(Claude Bernard, dans des expériences dont nous reproduisons plus loin (p. 785) les résultats, a établi que les jeunes animaux étaient aussi beaucoup plus sensibles aux effets des alcaloïdes de l'opium. Dans ses leçons cliniques, Trousseau insistait avec énergie sur l'ignorance où sont encore beaucoup de médecins, quant à cette excessive susceptibilité des enfants pour l'opium ou ses préparations. On ignore trop souvent, disait-il, qu'à l'âge d'un an, par exemple, une seule goutte de laudanum de Sydenham, c'est-à-dire un vingt-deuxième de grain d'opium, est un narcotique qui stupéfie l'enfant pour deux jours. L'Annuaire de Bouchardat (1858) relate, page 7, un cas d'empoisonnement mortel d'un enfant de quatre jours par environ deux gouttes de laudanum.)
Chez les vieillards, l'opium, même en très-petite quantité, favorise lescongestions cérébrales.ou anéantit promptement le principe vital déjà très-ifëbMaffaibli.sJJ'ai- vu le sirop diacode, donné le soir à la dose de 30 gr. à un vieillard.deisoixanterdixde soixante-dix-neuf ans, pour calmer la toux, causer promptement le nar-cotisme narcotisme et la mort..
;>fe!e:hàutes De hautes doses d'opium peuvent être supportées quand on y est arrivépar degrés, et que l'habitude a produit l'émoussement. (Cependant il arrive un moment où l'organisme se révolte de ces perturbations. Nous trouvons un exemple de cette non-tolérance dans la dégradation physique et morale dans laquelle tombent les fumeurs et les mangeurs d'opium en Chine, où, malgré les décrets condamnant à mort ceux qui fument ou vendent l'opium, un bon fumeur en consomme environ 3 gr. par jour ; mais quelquefois la dose s'élève jusqu'à 100 gr. Suivant Libermann<ref>''Les Fumeurs d'opium en Chine''. Paris, 1802, V. Rozier, gr. in-8°.</ref>, la vie de ce malheureux se divise en trois phases : une phase préparatoire où l'économie se débat avant de s'habituer au narcotique ; une seconde où, l'habitude prise, il ne ressent que les sensations agréables ; enfin une dernière et terrible période où éclatent les suites déplorables de cette funeste passion par une intoxication lente, le ''narcotisme'' chronique, par une désorganisation graduelle, finissant par amener la mort.
Nous regrettons que le cadre,?pàrdéjà trop grand, de ce livre ne nous permette pas de reproduire ici une partie de cette étude remarquable à plus d'un titre. Lisez ce travail d'un médecin philosophe ;suivez avec lui l'affaissement graduel de l'être,degrësd'excitation en excitation, poussé à la dépravation, au suicide, etc. Nous devons cependant tout particulièrement signaler à votre attention l'insensibilité cutanée soutenue, qui succède à l'usage prolongé de la fumée de l'opium et que se manifeste même en dehors de la durée de l'ivresse opiacée. Des fumeurs parfaitement éveillés peuvent garder sur un point de leur corps, pendant quelques minutes, un charbon ardent sans s'en apercevoir. Nous aurons à établir un point de comparaison entre ces phénomènes et l'application de l'habitude a produit opium à l'émoussementanesthésie chirurgicale). (Cependant il arrive
Lorsqu'un moment où état morbide p'articulier l'organisme se révolte exige, les doses d'opium peuvent être singulièrement élevées ; dans ce dernier cas, les narcotiques sont d'autant plus facilement supportés et produisent d'autant moins d'effet que la douleur est plus vive, que le spasme est plus prononcé, que le système nerveux est plus exalté. L'administration de l'opium à grande dose dans le tétanos en est une preuve. Oh a donné dans cette affection jusqu'à 30 gr., et même beaucoup plus, de laudanum liquide de ces perturbationsSydenham dans les vingt-quatre heures, sans pro duire la sédation du système nerveux. Nous trouvons
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■^pexeAjusquîà 100 gr. Suivant Libermann(l)Un spasme local avec éréthisme général, exaltation de la vie sensibilité, tension du système nerveux, peut diminuer l'effet de l'opium et des stupéfiants en général. J'ai rapporté à ce malheureux se disujet un fait très-curieux à l'article BELLADONE.
*sèsejBkitrois:phases■: Les effets de l'opium sont les mêmes, quelle que soit la voie par laquelle on l'introduit ; mais ils se manifestent avec plus ou moins de rapidité et d'intensité, à dose égale, par une phase préparatoire voie ou par une autre ; 5 centigr. d'un sel de morphine sur le derme dénudé causent presque immédiatement la soif, les vomissements, la somnolence, la pesanteur de tête, le trouble de la vision. Si ce sel a été pris par la bouche, les symptômes ne se développent qu'après une, deux ou trois heures, et les vomissements n'ont lieu ordinairement qu'après un, deux ou trois jours. Nous avons déjà fait remarquer à l'article DIGITALE que les médicaments pris en lavements agissent plus énergiquement que lorsqu'ils sont introduits par l'estomac, pourvu, toutefois que leur séjour soit aussi prolongé dans le premier cas que dans le second. Cette différence dépend, non de la plus grande force d'absorptiondans le gros intestin, mais de l'impossibilité où est cet organe d'altérer par la digestion les substances soumises à son action. (En outre, le médicament, dans le cas d'affection douloureuse des organes du bassin ou de l'économie se débat avantabdomen, a infiniment plus d'efficacité, lorsqu'on l'administre sous forme de lavements, que quand on le fait prendre par la bouche.
/;#s'habituer au ;narcotique ; une seconde oùLes méthodes iatraleptique, l'habitude priseendermique, il hypodermique, recevront, dans le courant de cet article, les développements dans lesquels nous ne ressentpouvons rentrer ici, même d'une façon générale.)
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%Iatêjat(Dans certains cas, l'excitation cutanée sera entretenue par des piqûres, des flagellations ou le pincement.les:suiteSîdéplorables La ''Gazette des hôpitaux'' (mars 1858) relate une remarquable observation de cette funeste passion guérison par une intoxicationce moyen. On arrivera au même but, et, avec plus de certitude, avec la faradisation. Consultez, à cesujet, la relation d'un cas intéressant publié par le ''Dublin med. press'' (novembre 1864). Ce moyen peut être utile dans les cas graves pour rétablir les fonctions respiratoires dans leur jeu physiologique ; on pourra aussi avoir recours à la respiration artificielle.)
S'Wèf^narèotisme chroniqueil y a diminution notable de la chaleur de la peau et de la sensibilité, par une désorganisation graduelleon appliquera des sinapismes aux mollets, finissantsur les coudes-pieds ; on repassera les membres avec des fers chauds, on mettra un corps chaud à la plante des pieds. (On appliquera même le marteau de Mayor.) Existe-t-il de la fréquence et de la dureté dans le pouls, avec des symptômes de congestion cérébrale, on saignera le malade. Il a été observé que dans un grand nombre de cas les saignées ont été très-utiles<ref>Devergie, ''Médecine légale''.</ref>.
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■ |fotre?aMention4L'insensibilité cutanée soutenueemploi de la belladone à doses toxiques, qui succède proportionnées à l'usage prointensité des symptômes d'empoisonnement causés par l'opium, a combattu les effets de ce-dernier par l'antagonisme qui existe entre ces deux agents. (Ce serait ici le lieu de revenir sur cette question si controversée, et qui, depuis quelques années, occupe si vivement le monde médical. A l'article BELLADONE, nous avons déjà cherché à établir l'antagonisme réciproque des deux agents. De nouveaux faits, des études et des expérimentations sérieuses, ont, depuis l'impression de cette partie de notre ouvrage, apporté de nouveaux documents à l'élucidation de cette importante question. Nous préférons en faire, à la fin de l'article OPIUM, l'objet d'une étude spéciale. (Voyez p. 797).
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Nous avons déjà fait remarqueral'article DIGITALE que les médicaments pris en lavements agissent plus éner-giquement que lorsqu'ils sont introduits par l'estomac, pourvu, toutefoisque leur séjour soit aussi prolongé dans le premier cas que dans le se-cond. Cette différence dépend, non de la plus grande force d'absorptiondans le gros intestin, mais de l'impossibilité où est cet organe d'altérer parla digestion les substances soumises à son action. (En outre, le médica-ment, dans le cas d'affection douloureuse des organes du bassin ou de l'ab-domen, a infiniment plus d'efficacité, lorsqu'on l'administre sous forme delavements, que quand on le fait prendre par la bouche.. Les méthodes iatraleptique, endermique, hypodermique, recevront, dansle courant de cet article, les développements dans lesquels nous ne pouvonsrentrer ici, même d'une façon générale.) Dans l'empoisonnement par l'opium, on doit : 1° provoquer l'expulsiondes restes du poison au moyen de l'eau tiède, des titillations de la luette,de l'émétique, ou même du sulfate de cuivre à petites doses. Cette indica-tion est d'autant plus importante à remplir que le temps écoulé depuis l'in-gestion du poison est moins considérable ; 2° faire prendre une dissolutionde tannin (6 gr. pour 250 gr. d'eau sucrée), ou de la décoction de noix degalle, et provoquer ensuite de nouveau les vomissements; 3" combattreactuellement les symptômes en raison de leur nature : le narcotisme, parle café administré en lavement, soit en infusion, soit en décoction, d'autantplus concentrées que le malade est plus âgé; par l'eau vinaigrée, la limo-nade citrique, dans laquelle on aura même exprimé du suc de citron pour .la rendre plus active; par des frictions sur toute la surface du corps;partous les genres de stimulation, tels que le réveil fréquent, la marche for-cée, afin de s'opposer à la stupeur continuelle. (Dans certains cas, l'excitation cutanée sera entretenue par des piqûres,des flagellations ou le pincement. La Gazette des hôpitaux (mars 1858) relateune remarquable observation de guérison par ce moyen. On arrivera anmême but, et, avec plus de certitude, avec la faradisation. Consultez, à cesujet, la relation d'un cas intéressant publié par le Dublin med. press (no-vembre 1864). Ce moyen peut être utile dans les cas graves pour rétablirles fonctions respiratoires dans leur jeu physiologique; on pourra aussiavoir recours à la respiration artificielle.) ... ' S'il y a diminution notable de la chaleur de la peau et de la sensibilité,on appliquera des sinapismes aux mollets, sur les coudes-pieds; on repas-sera les membres avec des fers chauds, on mettra un corps chaud à la plandes pieds. (On appliquera même le marteau de Mayor.) Existe-t-il de|al.r'quence et de la dureté dans le pouls, avec des symptômes de conSestTcérébrale, on saignera le malade. Il a été observé que dans un grand nomde cas les saignées ont été très-utiles (1). dans Giacomini considère la saignée comme le remède par excellence (1) Devergie, Médecine légale.downloadModeText.vue.download 786 sur 1308 PAVOT. 757 l'intoxuMibn par l'opium, quelles que soient son intensité et sa période.Suivant cet auteur, elle a réussi, tant au début de l'empoisonnement, alorsqu'ily'avait surexcitation manifeste, qu'à une époque où les malades pré-sentaient tous les symptômes de l'oppression, de l'asphyxie. (Dans l'empoi-sonto'ment par les opiacés, la saignée est une arme à deux tranchants, dontil ne faut user qu'avec une extrême circonspection et seulement pour ré-pondre à une indication pressante ou parer un danger réel imminent.) L'emploi de la belladone à doses toxiques, proportionnées à l'intensité dessymptômes d'empoisonnement causés par l'opium, a combattu les effets dece-dérniér par l'antagonisme qui existe entre ces deux agents. (Ce seraitici lé lieu de revenir sur cette question si controversée, et qui, depuisquelques années, occupe si vivement le monde médical. A l'article BELIA-JÔKE; nous avons déjà cherché à établir l'antagonisme réciproque des deuxa'gentsVDe nouveaux faits, des études et des expérimentations sérieuses, ont,depuis l'impression de cette partie de notre ouvrage, apporté de nouveauxdocuments à l'élucidation de cette importante question. Nous préférons enfaire, à la fin de l'article OPIUM, l'objet d'une étude spéciale. (Voyez p. 797). Comment agit l'opium? Considéré comme agent thérapeutique, est-il ex-clusivement exclusivement sédatif, narcotique, tonique ou excitant? L'opinion que l'opiumagit uniquement en produisant l'expansion du sang a régné longtemps, etaété a été presque entièrement adoptée par Frédéric Hoffmann. Cullen rapportaittous les effets de ce médicament au système nerveux. Brown le regardaitcornme comme le plus puissant stimulant de tout l'organisme: ''Opium, me hercle!mn non sedat'', s'écriait-il. Suivant cet auteur, la vive réaction qu'il provoqueamène l'épuisement des forces, la faiblesse indirecte. Ainsi que Brown,l'école italienne considère l'opium comme hypersthénisant, et l'asthénieapparente; qu'il finit par produire, comme résultant de l'oppression desforces. Suivant "Wirtensohn et Barbier, d'Amiens, ce médicament affaiblitla sensibilité, diminue la vitalité des organes, et s'il y a activité de la circu-lationcirculation, fréquence et développement du pouls, congestion sanguine aucerveau, etç;etc., c'est parce que le sang, ne pouvant plus franchir les capillairesdébilités, frappés de stupeur, reflue dans les vaisseaux, fait réagir le coeurcœur,tt.qui par des efforts redoublés, mais inutiles, le ^repousse vers ces mêmescapillaires, où il devient de plus en plus stagnaiitstagnant. Brachet, comme Cullen,^ibue attribue les effets de l'opium à la sédation exclusive du système nerveux.bâprès:Stahret D'après Stahl et Bosquillon, celte cette substance est à la fois stimulante et séda-ï> Huféland sédative. Hufeland adopte et développe cette opinion : il distingue dans l'opiumIw l'effet sédatif et l'effet -excitant, et la seule explication satisfaisante qu'onpuisse donner, suivant lui, de sa manière d'agir, consiste à dire qu'il estune Combinaison combinaison particulière et intime d'un principe narcotique et d'un•pnncipè'principe excitant, d'une substance qui agit d'une manière spéciale sur leTOmemérveuxsystème nerveux, et d'une autre dont l'action porte particulièrement sur lesystème.sanguin. «L« L'opium, dit ce célèbre médecin, appartient à la caté-jjone catégorie des niédicaments médicaments dont le mode d'action ne peut point s'expliquer,2?? comme celui des autres, parles par les idées reçues de stimulus, d'irritation, d'ex-InmT-l: excitement ; semblable aux agents supérieurs de la nature, à la chaleur, à lasttîth 6lumière, à l'iàl'éle.ctricité> électricité, il agit immédiatement sur la vitalité elle-même, et.^■■?'^sur tous les points, détermine, des modifications et des manifestations delacette vitalité, n - ' la Pénètre pénètre et la remplit, avec cela de particulier qu'il exalteBJpère orgam^ola sphère organico-végétative de la vie,-le travail fondamental de la vie "«M^'.tondis plastique, tandis qu'au contraire il déprime la sphère de la sensibilité. »
dutH<iminiVaprès avoir exPosé Ies effets de l'opium sur l'organisme, con-