|nomcourtsuivant=Pistachier
}}
[855]
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Le pissenlit est inodore ; sa saveur est d'une amertume qui n'est pas désagréable. On a trouvé dans son suc laiteux : de la gomme, du sucre, de l'inuline, de l'albumine, du gluten, un principe odorant, de l'extractif et un principe particulier que Pollax en a retiré, la ''taraxacine'', amère, âcre, formée par des cristaux arborescents ou stellés, soluble dans l'alcool ou dans l'eau<ref>Mérat et Delens, ''Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique'', ''Supplément'', p. 689.</ref>.
Widhmann et Frukinger ont trouvé de la mannite dans le suc exprimé ; mais on aprouvé que cette substance ne doit pas exister dans sa racine fraîche, mais se développe sous l'influence d'une fermentation dite ''visqueuse''. On suppose que le suc de raisinC<sub>12</sub> H<sub>12</sub> O<sub>12</sub>) est transformé en 1 atome de mannite (C<sub>6</sub> H<sub>7</sub> O<sub>6</sub>) et 1 d'acide lactique1 (C<sub>6</sub> H<sub>5</sub> O<sub>5</sub>), 1 autre équivalent d'oxygène étant employé à la décomposition des principes albumineux. Ludwig a, en effet, trouvé de l'acide lactique dans l'extrait de pissenlit.
Marmé<ref>''Répertoire de pharmacie'', août 1865, p. 60.</ref> y a noté des traces d'inosite.
Cette plante, autrefois très en usage, a été trop oubliée de nos jours, excepté dans la médecine populaire. Il en est du pissenlit comme de la patience chez nos campagnards ; ils le mettent dans toutes les tisanes, et l'emploient dans toutes les maladies.
(Très-employé en Angleterre, le taraxacum y est classé parmi les médicaments altérants) ; il y est très-vanté contre les maladies du foie et les affections cutanées chroniques. Pemperton l'administrait avec succès sous forme d'infusion aqueuse ou d'extrait dans l'hépatite chronique, et la plupart des praticiens anglais le prescrivent dans cette affection, contre laquelle il passe pour avoir une action spéciale. Van Swieten en faisait un fréquent usage pour résoudre les engorgements abdominaux nés de fièvres intermittentes ou d'affections hypocondriaques invétérées. Il en mêlait souvent le suc àceux de cerfeuil, de fumeterre et de cresson, dans le petit-lait. Bonafos<ref>''Recueil d'observations'', t. II, p. 360.</ref> a employé avec succès le suc de pissenlit chez deux militaires affectés d'hydropisie. Stoll faisait un grand usage de cette chicoracée; il la donnait souvent en décoction nitrée dans les fièvres bilieuses, et elle faisait partie de la plupart de ses tisanes. Zimmermann, appelé auprès du grand Frédéric atteint d'une hydropisie de poitrine, prescrivit l'usage du suc de cette plante, qui le soulagea beaucoup en excitant la sécrétion urinaire. Itard<ref>''Dictionnaire des sciences médicales'', t. XXII, p. 404.</ref> a vu une anasarque assez considérable se dissiper au bout de trois semaines par l'usage de ce suc. Hanin eut de fréquentes occasions d'observer les bons effets du pissenlit dans les hydropisies. Le suc de pissenlit, mêlé avec celui de saponaire et de trèfle d'eau, est regardé par Roques comme un puissant remède contre les dartres invétérées, et surtout contre les fièvres quartes.
Je donne souvent le pissenlit dans les vices de sécrétion de la bile, dans l'ictère essentiel ou symptomatique, et surtout dans les engorgements hépatiques ou spléniques qui suivent les fièvres intermittentes, dans la cachexie paludéenne et les hydropisies. Je l'associe le plus souvent, dans ces derniers cas, comme l'indique Roques, à la saponaire et au trèfle d'eau. Je l'administre seul en décoction dans la convalescence des fièvres muqueuses et adynamiques, pour relever les forces digestives et rétablir les sécrétions.