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Pins et sapins (Cazin 1868)

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<center>PINS ET SAPINS. Pini et abietes.</center>
<center>CONIFÈRES. — ABIÉTINÉES. Fam. nat. — MONOECIE MONŒCIE MONADELPHIE. L.</center>
'''PIN A PIGNON ''' ou CULTIVÉ, PIN PINIER, PIN DE PIERRE, PIN D'ITAUE. (''Pinus''
''pinea'', L. ; ''Pinus sativa'', C. Bauh., Tourn.) — Cette espèce, d'un port très-élégant, croît spontanément en Barbarie, en Espagne, en Italie, dans les départements méridionaux de la France (entre Marseille et Saint-Tropez, Languedoc, Pyrénées-Orientales), et peut vivre en pleine terre sous le climat de Paris.
'''Description'''. — Tronc droit, à écorce raboteuse et grise ou brun-rougeâtre, sedivisant à la partie supérieure en beaucoup de branches étalées. — Feuilles solitaires etcourtes jusqu'à deux ou trois ans, puis réunies deux à deux, et alors éparses, longues,étroites, pointues, fermes, d'un vert un peu glauque, formant touffe aux extrémités desrameaux. — Fleurs en mai. — Cônes gros, arrondis ou pyramidaux, rougeâtres, à écailles épaisses, émoussées et très-larges au sommet, mettant souvent plusieurs années à mûrir ; renfermant des amandes blanches, huileuses, d'une saveur douce comme celle de noisette (pignons doux).
'''Récolte'''. — Pour recueillir ces fruits on étend les cônes à terre sur des toiles. On choisit le commencement du printemps, et le temps qui préeède le lever du soleil. Au bout de peu de jours, les écailles s'ouvrent par la chaleur, et en secouant un peu les pignons sortent. Les meilleurs pignons nous viennent de la Provence, du Languedoc et de la Catalogne.
'''PIN SAUVAGE''', PIN COMMUN, PIN DE GENÈVE, PIN DE RUSSIE, PINÉASTRE. (''Pinus sylvestris'', L.; ''Pinus sylvestris vulgaris Genovensis'', J. Bauh., Tourn.) — Cet arbre forme, dans une grande partie de la France, de vastes forêts, où il s'élève à la hauteur de 25 à 30 mètres. Il se plaît dans tous les climats ; il vient dans les plus mauvais terrains, et on peut le cultiver dans les lieux qui semblaient être condamnés à une aridité éternelle.
'''Description'''. — Tronc nu, droit, élancé, rameux à son sommet ; jeunes pousses verdâtres. — Feuilles dures, longues d'environ 5 centimètres, étroites, courbées en gouttière, pointues, d'un vert un peu bleuâtre, renfermées deux à deux dans une gaîne courte et cylindrique, munies d'une écaille roussâtre à leur base. — Chatons des fleurs mâles, roussâtres, disposées en grappes droites ; fleurs femelles, formant des chatons ovoïdes, d'un rouge sombre. — Cônes courts, pointus, pendants vers la terre, simples ou géminés, à écailles prismatiques, épaisses, obtuses, ligneuses, d'un gris cendré, amincies à leur base, ombiliquées à leur sommet.
'''PIN MARITIME''', PIN DE BORDEAUX. (''Pinus maritima'', Mell., Poïr, Duham.) - Cette espèce vient spontanément dans les terrains sablonneux des provinces méridionales. Ce pin abonde aux deux extrémités de la chaîne des Pyrénées, et dans les landes de Bordeaux, où on appelle ''pignada'' les forêts exclusivement composées de cet arbre. Il s'élève à plus de 30 mètres de hauteur. On le cultive en grand aux environs de Bordeaux, dans le Maine, dans la Sologne, dans la Bretagne, etc. Dans le nord de la France, on doit craindre qu'il ne soit endommagé par la gelée lorsque les hivers sont rigoureux.
'''Description'''. — Tronc droit, revêtu d'une écorce lisse, grisâtre ; rameaux étalés ; jeunes pousses un peu rouges. — Feuilles linéaires, longues de 8 à 10 centimètres, fermes, épaisses, lisses, d'un vert foncé, réunies deux à deux dans une gaîne. — Cônes d'une grosseur médiocre, allongés, élargis à leur base, d'un jaune luisant, portés sur des
'''PIN MUGHO''', PIN DE BRIANÇON, TORCHE-PIN. (''Pinus mugho'', Poïr; ''Pinus mughus'', Jacq, Weld, Murr.) — Il croît sur les montagnes de la Suisse, du Dauphiné, etc., et est voisin du pin sauvage. Ordinairement bas et rabougri, il s'élève quelquefois.
'''Usages'''. — Ce pin donne une résine très-odorante qui imite le baume du Pérou.
'''PIN-MÉLÈZE''', '''MÉLÈZE'''. (''Larix Europæa'', Desf.) — Il croît sur les parties élevées des Alpes. On le cultive dans toutes les autres parties de la France comme arbre d'ornement. Il peut atteindre 25 mètres d'élévation. Il est le seul des arbres verts qui perde ses feuilles l'hiver. C'est sur cet arbre que croît surtout l'agaric blanc (''boletus laricis''). (Voyez ce mot.)
Il suinte des blessures du tronc de cette espèce une grande quantité de résine contenue entre le bois et l'écorce. Cette résine est connue sous le nom de ''térébenthine de Briançon'' ou ''de Venise''. La ''manne de Briançon'' (suc mielleux exhalé des feuilles et qui se durcit et forme une espèce de manne) provient aussi du mélèze.
 
SAPINS (''abietes''). — Ces arbres appartiennent à un genre démembré du genre ''pinus'' de Linné, dont il se rapproche beaucoup.
Ces deux genres offrent les différences suivantes : les pins ont une tête touffue, les sapins ont une forme pyramidale. — Les feuilles des pins sont géminées ou fasciculées, celles des sapins sont solitaires. — Les chalons mâles des sapins sont axillaires, simples,et leurs cônes ont des écailles planes, minces, non renflés à leur sommet comme dans les pins.
'''SAPIN ARGENTÉ''', SAPIN COMMUN. (''Pinus picea'', L. ; ''Abies pectinata'', Decand. ; ''Abies taxifolia'', Desp. ; ''Abies vulgaris'', Poïr ; ''Abies taxifolia fructu sursum spectante''.) — Ce bel arbre croît naturellement dans les Pyrénées, dans les Alpes, dans les Vosges, etc. Il s'élève à la hauteur de plus de 30 mètres. On le plante dans les parcs et les jardins anglais.
'''Description'''. — Tronc nu, cylindrique, blanchâtre, garni supérieurement de branches horizontales disposées en pyramide régulière ; rameaux opposés, verticillés, jaunâtres. — Feuilles solitaires, planes, presque linéaires, obtuses ou échancrées à leur sommet, coriaces, luisantes et d'un vert foncé en dessus, d'un blanc argenté en dessous, très-rapprochées, et déjetées de côté et d'autre sur deux rangs. — Fleurs en chatons simples, solitaires ; les uns mâles, solitaires, effilés ; les autres femelles, presque cylindriques, souvent d'un rouge vif. — Cônes allongés, obtus, assez gros, et redressés vers le ciel, à écailles très-larges, entières, et à bractée dorsale allongée. — Les écailles sedétachent de l'axe après la maturité des graines.
'''Usages'''. — On retire de cette espèce de sapin la térébenthine dite de Strasbourg, et toutes les préparations que cette dernière fournit, comme l'essence de térébenthine, la colophane, la poix, etc. Les bourgeons de ce sapin sont usités en médecine ; on les trouve dans la droguerie sous forme verticillée, autour d'un bourgeon principal formé d'écailles roussâtres, résineuses, longues de 20 à 30 centimètres ; ils viennent de la Russie. On leur substitue sans inconvénient les bourgeons d'espèces congénères ou de genres voisins de la même famille.
'''SAPIN EPICEA ''' ou '''EPICIA''', SAPIN PESSE, FAUX SAPIN, SAPIN ÉLEVÉ. (''Pinus Picea'', Lin.; ''Abies excelsa'', Decand. ; ''Abies picea'', ''Abies tenuiore folio deorsum inflexo'', Tourn.) — Le sapin epicia, arbre d'une grande hauteur et d'une verdure sombre, croît en forêt dans les Alpes, dans les Pyrénées, en Auvergne, etc.
'''Description'''. — Tronc de 30 mètres de hauteur, se terminant par une belle
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tête pyramidale ; rameaux opposés, un peu inclinés. — Feuilles courtes, anguleuses,aiguës, linéaires, très-rapprochées. — Cônes allongés, plus ou moins gros, pendants, composés d'écailles ovales, planes, imbriquées, très-minces à leurs bords, obtuses etrougeâtres.
'''Usages'''. — C'est de cet arbre que coule la poix blanche ou poix de Bourgogne.
['''Parties usitées'''. — Les bourgeons, les feuilles, les fruits ou cônes, les résines et leurs dérivés, le goudron et ses dérivés, etc.
'''Culture'''. - Les pins et les sapins se cultivent à peu près de la même manière.On les multiplie par semis faits à la volée, en ligne, à la charrue ou à la canne, c'est-à-dire à l'aide d'une canne creuse pleine de graines, qui en laisse échapper une toutes les fois qu'on la pose en terre. Cette méthode est peu usitée ; le plus souvent, on mélange de la graine de genêt à celle du pin, pour que la première donne de jeunes plants qui protègent les petits arbres dans leur jeune âge ; on éclaircit à deux ans, à cinq ans, à dix ans, à vingt ans, de manière à ce qu'à cette époque il ne reste environ que deux cents pins par hectare; l'éclaircissage s'opère de deux manières : tantôt on coupe les arbres au pied, tantôt on les ''saigne à ruine'', c'est-à-dire qu'on les incise sur toutes lesfaces, de manière à en obtenir le plus de résine possible ; puis on les coupe. Dans tous lescas,on opère sur les sujets les plus rapprochés, les moins vigoureux, les plus déformés.
Il nous est impossible d'étudier ici d'une manière complète tous les produits que donnent les pins et sapins aux arts, à l'industrie et à la thérapeutique. (Nous accorderons une place à la térébenthine, à l'essence de térébenthine, au goudron, à la créosote, à l'acide phénique ; nous ferons ici une simple énumération et nous dirons quelques mots des produits les plus importants.
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tiquer un trou à la base de l'arbre, dans le tronc et dans la terre ; le nouveau, ou ''système Hugues'', dans lequel la résine est reçue dans des vases en terre que l'on place àl'aide d'un crochet, à différentes hauteurs sur l'arbre. On saigne successivement ainsil'arbre sur les quatre faces, jusqu'à ce que le pin cesse de produire de la résine ; les entailles portent le nom de ''quarre'' ou ''carre''.
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Le barras ou galipot entre dans certaines préparations pour usage externe, telles que onguents, emplâtres, etc. fondus au soleil ou à une douce chaleur ; ils constituent, après filtration, la pâte de térébenthine ou térébenthine de Bordeaux. Par distillation, il donne divers produits : 1° essence de térébenthine ; 2° la colophane ou arcanson, qui est employée en poudre comme hémostatique, et qui entre également dans un grand nombre d'onguents ; elle porte aussi le nom de ''brai sec''.
La résine jaune ou poix-résine est la colophane fondue et fortement brassée avec de l'eau. Ce mélange, additionné d'eau et malaxé, sert à préparer la ''poix blanche''.
La ''poix noire'' s'obtient dans les forêts en brûlant les copeaux de pin, les filtres depaille qui ont servi à purifier la térébenthine. On pratique aussi une sorte de distillation ''per descensum'', et qu'on opère de la sorte sur de vieilles souches de pin. On obtient le goudron, qui est surnagé par une huile noire que l'on vend pour l’''huile de cade'', quoique la véritable soit obtenue par distillation sèche du ''Juniperus oxycedrus''. (Voyez [[Genévrier (Cazin 1868)#Cade|ce mot]].)
La ''paraffine'' est une matière blanche solide, fondant vers 50 degrés, présentant l'aspect du blanc de baleine, composée d'hydrogène et de carbone, qui est très-employée pour la fabrication des bougies et pour la préparation des pommades, ''cold cream'', etc., en parfumerie et en pharmacie ; elle est extraite du goudron. (Voyez ce mot.)
 
La CRÉOSOTE est un mélange de divers produits empyreumatiques extraits du goudron de bois, dans lequel domine l'acide phénique. La créosote est liquide, incolore, transparente, d'une odeur infecte, d'une saveur âcre, brûlante, caustique. Sa densité est de 1.037 ; elle bout vers 187 degrés ; elle est un peu soluble dans l'eau. Sa solution étendue conserve les matières animales.
TÉRÉBENTHINE. — La térébenthine est le suc résineux qui découle des pins et des sapins, et dont nous avons déjà fait mention. Les térébenthines indigènes sont celles : 1° de Bordeaux (des pins maritime et sauvage) ; 2° d'Alsace (du sapin argenté ou commun) ; 3° des Vosges, ou térébenthine ordinaire ; 4° de Strasbourg (du sapin commun, du mélèze).
Ces substances sont des composés naturels d'huile essentielle et de résine qui ont uneconsistance molle à la température ordinaire de l'atmosphère. L'essence et la résine s'y trouvent en proportions variables. La térébenthine ordinaire contient à peu près le tiers de son poids d'huile essentielle. La térébenthine du pin maritime n'en contient que 12 pour 100 seulement. — La résine est elle-même composée de quatre résines différentes, savoir : l'acide pimarique, l'acide sylvique, l'acide pinique et une résine indifférente.
TÉRÉBENTHINE DE BORDEAUX, OU DU PIN MARITIME. — TÉRÉBENTHINE DE CHEVAL. — Epaisse, granulée, se séparant en deux couches, l'une transparente, colorée, l'autre grenue, consistante, opaque ; odeur forte et désagréable, saveur âcre et amère ; très-siccative à l'air, très-solidifiable par la magnésie, entièrement soluble dans l'alcool. La plus commune des térébenthines.
TÉRÉBENTHINE DE BRIANÇON, DE VENISE OU DE MÉLÈZE. — Ordinairement assez liquide, un peu verdâtre, d'une odeur forte, d'une saveur âcre et très-amère. — Caractères physiques non suffisamment distincts, la plus estimée et par conséquent souvent falsifiée.
TÉRÉBENTHINE DE STRASBOURG, D'ALSACE, DE SUISSE OU DE SAPIN COMMUN. - Peu colorée, jaune-verdâtre, consistance de miel, visqueuse, uniformément nébuleuse, odeur tenace (une variété à odeur agréable de citron, nommée ''térébenthine au citron'' ou ''térébenthine citriodore''), saveur très-amère et âcre ; très-peu siccative, non solidifiable par un seizième de magnésie, entièrement soluble dans l'alcool rectifié.— Préférée pour les préparations pharmaceutiques, et employée pour obtenir la térébenthine cuire, quoique le Codex prescrive celle de Venise.
Les diverses espèces de térébenthine ont à peu près les mêmes propriétés, C'est toujours une action simulante qu'elles exercent sur nos organes, et plus spécialement sur les membranes muqueuses génito-urinaires et bronchiques, ainsi que sur le système nerveux. Suivant l'état des divers appareils, elles portent leur activité sur la sécrétion urinaire, sur l'exhalationcutanée, sur la sécrétion bronchique. A haute dose, elles provoquent le vomissement et la purgation. La térébenthine est employée avec avantage dans les catarrhes chroniques pulmonaires et vésicaux, la phthisie, la blennorrhée, la leucorrhée atonique, la diarrhée muqueuse entretenue par le relâchement de la muqueuse intestinale, par une sorte d'altération des fonctions secrétoires de cette membrane ou par son ulcération superficielle ; dans le rhumatisme chronique, la goutte atonique, certaines névralgies, etc. C'est principalement dans la cystite chronique que la térébenthine triomphe ; elle la guérit dans la moitié des cas, et améliore presque constamment l'état du malade dans les catarrhes vésicaux, dus à la gravelle, aux affections de la prostate, à la paralysie de la vessie, etc. Dupuytren prescrivait dans cette affection huit, seize et même vingt pilules, contenant chacune 1 décigr. de térénthine. Mais il faut surveiller l'action spéciale de cette substance sur la vessie, et suspendre l'emploi de ce moyen lorsque des spasmes, la strangurie, des urines sanglantes, des douleurs plus ou moins vives dans les voies urinaires se manifestent, et, dans tous les cas, ne l'employer que lorsque les symptômes inflammatoires ont cédé au traitement antiphlogistique préalable. L'usage de cette résine dans le catarrhe vésical exige le la prudence et de la sagacité pratique. On ne doit pas le cesser im-
ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE. — Cette essence s'obtient par la distillation de la térébenthine, et plus particulièrement de la térébenthine de Bordeaux.
C'est un liquide incolore, d'une odeur forte et désagréable, très-inflammable, w»-lubie insoluble dans l'eau et plus léger qu'elle, peu soluble clans dans l'alcool, très-soluble "?."„* i^dans l'éther, pouvant dissoudre les résines, les baumes, le camphre, les huiles essentielles, les
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graisses, le soufre (en petite quantité), le phosphore, le caoutchouc. (Voyez plus haut''Propriétés physiques et chimiques''.)
L'essence de térébenthine du commerce contient toujours une portion d'acide et de résine. Pour certains usages pharmaceutiques et pour le nettoyage des étoffes, elle a besoin d'être purifiée par distillation avec de l'eau. Si on voulait l'avoir chimiquement pure, il faudrait la distiller une première fois sur de la chaux, et une seconde fois sur du chlorure de calcium.
L'huile essentielle de térébenthine est employée depuis longtemps contre la fièvre puerpérale par Kinneir d'Edimbourg<ref>''Nouvelle bibliothèque médicale'', t. IX, p. 129.</ref>. Il la donne jusqu'à ce que les symptômes de la maladie soient apaisés. Suivant ce médecin, il est rare qu'on soit même obligé d'en prendre plus de trois ou quatre fois pour obtenir ce résultat. Rarement l'essence est vomie. On la fait précéder de la saignée et de la purgation par le calomel ; elle favorise l'effet de ce dernier. Douglas regarde cette essence comme le remède le plus certain de la péritonite, même dans les cas les plus graves. En 1815, Atkinson<ref>''Journal général de médecine'', t. LV, p. 131.</ref> donna 8 gr. d'essence de térébenthine dans un peu d'eau de menthe à une femme attaquée de péritonite, ce qu'il répéta quatre fois en quatre heures, et dès le lendemain les douleurs péritonéales avaient cessé ; quelques applications topiques du même moyen la guérirent complètement.
D'un autre côté, Trousseau et Pidoux nient formellement cette efficacité. Ils regardent les cas où son administration a été suivie de succès, comme accidentels et dus à des constipations, à des engouements stercoraux du cœcum ou de la portion sigmoïde du côlon, lesquels causent de vives douleurs, du gonflement abdominal, de la rénitence dans une des régions inguinales, et qui peuvent, si on n'en débarrasse promptement les nouvellesaccouchées, amener des entérites phlegmoneuses, des abcès dans le tissu cellulaire qui unit aux deux fosses iliaques les deux portions d'intestin indiquées ci-dessus, et même causer des péritonites partielles, rarement généralisées ; Les faits qui se sont offerts à mon observation viennent à l'appui de cette opinion, que je partage en tous points.
Durande a employé l'essence de térébenthine mêlée à partie égale d'éther sulfurique, dans les coliques hépatiques dues à la présence de concrétions biliaires. Klinglake<ref>''Med. and phys. Journ.'', 1821.</ref> a fait cesser des accidents effrayants du bas-ventre, comme météorisation, vomissements, douleurs, etc., à la suite d'une constipation opiniâtre qui avait résisté aux moyens les plus énergiques, à 1'aide de 15 gr. d'essence de térébenthine dans 30 gr. d'huile de ricin, à prendre toutes les deux heures jusqu'à ce que le ventre s'ouvrît. Les vomissements s'arrêtèrent dès la première dose, et, à la quatrième, les selles survinrent.
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tés au bout de quatre à six minutes ; il semble au malade que la partie est couverte d'eau bouillante. Il en résulte une vive rubéfaction de la peau qui subsiste encore quelque temps. Ce cataplasme bien chaud, arrosé, comme nous venons de l'indiquer, avec l'essence de térébenthine, à laquelle on peut encore joindre à parties égales une teinture aromatique, de l'alcool de mélisse, du baume de Fioraventi, etc., appliqué autour du pied et mêmede la jambe, produit une révulsion énergique et prompte dans les cas de rétrocessions goutteuses, rhumatismales ou exanthématiques, dans les palpitations de cœur, dans les névralgies qui occupent les parties supérieures et dans toutes les circonstances où il s'agit de ranimer le principe vital, de produire une réaction à la fois vive et prompte. J'ai employé ce moyen avec succès, comme puissant auxiliaire, dans le traitement du choléra asiatique de 1832, et dans ceux de 1849 et de 1854.
Em. Rousseau<ref>''Abeille médicale'', 1850, p. 257.</ref> a publié plusieurs observations qui démontrent l'efficacité de l'essence de térébenthine en frictions sur le rachis et même sur les membres simultanément, dans le traitement des convulsions chez les enfants. Il ajoute que ce moyen lui a été d'un grand secours dans l'épidémie de choléra de 1849.
Kentish, Coxe, Goodall, Horlacher, ont recommandé l'essence de térébenthine dans la brûlure ; quel qu'en soit le degré, disent ces médecins, elle calme la douleur et éteint promptement la phlogose. Les plaies stationnaires et indolentes, les ulcères atoniques ou sordides, la gangrène, la pourriture d'hôpital, etc., trouvent dans ce médicament un puissant stimulant, undétersif, un antiseptique énergique.
(Wihple<ref>''American Journal of dental science'', cité par ''Revue de thérapeutique médico-chirurgicale'' 15 décembre 1862, p. 652.</ref> recommande l'application dans les dents cariées d'une boulette de coton imbibée d'huile essentielle de térébenthine : ce moyen calmerait rapidement les douleurs dentaires.)
Dans les constipations opiniâtres, un lavement composé de : essence de térébenthine, 15 gr. , jaune d'œuf n° 1, eau, ''Q. S.'', produit les meilleurs effets. On peut aussi l'employer comme révulsif dans les paraplégies, les apoplexies, et comme excitant dans les étranglements herniaires.
Les bains généraux dans lesquels on ajoute une ou deux cuillerées à potage d'huile essentielle de térébenthine constituent des stimulants révulsifs puissants, dont je me suis très-bien trouvé dans la dernière épidémie de choléra. Je les mets aussi en usage contre les rhumatismes chroniques, les sciatiques rebelles, etc. Les effets qui se produisent dans le bain sont très-intéressants. Pendant les huit premières minutes, rien de particulier ne sefait sentir ; l'essence semble surnager au-dessus de l'eau. Bientôt le mélange se fait, et on commence à éprouver une sensation de chaleur qui n'est pas désagréable. A la douzième ou quinzième minute se produisent des picotements, des fourmillements plus pénibles, suivis de besoin de mouvements, d'agitation musculaire, devenant pour certains sujets insupportables. En général, on ne peut rester dans le bain plus de vingt à vingt-cinq minutes. En sortant, la peau est rouge, parsemée de petites papules rosées, légèrement hyperesthésiée. Les démangeaisons durent ensuite plusieurs heures, suivant les individus. Ces propriétés, que je n'ai trouvées signalées nulle part, sont analogues à celles que Topinard a observées dans les huiles essentielles des labiées.) (Voyez article [[Thym (Cazin 1868)|THYM]].)
Ce liquide se prend en nature à des doses qui varient de 1 à 6 verres par jour ; à petite dose, il facilite et régularise les digestions ; à dose plus élevée, il produit quelques troubles gastriques, d'où l'indication de fractionner les doses.
Tous les auteurs qui en ont observé les effets thérapeutiques s'accordent pour reconnaître à la sève de pin maritime une action modificatrice sur la sécrétion bronchique ; aussi trouve-t-elle son indication dans toutes les maladies où cette sécrétion est pervertie dans sa quantité, catarrhe pulmonaire bronchorrée, phthisie pulmonaire. Keredan lui reconnaît en plusune influence contre les accès nocturnes de l'asthme.
En applications externes, elle est employée comme cicatrisant sur les plaies et les ulcères, et en injections dans les catarrhes des muqueuses génitales an même titre que l'eau de goudron.)
Le goudron en vapeur a été préconisé contre la phthisie pulmonaire par Christison et Wall. On a obtenu par ce moyen, à l'hôpital de Berlin, les résultats suivants : « Sur cinquante-quatre phthisiques distribués en quatre salles, dans lesquelles on évaporait quatre fois par jour une marmite de goudron, de manière à les remplir de vapeurs épaisses, quatre furent guéris, six éprouvèrent une amélioration sensible, seize ne ressentirent aucun changement, douze devinrent plus malades, et seize moururent<ref>''Dictionnaire de médecine'', 2e édit., t. XIV, p. 192.</ref>.
(Le goudron en vapeur est très-utile dans les affections pulmonaires chroniques, dans la phthisie, les catarrhes bronchiques, etc. Cazol livre cet agent à une évaporation spontanée dans des assiettes disséminées dans la chambre du malade. Il faut avoir soin de temps en temps de remuer le goudron. On peut encore le soumettre à une douce chaleur, comme celle d'uneveilleuse, par exemple. Soubeiran fait bouillir ensemble de l'eau et du goudron, et les vapeurs d'eau chargées de principe actif se répandent dans l'appartement. Il faut éviter avec soin que l'eau ne se vaporise entièrement, afin qu'il n'y ait point production d'une grande abondance de vapeurs empyreumatiques, qui seraient nuisibles au malade. Sax, le célèbre fabricant d'instruments de musique, a imaginé un appareil simple et portatif, destinéà faciliter l'évaporation et l'inhalation des vapeurs de goudron ; il lui a donné le nom d’''émanateur hygiénique''. Cet instrument est basé sur une idée très-simple ; sa disposition permet de multiplier la surface d'évaporation, d'en graduer la quantité, de la suspendre ou de la faire se prolonger.
On a aussi employé l'eau de goudron pulvérisé dans les cas qui réclament la médication précédente, et avec un succès marqué dans les laryngo-pharyngites glanduleuses.)
Le goudron n'agit pas seulement comme balsamique ou résineux, il stimule la muqueuse bronchique considérée comme organe de sécrétion.
Le professeur Hardy, dans ces cas véritablement désespérants pour le médecin où les furoncles se reproduisent avec une incroyable ténacité, a employé avec succès l'usage quotidien de l'eau de goudron. Plusieurs faits sont venus constater l'efficacité de cet agent comme moyen d'empêcher cette reproduction. J'ai en vain, chez trois malades, essayé cette médication ;l'éruption furonculeuse se présente dans des conditions tellement différentes qu'on ne peut compter sur le succès dans tous les cas.)
Comme Trousseau et Pidoux, j'ai employé avec un succès remarquable les injections d'eau de goudron : dans la vessie affectée de catarrhe chronique ; dans les conduits fistuleux qui donnent passage à une suppuration abondante et fétide, et sont entretenus par des caries et des nécroses ; dans les clapiers purulents résultant d'abcès profonds qui ont consumé le tissucellulaire interstitiel des muscles ; entre la peau décollée et les tissus sous-jacents dans certains ulcères scrofuleux ; dans le conduit auditif externe, siège de ces otorrhées interminables que laissent après elles, chez les enfants surtout, les fièvres éruptives, et principalement la scarlatine.
Les gargarismes d'eau de goudron réussissent parfaitement dans les stomatites ulcéreuses. Dans les blennorrhagies, je me suis toujours bien trouvé de l'eau de goudron à l'intérieur à la dose de 300 gr. par jour. Je prescris en même temps des injections avec de l'eau un peu plus chargée de principe actif.)
== Huile de sapin ==
HUILE DE SAPIN. — Il ne faut pas confondre cette huile avec la térébenthine, ni avec l'essence de térébenthine. On l'extrait dans les Vosges comme l'huile de lin, par expression à chaud des cônes ou strobiles de première année du pin sylvestre. Elle est d'une couleur brun-verdâtre, d'une consistance demi-liquide ; elle dépose abondamment par le repos, et a uneodeur aromatique très-prononcée. Dans les Vosges, cette huile sert à l'éclairage et fait partie de diverses préparations antirhumatismales et antipsoriques populaires.
à son apparition, état général dont la nature même peut varier, etc. Règle générale, une médication qui s'adresse à toutes les formes d'une affection m'est ''a priori'' fort suspecte.
Sans contredit, l'usage le plus répandu, je dirai l'usage populaire de la créosote, est celui qu'on en fait dans les caries dentaires ; on l'applique dans la dent malade à l'aide d'une petite boulette de coton ou d'amadou en ayant soin de ne pas toucher aux parties voisines. Lorsque l'on ne peut l'appliquer sur la carie même, on en verse quelques gouttes dans l'eau eton en gargarise la bouche ; la douleur cesse souvent. Stanislas Martin<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 1861.</ref> l'associe au collodion et obtient ainsi un enduit solidifiable fort convenable pour boucher les dents cariées.)
(ACIDE PHÉNIQUE, PHÉNOL, HYDRATE DE PHÉNYLE. — Quoique la créosote impure contienne de l'acide phénique, quoiqu'on puisse l'extraire du goudron de pin, son origine commerciale et scientifique est le goudron de houille. Cette origine le fait exclure de notre cadre déjà si rempli. Nous ne ferons donc que donner quelques détails sur ce corps si important et qui apris tant de valeur dans ces dernières années, et qui reproduit avec une énergie plus grande l'action de la créosote. Nous renverrons, pour des détails plus précis, aux publications périodiques des six dernières années et au travail de Lemaire<ref>''De l'acide phénique, de son action sur les végétaux, les animaux, les ferments, les venins, les virus, les miasmes, et de ses applications à l'industrie, à l'hygiène, aux sciences anatomiques et thérapeutiques''. 1 vol. grand in-18.</ref>. On trouvera dans l’''Union pharmaceutique'', 1865, p. 86, le formulaire complet des préparations phéniquées.
Rappelons que cet acide a été préconisé pour l'assainissement des locaux, dans les brûlures récentes à divers degrés, comme insecticide (gale), contre la teigne, dans les cas de gangrène de diverses natures, dans les affections catarrhales, contre le choléra, les affections typhiques, etc., etc., les affections virulentes, etc.
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