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Marronnier (Cazin 1868)

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__TOC__

[612]

== Marronnier ==

Voir la page ''[[]]''

MARRONNIER D'INDE. iEscnlus Hippocastanum. L.

Castanea folio multifido. C. BATJH. — Hippocastanum vulgare. TOUHN-
Castanea iquina. DOD.

Châtaignier, — châtaigne#chevaline, — châtaigne de cheval.
HIPPOCASTANÉES. Fam. nat. — HEPTANURIE MONOGYNIE. L.
Ce bel arbre, originaire de l'Asie, apporté en France en ISIS par le doc-
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MARRONNIER D'INDE. 613

teur Bachelier, maintenant naturalisé dans toute l'Europe, ombrage les
places et les avenues, orne les jardins publics et les parcs. Ses feuilles des-
séchées'plaisent aux cerfs. Les abeilles puisent en abondance dans ses fleurs.
Les fruits, quoique d'une apreté repoussante, sont mangés par les chèvres
et les brebis.

Parties usitées. — L'écorce et le fruit.

Récolte. — On récolte l'écorce au printemps sur les jeunes branches de deux ou
trois ans ; après l'avoir mondée, on la porte au séchoir; lorsqu'elle est sèche et dé-
pouillée de son épiderme, elle est en morceaux roulés, assez épaisse, de couleur gris-
brunàtré en dehors, d'un jaune fauve en dedans, à cassure fibreuse. Les fruits sont
mûrs en automne.

[Culture. — Plante très-rustique, se propage par graines ou par éclats de pieds,
vient partout, mais elle préfère un terrain frais et substantiel; on sème en place ou en
rigole pour repiquer ensuite en pépinière ; il supporte la taille et la tonte ; il y a une
variété à feuilles panachées.]

Propriétés physiques et chimiques; usages économiques.

-L'écorce de marronnier d'Inde est d'une saveur astringente et un peu amère. Son
infusion aqueuse rougit la teinture de tournesol, précipite la gélatine, ne préci-
pite pas l'émétique, précipite par les acides, par la baryte et par la chaux, fournit un
précipité vert par le sulfate de fer, ne précipite pas par la potasse, qui lui donne une
couleur bleue intense. Elle contient, d'après Pellelipr «t Caventou, une matière astrin-
gente rougeâtre, une huile verdàtre, une matiëit colorante jaune, un acide, de la
gomme, du ligneux. Le fruit (marron d'Inde, castanea equina) a une saveur très-désa-
gréable. Il contient,' d'après Caizonnéri, une substance alcaloïde presque insoluble,
brune et d'une saveur douceâtre, qu'il a nommée esculiae. Minor, Trommsdorff, et tout
récemment Mouchon, se sont occupés de l'extraction de ce produit. Ce dernier (1) l'a
obtenu par des procédés qui lui sont particuliers et qui en garantissent la pureté. L'es-
cnline de ce pharmacien distingué est une matière blanche, amorphe, d'une amertume
très-prononcée, d'une pulvérisation facile, d'une odeur presque nulle, à réaction alca-
line, d'une solubilité plus facile dans l'alcool bouillant que dans l'alcool froid, beaucoup
moins facile dans l'eau que dans l'alcool, faible ou fort, surtout à froid (donnant avec
l'acide sulfurique des sels ciïstallisables. Ce corps, qui a pour formule CluH 9010, a été
aussi appelé polychrome et énallochrome, bicolorine, parce qu'on lui attribuait la pro-
duction des phénomènes de dichroïsme que présentent les infusions d'écorce de mar-
ronnier d'Inde.) Lepage, pharmacien à Gisors (2), a trouvé clans les marrons décor-
tiqués, et venant d'être récoltés, la composition suivante rapportée à 100 parties :
eau,45.00; tissu végétal. 8.50; fécule, 17.50; huile douce saponifiable, 6.50; glucose
ou sucre analogue, 6.75; substance particulière d'une saveur à peine douceâtre, 3.70;
saponine ou principe amer, Û.&5; matière protéique (albumine et caséine), 3.35;
gomme, 2.70; acide organique déterminé et substance minérale (potasse, chaux, ma-
gnésie, chlore, acide sulfurique et phosphorique, trace de silice), 1.55. Il contient une
grande quantité de fécule combinée à un principe acre, dont on peut le débarrasser
par un procédé proposé par Parmenlier et rappelé par Flandrin, dans un mémoire lu à
'Académie des sciences en 1848. Ce procédé consiste à mêler 100 kitogr. de pulpe de
Marrons, avec 1 ou 2 kilogr. de carbonate de soude, à laisser macérer pendant quelque
temps, puis à laver et passer au tamis; on obtient, par ce moyen, une fécule très-pure
P.peut remplacer celle de la pomme de terre, et lui est même préférable, s'il faut en
croire Mérat et Delens. « H serait facile, dit Raspail, d'utiliser les fruits de marronnier
«en obtenir 30 sur 100 de fécule, tandis que la pomme de terre n'en donne que
^.ponr 100. Il suffirait de râper les marrons comme on le fait pour la pomme de terre,
«* laver le dépôt avec de l'eau très-légèrement acidulée par l'acide sulfurique, ou plu-
m, comme le recommande Baume, avec de l'eau alcalinisée avec la potasse, de laver
ensuite a grande eau pour enlever toute àcreté : la fécule serait ainsi dépouillée de tout

rf 1 Pf.ut ia rendre désagréable et nuisible. »
mrii /• y et Tnibiei'ge. de Versailles, ont publié un travail très-intéressant sur les
vacations économiques et industrielles du marron d'Inde.]
es marrons d'Inde râpés et macérés dans l'eau servent clans quelques pays au blan-

(2) 3/°n'j?raP'"<î des principaux fébrifuges indigènes, p. 92. Lyon, 1850.
, v / académie de médecine, séance du 18 mars 1856.
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MARRONNIER D'INDE.

chissage au lieu de savon. La farine de ces marrons est quelquefois usitée comme cos-
métique en place de pâle d'amande. Elle sert aussi à faire une .excellente colle dont
l'amertume écarte les insectes rongeurs. Les bougies qu'on a essayé d'en faire en la
mêlant au suif, qu'elle rendait plus solide, éclairant mal et étant peu économiques
n'ont eu qu'une vogue passagère. '

PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR.—Décoction, 30 à 60 gr. et
plus (écorce) par kilogramme d'eau.

Poudre, 1 à 4 gr. comme tonique, 15 à 50 gr.
comme fébrifuge.

Extrait aqueux, 75 centigr. à 1 gr., en pi-
lules, potion, etc.

Extrait alcoolique, 30 centigr. à 1 gr. et plus,
en pilules, potion, etc.

Vin (30 à 60 gr. d'écorce par kilogramme de
vin blanc, en macération), 60 à 100 gr.

Teinture alcoolique : écorce, 125 gr. ; alcool à
21 degrés, 500 gr.—Concassez l'écorce, met-
tez-la en contact avec le véhicule, agitez de
temps en temps, et après quinze jours de
macération, filtrez. — Une cuillerée à bou-

che à jeun ou avant le principal repas le
plus souvent dans une tasse de tisane
amère. (Jobert, hôpital Saint-Louis.)
Élixir fébrifuge de Reil: extaait d'écorce, 4gf
eau-de-vie, 30 gr.; 10 gouttes toutes les trois
heures. (August, pharm. extemp.)

A L'EXTÉRIEUR.— En décoction, plus ou moins
concentrée, pour lotions, fomentations, in-
jections, etc.

(Esculine, 50 centigr. à 2 gr., comme fébri-
fuge.

Sirop (Mouchon) : esculine en poudre, 125 gr,;
alcool à 56 degrés, 2,500 gr.; sirop de
gomme, 8,000 gr.)

L'écorce de marronnier d'Inde est tonique et astringente. A forte dose,
elle détermine du trouble dans Je tube digestif, occasionne ordinairement
de l'oppression et quelques autres effets sympathiques. Elle a été proposée
comme fébrifuge en 1720 par le président Bon (1). Pontedera (2) et Zaniceili(3)
l'administraient en cette qualité à la dose de 8 gr. répétée trois ou quatre
fois dans l'intervalle des accès. Leidenfrost (4) annonça qu'il l'avait employée
avec succès sur une vingtaine de malades. William Peiper mentionne, dans un
ouvrage publié à Duisbourg en 1763, plus de vingt cas de guérison de fièvres
intermittentes par cette écorce. Sabarot (5), Turra (6), Eberhard de Hall (7),
Cusson (8), en obtinrent aussi des succès très-nombreux et la regardèrent
comme un bon succédané de l'écorce du Pérou. D'autres praticiens, tels
que Bucholz, Junghans, Desbois, de Rochefort, Coste et Wilmet, Hufe-
land, etc., constatèrent la propriété fébrifuge du marronnier d'Inde.

Cette écorce était tombée dans l'oubli, lorsque la guerre continentale de
Napoléon Pr obligea de chercher parmi nos productions indigènes des suc-
cédanés au quinquina, devenu rare et d'un prix très-élevé. Ranque, d'Or-
léans (9), publia un des premiers ses observations. Elles constatent quarante-
trois guérisons de fièvres intermittentes par cette écorce administrée en
poudre à la dose de 12 à f S gr. par jour. Lacroix, dans une épidémie de
fièvre intermittente qui régna dans quelques communes du département de
Loir-et-Cher, administra ce fébrifuge avec succès à plus de deux cents ma-
lades. Les résultats heureux que nous venons de rapporter n'ont pas éle
confirmés par d'autres essais.

Wauters l'employa chez douze fébricitants : six furent complètement
guéris; deux en obtinrent un léger soulagement; chez un troisième, le suc-
cès ne fut que momentané, les autres n'en éprouvèrent aucun effet. Gw
donna sans succès un mélange d'écorce de marronnier, de racine de ta-

(1) Mémoires de la Société royale de Montpellier, t. II, p. 57.

(2) Dissertation botanique.- Padoue, 1720 et 1732.

(3) Iniorno facolla dell' Ipocastano. Venise, 1731.

(4) De succis herb. récent., etc. Duisbourg, 1752.

(5) Ancien Jpurnal de médecine, t. XLVII, p. 324.

(6) Osserva%. di botan. Venise, 1765.

(7) De nuce vom.. et corl. Hippocasi. vert, med., 1770.

(8) Annales de la Société de médecine de Montpellier.

(9) Bulletin des sciences médicales de la Société d'émulation, 1808, t. II, p. 560.
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MARRONNIER D'INDE. 615

forte et de gentiane. Bourges (1), Bourgier (2), Zulatti (3), Bretonneau, qui
apérimenta sur une grande échelle à l'hôpital de Tours en 1816, n'eurent
pas plus à se louer de l'écorce de marronnier d'Inde dans le traitement des
•fièvres-intermittentes. «Sans doute, elle a pu, disent Loiseleur-Deslongchamps
«t Marquis, de' même que plusieurs plantes et les écorces de divers arbres
de nos contrées, contribuer à la guérison de quelques fièvres intermittentes ;
mais elle ne suffit ordinairement que pour celles qui, telles que beaucoup
de fièvres printanières, n'offrent aucun symptôme alarmant et s'arrêtent
d'elles-mêmes au bout d'un certain nombre d'accès, par le seul effort de la
nature. C'est dans de pareils cas, qui sont vraiment du domaine de la mé-
decine expectante, que l'écorce de marronnier a paru produire d'heureux
effets. On s'est pressé de lui attribuer des résultats où elle n'avait sûrement
que peu de part, et de lui faire une réputation médicale qui n'a pu résister
à l'épreuve d'une observation sévère et sans préjugé (4).

Ces opinions contradictoires, fondées sur des faits recueillis par des pra-
ticiens éclairés et dignes de foi, ont laissé une grande incertitude sur les
effets fébrifuges de l'écorce du marronnier d'Inde. Pour mon compte, je dirai
■que dans les quelques cas où je l'ai employée, elle ne m'a donné un résultat
appréciable que deux fois. C'était dans une fièvre tierce, coupée après la
deuxième dose de ce médicament (30 gr. en poudre en 2 prises), et dans
une fièvre double tierce automnale, dont les accès diminuèrent graduelle-
ment et/cessèrent enfin le sixième jour de l'administration quotidienne de
30 gr., et ensuite de 45 gr. d'écorce pulvérisée.

L'écorce du marronnier d'Inde, douée de propriétés astringentes réelles,
a été employée avec succès dans les hémorrhagies passives et les flux mu-
queux :atoniques. Jobert (5) obtient tous les jours, à l'hôpital Saint-Louis,
les meilleurs résultats de l'usage de la teinture alcoolique de cette écorce
chez les femmes affectées de gastralgie atonique. Ce médicament paraît agir
sur le système nerveux en vertu d'une huile volatile associée au principe
amer..

A l'extérieur, l'écorce de marronnier d'Inde peut être employée comme
tonique, détersive et antiseptique. Coste et Wilmet l'ont substituée au quin-
quina dans une menace de gangrène au bas de la jambe d'un hydropique,
et la décoction qui en a été faite dans le vin a été aussi efficace que celle
d'écorce du Pérou. Le marron d'Inde, réduit en poudre, a été préconisé
comme sternutatoire dans les céphalalgies, dans les diverses autres affec-
tions cérébrales, même dans l'épilepsie. On fait avec ce fruit des pois à cau-
tère qui peuvent remplacer ceux d'iris dans les cas où la légère irritation
-que produisent ces derniers n'est pas nécessaire.

L'EscuLiNE a été employée avec succès par Durand, de Lunel, dans trois cas
■de fièvre intermittente à type quotidien.

Diday (6) a recueilli l'observation d'une fièvre quotidienne chez une dame
■%ée de vingt-six ans qui n'avait pu supporter le sulfate de quinine,
chez laquelle des lavements de quinquina usèrent à la longue plus qu'ils ne
coupèrent la maladie périodique. Prise ensuite d'une nouvelle série d'accès
plus graves, cette dame fut complètement guérie après trois jours de l'usage
tel esculine donnée à la dose de 6 gr. divisés en 12 paquets, dont elle pré-
dit 3 par jour, dans un morceau d'hostie, à huit heures, neuf heures et
onze heures du matin.

îo! i?™aî Vénérai de médecine, t. XXXV, p. 34.

\ij 'Itese de Gaillard, 27 avril 1809.

m n-"!? 0' ^néral de médecine, t. XXXVI, p. 328.

5 r„onna'redes sciences médicales, t. XXXI, p. 55.

u Journal de médecine et de chirurgie pratiques, janvier 1849.

<«) Monog. des fébrifuges indigènes,?. 106.


[616]

Mouchon a lui-même administré l'esculine 1 avec un plein succès dans
deux cas de fièvre intermittente; il l'associe à l'eau de menthe, à l'eau de
tilleul et au sirop d'écorce d'orange, en potion.

Dans quelques essais qui n'ont pas complètement répondu à son attente
Vernay, habile praticien de Lyon, accorde néanmoins une certaine valeur
à l'esculine. « Ces essais, dit Vernay, sont peu nombreux, il est vrai, ne dé-
passant pas le nombre de six; toutefois ils suffisent pour prouver : f la
tolérance de l'économie pour l'esculine à la dose de 2 gr., qui est la plus
forte que j'aie employée ; pas de nausées ni de diarrhée, pas d'accidents
cérébraux ; 2° l'utilité de ce nouveau moyen pour guérir la fièvre palu-
déenne; 3° sa puissance est sans doute inférieure à celle de la quinine
mais elle est réelle ; 4° l'esculine, à la dose de 1 gr., m'a paru plus efficace
que l'extrait de marron à la dose de 4 gr. que j'ai essayé deux fois. Peut-
être, en associant cet extrait au carbonate de soude, à la rhubarbe et au
tartre slibié, comme les anciens ont fait pour le quinquina, ajouterait-on à
son efficacité. On pourrait aussi l'administrer en électuaire, avec une pré-
paration ferrugineuse dans les cachexies paludéennes (1).

(1) Mouchon, Monographie des fébrifuges indigènes, p. 10S.

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