[924]
<center>'''ROSAGES ''' ou '''RHODODENDRONS'''.</center>
<center>ERICACÉES. — RHODORÉES. Fam. nat. — DÉCANDRIE MONOGYNIE.</center>
Nom accepté : ''[[Rhododendron aureum]]''
'''ROSAGE CHRYSANTHE''', ROSE DE SIBÉRIE, ROSE DE NEIGE DE SIBÉRIE, ''rhodo''-
''dendrum chrysanthum''. Ce petit arbuste (Pl. XXXV) croît naturellement dans les lieux les plus froids de la Sibérie, de la Davourie, du Kamtschatka, etc. On le cultive dans nos jardins. S.-G. Gmelin est le premier qui l'ait fait connaître, sous le nom d’''Andromeda''.
'''Description'''. — Tiges rameuses, presque rampantes, diffuses, hautes de 30 à 50 centimètres. — Feuilles alternes, ovales-lancéolées, un peu pétiolées, entières, persistantes, d'un vert foncé en dessus, pâles et roussâtres en dessous. — Fleurs d'unbeau jaune pâle, disposées en corymbe à l'extrémité des rameaux (juin-juillet). — Calicecourt à cinq découpures persistantes. — Corolle monopétale à cinq lobes évasés, presqueen roue. — Dix étamines insérées sur le tube de la corolle. — Un ovaire supérieur, unstyle et un stigmate obtus. — Fruit : capsule ovale, presque anguleuse, à cinq loges,contenant des semences nombreuses.
'''Parties usitées'''. — Les feuilles.
'''Culture, récolte'''. — Comme toutes les espèces du même genre, la rose de Sibérie se multiplie de graine, qu'on sème clair, en terre de bruyère, sous châssis, au frais, à l'ombre. On presse un peu la terre avant de semer. On tamise dessus un peu de cette terre. On arrose très-souvent avec un arrosoir très-fin, pour entretenir toujours la fraîcheur, mais peu à la fois. Lorsque la plante a 50 à 80 centimètres, on l'enlève en
motte et on la place dans le jardin, sans trop rechercher l'ombre, en terre de bruyèreterreautée. On entoure de mousse les jeunes troncs et on arrose. On les multiplie aussien courbant peu à peu les branches des mères rosages, dans des petites fosses, qu'onremplit de la même terre, à laquelle on mêle un tiers de terreau, et on fixe la marcottepar un crochet. A mesure que les branches s'enracinent, on foule au pied un peu de terre pour les redresser. — Les feuilles peuvent être récoltées pendant toute la bellesaison, mais de préférence un peu avant l'épanouissement des fleurs.
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Les feuilles de ce rhododendron sont d'une saveur amère, austère, âcre, même étant sèches, et leur odeur se rapproche un peu de celle de la rhubarbe. Elles paraissent contenir un principe stimulant et narcotique, qui n'a point été, je crois, déterminé par l'analyse, mais qui semblerait rapprocher le rosage de la plupart des poisons âcres.
'''ROSAGE FERRUGINEUX''', LAURIER-ROSE DES ALPES, ''rhododendrum ferrugineum'', L. — Cette espèce croît sur les hauteurs des Alpes et dans les montagnes des Pyrénées, des Vosges, du Jura, de l'Auvergne, etc. On la cultive dans nos jardins.
'''Description'''. — Forme irrégulière et hauteur de 9 centimètres. — Feuilles oblongues, entières et repliées sur le bord. — Fleurs rouges, en bouquet. — Variété àfleurs blanches.
Cet arbuste est vénéneux. Welsh<ref>Orfila, ''Toxicologie générale'', t. II.</ref> parle d'un repas qui devint funeste aux convives pour avoir mangé d'un lièvre qui s'était nourri de ses feuilles. Villars<ref>''Flore du Dauphiné'', t. III, p. 591.</ref> dit qu'il fait périr les chèvres et les brebis qui en mangent. Ce botaniste l'a employé contre les dartres. Il paraît avoir les mêmes propriétés que le précédent, et a de plus l'avantage d'être indigène.
'''ROSAGE A FEUILLES LARGES''', ''rhododendrum maximum'', L. — Cette belle espèce, de l'Amérique septentrionale, où elle est presque un arbre, n'est qu'un buisson haut de 2 mètres dans nos jardins.
'''Description'''. — Feuilles ovales, obtuses, à bords roulés. — Fleurs roses en ombelles terminales (juillet) ; variété à fleurs blanches, très-belle, une panachée deblanc, une de jaune, une de vert clair.
Elle est vénéneuse comme ses congénères. Cependant, on l'a employée aux Etats-Unis contre le rhumatisme chronique et la goutte. La poussière glanduleuse qui se trouve autour des pétioles et des semences est mise en
'''BOSAGE PONTIQUE ''' ou DE PONT, ''rhododendrum ponticum'', L. — Cet arbrisseau a été introduit dans nos jardins par Tournefort<ref>''Voyage'', t. III, p. 70.</ref>, qui le trouva près de Cérasonte, le long de la mer Noire, etc. C'est le ''rhododendros'' de Pline<ref>Lib. II, cap. XIII.</ref>. Cet auteur dit que le miel puisé sur ses fleurs, et qu'il nomme ''mœnomenca'',- rend insensé. Dioscoride parle aussi de ce miel vénéneux, qui est fourni aussi, comme nous l'avons dit plus haut d'après Michaux, par le rosage à feuilles larges. D'après Fourcroy et Vauquelin<ref>''Annales de chimie'', 1807, t. LXIII, p. 102.</ref>, le rhododendron pontique présente chez nous sur son réceptacle des grains d'une sorte de miel concret, assez semblable pour l'aspect au sucre candi, mais qui est amer ; il se fond pendant la nuit par la fraîcheur de l'air. Ce sont, suivant Bosc<ref>''Séance de l'Institut'', 31 mai 1824.</ref>, les pieds plantés en pots, à l'abri du soleil et de la rosée, qui en fournissent ; ceux qui sont très-vigoureux n'en fournissent pas.
Cet arbrisseau a été reconnu aussi vénéneux en France qu'en Perse. Pépin<ref>''Annales de la Société d'horticulture'', juillet 1845, t. XXX. p. 410.</ref> a rapporté à la Société royale d'horticulture que quatre chèvres qui en avaient mangé furent empoisonnées et moururent au bout de quatre jours dans des souffrances horribles ; on trouva des traces d'inflammation dans l'estomac et les intestins. Une autre chèvre et un bouc, qui mangèrent aussi de ces feuilles, n'en moururent pas, ayant bu du lait ; ils furent huit jours à se remettre.