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Pins et sapins (Cazin 1868)

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[836]

== Pins et sapins ==

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PINS ET SAPINS. Pini et abietes.
CONIFÈRES. — ABIÉTINÉES. Fam. nat. — MONOECIE MONADELPHIE. L.
Les pins et les sapins fournissent à l'économie domestique, aux arts et à
la médecine, de grandes ressources.

PINS (Pini). — Grands et beaux arbres croissant spontanément, ou cul-
tivés dans plusieurs départements de la France.

Description. — Tronc bien droit, simple, s'élevant parfois à plus de 30 m»
revêtu d'une écorce mucilagineuse. — Feuilles toujours vertes, ordinairement t\
nées à la base par deux à cinq, filiformes, glauques, fermes. — Fleurs monoiqtle .-
Chatons mâles oblongs, ramassés en grappes terminales, dont le pollen est si w
qu'il se répand parfois au loin, porté par les vents, ce qui a fait croire à des pu«
soufre; deux anthères à une loge. — Cliatons femelles simples, composes déca rec0,i-
briquées, pointues, colorées; deux noix osseuses ou teslacées, monospermes,
vertes d'une membrane qui se prolonge en forme d'aile.

PIN A PIGNON ou CULTIVÉ, PIN PINIER, PIN DE PIERRE, PIN D'ITAUE. (
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PINS ET SAPINS. 837

mea L.; Pinus sativa, C. Bauh., Tourn.) — Cette espèce, d'un port très-
léeant, croît spontanément en Barbarie, en Espagne, en Italie, dans les
départements méridionaux de la France (entre Marseille et Saint-Tropez,
Languedoc, Pyrénées-Orientales), et peut vivre en pleine terre sous le
climat de Paris.

Description. — Tronc droit, à écorce raboteuse et grise ou brunu-ougeâtre, se
divisant à la partie supérieure en beaucoup de branches étalées. — Feuilles solitaires et
courtes jusqu'à deux ou trois ans, puis réunies deux à deux, et alors éparses, longues,
étroites, pointues, fermes, d'un vert un peu glauque, formant touffe aux extrémités des
rameaux. — Fleurs en mai. — Cônes gros, arrondis ou pyramidaux, rougeâtres, à
écaillesépaisses, émoussées et très-larges au sommet, mettant souvent plusieurs années
à mûrir; renfermant des amandes blanches, huileuses, d'une saveur douce comme celle
denoïsette (pignons doux).

i Récolte. — Pour recueillir ces fruits on étend les cônes à terre sur des toiles. On

: choisit le commencement du "printemps, et le temps qui préeède le lever du soleil. Au

bout dé peu de jours, les écailles s'ouvrent par la chaleur, et en secouant un peu les

pignons sortent. Les meilleurs pignons nous viennent de la Provence, du Languedoc et

delà Catalogne.

Usages. — Les pignons doux, que l'on mange en Italie et en Provence, sont d'une
saveur agréable. Ils contiennent beaucoup de fécule et une huile douce qui rancit faci-
lement Us sont émulsifs et peuvent remplacer les amandes douces. On les confit au
, sucre; on en fait des dragées, des pralines, des crèmes. Le bois fournit une résine odo-
rante et balsamique. On connaît ses usages dans la charpenterie, la menuiserie, etc.

; PIN SAUVAGE, PIN COMMUN, PIN DE GENÈVE, PIN DE RDSSIE, PINÉASTRE. (Pinus
sylvestris, L.; Pinus sylvestris vulgaris Genovensis, J. Bauh., Tourn.) — Cet

; arbre forme, dans une grande partie delà France, dévastes forêts, où il
s'élève à" la hauteur de 25 à 30 mètres. Il se plaît dans tous les climats ; il
vient dans les plus mauvais terrains, et on peut le cultiver dans les lieux qui

l semblaient être condamnés à une aridité éternelle.

.■' Description. — Tronc nu, droit, élancé, rameux à son sommet; jeunes pousses

verdàtres. — Feuilles dures, longues d'environ 5 centimètres, étroites, courbées en

gouttière, pointues, d'un vert un peu bleuâtre, renfermées deux à deux dans une gaîne

: courte et cylindrique, munies d'une écaille roussâtre à leur base. — Chatons des fleurs

ï mâles, roussâtres, disposées en grappes droites; fleurs femelles, formant des chatons

, ovoïdes, d'un rouge sombre. — Cônes courts, pointus, pendants vers la terre, simples

,; oogéminés, à écailles prismatiques, épaisses, obtuses, ligneuses, d'un gris cendré,

amincies à leur base, ombiliquées à leur sommet.

: l'sa9e?' — Lé pin sauvage est celui dont on obtient le plus de produits. On en ex-
ploite le bois en quantité énorme, soit pour la construction des navires, soit pour la
Arpente des bâtiments, la menuiserie, etc., après en avoir retiré la résine. Il fournit
Beaucoup de térébenthine, du goudron, du brai sec, du galipot, etc. L'écorce intérieure,
renfermant un principe nutritif, sert de nourriture aux Lapons, qui en font du pain; tan-

L teque l'écorce extérieure est rugueuse, boursouflée et si légère qu'elle peut remplacer

- le liège pour les filets de pêche.

PIN MARITIME, PIN DE BORDEAUX. (Pinus maritima, Mell., Poïr, Duham.)
■7 uette espèce vient spontanément dans les terrains sablonneux des pro-
Mces^méridionales. Ce pin abonde aux deux extrémités de la chaîne des
ryrenees, etdahs les landes de Bordeaux, où on appellepignada les forêts

. «lavement composées de cet arbre. Il s'élève à plus de 30 mètres de
T. , o0n le cultive en grand aux environs de Bordeaux, dans le Maine,

: 3f wlogne, dans la Bretagne, etc. Dans le nord de la France, on doit
rë™re ^u ne soit endommagé par la gelée lorsque les hivers sont rigou-

■ ieurip^iî?^^^*'011* ~ Tronc droit> revêtu d'une écorce lisse, grisâtre; rameaux étalés;

fermes i-lm peu rouges. — Feuilles linéaires, longues de 8 à 10 centimètres,

tfnneêrnf1SSeS'lisses' d'un vert foncé> réunies deux à deux dans une gaîne. — Cônes

grosseur médiocre, allongés, élargis à leur base, d'un jaune luisant, portés sur des
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83$ PINS ET SAPINS.

pédoncules courts, ligneux, tenant fortement aux branches et recourbés en dehors
souvent opposés deux à deux ; écailles dont le sommet est pointu; terminé en mamelon
Usages. — Le pin maritime fournit une grande quantilé de résine pendant toute*
la belle saison (térébenthine de Bordeaux). Le suc résineux qui coule dans les anses
par les incisions qu'on a pratiquées sur le tronc, se nomme galipot; celui qui seli°ê
et se dessèche le long des blessures de l'arbre s'appelle barras ou gemme. *

PIN MUGHO, PIN DE BRIANÇON, TORCHE-PIN. (Pinus mugho, Poïr; mm
mughus, Jacq, Weld, Murr.) — Il croît sur les montagnes de la Suisse du
Dauphiné, etc., et est voisin du pin sauvage. Ordinairement bas et rabougri
il s'élève quelquefois. '

Usages. — Ce pin donne une résine très-odorante qui imite le baume du Pérou.

PIN-MÉLÈZE, MÉLÈZE. (Larix Europcea, Desf.) —Il croît sur les par-
ties élevées des Alpes. On le cultive dans toutes les autres parties de la
France comme arbre d'ornement. ILpeut atteindre 25 mètres d'élévation,
Il est le seul des arbres verts qui perde ses feuilles l'hiver. C'est sur cet
arbre que croît surtout l'agaric blanc (boletus laricis). (Voyez ce mot.)

Il suinte des blessures du tronc de celte espèce une grande quantité de résine conte-
nue entre le bois et l'écorce. Cette résine est connue sous le nom de térébenthine k
Briançon ou de Venise. La manne de Briançon (suc mielleux exhalé des feuilles et qui
se durcit et forme une espèce de manne) provient aussi du mélèze.

SAPINS (àbietes). — Ces arbres appartiennent à un genre démembré du
genre pinus de Linné, dont il se rapproche beaucoup.

Ces deux genres offrent les différences suivantes : les pins ont une tète touffue, les.
sapins ont une forme pyramidale. — Les feuilles des pins sont géminées ou fasciculées,
celles des sapins sont solitaires. — Les chalons mâles des sapins sont axillaircs, simples,
et leurs cônes ont des écailles planes, minces, non renflés à leur sommet comme dans
tes pins.

SAPIN ARGENTÉ, SAPIN COMMUN. (Pinus picea, L. ; Abies pectinata, Decand,;;
Abies taxifolia, Desp. ; Abies vulgaris, Poïr ; Abies taxifolia fructu swsm
spectante.) — Ce bel arbre croît naturellement dans les Pyrénées, dans les
Alpes, dans les Vosges, etc. 11 s'élève à la hauteur de plus de 30 mètres. On
le plante dans les parcs et les jardins anglais.

Description. — Tronc nu, cylindrique, blanchâtre, garni supérieurement k
branches horizontales disposées en pyramide régulière ; rameaux opposés, vertïciUés,
jaunâtres. — Feuilles solitaires, planes, presque linéaires, obtuses ou échancrées à leur
sonuaet, coriaces, luisantes et d'un vert foncé en dessus, d'un blanc argenté en dessous,
très-rapprochées, et déjetées de côté et d'autre sur deux rangs. — Fleurs en chalons
simples, solitaires; les uns mâles, solitaires, effilés; les autres femelles, presque cylin-
driques, souvent d'un rouge vif. — Cônes allongés, obtus, assez gros, et redressés vers
te ciel, à écailles très-larges, entières, et à bractée dorsale allongée. —Les écailles se
détachent de l'axe après la maturité des graines.

Usages. — On retire de cette espèce de sapin la térébenthine dite de Strasbourg,
et toutes les préparations que cette dernière fournit, comme l'essence de térébenthine,
la colophane, la poix, etc. Les bourgeons de ce sapin sont usités en médecine; on les
trouve dans la droguerie sous forme verticillée, autour d'un bourgeon principal ion*
d'écaillés roussûtres, résineuses, longues de 20 à 30 centimètres; ils viennent ne la
Russie. On leur substitue sans inconvénient les bourgeons d'espèces congénères ou a
genres voisins de la même famille.

SAPIN EPICEA ou EPICIA, SAPIN PESSE, FAUX SAPIN, SAPIN ÉLEVÉ. ("'
Picea, Lin.; Abies excelsa, Decand.; Abies picea, Abies tenuiore folio deorm
inflexo, Tourn.) — Le sapin epicia, arbre d'une grande hauteur et
verdure sombre, croît en forêt dans les Alpes, dans les Pyrénées, en
vergne, etc. .

Description. — Tronc de 30 mètres de hauteur, se terminant par une »
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PINS ET SAPINS. 839

ge pyramidale ; rameaux opposés, un peu inclinés. — Feuilles courtes, anguleuses,
aisuês linéaires, très-rapprochées. — Cônes allongés, plus ou moins gros, pendants,
composés'd'écaillés ovales, planes, imbriquées, très-minces à leurs bords, obtuses et
miigeâtres. - ' ' ■
Usages. — C'est de cet arbre que coule la poix blanche ou poix de Bourgogne.

■" [Parties usitées. — Les bourgeons, les feuilles, les fruits ou cônes, les résines
et leurs dérivés, lé goudron et ses dérivés, etc.

. Culture.-- Les pins et les sapins se cultivent à peu près de la même manière.
On les multiplie par semis faits à la volée, en ligne, à la charrue ou.à la canne, c'est-
à-dire à.l'aide d'une canne creuse pleine de graines, qui en laisse échapper une toutes
•lesfois qu'on la pose en terre. Cette méthode est peu usitée; le plus souvent, on mé-
lange de la graine de genêt à celle du pin, pour que la première donne de jeunes plants
pi protègent les petits arbres dans leur jeune âge ; on éclaircit à deux ans, à cinq ans,
à dix ans, à vingt ans, de manière à ce qu'à cette époque il ne reste environ que deux
cents pins;par hectare; l'éclaircissage s'opère de deux manières : tantôt on coupe les
arbres au pied, tantôt on les saigne à ruine, c'est-à-dire qu'on les incise sur toutes les
feees, de manière à en obtenir le plus de résine possible ; puis on les coupe. Dans tous les
cas,onppère sur les sujets les plus rapprochés,les moins vigoureux, les plus déformés.

. Il nous- est impossible d'étudier ici d'une manière complète tous les produits que
donnent les pins et sapins aux arts, à l'industrie et à la thérapeutique. (Nous accorde-
rons une place à la térébenthine, à l'essence de térébenthine, au goudron, à la créo-
sote,! l'acide, phénique; nous ferons ici une simple énumération et nous dirons quel-
ques mots des produits les plus importants.

PRODUITS DU PIN MARITIME ET DES SAPINS ET LEURS DERIVES.

;T Pins de cinq à dix ans. — Bourrées pour chauffage, baliveaux façonnés pour char-
rbnnage, lattes, palissades, sujets pour transplantation.

2' Pins iè dix à quinze ans. — Tuteurs, échalas, gemme, quand on saigne à ruiDe
pour opérer l'éclaircissage. •

■ 3' Pins de quinze à vingt-cinq ans. — Poteaux pour le télégraphe électrique, carcas-
sonnes pour vignes, et gemme lorsqu'on veut éclaircir.

t Pins de vingt-cinq ans et plus.

Pâte de térébenthine. Essence de térébenthine, | Peinture.

■■'■■:■■-:'.■ ■"..,. ( Médicament.

■ ■■:'- ■•■.. .;■.'-•.'. (Médicaments.

.;..;;. ■ ;■■ .... ; ■ Vernis.

-\r :■.-. Bougies.

Gemme; y '■•■ : • jArcanson. Allumettes.

Barras;] f ' / Colophane. I Cire à cacheter.

Gâlipoi" V -:- * \ Braisée. I Collage du papier.

1 : "■'"' Séwrlpnin Braigras. I Savons de résine.

j . V u Résine jaune. \ Huiles pyrogénées, lour-

,,:..;r. . Poix blanche. des, légères, employées

..'..,,;..■■ J. "' Poix noire. à l'éclairage.

.,';;... Noir dé fumée. Naphtaline.

.,.;;;. , , Eupione.

;.,;,.': Paraffine.

. ,:; , \. ,.'.'■'"■ \ 1 Gaz pour l'éclairage, etc.

5 Puis épuisés de résine et souches de pin vert toscan de cent ans et plus. — Bois de
S™™, pilotis, traverses de chemin de fer, planches, douvelles pour barriques,
«nwes,i bois ji brûler, charbon, vinaigre de bois, goudron, créosote, benzine.
,;;;.»_ Fruits du-fin, cônes oupignes. — Combustible, graines pour les volailles.

JMullà du pin, — Laine végétale ou laine des forêts, étoffes et matelas en laine
ue l™) matières résineuses, essences.

Jl^^lia récolte de la résine est faite par les gemmiers ou résiniers, lorsque

jlfSODt'atteint vingt-cinq ans. On fait des entailles à la base de l'arbre; on les

a?Wi ■• 6Ù*-^ 1uinze îours environ, en les relevant peu à peu jusqu'à une hauteur

°a a mètres-on recueille la résine par deux systèmes : l'ancien, qui consiste à pra-
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840 PINS ET SAPINS.

tiquer un trou à la base de l'arbre, dans le tronc et dans la terre; le nouveau, ou sus
ième Hugues, dans lequel la résine est reçue dans des vases en terre que l'on 'place à"
l'aide d'un crochet, à différentes hauteurs sur l'arbre. On saigne successivement ainsi
l'arbre sur les quatre faces, jusqu'à ce que le pin cesse de produire de la résine; les en-
tailles portent le nom de quarre ou carre.

Propriétés physiques et eBiimiques. — Le barras ou galipot entre

dans certaines préparations pour usage externe, telles que onguents, emplâtres, etc. fou.
dus au soleil ou à une douce chaleur; ils constituent, après filtralion, la pâte de'téré-
benthine ou térébenthine de Bordeaux. Par distillation, il donne divers produits!
1° essence de térébenthine; 2° la colophane ou arcanson, qui est employée en poudré
comme hémostatique, et qui entre également dans un grand nombre d'onguents-elle
porte aussi le nom de brai sec.

La résine jaune ou poix-résine est la colophane fondue et fortement brassée avec de
l'eau. Ge mélange, additionné d'eau et malaxé, sert à préparer la poix blanche.

La poix noire s'obtient dans les forêts en brûlant les copeaux de pin, les filtres de
paille qui ont servi à purifier la térébenthine. On pratique aussi une sorte de distilla-
tion per descensum, et qu'on opère de la~ sorte sur de vieilles souches de pin. On ob-
tient le goudron, qui est surnagé par une huile noire que l'on vend pour ïhuile k
cade, quoique la véritable soit obtenue par distillation sèche du Juniperus oxyceim.
(Voyez ce mot.)

La paraffine est une matière blanche solide, fondant vers 50 degrés, présentant l'as-
-pect du blanc de baleine, composée d'hydrogène et de carbone, qui est très-employée
pour la fabrication des bougies et pour la préparation des pommades, cold cream, elc,
-en parfumerie et en pharmacie; elle est extraite du goudron. (Voyez ce mot.)

La CRÉOSOTE est un mélange de divers produits empyreumatiques extraits du gou-
dron de bois, dans lequel domine l'acide phénique. La créosote est liquide, incolore,
transparente, d'une odeur infecte, d'une saveur acre, brûlante, caustique. Sa densilé
est de L. 037 ; elle bout vers 187 degrés ; elle est un peu soluble dans l'eau. Sa solution
étendue conserve les matières animales.

L'ACIDE PHÉNIQUE, alcool phénique, hydrate de phényle, phénol, acide carboliqne
= CI2H 50, HO, est extrait de l'huile de goudron, est blanc, fusible à 35° C, soluble en
toute proportion dans l'alcool et l'éther. Sa densilé à -f. 18° est 1065; il bout à 188 de-
grés; il brûle avec une flamme fuligineuse; il dissout le soufre, le brome et l'iode;il
prévient la putréfaction; il coagule l'albumine, détruit les membranes organiques; il est
employé en dissolution dans l'alcool au centième.

La COLOPHANE est un mélange de trois acides isomériques que Laurent a nommés
acides picrique, pimarique et sylvique, qui sont composés de C4OH'isO3,H0.

'La colophane soumise à la distillation sèche produit quatre carbures d'hydrogène qui
ont été étudiés par Pelletier et Waller; ce sont : le résinaphte = CUHS, qui bouta
108 degrés ; le résinyle = C10H 12, qui bout à 150 degrés ; le résinole = C^H 10, Mail-
lant à 240 degrés ; et la métanaphtaline, qui a la même composition que la naplitaiine,
qui fond à 67 degrés et qui bout à 325. Le mélange de ces quatre corps constitue les
huiles de résine, dont on fait une grande consommation dans l'industrie. Par.la™ul"
lation, au contact de la chaux, la colophane donne la résinone, qui bout à 78 degrés,
la résinéone, dont le point d'ébullition est à 148 degrés.

L'ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE =CâoH 10 est un liquide incolore, d'une odeur jbrte,
balsamique, d'une, saveur acre et brûlante. Sa densité est 0.860; elle bout aloMe-
grés; elle est inflammable, insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et dans ie-
ther. Par des distillations répétées et fractionnées, elle se dédouble en plusieursw im-
posés isomériques qui sont : Fisotérébenthène et le métatérébenthène (Berlheioi,,
térëbène, le colophène et le térebdène (Deville), le camphylène (Soubeiran ei up-
taine).

La SÈVE DU PIN. — Ce liquide s'obtient en forçant de l'eau à traverser à une fa e
pression des troncs de pin. A Arcachon, où cette fabrication est organisée su
grande échelle, on emploie le procédé d'imprégnation du bois de Boucherie. le i
obtenu est incolore ; il possède une forte odeur térébenthinée.

Les FEUILLES DE PIN. — Bouillies avec de l'eau alcalinisée par le carbonate desoin
on obtient des solutions balsamiques résineuses qui ont été employées en w » ^
.forme de bains. On en a extrait des huiles essentielles que l'on cherche an )a_
dans la thérapeutique. Les fibres résultant de cette décoction étant purifiées pai
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PINS ET SAPINS. 841

vases et le cardage, constituent la laine des forêts, dont on fait des étoffes très-moel-
leuses très-chaudes, et entre autres de belles flanelles de santé. On fait aussi de bons
matelas hygiéniques avec cette laine; ils ont, dit-on, l'immense avantage d'éloigner les

"L'huile essentielle des feuilles du pin est employée en Allemagne sous le nom de
fflirite. Avec les matières résineuses, on fabrique des savons dits hygiéniques.

(Nous allons étudier, au point de vue thérapeutique, les diiférentes par-
ties des pins et sapins, et les corps les plus utiles que l'on en a extraits.)

BRANCHES, BOURGEONS DE PIN ET DE SAPIN. —Les bourgeons de
toutes les espèces de ces deux genres de conifères peuvent être employés
avec plus ou moins d'avantage en médecine ; mais ils sont ordinairement
fournis par le sapin argenté ou commun (Pinus picea, L., abies pectinata,
Decand.), et nous viennent principalement du Nord et surtout, ainsi que
nous l'avons dit plus haut, de la Russie, quoique l'on puisse facilement se
les procurer en France. Leurs propriétés sont dues principalement à la
térébenthine qu'ils contiennent.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A l'iNTÉMÈon. — Infusion, 20 à 30 gr. par
kilogramme, d'eau, par tasses.

Sirop (1 de bourgeons sur 1 de sucre et 2
d'eau),'30 à 120 gr., en potion.

Elirait alcoolique (1 sur 6 d'alcool à 22 de-
grés), 50 centigr. à 2 gr. et plus.

Extrait aqueux (1 sur 6 d'eau), 50 centigr. à
2 gr. et plus.

A L'EXTÉIUEDB. — Infusion pour fomentations,

lotions, injections, etc.
Branches, en combustion pour fumigations.

..Les bois et les bourgeons ou tarions, soit du pin, soit du sapin, sont ex-
: citants, i antiscorbutiques, diurétiques, diaphorétiques. Je les ai souvent
employés en décoction ou en infusion dans l'eau, la bière, le vin, le cidre,
lelait ou le petit-lait contre le scorbut, les rhumatismes chroniques, la
goutte vague, les affections catarrhales bronchiques et vésicales, la gonor-
rhée, la leucorrhée, les scrofules, les aflections cutanées chroniques, les
sjphilides, etc.

'Al'extérieur, l'infusion de bourgeons de sapin m'a été utile en injection
dans les écoulements muqueux et notamment dans la leucorrhée. Je la mêle
souvent avec autant de décoction de feuilles de noyer. Les fumigations de
bourgeons de sapin en combustion, dirigées clans les narines ou dans le
' conduit auditif, m'ont réussi dans le coryza et l'otorrhée chroniques. J'ai
; nus aussi en usage l'infusion de bourgeons de sapin, comme détersive et
ahtiscorbutiqne, sur les ulcères sordides, scrofuleux, atomiques ou gangre-
neux. C'est un moyen qu'on trouve toujours sous la main, et dont le méde-
,; c'n de campagne peut user largement et sans dépense.

«s bains de vapeur résineuse, d'un usage depuis longtemps populaire
;^njre; les rhumatismes, ont été récemment préconisés et adoptés par les
; Sêcins- H n'y a que huit années que, sur le bruit de cures nombreuses
; «inespérées, Ghevandier se prit à observer ce traitement empirique sui-
es lieux mêmes, et, pour qu'il ne fût pas perdu pour le public médical, il
Puaun premier mémoire en 1850, dans lequel il fit connaître les succès
|narquables qu'il avait obtenus par l'emploi régularisé des bains de va-
; Pr résineuse.

jaÏÏsIes établissements spéciaux créés depuis ce temps, et notamment

: y'fin ;r0tl 'décrit Par Munaret (1), la température moyenne n'atteint pas

citerr éS centiSra(ies. Laissons parler l'auteur que nous venons de

c'estUnTèE fes bains est' en général, d'une demi-heure En y entrant,

ne chaleur de purgatoire... la sueur commence à perler sur votre

e"resur ksbaimà vapeur térébenthines à M. le curé de Sainl-D***. Lyon, 1857
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842 PINS ET SAPINS.

poitrine, sur tous vos membres; elle coule, elle ruisselle jusque sur le par
quet... Il y a des malades qui ont perdu jusqu'à 1,200 gr. de leur poids en
une demi-heure, et cela sans en être affaiblis. Point de congestions, pas de
céphalalgie. Quelquefois la circulation s'accélère et la respiration conserve
son rhythme normal... l'appétit renaît... la digestion est plus active et la
soif accrue permet de remplacer ce qui s'en va par la peau. Un traitement
de quinze à vingt bains suffit dans la majorité des cas...

« La vapeur térébenthinée peut être dirigée, concentrée sur tel ou tel or-
gane du baigneur, avec des tuyaux métalliques diversement coudés ou
flexibles, en toile imperméable.

« La vapeur résineuse s'introduit dans l'organisme, ainsi que l'atteste
l'odeur des urines, et elle produit en même temps sur la sensibilité de la
peau une modification spéciale avec hyperhémie dérivative et irritation
substitutive. »

Chevandier, Rey (de Grenoble), Benoît (de Die) et Macario ont relaté, dans
nos journaux de médecine, des guérisous vraiment remarquables, n Enfin,
dit Tessier (1), et c'est là la meilleure de toutes les raisons, une expérience
de plusieurs années a déjà consacré l'utilité des bains de vapeur résineuse,
un grand nombre de rhumatisants se louent de leur emploi, et l'usage
s'en répand de jour en jour. Oui, je crois, ajoute cet habile et consciencieux
praticien, que les étuves térébenthinées peuvent rendre d'importants ser-
vices dans les cas de rhumatismes articulaire et musculaire à forme chro-
nique, etc. »

TÉRÉBENTHINE. — La térébenthine est le suc résineux qui découle des
pins et des sapins, et dont nous avons déjà fait mention. Les térébenthines
indigènes sont celles : 1° de Bordeaux (des pins maritime et sauvage);
2° d'Alsace (du sapin argenté ou commun); 3° des Vosges, ou térébenthine
ordinaire ; 4° de Strasbourg (du sapin commun, du mélèze).

Ces substances sont des composés naturels d'huile essentielle et de résine qui ont une
consistance molle à la température ordinaire de l'atmosphère. L'essence et la résine
s'y trouvent en proportions variables. La térébenthine ordinaire contient à peu près le
tiers de son poids d'huile essentielle. La térébenthine du pin maritime n'en contient pe
12 pour 100 seulement. — La résine est elle-même composée de quatre résines diffé-
rentes, savoir : l'acide pimarique, l'acide sylvique, l'acide pinique et une résine Mil-
rente.

TÉRÉBENTHINE DE BORDEAUX, 00 DU PIN MARITIME. — TÉRÉBENTHINE DE CHEVili

— Epaisse, granulée, se séparant en deux couches, l'une transparente, colorée, laulre
grenue, consistante, opaque; odeur forte et désagréable, saveur acre et amère; très*
cative à l'air, très-solidifiable par la magnésie, entièrement soluble dans l'alcool, M
plus commune des térébenthines.

TÉRÉBENTHINE DE BRIANÇON, DE VENISE ou DE MÉLÈZE. — Ordinairement aao
liquide, un peu verdâtre, d'une odeur forte, d'une saveur acre et très-amère. — »
tères physiques non suffisamment distincts, la plus estimée et par conséquent someni
falsifiée.

TÉRÉBENTHINE DE STRASBOURG, D'ALSACE, DE SUISSE ou DE SAPIN c01IMD?;Tp]]See
colorée, jaune-verdâtre,- consistance de miel, visqueuse, uniformément neDuie: , .
odeur tenace (une variété à odeur agréable de citron, nommée térébenthine m cm
térébenthine citriodore), saveur très-amère et acre; très-peu siccative, m£$rrm
par un seizième de magnésie, entièrement soluble dans l'alcool rectifié.—.W®}'tf,
les préparations pharmaceutiques, et employée pour obtenir la térébenthine cuire, i ,
que le Codex prescrive celle de Venise.

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Térébenthine de Strasbourg
ou de Briançon, 50 centigr. à 25 gr. pro-
gressivement.

Térébenthine cuite (privée d'huile essentielle),
2 à 12 gr., en pilules.

(1) Rapport publié par décision de la Société de médecine de Lyon.
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PINS ET SAPINS.

843

Sirop (isur 8 de sirop simPle)' 15 à 30 Sr->

Tenture M» 4 d'alcool à 35 degrés), 1 à
18r„ en potion, etc.

Pilules de térébenthine officinales (térében-
thine de Bordeaux, 28 parties). Ces pilules
ne réussissent bien qu'en employant la
térébenthine de Bordeaux; les autres con-
tiennent trop d'huile essentielle pour bien
se solidifier. _

' Pilules de térébenthine magistrales (térében-

. tbine de Venise, 1 partie; magnésie blanche,
1 partie). — La magnésie blanche donne
instantanément plus de solidité à la téré-
benthine que la magnésie calcinée. Quand

■ on emploie la térébenthine de Bordeaux, il
faut moins de magnésie pour donner la
consistance.

Ban térébentbinée (térébenthine de Venise, i ;
'eau de rivière, 6; triturez dans un mortier
pendant une demi-heure et laissez dépc-
. ;ser). ■''.'''

formules de Mouchon (de Lyon).

Sirop : térébenthine du sapin, 30 gr.; gomme

' arabique, 15 gr.; eau, 15 gr.; sirop simple,
940 gr.—Emulsionnez l'eau avec la gomme,
, incorporez la térébenthine en battant vive-
ment dans le mortier; ajoutez peu à peu le
sirop simple. Dose, 60 gr. par jour.

Sacclrarure : térébenthine du sapin, 60 gr.;
alcool à 00 degrés, 120 gr.; sucre en mor-
ceaux, 1,000 gr. — Dissolvez à froid la té-
rébenthine dans l'alcool en agitant vive-
ment, laissez sécher à l'étuve à une chaleur
modérée, puis réduisez en poudre.

Pastilles : eau, 90 gr.; gomme adragante, 12
gr. — Faites un mucilage et incorporez :

■ Saccharure de térébenthine, 1,000 gr.

(Nous devons signaler d'une façon spéciale,,
à cause des grands avantages que présente
leur administration, les perles à l'huile essen-
tielle de térébenthine de Clertan. Sous un pe-
tit volume, sans laisser de trace de goût ap-
préciable, on peut administrer quotidienne-
ment des doses de ce modificateur actif aussi
élevées que l'on veut. Deux perles à chaque
repas, telle est la prescription usuelle. L'in-
gestion, au moment du repas, diminue les
rapports désagréables qui résultent presque
infailliblement de l'usage des préparations té-
rébenthinées.)

A L'EXTÉMEnri. — Lavement, h à 16 gr. délayés
au moyen d'un jaune d'oeuf.

Digestif simple : térébenthine du mélèze, 40
gr.; jaune d'oeuf, 20 gr.; huile d'olive, 10 gr.
(Codex de 1866). — Autrefois on employait
l'huile d'hypericum.

Digestif animé : digestif simple, 1; styrax li-
quide, 1.

Digestif opiacé : digestif simple, 8 ; laudanum
liquide, 1.

Digestif mercuriel ; digestif simple, pommade
mercurielle, âà 100 gr. (Codex de 1866.)

Eau hémostatique : térébenthine, 5; eau, 6.
Faites digérer en vase clos pendant une
heure, laissez refroidir et filtrez. — Employé
à l'extérieur et à l'intérieur. Dans ce der-
nier cas, on l'administre à la dose de 20 à
30 gr. et plus.

La térébenthine entre dans le savon de
Starkey, dans les pilules balsamiques de Stahl,
dans le baume Fiovarenti, le baume d'Arcoeus,
dans l'emplâtre épispatique, l'emplâtre dia-
chylum, dans les sparadraps agglutinatifs, etc.

Les diverses espèces de térébenthine ont à peu près les mêmes proprié-
tés, C'est, toujours une action simulante qu'elles exercent sur nos organes,
et plus- spécialement sur les membranes muqueuses génito-urinaires et
Mônchicmes, ainsi que sur le système nerveux. Suivant l'état des divers ap-
pareils, elles portent leur activité sur la sécrétion urinaire, sur l'exhalation
cutanée, sur la sécrétion bronchique. A haute dose, elles provoquent le
wmissemeht et la purgation. La térébenthine est employée avec avantage
raa les catarrhes chroniques pulmonaires et vésicaux, la phthisie, la blen-

; n^e) la leucorrhée atonique, la diarrhée muqueuse entretenue par le
relâchement de la muqueuse intestinale, par une sorte d'altération des fonç-
ons secrétaires de cette membrane ou par son ulcération superficielle;

; mlié rhumatisme chronique, la goutte atonique, certaines névralgies, etc.
^est principalement dans la cystite chronique que la térébenthine triom-
Ee! elJe la guérit dans la moitié des cas, et améliore presque constamment
^'du.malade dans les catarrhes vésicaux, dus à la gravelle, aux affec-
J-^la prostate, à la paralysie de la vessie, etc. Dupuytren prescrivait
ans. cette affection huit, seize et même vingt pilules, contenant chacune
«nW ^v-de ^tébehthine. Mais il faut surveiller l'action spéciale de cette
1^^ Xvessie, et suspendre l'emploi de ce moyen lorsque des
Ip"les' If.strangurîe, des urines sanglantes, des douleurs plus ou moins
bWr i voies urinaires se manifestent, et, dans tous les cas, ne l'em-
antmhi511- 6 .ors<ïue les symptômes inflammatoires ont cédé au traitement
eZ HI ^ Préalable. L'usage de cette résine dans le catarrhe vésical
8e le la prudence et de la sagacité pratique. On ne doit pas le cesser im-
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844 PINS, ET SAPINS.

médiatement après la cessation de la sécrétion catarrho-purulente, cessation
qui peut n'être que passagère et due à un temps sec et chaud. En général
dans les affections chroniques des membranes muqueuses, la médication
doit être.continuée assez longtemps après la disparition des symptômes
pour modifier la vitalité de ces membranes, de manière à la ramener tout
à fait à son état normal. (La question de dose est aussi très-importante' si
administrés modérément, les résineux améliorent certains catarrhes,'ils
peuvent à dose élevée aggraver l'inflammation dans la cystite chronique et
hâter la fin des malades.)

Van Swieten (1) conseillait ta térébenthine dans la diarrhée colliquative
des phthisiques. Je me suis très-bien trouvé dans l'abcès des poumons, dans
la phthisie, dans le catarrhe chronique de la vessie, etc., du mélange sui-
vant : térébenthine, 10 gr., jaune d'oeuf n° 1, eau assez fortement miellée,
S00 gr., mêlez. Dose, trois ou quatre demi-verres par jour.

A l'extérieur, la térébenthine entre dans les onguents irritants et détersifs
qu'on emploie au pansement des plaies et des ulcères. On l'injecte conve-
nablement délayée dans les trajets fistuleux qui rendent un pus fétide, etc.
(Voy. Préparations pharmaceutiques ; digestifs.) Appliquée sur la peau, elle la
rubéfie et agit alors comme dérivatif, et peut être utile dans le rhumatisme,
la bronchite, la coqueluche, la pleurésie, la pneumonie, la péritonite, et
pour rappeler dès exanthèmes chroniques partiels. Elle a été employée
aussi en vapeur dans le rectum, contre le ténesme qui accompagne la
dysenterie, et en lavement contre les ascarides vermiculaires. Cullen (2)
dit que 13 gr. de térébenthine en lavement délayés à l'aide d'un jaune d'oeuf
dans suffisante quantité d'eau, est l'un des meilleurs moyens de vaincre la
constipation. Ce lavement pourrait être employé aussi pour opérer une sti-
mulation ou révulsion dans certains cas de paralysie, de stupeur intesti-
nale, d'apoplexie, de léthargie, d'étranglement herniaire, etc. On l'emploie
aussi en injection dans la vessie, contre le catarrhe vésical chronique ; mais
on lui préfère en pareil cas l'eau de goudron. On a appliqué la térébenthine
sur les brûlures. Kentish (3) en fait une espèce d'onguent pour ce genre de
plaie, qu'il baigne préalablement dans l'essence mêlée à l'alcool et à une
teinture camphrée ; lorsque la sécrétion dû pus s'établit, il recouvre les
parties de craie chauffée à la température du corps. Il assure que, par ce
traitement, il guérit en peu de semaines des brûlures beaucoup mieux que
par le traitement rafraîchissant. On applique parfois la térébenthine pure ou
saupoudrée de soufre sur les tumeurs rhumatismales. (Werner (4), de Dor-
nac, remplace, dans le pansement des plaies récentes ou anciennes, l'alcool
dont l'évaporation est prompte par le savon liquide suivant : térébenthine
de Venise, 500 gr. ; bicarbonate de soude, 12 gr. SO centigr. ; eau distillée,
5 litres; faites digérer à moins de 75 degrés au bain-marie pendant sis
jours ; filtrez. Une compresse est trempée dans le mélange, appliquée
directement sur la plaie et recouverte de taffetas gommé. Sous l'influence
de cette application répétée toutes les quatre ou cinq heures, la suppura-
tion est peu abondante, le bourgeonnement rapide, l'infection purulente
rare).

ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE. — Cette essence s'obtient par la distillation
la térébenthine, et plus particulièrement delà térébenthine de Bordeau..

C'est un liquide incolore, d'une odeur forte et désagréable, très-inflammable, w»-
lubie dans l'eau et plus léger qu'elle, peu soluble clans l'alcool, très-soluble "?."„* i^
pouvant dissoudre les résines, les baumes, le camphre, les huiles essentielle,

(1) Commentaires, t. IV, p. 112.

(2) Matière médicale, t. II, p. 191.

(3) Coxe, Amer, disp., p. 428.

(ti) Union pharmaceutique, 1865, p. 211.
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PINS ET SAPINS. 845

naisses'le soufre (en petite quantité), le phosphore, le caoutchouc. (Voyez plus haut
tmriàis physiques et chimiques.)

L'essence de térébenthine du commerce contient toujours une portion d'acide et de
r&ine Pour certains usages pharmaceutiques et pour le nettoyage des étoffes, elle a
besoin d'être purifiée par distillation avec de l'eau. Si on voulait l'avoir chimiquement
pure, il'faudrait la distiller une première fois sur de la chaux, et une seconde fois sur
in chlorure de calcium.

On connaît l'usage de l'huile essentielle de térébenthine dans les arts. Elle est indis-
pensable à la peinture et entre clans la composition de plusieurs vernis.

Priseà l'intérieur, respirée même, l'huile de térébenthine communique
aux urines, dont elle augmente la sécrétion, une forte odeur de violette.
. Pour produire cet effet, il suffit de s'arrêter plus ou moins longtemps au
milieu dès exhalaisons de cette essence. Donnée à petite dose (quelques
•'. gouttes), elle agit à la manière des stimulants diffusibles; elle produit une
' chaleur douce et passagère dans l'estomac. A dose plus élevée (4 à 8 gr.),
; elle détermine au pharynx et à l'estomac un sentiment d'âcreté et de cha-
: leur, un peu d'anxiété, quelques nausées, rarement des vomissements, plus
, souvent des coliques, un état d'excitation générale, un effet spécial sur les
organes urinaires, qu'elle stimule, et dont elle augmente et modifie la sé-
crétion : Furine devient rouge, cuisante, parfois sanguinolente. A forte dose
(1S à 120 gr.), elle n'est pas un poison comme on le croyait autrefois. Elle
n'agit pas avec plus de force sur l'appareil urinaire; mais elle borne ordi-
nairement son action aux voies gastriques et devient alors purgative, quel-
quefois même éméto-cathartique, souvent avec un effet secondaire sur le
système nerveux, qui se traduit par une sorte d'ivresse ou une vive cépha-
lalgie. J. Çôpland, qui a expérimenté sur lui-même, en état de santé, l'ac-
tion de l'huile essentielle de térébenthine, à la dose de 40 gr., a observé que
. son pouls devenait plus fréquent, petit et concentré; il a éprouvé, outre
divers symptômes d'ivresse, de l'anxiété, des frissons, un sentiment de
•traction'des intestins vers la colonne vertébrale, des éructations incom-
modes, de la soif et une faim vive, phénomènes que l'ingestion de quelques
aliments a fait cesser peu à peu ; mais il n'a eu ni vomissements, ni diar-
rhée. Ces effets, où l'action locale de l'huile volatile se révèle à peine, tan-
, Sis que son action dynamique est si prononcée, viennent à l'appui de l'opi-

■ won des médecins qui, à l'exemple de Giacomini, considèrent cette huile

■ Comme hyposthénisante.

;. L'Huile essentielle de térébenthine est employée avec avantage dans les
; névralgies et surtout dans la sciatique. On la conseille aussi dans le lom-
bago; le; tic douloureux, le tétanos et même l'épilepsie. Elle est mise en
;■ «âge comme stimulante dans certaines affections clés organes génito-uri-
"Wes, la cystite chronique, le catarrhe vésical, la gonorrhée, la blennor-
' «e,et la leucorrhée.

; .*PuisqueRécamier a employé, il y a plus de quarante ans, l'essence de

rfif^n& ^ans 'a névralgie sciatique, les praticiens l'ont généralement

; Pptée comme le moyen le plus efficace contre cette affection. L'admi-

; ij^um.-qe' cette substance, outre les phénomènes ordinaires produits

m son ingestion, cause une chaleur accompagnée de sueur dans les

.embres abdominaux, particulièrement dans celui qui est le siège de la

ewaigie, et plus encore le long du trajet du nerf malade. Cette action

: «Mue avait déjà été observée par Cullen et Home. Plus les caractères

lesrt <^Ues esSent^ls sont bien dessinés, plus les douleurs sont vives, plus

(fuep ÈS sontfavorables. Les malades guérissent promptement lors même

Bfioif Se-nC 6 de téréDentbine n'agit, ni comme purgative, ni comme sudo-

d'usas D1 comme diurétique. Toutefois si, au bout de huit ou dix jours

On don' Cotte ^dication n'a pas réussi, il ne faut plus rien en attendre.

hpiir»?^ : gr- d'ûuile dans 120 gr. de miel rosat en trois fois, à quatre

newesd intervalle dans la journée
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84.6 PINS ET SAPINS.

' L'essence de térébenthine a été employée dans le tétanos. W. Tomes a
rapporté un cas où, après avoir provoqué des vomissements, elle fit cesser
promptement des contractions musculaires. Le trismus reparut quatre fois
et chaque fois le même moyen le fit disparaître. Philipps (1) a vu, par l'ai
ministration de ce médicament, des convulsions violentes se dissiper très-
promptement. Weaver, E. Percival et D. Lithgow ont réussi, le premier
dans un cas de catalepsie vermineuse, les deux autres dans des circon-
stances qui étaient étrangères à la présence des vers dans les voies diges-
tives. Moran dit. avoir employé avec succès l'essence de térébenthine dans
l'apoplexie, la paralysie, l'asthme, etc.

A haute dose, ce médicament est anthelminthique. C'est surtout contre
le toenia qu'il a été prescrit avec succès. Cross, Kennedy, Ozanam, Gomez
Knox, Melo, etc., l'ont préconisé contre cet entozoaire. 11 n'est pas moins
utile contre les lombrics, les ascarides et autres vers intestinaux. Je l'ai
souvent employé en lavement contre les ascarides. Le traitement contre le
taenia en exige" de fortes doses, tant par la bouche qu'en lavement."Pom-
mier (2) l'a donné en en portant la dose jusqu'à 180 gr. sans inconvénient,

L'huile essentielle de térébenthine est employée depuis longtemps contre
là fièvre puerpérale par Kinneir d'Edimbourg (3). Il la donne jusqu'à ce que
les symptômes de la maladie soient apaisés. Suivant ce médecin, il est rare
qu'on soit même obligé d'en prendre plus de trois ou quatre fois pour
obtenir ce résultat. Rarement l'essence est vomie. On la fait précéder delà
saignée et de la purgation par le calomel; elle favorise l'effet de ce dernier,
Douglas regarde cette essence comme le remède le plus certain de la péri-
tonite, même dans les cas les plus graves. En 1815, Atkinson(4) donna8gr,
d'essence de térébenthine dans un peu d'eau de menthe à une femme atta-
quée de péritonite, ce qu'il répéta quatre fois en quatre heures, et dès le
lendemain les douleurs péritonéales avaient cessé; quelques applications
topiques du même moyen la guérirent complètement.

D'un autre côté, Trousseau et Pidoux nient formellement cette efficacité,
Ils regardent les cas où son administration a été suivie de succès, comme
accidentels et dus à des constipations, à des engouements stercoraux du
coecum ou de la portion sigmoïde du côlon, lesquels causent de vives dou-
leurs, du gonflement abdominal, de la rénitence dans une des régions in-
guinales, et qui peuvent, si on n'en débarrasse promptement les nouvelles
accouchées, amener des entérites phlegmoneuses, des abcès dans le tissa
cellulaire qui unit aux deux fosses iliaques les deux portions d'intestin indi-
quées ci-dessus, et même causer des péritonites partielles, rarement géné-
ralisées; Les faits qui se- sont offerts à mon observation viennent à l'appui de
cette opinion, que je partage en tous points.

Durande a employé l'essence de térébenthine mêlée à partie égale d'ether
sulfurique, dans les coliques hépatiques dues à la présence de concrétions
biliaires. Rlinglake (5) a fait cesser des accidents effrayants du bas-ventre,
comme météorisation, vomissements, douleurs, etc., à la suite d'une con-
stipation opiniâtre qui avait résisté aux moyens les plus énergiques, à 1 aine
de,15 gr. d'essence de térébenthine dans 30 gr. d'huile de ricin, à prendre
toutes les deux heures- jusqu'à ce que le ventre s'ouvrît. Les vomissemen
s'arrêtèrent dès la première dose, et, à la quatrième, les selles survinrent.

Enfin, l'essence de térébenthine a été prescrite dans la goutte, Ie ™uina"
tisme, les fièvres intermittentes, les empoisonnements par l'acide hydroej^
nique ou l'opium, la ' salivation mercurielle, le diabète, l'anasarque,

(1) Med. chirurg. trans., t. VI, p. 05.
• (2) Bulletin des sciences médicales de Férussa'c, t. VII, p. 364.

(3) Nouvelle bibliothèque médicale, t. IX, p. 129.
, (b) Journal général de médecine, t. LV, p. 131. '

(5) Med. and phys. Journ., 1821.
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PINS ET SAPINS. 847

néphrite albumineuse chronique, les hémorrhagies, etc. Moran (1) l'a don-
née contre les fièvres intermittentes au début de l'accès, à la dose de 60 gr.,
mêlée à du sucre et à l'eau; il en résulta une chaleur très-vive dans l'esto-
mac avec des efforts de vomissement; les symptômes fébriles disparurent
ipurneplus revenir. Gullen (2) dit qu'en en frictionnant le dos, elle est
: feîe dans ces fièvres. Cari Hayny (3) fit frictionner, matin et soir, le rachis
avec 15 gr. de cette essence, chez deux individus atteints de fièvre intermit-
tente tierce; depuis plusieurs mois. La maladie céda au bout de deux jours.
'ftresulfed.es recherches d'Emmert (4), que l'huile de térébenthine est le
meilleur moyen de combattre les symptômes de l'empoisonnement par
l'acidehydrocyanique. Jerkins (S) a traité avec efficacité, par cette essence
; donnée à l'intérieur et en lavement, un empoisonnement causé par la tein-
< lire d'opium; il en employa par cette voie 30 gr., et 60 gr. en potion avec
30 gr. d'huile de ricin, dont le malade buvait trois cuillerées à café de quart
; l'heure en quart d'heure. E. Geding (6) et plusieurs de ses collègues ont
• employé l'huile essentielle de térébenthine dans la salivation mercurielle :
ion fait un gargarisme avec 250 gr. d'eau, 8 gr. de gomme et 8 gr. d'huile
essentielle, dont on se sert de temps en temps. Werlhoff Ta donnée dans
les.hydropisies à la dose de 6 gr. de deux heures en deux heures, dans une
' émulsidn nitrée.

'-{On a préconisé contre l'anasarque un vin térébenthine dont voici la
formulé': essence dé térébenthine, 10 gr. ; suc de citron, 30 gr. ; vin blanc,
J20gr.;6O gr., matin et soir.)

.-■' Smith (7) a rapporté des faits nombreux qui prouvent l'efficacité de cette
huile contre les diverses espèces d'hémorrhagies et sa supériorité sur les
autres styptiques ou astringents. La dose ordinaire, dit Smith, est de
30 gouttes répétées toutes les trois ou quatre heures ; cependant on peut
j aller jusqu'à 4 gr. dans les cas où l'hémorrhagie menace l'existence du ma-
. jade. On la donne dans l'eau aromatisée avec du sirop d'orange ou tout
autre sirop, Il faut apporter une grande réserve dans l'emploi de ce moyen
' eten suivre attentivement les effets.
(On ayante l'efficacité de ce médicament contre le purpura hemorrhagica,
pfaoptysie. Un cas remaquable de guérison d'une hématurie grave est re-
laté dans le British médical Journal, sept. 1837.)

v,;,0p. a prescrit l'emploi de l'essence de térébenthine dans quelques inflam-
Bâtionsdes. yeux. Guthrie l'a préconisée dans celles qui sont profondes.
Jtinichael, de Dublin (8), et plusieurs médecins anglais, l'ont recomman-
; ftéexontre les iritis et les choroïdites chroniques.

^{'extérieur, l'huile essentielle de térébenthine est d'une grande utilité
cranmé révulsive. Elle cause, en frictions sur la peau, une rougeur érythé-

ï^teusejassagère. Je la préfère à la pommade stibiée et à l'huile de croton,
||Rrubé.fler la face antérieure de la poitrine dans la coqueluche; elle est

:*,?:'^PPortable que la première, et beaucoup moins chère que la seconde,

;£etfe moins efficace. J'en ai retiré de grands avantages clans la bron-
wteciironique, la phthisie, la péritonite chronique, etc. Quand on veut

:|Wr^un effet prompt et énergique, on met de l'essence de térébenthine
Oii'iP P,asnie- &e dernier est à peine appliqué depuis quelques secondes
H H cause des picotements, un sentiment de chaleur difficilement suppor-

' :îl KS** $*» *• m, P- 64.

J 7fn, pédicule, t. h, p. 194.
H Qvil tm^e,medi^inische Wochenschrift et Abeille médicale, 1844, p. 59.

'(?)Lond<,rJ:fn? sur9l<>al, etc., t. VI, p. 329.
■ "•en., t. III, p, 52,
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8Ù8 PINS ET SAPINS.

tés au bout de quatre à six minutes; il semble au malade que la partie est
couverte d'eau bouillante. Il en résulte une vive rubéfaction de la peau qui
subsiste encore quelque temps. Ce cataplasme bien chaud, arrosé, comme
nous venons de l'indiquer, avec l'essence de térébenthine, à laquelle on
peut encore joindre à parties égales une teinture aromatique, de l'alcool de
mélisse, du baume de Fioraventi, etc., appliqué autour du pied et même
de la jambe, produit une révulsion énergique et prompte dans les cas de
rétrocessions goutteuses, rhumatismales ou exanthématiques, dans les pal-
pitations de coeur, dans les névralgies qui occupent les parties supérieures
et dans toutes les circonstances où il s'agit de ranimer le principe vital de'
produire une réaction à la fois vive et prompte. J'ai employé ce moyen ara
succès, comme puissant auxiliaire, dans le traitement du choléra asiatique
de 1832, et dans ceux de 1849 et de 1854.

Em. Rousseau (1) a publié plusieurs observations qui démontrent l'effica-
cité de l'essence de térébenthine en frictions sur le rachis et même sur les
membres simultanément, dans le traitement des convulsions chez les en-
fants. Il ajoute que ce moyen lui a été d'un grand secours dans l'épidémie
de choléra de 1849.

Kentish, Coxe, Goodall, Horlacher, ont recommandé l'essence de téré-
benthine dans la brûlure ; quel qu'en soit le degré, disent ces médecins, elle
calme la douleur et éteint promptement la phlogose. Les plaies stationnâmes
et indolentes, les ulcères atoniques ou sordides, la gangrène, la pourriture
d'hôpital, etc., trouvent dans ce médicament un puissant stimulant, un
détersif, un antiseptique énergique.

(Wihple (2) recommande l'application [dans les dents cariées d'une bou-
lette de coton imbibée d'huile essentielle de térébenthine : ce moyen cal-
merait rapidement les douleurs dentaires.)

Dans les constipations opiniâtres, un lavement composé de : essence de
térébenthine, 15 gr., jaune d'oeuf n° 1, eau, Q. S., produit les meilleurs
effets. On peut aussi l'employer comme révulsif dans les paraplégies, les
apoplexies, et comme excitant dans les étranglements herniaires.

Les bains généraux dans lesquels on ajoute une ou deux cuillerées à po-
tage d'huile essentielle de térébenthine constituent des stimulants révulsifs
puissants, dont je me suis très-bien trouvé dans la dernière épidémie de
choléra. Je les mets aussi en usage contre les rhumatismes chroniques, les
sciatiques rebelles, etc. Les effets qui se produisent dans le bain sont très-
intéressants. Pendant les huit premières minutes, rien de particulier ne se
fait sentir; l'essence semble surnager au-dessus de l'eau. Bientôt le mélange
se fait, et on commence à éprouver une sensation de chaleur qui n'est pas
désagréable. A la douzième ou quinzième minute se produisent des picote-
ments, des fourmillements plus pénibles, suivis de besoin de mouvements,
d'agitation musculaire, devenant pour certains sujets insupportables. M
général, on ne peut rester dans le bain plus de vingt à vingt-cinq minutes.
En sortant, la peau est rouge, parsemée de petites papules rosées, légère-
ment hyperesthésiée. Les démangeaisons durent ensuite plusieurs heure,
suivant les individus. Ces propriétés, que je n'ai trouvées signalées nu
part, sont analogues à celles que Topinard a observées dans les huiles ess -
tielles des labiées.) (Voyez article THYM.)

(SÈVE DE PIN MARITIME. — Ce liquide a été proposé pour la P^erûier^x et
contre les affections de poitrine, par M. Lecoy, inspecteur des eau

(1) Abeille médicale, 1850, p. 257. ,,, ./,;™raijjl*

(2) American Journal of dental science, cité par Revue de thérapeutique weiMco-<<
15 décembre 1862, p. 652.
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PINS ET SAPINS.

8/|'J

ferèts' et JJurant contre la phthisie turberculeuse (1) ; il a été étudié ensuite
kf'Desmàrtis; Sales-Girons, et surtout par les médecins belges (2).
■Çé liquide se prend eii nature à des doses qui varient de 1 à 6 verres par
M'% petite dose, il facilite et régularise les digestions; à dose plus élevée,
Mrknit quelques -troubles gastriques, d'où l'indication de fractionner les

•sToûs les auteurs qui en ont observé les effets thérapeutiques s'accordent
peûrreçonfiâîfre à la sève de pin maritime une action modificatrice sur la
sécrétion-bronchique; aussi trouve-t-elle son indication dans toutes les ma-
ladies où cette sécrétion est pervertie dans sa quantité, catarrhe pulmo-
naire!" bronchorréé, phthisie pulmonaire. Keredan lui reconnaît en plus
lirJéittflûèncê contre les accès nocturnes de l'asthme.
^applications externes, elle est employée comme cicatrisant sur les
plaies et les' ulcères, et en injections dans les catarrhes des muqueuses gé-
nitales an même titre que l'eau de goudron.)

I; 'j|piMi—'Le goudron est une poix liquide, un produit résineux impur,
; que l'oaretire du.bois de divers arbres conifères, principalement des pins,
après qu'on les a épuisés par des incisions.

s |ParlaïdistilIatfon du goudron, on obtient divers produits : la résinone (70 degrés),
' h.résinëone (1 A3 degrés), la résinéine et de l'acide acétique (250 degrés). La résinéone,
^^,|ii ides ..Anglais, est une huile essentielle, liquide, incolore, qui offre toutes les
; propriétés.,du .goudron et est préconisée par Péraire dans les mêmes cas que le gOU-
dion.)' ■';..';/ ■■'.

PRÉPARATIOHS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

AJ,'I«TÉRIEBII.>— En substance, de 2 à U gr.,
1 en pilules;'6u dans du lait, de la bière, etc.
- On emploie aussi le goudron purifié. (Co-
; fade 1866.)

|!aude,goudron : goudron purifié, 100 gr.;
, eàodç'pluie, pu, mieux, distillée (3).—
y!5ezëb contact pendant vingt-quatre
ieures.idans' une;' cruche de grès, en agi-
otent souvent avec-.une spatule de bois-, re-

..jetçi cette, première eau et ajoutez-en une
j. nouvelle quantité; laissez en contact de
? souTéàu pendant huit à-dix jours, en
1, WBt soin:d'agiter souvent; décantez et
1-ftrez, ,-..,. :. ,.) r , '

:.:0n,vend;dans les.pharmacies diverses pré-
v»t|pns sous forme de spécialité, qui ne
]M P?;'-,^. solutions concentrées de gou-

'liiSf^î^P^ lmé Joueur concentrée et
:^% «airassée des huiles acres et empy-
'fjftBÇ. qu'on emploie à la dose de deux
;Wf¥j,V,me. pour 1 litre d'eau, ou
4?«'érteà'café par verre.)
,«WPneau:de,goudron, sur 2 de sucre), de
Vi,»P.lQOgr.,,par cuillerées.

■fS^-f ■ Sm^n--- H manquait, pour.
•«»,facile l'administration du goudron et

pour en généraliser l'usage, une forme phar-
maceutique commode, exempte de répu-
gnance, et qui conservât à ce produit toutes
ses qualités. Dannecy , pharmacien à Bor-
deaux, à comblé cette lacune. Il mélange à
froid le goudron de Norwége avec 1/15 de sou
poids do magnésie et laisse en contact pen-
dant quinze jours à la température de la
cave. Au bout de ce temps, le mélange, de-
venu parfaitement maniable, peut être mis
sous forme de dragées et pris sans répugnance
par les malades. On peut aromatiser le sucre
qui sert à les enrober, et masquer ainsi la
faible odeur du goudron qu'elles laissent dé-
gager. Quelques praticiens de Bordeaux qui
ont expérimenté ces dragées, y font ajouter
les uns du fer, les autres du quinquina, et
l'on comprend combien il est facile d'y faire
telle ou telle, addition qui sera jugée utile (4).

A L'EXTÉRIEUR. — Pommade (1 de goudron sur

3 ou k d'axonge) ou huile essentielle (1 sur

6 d'axonge).
(Glycéré de goudron : goudron purifié, 10 gr.;

glycéré d'amidon, 30 gr.)
Décoction, de 20 à 60 gr. par kilogramme

d'eau, pour injections, lotions, fumigations

et bains.

BM^ modérées, il excité les or-

ter - ^'^ -* circulatoires ; il augmente les sécrétions, et surtout celles
v_™jêi|/et a une action notable sur les fonctions de la peau. On l'admi-

„, im,.,I{isfoire naturelle et médicale des médicaments nouveaux, 2e édit., p. 189 et

*a«aiitWm>î:MmPluneou sé'éniteuse donnerait un produit de mauvaise conservation et com
^ (li)Biini<lt)ln.?0,de.u"r dé sulfure d'hyrtrogène.) -.-...

ï ' "mtm Userai de thérapeutique, 15 octobre: 1857

54
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850 PINS ET SAPINS.

nistre dans les catarrhes vésicaux et pulmonaires chroniques, dans la phthi
sie, l'asthme, le scorbut, et surtout dans certaines affections cutanées telles.
que les dartres rebelles, le psoriasis, la lèpre vulgaire, le prurigo, etc'.

Le goudron en vapeur a été préconisé contre la phthisie pulmonaire nar
Christison et Wall. On a obtenu par ce moyen, à l'hôpital de Berlin les ré-
sultats suivants : «Sur cinquante-quatre phthisiques distribués en'quatre*
salles, dans lesquelles on évaporait quatre fois par jour une marmite de
goudron, de manière à les remplir de vapeurs épaisses, quatre furent guéris
six éprouvèrent une amélioration sensible, seize ne ressentirent aucun
changement, douze devinrent plus malades, et seize moururent (1).

(Le goudron en vapeur est très-utile dans les affections pulmonaires chro-
niques, dans la phthisie, les catarrhes bronchiques, etc. Cazol livre cet
agent aune évaporation spontanée dans des assiettes disséminées dans la
chambre du malade. Il faut avoir soin de temps en temps de remuer le gou-
dron. On peut encore le soumettre à. une douce chaleur, comme celle d'une
veilleuse, par exemple. Soubeiran fait bouillir ensemble de l'eau et du
goudron, et les vapeurs d'eau chargées de principe actif se répandent dans
l'appartement. Il faut éviter avec soin que l'eau ne se vaporise entièrement,
afin qu'il n'y ait point production d'une grande abondance de vapeurs em-
pyreumatiques, qui seraient nuisibles au malade. Sax, le célèbre fabricant
d'instruments de musique, a imaginé un appareil simple et portatif, destiné
à faciliter l'évaporation et l'inhalation des vapeurs de goudron; il lui a donné
le nom A'émanateur hygiénique.' Cet instrument est basé sur une idée très-
simple; sa disposition permet de multiplier la surface d'évaporation, d'en
graduer la quantité, de la suspendre ou de la faire se prolonger.

On a aussi employé l'eau de goudron pulvérisé dans les cas qui récla-
ment la médication précédente, et avec un succès marqué dans les laryngo-
pharyngites glanduleuses.)

« Pour les maladies chroniques de la peau, dit A. Cazenave (2), l'emploi
du goudron, mis assez souvent en usage, a été suivi, sinon de succès mer-
veilleux, au moins le plus ordinairement de bons résultats. Willan et Baie-
man l'ont recommandé contre l'ichthyose. Je l'ai vu, dans un assez grand,
nombre de cas, à l'hôpital Saint-Louis, employé par M. Biet dans le traite-
ment des affections squammeuses, et aussi dans celui du prurigo. J'ai vu:
rarement obtenir, avec ce moyen seul, des guérisons complètes, mais sou-
vent des améliorations promptes et positives. Enfin, les expériences de
E. Acharius, à l'hôpital de Stockholm, conduiraient à faire aecorder au gou-
dron une efficacité réelle contre la syphilis. »

L'eau de goudron, que l'on prend à la dose de S00 gr. par yerrées le
matin à jeun, seule ou avec du sucre, du lait, du vin, de la bière, etc.,
excite l'appétit, accélère la digestion, augmente le cours des urines et 1 ex-
halation cutanée. On l'emploie dans la dyspepsie, le scorbut, l'asthme, la
cachexie, le rhumatisme chronique, la phthisie pulmonaire, les affections
catarrhales chroniques des voies respiratoires et urinaires. (L'eau de goudron
et les préparations de goudron ont sur la muqueuse bronchique une action,
qui n'est pas toujours identique à elle-même : « Les sécrétions excessive
diminuent, dit Durand-Fardel (3) ; elles prennent un peu plus de con-
sistance; elles sont rejetées avec plus de facilité et cessent de s'arr®ter^e
les rameaux bronchiques qu'elles obstruent, avec production dedysp i
imminence à un certain degré d'asphyxie, et nécessité d'une toux pe
pour les expulser. . , „ue

Lorsqu'au contraire la muqueuse est le siège d'une irritation de o

(1) Dictionnaire, de médecine, 2e édit., t. XIV, p. 192..

(2) Dictionnaire de médecine, 2e édit., t. XIV, p. 192.

(3) Traité des maladies des vieillards. Paris, 1834,* p. 4281»
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PINS ET SAPINS. 851

durée avec sécrétion, rare, visqueuse, difficile à détacher, celle-ci devient
plus abondante, plus fluide, l'expectoration plus facile, et les signes d'ir-
ritation disparaissent. » ■ .
Le goudron n'agit pas seulement comme balsamique ou résineux, il sti-
pule la muqueuse bronchique considérée comme organe de sécrétion.
Le professeur Hardy, dans ces cas véritablement désespérants pour le
médecin où lès furoncles se reproduisent avec une incroyable ténacité, aem-
ployéavec succès l'usage quotidien de l'eau de goudron. Plusieurs faits sont
, venus côhstajèr l'efficacité de cet agent comme moyen d'empêcher cette
reproduction. J'ai en vain, chez trois malades, essayé cette médication;
l'éruption furonculeuse se présenté dans des conditions tellement diffé-
rentes! qu'on ne peut compter sur le succès dans tous les cas.)
Gomme Trousseau et Pidoux, j'ai employé avec un succès remarquable
lès-injections d'eau de goudron : dans la vessie affectée de catarrhe chro-
nique; dans les conduits fistuleux qui donnent passage à une suppuration
abondante, et fétide, et sont entretenus par des caries et des nécroses; dans
lesclapiers purulents résultant d'abcès profonds qui ont consumé le tissu
cellulaire interstitiel des muscles; entre la peau décollée et les tissus sous-
jaceots dans certains ulcères scrofuleux; dans le conduit auditif externe,
i siégedé: bés otorrhées interminables que laissent après elles, chez les en-
fants surtout, les fièvres éruptives, et principalement la scarlatine,
'(kesgargarismes d'eau de goudron réussissent parfaitement dans les sto-
: matites ulcéreuses. Dans lesblénnorrhagies,je me suis toujours bien trouvé
; dél'eau de goudron à l'intérieur à la dose de 300 gr. par jour. Je prescris
; eùmême tèînps des injections avec de l'eau un peu plus chargée de prin-
: cipeactif.)' ...

\ ,là pommadé de goudron, à laquelle on joint quelquefois une petite pro-
\ portion dé laudanum de Sydenham ou de Rousseau, est employée en fric-
' tipns contre la gale, la teigne granulée, l'eczéma, l'herpès, le psoriasis.
■ (Ee goudron, à l'extérieur, a une action presque spécifique contre les af-
fections, ^^^ mais, pour peu qu'elles soient invétérées, il faut,
pour prëvénir leur retour, joindre à l'emploi local de la pommade au gou-
; dçonin,traitement général approprié.

;Foïx BtiHCHE; Poix DE BOURGOGNE, POIX JAUNE. — C'est la térébenthine

so|uiÉè par l'évaporation d'une partie de son essence. On ne l'emploie

ui'à l'extérieur, étendue sur de la peau, et on l'applique loco dolenti dans

te affections rhumatismales chroniques, la pleurodynie, la sciatique ;

cérame' défivàtivë, dans les catarrhes bronchiques, les toux chroniques, la

pnthisie pulmonaire, appliquée entre les épaules ou à la partie antérieure

''W3BpMne.ll.le-âdlièrë'^oTtefmentpeudant une ou plusieurs semaines, et

; If est ^uyeht;obligé, pour l'ôter, d'employer l'huile tiède. Chez certains

fl?o';$tè'rubéjië la peau ou provoque une éruption papuleuse incommode,

!. ïf1^ Pigmente son effet révulsif. Comme ce topique est ordinairement

très-large et qu'il gêne les mouvements, je lui substitue souvent le papier

: Wmatif. Quelquefois on mêle de la poudre de moutarde à la poix de

' ^uf?Pgne pour le rendre rubéfiant. On le saupoudre de tartre stibié quand

.« veut produire une éruption pustuleuse révulsive, qu'il faut toujours-

S'.'fei surtout sur les enfants. Je provoque une éruption analogue en

S^-^P'1^'de Poix de Bourgogne, auquel je joins une très-petite

; L°? ■ $saindoux, et en le malaxant avec une assez grande quantité de

«î^^^ïSI est un produit résineux de la combustion du pin. On l'em-.
LuUrC0^me maturatif à l'extérieur. Son action est analogue à celle du
'. «on. Les paysans font mourir les vers des poulains en leur faisant ava-
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852 PINS ET SAPINS.

1er des boulettes de poix noire. M. Wardlevvorth (1) a obtenu des effets avan
tageux de l'usage de la poix noire dans les hémorrhoïdes internes on ex!
ternes, avec ou sans perte de sang ; 18 centigr. de poix noire sont divisés en
3 pilules; on en prend 2-chaque soir, et on a soin de tenir le ventre libre

La GotoPHANE, COUOPHONE, Poix SÈCHE, est le produit fixe ou le résidu de la
distillation de la térébenthine. Elle entre dans la composition de plusieurs
emplâtres. Réduite en poudre, on s'en sert comme hémostatique dans les
hémorrhagies capillaires; elle absorbe les parties aqueuses du sang et en
facilite la coagulation dans les piqûres de sangsues, les coupures, etc.

HUILE DE SAPIN. — Il ne faut pas confondre cette huile avec la térében-
thine, ni avec l'essence de térébenthine. On l'extrait dans les Vosges comme
l'huile de lin, par expression à chaud des cônes ou strobiles de première
année du pin sylvestre. Elle est d'une couleur brun-verdâtre, d'une con-
sistance demi-liquide; elle dépose-abondamment par le repos, et a une
odeur aromatique très-prononcée. Dans les Vosges, cette huile sert à l'éclai-
rage et fait partie de. diverses préparations antirhumatismales et antipso-
riques populaires.

CRÉOSOTE. — (La créosote pure appliquée sur la peau cautérise légèrement :
c'est à elle que la fumée doit ses effets irritants sur les yeux. Sur les mu-
queuses, en effet, l'action est plus marquée que sur la peau; l'ingestion de
la créosote diluée détermine, dans l'estomac, de la cuisson, de la douleur,
et. secondairement des effets dynamiques généraux, que Corneliani (2) rap-
porte à ceux d'une substance hyposthénisante. Trousseau lui reconnaît un
effet stupéfiant sur le système nerveux. Administrée à haute dose ou pure,
la créosote est un poison corrosif violent : il est un fait à noter, c'est que
l'animal sur lequel on expérimente urine aussitôt après l'ingestion de cet
agent délétère.

Injectée dans les veines, ou déposée sur trois gros nerfs mis à nu, la mort
s'ensuit immédiatement.

Lusanna, de Milan (3), s'est efforcé de prouver que les accidents toxiques
qui arrivent en Allemagne et dans d'autres pays du Nord par l'usage des
viandes fumées, tiennent à la présence de la créosote provenant de la fumée
des bois de pin et de sapin dont on se sert dans leur préparation. Sans
nier que cette substance ne puisse occasionner quelques embarras du côté
des voies digestives, on ne pourrait actuellement admettre cette assertion
d'une façon absolue. La connaissance de là trichine et de la trichinose est
venue donner de ces faits une explication bien autrement rationnelle et
pratique.

Lorsqu'apparut la créosote comme agent thérapeutique, on la vanta outre,
mesure, ' administrée à l'intérieur, à la dose de 1 à 25 centigr., en en»
sion, mixtures où gouttes, dans la phthisie, les catarrhes bronchiques, la,
diabète, le cancer et d'autres affections chroniques. L'enthousiasme du de-,
but l'avait placée au rang des remèdes" héroïques, l'expérience l'a. réduite a,
celui dé remède utile. « Il en est, dit Munaret (4), des médicaments comme
des hommes; c'est-à-dire qu'il faut recourir à la grande épreuve du temps
pour admettre les uns dans la pharmacie comme les autres dans son uni-,
mité ; et quand vous entendrez crier au miracle, pensez à la créosote.»

La réaction de l'enthousiasme a donc été la négation de l'effet.therapeu-.
tique. Entre les deux'excès, la vérité s'est fait jour; actuellement on im,

(1) Journal de mèâë&m et Ae chirurgie pratiques, t. XI, p. 218. . .(0i

(2) Esperieme ed .iw$q.ttzioni sull' uomo, e sugli animali intorno aile mm «»»"
Pavie, 1835. MU:.,,

(3) Annales, de thérapeutique, 1845, p. 111 et suiv.

(4) Du médecin des villes et'dît, médecin de campagne, 2e édit., p. 230.
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•PINS ET SAPINS. 853

reconnaît une action modificatrice sur les muqueuses, ce qui explique ses
succès dans les affections catarrhales, pulmonaires, intestinales, vési-
cales, etc. Elmer a recommandé, contre les dysenteries rebelles, 1 goutte de
créosote toutes les deux heures dans une solution gommeuse (1). Willmott
employa le'même agent en lavement, dans une épidémie de dysenterie (2).s

Considérant là diarrhée cholériforme des enfants comme le résultat de la
fermentation, que des aliments sucrés et amylacés subissent dans les voies
digestives, Ph. V. Dush (3) préconise la créosote, à la dose de 2 gouttes dans
ionces de décoction de salep, une cuillerée à café toutes les deux heures.
Il affirme que la diarrhée et les vomissements cessent presque toujours ra-
pidement.

N'oublions pas qu'on lui a aussi reconnu un peu d'utilité dans les vomis-
sements nerveux, et surtout ceux des femmes enceintes.

C'est principalement à l'extérieur que la créosote a été vantée et em-
ployée.L'eàu créosotée à titres divers constitue un astringent plus ou moins
puissant etun hémostatique assez précieux. On l'a employée pour combattre
la carie et la gangrène, et, en cela, les données chimiques sont d'accord
avec la clinique; employée pure en badigeonnage sur les parties malades,
elle à réussi.à limiter les progrès de la gangrène de la bouche, entre les
mains-de Hasbach (4). Bazin (5) se sert du même moyen pour arrêter l'exten-
sion des scrofulides malignes. Je m'en sers souvent pour modifier la nature
deschancr.es sérpigineux. Les solutions de créosote sont des topiques sti-
mulants, antiseptiques et détersifs ; ils agissent comme antiputride et comme
désinfectant; les affections catarrhales chroniques, catarrhe vésical, vaginal,
utérin,.uréthràl, etc., sont modifiés par des injections à très-faible titre.
Çorneliani, et, après lui, "Wahu (6), attribuent à l'eau créosotée des pro-
priétés cicatrisantes remarquables. Ce dernier fait recouvrir les plaies et les
ulcères deplumasseaux de charpie imbibés de la solution dont suit la for-
mule :.çréosote, 5 gr.; alcool, 50 gr. ; eau, 200 gr. Dès 1851, Lebert (7) em-
ployait des solutions, à divers degrés, dans le pansement des cancers ulcé-
rés, et en obtenait de beaux résultats dans l'aspect et l'état locaux de la
plaie. Guibert (8) s'est très-bien trouvé de la glycérine créosotée dans le pan-
sement dés ulcères fétides produisant du pus de mauvaise nature. On a mis
cet agent en usage dans les trajets fistuleux; en collyre dans quelques affec-
; lions oculaires.

Ea vertu hémostatique de la créosote repose sur ses effets astringents non

douteux; mais elle n'a de réalité que pour les hémorrhagies capillaires. Il

i ressort des,expériences de Miguet (9) que celles qui ont les artères même de

'• petit calibre pour siège sont totalement rebelles à ce mode de traitement.

■la créosote a été recommandée, comme parasiticide (Francis Smith) (10),

\ ™'slëitraitement delà teigne et de la gale. Delarue recommande très-vi-

; jementla-pommade créosotée contre les érysipèles, quelles que soient leur

ifflie^eur gravité, etc., etc. Ce praticien promet trop de choses pour que

i.on\B éprouve pas une certaine hésitation avant de partager sa confiance.

^"^méconnaître que l'érysipèle, s'il est quelquefois une affection locale,

; estle plus souvent l'expression, la manifestation d'un état général antérieur

S ?u!f!(i» 8* thérapeutique, 1858.
. ^.Zfn"mfdical Garnie, m5.

'■Mn? - 4e ldSociété de médecine de Gand, 1862, p. 299.
■ M Unum médicale, 1863.

6 !, k wofule, 2" édit., p. 252.

7llïïW de médecî'ne et de chirurgie pratiques, 1857, p. 144.

8 «S»- mal"dies cancéreuses. Paris, 1851, p. 200.

I«» i elle et médicale des médicaments nouveaux, 2" édit, p. 206.

ImlZÏi i MnWes et médicales sur la créosote, 1834.
i annote de médecine belge et étrangère, 1838, t. Il, p. 274.
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85A PINS ET SAPINS.

à son apparition, état général dont la nature même peut varier, etc. Règle
générale, une médication qui s'adresse à toutes les formes d'une affection
m'est a ■priori fort suspecte.

Sans contredit, l'usage le plus répandu, je dirai l'usage populaire de la
créosote, est celui qu'on en fait dans les caries dentaires ; on l'applique dans
la dent malade à l'aide d'une petite boulette de coton ou d'amadou en
ayant soin de ne pas toucher aux parties voisines. Lorsque l'on ne peut
l'appliquer sur la carie même, on en verse quelques gouttes dans l'eau et
on en gargarise la bouche; la douleur cesse souvent. Stanislas Martin 11)
l'associe au collodion et obtient ainsi un enduit solidifiable fort convenable
pour boucher les dents cariées.)

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — 2 à 3 gouttes dans une po-
tion de 100 gri

A L'EXTÉRIEUR. — Eau créosotée : eau, 1,000

gr.; créosote, 1 gr. (Bouchardat),ouiinpe«
plus, concentrée suivant l'indication.
Pommade (Delarue) : créosote, 8 gr.; axonse,
30 gr.

(ACIDE PHÉNIUTJE, PHÉNOL, HYDRATE DE PHÉNYLE. — Quoique la créosote
impure contienne de l'acide phénique, quoiqu'on puisse l'extraire du gou-
dron de pin, son origine commerciale et scientifique est le goudron de
houille. Cette origine le fait exclure de notre cadre déjà si rempli. Nous ne
ferons donc que donner quelques détails sur ce corps si important et qui a
pris tant de valeur dans ces dernières années, et qui reproduit avec une
énergie plus grande l'action de la créosote. Nous renverrons, pour des dé-
tails plus précis, aux publications périodiques des six dernières années et
au travail de Lemaire (2). On trouvera dans l'Union pharmaceutique, tfSfô,
p. 86, le formulaire complet des préparations phéniquées.

Rappelons que cet acide a été préconisé pour l'assainissement des locaux,
dans les brûlures récentes à divers degrés, comme insecticide (gale), contre
la teigne, dans les cas de gangrène de diverses natures, dans les affec-
tions catarrhales, contre le choléra, les affections typhiques, etc., etc.,
les affections virulentes, etc.

Boboeuf (3), Bouchardat et Réveil (4) préfèrent à l'acide phénique les phé-
nates alcalins, et surtout le phénate de soude, bien neutre, ou phénol so-
dique ; il est plus soluble, moins irritant, et possède les qualités du phénol
sans en avoir les dangers.

La dernière épidémie de choléra que nous venons de traverser a fait faire
beaucoup de bruit autour de l'acide phénique, comme désinfectant, des-
tructeur des virus et des miasmes; pour ma part, je puis affirmer que peut-
être cet acide détruit les virus, en solution concentrée, comme caustique;
mais qu'en solution étendue, comme celle que l'on a généralement em-
ployée, elle ne m'a pas paru avoir sur la marche du fléau, sur la non-con-
tagion la moindre influence. Les préparations qui ont l'acide phénique pour
base n'ont qu'une action assainissante restreinte, et cette action ne porte
que sur les émanations insalubres résultant des égouts, Iienx d'aisance, etc.,
mais la neutralisation d'un miasme hypothétique me semble encore un vé-
ritable mythe.)

(1) Bulletin de thérapeutique, 1861. , ;„„(.

(2) De l'acide phénique, de son action.sur les végétaux, les animaux, les Iermf"< la-
rcins, les virus, les miasmes, et de ses applications à l'industrie, à l'hygiène, aux «aéra*
tomiques et thérapeutiques. 1 vol. grand in-18.

(3) De l'acide phénigue, etc., et du phénol sodique, etc. Paris, 1866,

(4) Annuaire de thérapeutique, 1864.

[[Catégorie:Cazin 1868]]
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