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A l’armée du Rhin, en l'an IV et en l'an V, où le quinquina était très-rare, Gros-Jean et plusieurs de ses confrères ont guéri un grand nombre de soldats atteints de fièvres intermittentes, au moyen de la racine de benoite. Frank (3) eut occasion d’administrer cette racine à un grand nombre de fiévreux, et il en obtint des résultats tellement favorables, qu’il affirme que, dans tous les cas où l’écorce du Pérou est indiquée, on peut lui substituer avantageusement la racine de benoite.
A côté de ces témoignages en faveur des propriétés antipériodiques de cette plante, viennent se placer ceux de praticiens habiles qui lui sont contraires. Les malades traités par Lund (''in'' Murray) ont éprouvé des nausées, des vomissements, et n’ont point été délivrés de la fièvre, que l’écorce du Pérou a promptement dissipée. Les résultats obtenus par Haller, Brandelins, Christopherson, Barfoth, Acrel, Dalberg, n’ont été guère plus favorables. Cullen, ne jugeant ''à priori'' des propriétés des plantes que d'après leurs qualités sapides et odorantes, suivant la méthode de Galien, regarde la benoîte comme peu énergique. Broussais (''in Flor. méd''.) n’a retiré de cette plante que des avantages, très-faibles.
Entre l’enthousiasme des uns et le dédain des autres, il n'y avait qu'un parti à prendre, celui de l'expérimentation. Or, j’ai déclaré dans la première édition de cet ouvrage que la racine de benoite m’avait fait complètement défaut comme fébrifuge. Depuis, et notamment pendant l'été de 1848, lorsque la fièvre intermittente régnait épidémiquement dans la vallée de la Liane, j’essayai de nouveau cette racine, fraîchement récollée, sur trente malades atteints de fièvre intermittente tierce, double tierce ou quotidienne. Je l’administrai en décoction concentrée (80 à 120 gr. dans 1 kilog. d’eau réduit à 700 gr. environ). Dans onze cas de fièvre tierce, la guérison eut lieu du troisième au cinquième jour inclusivement. Huit malades, atteints de la même fièvre, guérirent du cinquième au huitième jour, avec diminution graduelle des accès. Six autres malades, ayant le même type fébrile, n’éprouvèrent aucun soulagement, et furent guéris au moyen d'une forte décoction d'écorce de saule et de feuilles de calcitrape. Deux cas cle lièvre