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== Chausse-trappe ==
CHAUSSE-TRAPE. Centaurea calcitrapa. L.
Carduus stellatus. DOD. — Carduus stellatus, foliis papaveris erratici. BAUH.
Carduus muriaticus. CLUS. —Rhaponticum calcitrapa. SCOP. — SJM
Stella alba. TABERN. —Carduus stellatus seu calcitrapa. TOURN.
Centaurée chausse-trape, — centaurée étoilée, — chardon étoile, — pignerollo.
SYNANTHÉRÉES. Fam. nat. — SYNGÉNÉSIE POLYGAMIE FRUSTRAKÉE. L.
Cette plante vivace ( PI. XIV ) croît dans toute la France, sur le boni (te
chemins, dans les terrains secs, autour des villes et des villages. Les W
assaisonnaient l'Agneau pascal avec les feuilles de la centaurée étoilée, d
les Egyptiens mangent encore aujourd'hui ses jeunes pousses.
Description. — Racines longues, charnues, d'un blanc brunâtre. — Tige angu-
leuse, très-rameuse et en forme de buisson arrondi. — Feuilles alternes, pubescenfe
les radicales pinnntifides, à lobes éloignés et dentés, rétrécies en pétiole, étalées e»
rosette. ; les caulinaires sessiles ; les supérieures entières, petites.— Fleurs en captl*
épineux, ovoïdes-oblongs, composés de fleurons purpurins, en cyme et portés sur J
pédoncule entouré de bractées ; fleurons en tube irrégulier, 5-ficles, sur un récepl»
velu, hermaphrodites au centre, neutres à la circonférence.— Involucre formé d'éc*
ovales terminées par de longues et fortes épines jaunâtres, divariquées en étoiles'
pinnalifides à leur base. — Fruits : akènes blancs, oblongs, à aigrette sessile.
Parties usitées. — La racine, les feuilles et les fleurs.
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CHAUSSE-TRAPE. 277
[Culture. — La chansse-trape n'est cultivée que dans les jardins de bo'anique;
on la propage par semis faits en pleine terre.]
Récoltfe. _ La récolte de^ la centaurée, chausse-lrape doit se faire avant l'épa-
nouissement des fleurs; plus lard elle esl desséchée et sans suc.
Propriétés physiques et chimiques. — Les feuilles et les fleurs, tout
à fait inodores, sont très-amères ; la racine et les semences sont douces. Cette plante
contient, d'après Figuier, de Montpellier, du ligneux, une substance gommeuse, une
substance résiniforme, une matière azotée, de l'acétate, de l'hydroclilorate el du sulfate
de potasse, de l'hydroclilorate et du sulfate de cbaux, une matière colorante verle, de
la silice, une petite quantité d'acide acétique.
(François Scribe a trouvé dans les feuilles, du cnicin comme dans toutes les plantes
amères de la tribu des cynarocéphales.)
Colignon, pharmacien à Apt (1), s'est assuré que cette plante ne contient pas d'alca-
loïde et que sa saveur amère est due à une substance à laquelle il a donné la nom
d'aride calcitrapique, dont les caractères sont, les suivants : amertume très-inlense et
styptique, couleur ambrée, transparente, consistance sirupeuse; non volatil, décompo-
sante par la chaleur; rougissant fortement le papier de tournesol ; incristallisable ; trôs-
soluble dans l'alcool et dans l'éther; peu soluble dans l'eau, môme bouillante; formant
avec les bases solubles, telles que la polasse, la soude el l'ammoniaque, des sels so-
liibles dans l'eau, mais incristallisables. L'alcool qui le tient en solution devient très-
difficile à distiller, même à feu nu. Une très-petite quantité dissoute dans ce véhicule
suffit pour lui communiquer une amerLume très-intense.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉMEUII. — Décoction , 15 à 60 gr. par
kilogramme d'eau.
Suc des feuilles, de 120 à 160 gr. comme fé-
brifuge. •
Feuilles en poudre, de 1 à h gr., dans du vin,
■ ou en électuaire.
Extrait aqueux, de 15 à 60 gr.
Extrait alcoolique, 60 centigr. à 2 gr.
Fleurs en poudre, l\ à 12 gr. (Bucliner.)
Fruits, lt gr., macérés dans du vin blanc,
comme puissant diurétique.
Vin, 30 à 60 gr. pour 1 kilogr. (de CO à
100 gr.)
Les feuilles et les fleurs de chausse-trape sont considérées comme toniques
et fébrifuges. La racine et les semences sont diurétiques.
L'action des sommités fleuries de cette plante, sur nos organes, est ana-
logue à celle de la petile centaurée et de la gentiane. J. Bauhin, Tournefort,
Séguier, Geoffroy, Buchner, Linné, Gilibert, Chrestien de Montpellier (2),
Valentin (3), ont constaté ses propriétés fébrifuges. Vitet lui reconnaît les
mêmes propriétés, et prescrit la décoction concentrée des feuilles ou le suc
à grande dose. «C'est, dit Roques, un de nos meilleurs fébrifuges indi-
gènes; ilpeut fort bien remplacer le quinquina dans les campagnes. Nous
avons guéri, dit encore Roques, avec la décoction des feuilles et d'es fleurs,
plusieurs malades atteints de fièvres de divers types.»
C'est à Clouet [\), qui, en 1787, l'administra avec succès à plus de deux
mille soldats de la garnison de Verdun, que nous devons les expériences les
plus concluantes sur l'efiicacité de la chausse-trape contre les fièvres inter-
mittentes. Ce remède n'en fut pas moins abandonné, malgré les résultats
ultérieurement obtenus par d'autres médecins. «Nous n'estimons point ce
qui croît chez nous, nous n'estimons que ce qui s'achète, ce qui couste et
s apporte de dehors (5).»
Bans ces circonstances, Bertin, professeur agrégé de la Faculté de Mont-
pellier, a lu devant l'Académie des sciences et lettres de la même ville un
mémoire très-intéressant sur les propriétés fébrifuges de la chausse-trape (6).
be médecin avait eu le soin de dégager les fièvres de toute complication.
\ll Répertoire de pharmacie, octobre 1853.
• H\, v 'im **e Pharmacie, mai 1809.
. Wmuneau Journal de médecine, t. III, 1810.
ffi °?uMma' de médecine militaire, t. VII.
' marron, De la Sagesse.
W Hevue thérapeutique du Midi, 1853.
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278 CHEL1D0INE.
Au début, il administra le médicament sous forme d'extrait- aux doses aux-
quelles il aurait prescrit le sulfate de quinine, et de la même manière que
pour ce dernier, c'est-à-dire le plus loin possible des accès. Le succès lui
prompt et durable : de nombreuses fièvres quotidiennes, tierces et quartes
guérirent par ce remède. Le même résultat fut obtenu dans les fièvres
intermittentes larvées et dans les maladies compliquées d'un élément in-
termittent.
Ces faits, aussi nombreux que bien constatés, prouvent l'incontestable
efficacité d-e l'extrait alcoolique de chausse-trape dans les fièvres intermit-
tentes non pernicieuses, même dans celles- d'origine paludéenne. Berlin n'a
pas cru devoir s'en rapporter à ce médicament dans les fièvres perni-
cieuses, où -la certitude du danger réclame impérieusement l'emploi de
l'antipériodique par excellence. Les bons effets de la chausse-trape lui oui
paru si constants, que, dans la prison cellulaire de Montpellier, il préfère,
par économie, l'extrait de cette plante au" sulfate de quinine. Ses malades
n'ont point eu de rechutes; et cependant plusieurs d'entre eux étaient vomis
des rizières du château d'Avignon ou des bords marécageux des étang«,
On peut, sans inconvénient, administrer de fortes doses d'extrait de
chausse-trape. Cependant Bertin n'a jamais dépassé la dose de 1 gr. 20 cen-
tigr., qu'il prescrit en pilules de 20 centigr. chacune.
De tels succès convaincront-ils les médecins qui refusent à nos fébrifuges.
indigènes la faculté de combattre les fièvres intermittentes d'origine palu-
déenne ? La vérité se fait difficilement jour à travers les préjugés.
Je regarde le chardon étoile comme un de nos meilleurs fébrifuges indi-
gènes. J'ai employé plusieurs fois avec succès son suc dans les fièvres inter-
mittentes. Cette préparation m'a réussi dans deux cas où la décoction avait
échoué. J'ai souvent associé avec avantage cette plante à l'écorce de saule
et à l'absinthe dans les fièvres automnales cachectiques. Dans tous les as
où les toniques fixes sont indiqués, la chausse-trape peut remplacer les
amers exotiques. Je l'ai substituée au quassia amara. Elle m'a réussi complè-
tement dans la leucorrhée atonique, soit en décoction, soit infusée dans le
vin blanc, avec addition d'un peu de racine d'angélique.
La semence de calcitrape est certainement très-diurétique. Dodonéedil
qu'elle provoque l'urine jusqu'au sang si oh ne modère son usage. Celle
assertion nous paraît exagérée. Je l'ai fait prendre en poudre avec du vin
blanc, dans des cas d'hydropisie, où elle a produit une abondante sécrétion
•d'urine. La racine ne m'a pas paru avoir une action aussi marquée sur l'ap-
pareil urinaire. Elle faisait partie, suivant Desbois, de Rochefort, du remède
de Baville, qu'on regardait comme très-efficace contre la gravelle.
[[Catégorie:Cazin 1868]]