'''Parties usitées'''. — Les feuilles, la racine et les semences.
'''Récolte'''. — La récolte de la jusquiame doit être faite lorsqu'elle est en pleine vé-gétationvégétation, un peu avant la floraison. On la fait sécher à l'étuve avec soin et promple-mentpromptement, ses feuilles étant grasses et visqueuses. La racine de la seconde année sera pré-férée préférée à celle de la première. La plante sauvage et celle du Midi sont plus actives quecelle qui est récoltée dans le Nord ou que l'on a cultivée. Elle est aussi moins active auprintemps. La racine a été quelquefois prise pour celle de chicorée et du panais, ans-quelles auxquelles elle ressemble beaucoup. Les pousses de jusquiame venues à l'ombre et presquesoustraites à l'action de la lumière ressemblent à des pissenlits qui seraient poussésdans une motte de terre, et peuvent être cueillies pour ces derniers. Ces méprisescausent quelquefois des accidents plus ou moins graves.
['''Culture'''. — La jusquiame se multiplie de graines en terre légère et sèche oudans des décombres.]
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Toutes les parties de cellecette plante exhalent une odeur fortement vireuse, repoussante, lorsqu'elles sont fraîches,moins prononcée à l'état de dessiccation. Leur saveur est d'abord fade, puis acreâcre, désa-gréabledésagréable, nauséabonde. Brandes(l)<ref>''Sur la substance narcotique de la jusquiame'', in ''Arch. bot''., 1832, t. I, p. 475.</ref>, en analysant les semences, y a découvert un principeactif qu'il a nommé hyosciamine. Cette substance est blanche, d'une saveur acre âcre etdésagréable., cristallisée en aiguilles soyeuses, très-soluble dans l'eau. Elle est volatilepresque sans décomposition; toujours cependant il se fait un peu d'ammoniaque, il s'enfait même quand on chauffe de l'hyosciamine avec de l'eau. Elle est précipitée par l'iodeen brun, par la noix de galle en blanc, par le chlorure d'or en blanc jaunâtre; mais lechlorure de platine ne la précipite pas. Elle possède ce caractère remarquable de trans-formation transformation qui se manifeste avec l'atropine au contact prolongé de l'air et de l'eau; etde même encore que l'atropine, elle ne perd pas par là ses propriétés vénéneuses. (Sou-beiranSoubeiran. )
L'hyosciamine existe dans les feuilles et les semences de jusquiame. Elle est plusdifficile à obtenir que l'atropine, parce qu'elle est plus soluble dans l'eau. Elle a, dureste, la plus grande analogie avec cette dernière.
(Garrod (2)<ref>''Bulletin de thérapeutique'', 30 janvier 1858.</ref>, comme nous l'avons déjà dit à l'article BELLADONE, pense que l'hyoscia-mine hyosciamine est détruite en présence des alcalis caustiques, et ne subit nul changement parlapar la présence des bicarbonates alcalins.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 2 à 3 gr. pour1,000 gr. d'eau<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
.Suc, 1 à 4 gr. en potion (progressivement).
{|align="center"| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" | A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 2 à 3 gr. pour 1,000 gr. d'eau.<br \>Suc, 1 à 4 gr. en potion (progressivement).<br \>Extrait par le suc épaissi, 1 à 15 centigr.<br \>Extrait aqueux, 1 à 15 centigr. en potion, pilules, etc.<br \>Extrait alcoolique et extrait de semences, 1 à 10 centigr. en potion, pilules, etc.<br \>Teinture avec les feuilles fraîches ou les semences (1 sur 12 d'alcool), 50 centigr. à 4 gr.<br \>Teinture avec les feuilles sèches (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés), 1 à 4 gr. en potion.<br \>Teinture éthérée (1 de feuilles sèches sur 6 d'éther sulfurique), 5 centigr. à 1 gr. en potion.<br \>Sirop de suc (2 de teinture de feuilles fraîches sur 15 de sucre et 7 d'eau), de 5 à 30 gr. en potion.<br \>Sirop d'extrait (1 d'extrait sur 125 d'eau et 250 de sirop de sucre bouillant), de 5 à 30 gr. en potion.<br \>Poudre, 5 à 20 centigr. en pilules ou dans un liquide.<br \><br \>A L'EXTÉRIEUR. — Décoction (de 20 à 30 gr.| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" | par kilogramme d'eau), en fomentations, lotions, fumigations, et feuilles en cataplasmes.<br \>Extrait, de 50 centigr. à 2 gr. par la méthode endermique.<br \>En pommade (1 sur 2 d'axonge ou de glycérolé), pour onction.<br \>Huile (1 de jusquiame fraîche sur 2 d'huile d'olives), en liniment, embrocations.<br \>(Savon de jusquiame (Buckers), 3 parties de teinture alcoolique concentrée pour 1 de savon à base de soude<ref>''Courrier médical'', 20 août 1858.</ref>. Même usage que l'huile, favorise davantage l'absorption.)<br \><br \>Le suc et le ''decoctum'' de racine de jusquiame noire en pleine végétation jouissent de propriétés très-énergiques ; mais leurs effets sont moindres si on les emploie au commencement du printemps. Le suc des feuilles est moins actif ; l'extrait aqueux, préparé en faisant évaporer au bain-marie le suc de 1a plante fraîche en pleine végétation, jouit à peu près des mêmes propriétés vénéneuses que le suc, tandis qu'il est beaucoup moins actif lorsqu'il a été obtenu par décoction de la plante peu développée ou trop desséchée : ce qui explique|}
Extrait aqueux, 1 à 15 centigr. en potion, pi-lules, etc.____________________
Extrait alcoolique et extrait de semences, 1 à10 centigr. en potion, pilules, etc.<references/>
Teinture avec les feuilles fraîches ou les se-
mences (1 sur 12 d'alcool), 50 centigr. à
4 gr.
Teinture avec les feuilles sèches (I sur 5 d'al-cool à 22 degrés), 1 à 4 gr. en potion.[545]
Teinture éthérée (1 {|align="center"| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" | pourquoi certains extraits de jusquiame, chez les pharmaciens, ne possèdent aucune vertu. L'extrait le mieux préparé ne doit pas être employé lorsqu'il a plus d'un an.<br \>Il résulte des expériences de Schroff<ref>''Wochenblatt der Zeitschrift der k. k. Gesellschaft der Aerzte zu Wien'', et ''Union médicale'', 1855.</ref> que toutes les préparations de jusquiame ont la même action et diffèrent seulement en énergie. La plus faible est la poudre des feuilles sèches sur 6, la racine d'un an est plus active, mais cède le pas aux extraits. L'extrait alcoolique et l'extrait éthéré alcoolique des semences sont les plus actifs. Il est trois fois plus énergique que l'extrait obtenu par l'évaporation du suc, et deux fois plus que l'extrait alcoolique des feuilles. L'huile grasse qui surnage est plus active que le fond ; mais l'extrait alcoolique de semences, quoique plus actif que tous les autres, présente plusieurs inconvénients : ainsi, sa saveur détestable, son peu d'homogénéité. Il se sépare en deux couches d'inégale action : la supérieure, huileuse, très-active ; l'inférieure, molle, moins énergique. — Il n'y a aucune raison, dit Schroff, pour évaporer les extraits à siccité, les extraits humides se con-| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" | servant aussi bien et ne pouvant être altérés par la chaleur. Les extraits secs sont très-hygrométriques, et la petite quantité d'éther sulfuriquealcool qui se trouve encore dans l'extrait mou aide à le préserver de la décomposition. On ne peutdonc être sûr de l'extrait sec. — Schroff a essayé l'huile de jusquiame obtenue par la décoction des feuilles et par expression des semences à froid. Elles sont peu actives ; mais la première l'est plus que la seconde.<br \>La jusquiame noire entre dans les pilules de cynoglosse, dans le baume tranquille, dans l'onguent populeum. Ses semences entraient dans un grand nombre de préparations de l'ancienne pharmacie, telles que le ''philoniumromanum'', le ''requies'' de Nicolas Myrepsus, les trochiques d'alkékenge, etc., relégués depuislongtemps dans la poussière de l'oubli.<br \><br \>(HYOSCIAMINE. — A L'INTÉRIEUR. — Solution : hyosciamine, 1 gr. ; alcool, 10 gr. ;eau, 100 gr. ; de 4 à 5 gouttes. (Schroff.)<br \>A L'EXTÉRIEUR. — En solution plus concentrée, 5 à 15 centigr. à 1 pour 30 gr. en po-tionde véhicule.)|}
Sirop de suc (2 de teinture de feuilles fraîches
■ sur 15 de sucre et 7 d'eau), de 5 à 30 gr.
en potion.
Sirop dLa jusquiame est un poison narcotico-âcre dont l'extrait (1 d'extrait action se porte sur 125 d'eau et250 de sirop de sucre bouillant)le système nerveux. Moins puissante que la belladone, de 5 elle produit les mêmes effets à30 gr. en potiondoses plus élevées.
Poudre, 5 Les symptômes de l'empoisonnement par l'ingestion d'une grande dose de cette plante sont les suivants : ardeur à 20 centigr. en pilules la bouche et au pharynx, douleurs abdominales, vomissements, rougeur de la face, fixité du regard, vue double, dilatation des pupilles, trismus, aphonie, distorsion spasmodique de la bouche, gêne, accélération de la respiration, vertige, assoupissement, somnolence, perte du sentiment, délire gai ou dans sérieux, tremblement, paralysie d'unliquideseul ou des deux côtés, agitation convulsive des bras, petitesse et intermittence du pouls, carphologie, refroidissement des extrémités, mort.
A LD'EXIÉRIEDB. — Décoction (après les expériences d'Orfila, la jusquiame ne détermine point l'inflammation de 20 à 30 grl'estomac, tout en exerçant sur le système nerveux cette violente excitation qui cause l'aliénation mentale et consécutivement la stupeur. Suivant Flourens, cette plante produit, comme l'opium, une effusion sanguine dans les lobes du cerveau.
par kilogramme dLe traitement de cet empoisonnement est le même que celui qui est indiqué à l'eau), en fomentations,lotions, fumigations, et feuilles en cata-plasmesarticle BELLADONE.
Extrait, Un lavement d'une décoction de 50 centigr. à 2 12 gr. par la méthodeendermiquede jusquiame causa des accidents apoplectiques et convulsifs, qu'on ne fit cesser qu'au moyen des boissons acides en abondance et des lavements de vinaigre.
En pommade (1 sur 2 « Pougens, l'auteur d'axonge ou un ''Dictionnaire de glyctmédecine'' en cinq volumes, fort en renom il y a une trentaine d'années, faillit être victime d'une semblable méprise ; s'étant administré un lavement préparé avec une assez forte décoction de ce végétal, dont il n'indique pas la dose, il fut pris d'un engourdissement subit avec une tendance irrésistible au sommeil. Malgré l'emploi du vinaigre et d'un excellent vin, il tomba dans un sommeil léthargique qui dura huit heures ; encore sa tête ne fut-elle parfaitement libre que vingt heures après son réveil. Pendant ce dernier temps, il éprouva un sentiment de bien~être indéfinissable ; il s'exprimait avec vivacité ; sa mémoire étaitrolé)meilleure, pour onction.son imagination plus vive ; il récitait, il composait des discours
Huile (1 de jusquiame fraîche sur 2 a taied'olives), en Uniment, embrocations.____________________
(Savon de jusquiame (Buckers), 3 partiesdeteinture alcoolique concentrée pour 1 ««savon à base de soude (3). Même usage qwl'huile, favorise davantage l'absorption.)<references/>
Le suc et le deeocium de racine de jus-
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(1) Sur la substance narcotique de la jusquiame, in Areh. bot., 1832, t. I, p- I 75' (2) Bulletin de thérapeutique, 30 janvier 1858. (3) Courrier médical, 20 août 1858.downloadModeText.vue.download 574 sur 1308 JUSQUIAME. 5Z|5 nourouoi certains extraits de jusquiame, chezL irmaciens, ne possèdent aucune vertu.L'extrait Je mieux préparé ne doit pas Être,employé lorsqu'il a plus d'un an. Il résulte des expériences de Schroff (1) quetoutes les préparations de jusquiame ont lamême action et diffèrent seulement en éner-rie. ta plus faible est la poudre des feuilles,li racine d'un an est plus active, mais cède lepas aux extraits. L'extrait alcoolique et l'ex-trait éthéré alcoolique des semences sont lesplus actifs. Il est trois fois plus énergique quel'extrait obtenu par l'évaporation du suc, etdeux fois plus que l'extrait alcoolique desfeuilles. L'huile grasse qui surnage est plusactive que le fond; mais l'extrait alcooliquede. semences, quoique plus actif que tous lesautres,présente plusieurs inconvénients: ainsi,sa saveur détestable, son peu d'homogénéité.Il se sépare en deux couches d'inégale action :la supérieure, huileuse, très-active; l'infé-rieure, molle, moins énergique. —Il n'y a au-cune raison, dit Schroff, pour évaporer les ex-traits à siccité, les extraits humides se con- servant aussi bien et ne pouvant être altéréspar la chaleur. Les extraits secs sont très-hygrométriques, et la petite quantité d'alcoolqui se trouve encore dans l'extrait mou aideà le préserver de la décomposition. On ne peutdonc être sûr de l'extrait sec. — Schroff a es-sayé l'huile de jusquiame obtenue par la dé-coction des feuilles et par expression des se-mences à froid. Elles sont peu actives ; maisla première l'est plus que la seconde. La jusquiame noire entre dans les pilulesde cynoglosse, dans le baume tranquille, dansl'onguent populeum. Ses semences entraientdans un grand nombre de préparations del'ancienne pharmacie, telles que le philoniumromanum, le requies de Nicolas Myrepsus, lestrochiques d'alkékenge, etc., relégués depuislongtemps dans la poussière de l'oubli. (HYOSCIAMINE. — A L'INTÉRIEUR. — Solu-tion : hyosciamine, 1 gr.; alcool, 10 gr.;eau, 100 gr.; de 4 à 5 gouttes. (SchrotT.) A L'EXTÉRIEUR. — En solution plus concentrée,5 à 15 centigr. pour 30 gr. de véhicule.) La jusquiame est un poison narcotico-âcre dont l'action se porte sur lesystème nerveux. Moins puissante que la belladone, elle produit les mêmesell'ets à doses plus élevées. Les symptômes de l'empoisonnement par l'ingestion d'une grande dose decette plante sont les suivants : ardeur à la bouche et au pharynx, douleursabdominales, vomissements, rougeur de la face, fixité du regard, vue double,dilatation des pupilles, trismus, aphonie, distorsion spasmodique de labouche, gêne, accélération de la respiration, vertige, assoupissement, som-nolence, perte du sentiment, délire gai ou sérieux, tremblement, pa-ralysie d'un seul ou des deux côtés, agitation convulsive des bras, peti-tesse et intermittence du pouls, carphologie, refroidissement des extré-mités, mort. D'après les expériences d'Orfila, la jusquiame ne détermine point l'inflam-mation de l'estomac, tout en exerçant sur le système nerveux cette violenteexcitation qui cause l'aliénation mentale et consécutivement la stupeur. Sui-vant Flourens, cette plante produit, comme l'opium, une effusion sanguinedans;les lobes du cerveau. Le traitement de cet empoisonnement est le même que celui qui est indi-qué-à l'article BELLADONE. Un lavement d'une décoction de 12 gr. de jusquiame causa des accidentsapoplectiques et convulsifs, qu'on ne fit cesser qu'au moyen des boissonsacides en abondance et des lavements de vinaigre. «Pougens, l'auteur d'un Dictionnaire de médecine en cinq volumes, forten renom il y a une trentaine d'années, faillit être victime d'une semblablemepnse; s'étant administré un lavement préparé avec une assez forte dé-coction de ce végétal, dont il n'indique pas la dose, il fut pris d'un engour-wssement subit avec une tendance irrésistible au sommeil. Malgré l'emploi<w vinaigre et d'un excellent vin, il tomba dans un sommeil léthargique qui: «huit heures; encore sa tête ne fut-elle parfaitement libre que vingtwes après son réveil. Pendant ce dernier temps, il éprouva un sentimentme'îieiI1~être indéflnissable; il s'exprimait avec vivacité; sa mémoire était«eiueure, son imagination plus vive ; il récitait, il composait des discours ^lm£h™Uatt der ZeitMhrift der k. k. Gesellschafl der Aente au Wien, et Union médi- 35downloadModeText.vue.download 575 sur 1308 [546 JUSQUIAME.]
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