(Jusqu'à présent, nous avons confondu la digitale et la digitaline, auxquelles Homolle et Quevenne accordent des propriétés identiques. Il faut pourtant reconnaître, avec Hirtz, que la digitaline ne représente pas toutes les propriétés de la digitale. L'un des auteurs de la découverte de l'alcaloïde a bien vu cette différence ; mais la digitale pourprée et ses diverses préparations ne possèdent, selon lui<ref>''Archives générales de médecine'', 1861, t. II, p. 5.</ref>, aucune action physiologique utile qui n'appartienne en propre à la digitaline. La digitale contient, au point de vue physiologique et thérapeutique, deux principes actifs : l'un, la digitaline, représentant l'action élective de la plante sur l'organe central de la circulation et sur la fonction uro-poïétique ; l'autre, matière grasse, nauséeuse (acide digitoléique), doué d'une action vomitive énergique, et auquel il faudrait rattacher sans doute les phénomènes observés sur les organes visuels) (sensation de brouillard, etc.).
'''THÉRAPEUTIQUE'''. — C'est principalement en vue de son action sur la circulation et sur la sécrétion urinaire que la digitale est aujourd'hui employée en thérapeutique. « Et si ce n'était, disent Trousseau et Pidoux, l'école contro-stimulante d'Italie, qui en a fait un usage héroïque et plus puissant que la saignée dans le traitement des fièvres et des phlegmasies aiguës, les traités de matière médicale moderne devraient se borner à la mentionner exclusivement dans le traitement des affections organiques ou non organiques du coeur et des épanchements séreux. » C'est trop restreindre l'emploi thérapeutique de la digitale : des faits nombreux ont attesté son utilité dans d'autres maladies.
Dans les affections organiques ou non organiques du centre circulatoire, la digitale agit très-efficacement en régularisant les battements tumultueux et trop fréquents du cœur. Le soulagement que ce médicament procure est tellement remarquable, dans ces affections, qu'il a pu faire croire à la guérison dans des cas où la persistance des signes matériels d'une lésion organique ne permettait pas au médecin de l'espérer. Toutefois, l'emploi de la digitale, indiqué quand il y a hypertrophie, contractions énergiques des ventricules avec ou sans dilatation, est évidemment nuisible dans la dilatation des cavités du cœur avec amincissement des parois, débilité générale, teinte violacée de la face, froid des extrémités, menace d'asphyxie, etc.