un peu piquant. On la brûle pour obtenir, par la lixiviation de ses cendres, une espèce de soude appelée ''salicor''. — Après avoir incinéré cette plante sèche, et soumis les cendres obtenues au traitement généralement usité des chimistes, J. Cadet de Gassicourt<ref>''Répertoire de pharmacie'', 1852.</ref> a constaté que la salicorne contient une quantité notable de ce corps, qui remplit un rôle si important dans la thérapeutique actuelle.
Les rameaux tendres se mangent en salade dans tous les pays maritimes. On les confit au sel et au vinaigre comme les cornichons. On en fait pour les marins des conserves très-saines et moins coûteuses que les autres conserves de légumes. Elle est un des aliments les plus propres à conserver la santé des équipages et des passagers dans lesvoyages de long cours. Le savant professeur de chimie de Rouen, maintenant doyen de la Faculté des sciences de Lille, lui a donné le surnom de ''manne des grèves''. Notre spirituel romancier, Alphonse Karr, exprimait il y a une dizaine d'années, dans un feuilleton, sous le titre de ''Boutade utilitaire'', le regret de voir les populations des rivages maritimes dédaigner l'usage alimentaire de ce précieux végétal. « Et cependant, dit l'auteur, il n'y a qu'à se baisser pour en prendre, comme on dit vulgairement. Cet aliment, très-sain et très-agréable, est en si abondante quantité, que l'on pourrait le récolter avec une faux. J'ai entendu affirmer que rien que sur les plages qui avoisinent le Havre, on pourrait recueillir de quoi nourrir pendant dix jours tout le département... Je ne considère pas la criste marine (salicorne), ajoute plus loin Alphonse Karr, comme une conquête alimentaire du prix de la pomme de terre ; mais, je le répète, c'est un aliment sain et agréable, et qui a sur ce tubercule l'avantage que ceux qui n'ont ni terre, ni argent, n'ont qu'à le ramasser. »
Depuis dix ans et plus, M. Viau, propriétaire à Harfleur, fait préparer en grand desconserves de salicornes. Dès l'année 1850, cette heureuse innovation alimentaire avaitdéjà pris assez d'importance et d'extension pour mériter une médaille d'argent de la Société d'encouragement. La commission du Cercle de la marine au Havre ne lui fut pasmoins favorable, et les capitaines au long cours ne tarissent pas d'éloges au sujet decette production. Aussi la conserve préparée d'après le procédé particulier de M. Viauest déjà tellement répandue, qu'en 1852, au rapport de M. Cadet de Gassicourt<ref>''Journal de pharmacie'', 1852.</ref>, la marine marchande avait, depuis quatre ans, consommé plus de 30,000 kilogr. de salicorne. — Avis à la marine de l'Etat (3)<ref>Voyez le rapport des opérations de la quatrième section du jury de l'Exposition internationale de pêche de Boulogne-sur-Mer, quatrième section ; par le docteur H. Cazin.</ref>.
Au point de vue thérapeutique, la salicorne n'a pas moins d'avantages. Elle est d'une grande efficacité contre le scorbut, tant comme moyen prophylactique que comme agent curatif. Les habitants de nos côtes du Boulonnais, qui la mangent confite dans le vinaigre comme assaisonnement, et quelquefois à l'état frais, en salade, la considèrent comme propre à purifier le sang, à combattre l'air fiévreux, à donner de la force, à faciliter la digestion. J'ai vu le seul usage du mélange de salicorne et de roquette maritime, en salade, pendant l'été de 1855, guérir un marin atteint d'un scorbut caractérisé par l'infiltration avec ulcères aux jambes, par des taches ecchymosiformes nombreuses, le boursouflement et les ulcérations des gencives,
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des hémorrhagies nasales, etc. Ces deux plantes croissant dans les mêmes lieux, il était très-facile de se les procurer. (On sait que les acides associés aux végétaux sont reconnus comme les meilleurs, sinon comme les seuls antiscorbutiques vrais. L'État fait distribuer à ses marins, en cas de nécessité, des rations de suc de citron concentré. Ne serait-il pas possible de faire de grandes économies et d'arriver au même but, en lui substituant officiellement la criste marine confite dans le vinaigre ?) La salicorne esttrès-utile comme fondante et diurétique dans les affections scrofuleuses, les infiltrations séreuses, les engorgements atoniques des viscères, et notamment dans ceux de la rate, à la suite des fièvres intermittentes, etc. Dans ces derniers cas, je l'associe avec avantage au pissenlit, à la chicorée sauvage, à la petite centaurée, à la chausse-trappe. Le suc est la meilleure préparation.
[[Catégorie:Cazin 1868]]