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Belladone (Cazin 1868)

201 octets ajoutés, 6 février 2013 à 11:15
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Malgré tous les faits que nous venons de citer, on a contesté à la belladone sa vertu préservatrice. Joseph Franck lui refuse cette propriété par la seule raison qu’elle émane de l'homœopathie. « Je n’ai point employé la belladone, dit-il, comme moyen prophylactique contre la scarlatine, parce que le sens commun s’opposait à ce que je me servisse de ce remède aux doses minimes et ridicules de Hahnemann. » — Giacomini regarde comme douteuse la propriété préservatrice de cette plante ; il se fonde sur ce qu’on ne pourrait pas s’assurer, selon lui, que les enfants qui ne furent pas atteints de la scarlatine en prenant le médicament, l’auraient été en ne le prenant pas. D’après ce raisonnement, toute expérimentation devient inutile, et la vaccine même eût été rejetée par Jenner. — Souvenons-nous que Dupuytren ne voulut jamais, malgré l'évidence, admettre les propriétés obstétricales du seigle ergoté, et que Magendie se prononça ''à priori'' et irrévocablement contre l’emploi du chloroforme. — « Quelque imposantes que soient les autorités qui vantent la vertu prophylactique de la belladone dans le cas qui nous occupe, disent Trousseau et Pidoux, nous avouerons que nous ne pouvons que rester dans le doute, attendu que nous ne savons jusqu’à quel point les praticiens, dont nous récusons ici ''presque'' entièrement les conclusions, avaient justement apprécié tous les effets des influences épidémiques. »
Eh quoi ! Il s’agit d’un moyen simple qui peut rendre les plus éminents services, et, avant de récuser presque entièrement les conclusions de praticiens éclairés et de bonne foi qui ont vu, Trousseau et Pidoux ne veulent pas voir, ne cherchent pas à s’éclairer, à se convaincre par l’observation ? et pourtant, thérapeutiques consommés, est-ce là la marche qu'ils suivent habituellement dans la recherche des vérités pratiques qui distinguent leurs travaux ? Non, bien certainement. Ils réfutent eux-mêmes, par l’expérience qu'ils invoquent tous les jours contre des raisonnements que rien ne justifie, l’opinion qu'ils ont si légèrement émise sur la vertu prophylactique de la belladone. ''In medicina majorem vim habet experientia quàm ratio'', . (Baglivi.)
Mais voici des objections plus sérieuses. Raminski (1) affirme avoir eu de trop fréquentes occasions d’observer les mauvaises effets de la belladone pour croire à sa vertu préservatrice. — Lehmann (2), dans une épidémie, de scarlatine qui régna à Torgau en 1825, ne put obtenir le moindre avantage de l’emploi de ce médicament. — Les observations de Teuffel (3) viennent à l’appui de celles de Lehmann. Ce sont là des faits exceptionnels qui ne peuvent en rien détruire les faits bien plus nombreux qu’on leur oppose. On peut encore se demander si le médicament était bien préparé, s’il n'avail pas perdu sa vertu par la vétusté, si les enfants l'ont régulièrement pris...
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eut le mérite de donner à la botanique une impulsion nouvelle, parle de l’utilité des feuilles de belladone employées à l’extérieur pour combattre l’érysipèle. — Gauneau et Mériot (1) ont employé avec succès, dans cette phlegmasie, des frictions sur.la partie malade, trois ou quatre fois par jour, avec une pommade composée de 3,00 d’extrait de belladone et de 20,00 d’axone. Ils considèrent ce traitement comme supérieur à tous ceux employés jusqu’à ce jour. — Chevalier (2) dit avoir obtenu de bons effets de la pommade de belladone dans la même affection.
La propriété que possède la belladone de produire, dans certains cas, une éruption analogue à l’érysipèle, a suggéré l’idée à Yvaren de l'employer dans cette maladie. 11 Il cite le cas d’un érysipèle des nouveau-nés, guéri au moyen de la teinture de belladone administrée à la dose d’une à deux gouttes dans la journée, en solution dans 100 gr. d’eau, dont le malade prenait une cuillerée chaque heure (3).
D’après Rasori, Borda, Tommasini, RoghettaRognetta, Giacomini, etc., la belladone ne serait efficace que dans les affections à fond hypersthénique, c’est-à-dire dans celles où le traitement antiphlogistique est indiqué. Ils la regardent comme un puissant auxiliaire de la saignée. Selon Rognetta, des maladies inflammatoires très-graves ont été traitées en Italie uniquement par la belladone. Bien qu’un grand nombre de faits aient été publiés à l'appui de cette manière de voir, les médecins français sont loin de l’avoir adoptée sans restriction. Dans les phlegmasies superficielles, dans celles des organes doués d’une vive sensibilité, où l'élément- douleur domine, il est incontestable que la belladone peut être d’une grande utilité, ''quod sedat curât curat'' ; mais alors c’est plus ordinairement à l’extérieur qu'à l'intérieur qu'on l'emploie. Au reste, l’idée d'opposer la belladone aux phlegmasies n'est pas nouvelle. On trouve dans Tragus le passage suivant : « ''Herba hujus humus solani una uns cum flore, et fructu suo maturo, in fine maii distillata, omnis gcneris internis ardoribus et inflammalionibus proesenlissimo prœsenlissimo est remcdioremedio, si singulis vicibus mensurall mesura II aut IIIcochlearium III cochlearium ea aqua bibatur, et foris etiam linteolis lineis excepta imponaturimponatu''r. »
PHLEGMASIE DES MEMBRANES SÉREUSESPhlegmasie des membranes séreuses. — Dans un cas d’ascite d’''ascite aiguë '' survenue chez une jeune fille de treize ans, à la suite d’une diarrhée brusquement supprimée, Trousseau (4), se plaçant au point de vue d’une phlegmasie très-superficielle, sécrétoire et douloureuse de la membrane séreuse abdominale, s’adressa à l'élément douleur pour abattre l'inflammation et l'hypersécrétion. Le ventre fut couvert de cataplasmes arrosés avec une mixture composée de parties égales d’extrait de belladone, d’extrait d'opium d’opium et d’une suffisante quantité q"eau d’eau pour donner à ce mélange la consistance de sirop, . En même temps, on administra le calomel à doses fractionnées. Bientôt les douleurs s'apaisèrent, et, au bout de dix jours, l'épanchement séreux avait entièrement disparu ; mais l'absorption de la belladone avait produit une paralysie temporaire de la vessie, avec rétention d'urine.
J’ai calmé très-promptement une douleur pleurétique intense, et qui avait résisté à une saignée copieuse du bras et à une ample application de sangsues, au moyen d’un cataplasme de décoction de feuilles de belladone et de mie de pain. Ce moyen convient surtout dans les cas où la douleur est disproportionnée à l’inflammation et s'entretient par un état nerveux toujours facile à reconnaître. Ne pourrait-on pas employer avec avantage cette médication pour apaiser les douleurs aiguës de la méningite tuberculeuse? Des onctions avec la pommade de belladone et l'onguent mercuriel
9 îïeille medicale, 1850.
, TheLondon med. and physi>: Joum., 1820, p. 403., youcnardat, Annuaire de thérapeutique, 1849.wj Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 1855, p. 205.downloadModeText.vue.download 197 sur 1308_______________________
(1) ''Abeille médicinale'', 1850.
168 BELLADONE(2) ''The London med. and physic. Journ''., 1820, p. 403.
combattraient à la fois l’élément douleur et l(3) Bouchardat, 'élément inflammatoire. - Barbier pense que cette plante est contre-indiquée quand il y a de l'irritafion ou Annuaire de la phlogose sur quelque point de lthérapeutique'encéphale, et qu'elle -augmente les accidents quand on l'administre dans l'arachnoïdite, la célébrité partielle, etc. Nous ne partageons pas celte opinion, qui, d'ailleurs, n'est appuyée sur aucun fait1849.
MALADIES DES VOIES RESPIRATOIRES(4) ''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', 1855, p. 205.  [168] combattraient à la fois l’élément douleur et l'élément inflammatoire. — Barbier pense que cette plante est contre-indiquée quand il y a de l'irritation ou de la phlogose sur quelque point de l'encéphale, et qu'elle augmente les accidents quand on l'administre dans l'arachnoïdite, la célébrite partielle, etc. Nous ne partageons pas celte opinion, qui, d'ailleurs, n'est appuyée sur aucun fait. Maladies des voies respiratoires. — Rilliet et Barthez pensent que la belladone pourrait être très-utilement employée dans le traitement de la laryngite spasmodique, et qu’on pourrait la substituer au musc et à l'assa-foetida dans les cas graves ou lorsque les accès sont fréquemment répétés. — Popper (1), se fondant sur plus de cinq cents observations, affirme qu’il n'esl pas de meilleur remède contre l'angine tonsillaire que la teinture de belladone administrée en potion. Ce médicament, qui, du reste, ne convient ni dans l’angine diphthérique ni dans celle qui est de nature syphilitique, produit si rapidement l’effet désiré, que, le plus souvent, la guérison ne se fait pas attendre au delà de vingt-quatre heures!...
DeLarue, de Bergerac (2), rapporte une observation de pneumonie au troisième degré et annonçant une fin prochaine, dans laquelle 15 centigr. d’extrait de belladone en solution dans 10 gr. de sirop, administrés en une seule fois, a produit des effets prodigieux. «Variable selon l’exigence des cas, dit de Larue, notre nouvelle méthode de traitement est, comme toutes les médications héroïques, décisive, d’une pratique généralement difficile, parfois périlleuse. » Cette observation a pour épigraphe : La hardiesse est quelquefois une sage prudence. — Delchiappa (3) cite l'observation d'une pneumonie chez un berger robuste, âgé de seize ans, où la poudre de racines de belladone, donnée à haute dose jusqu’à intoxication légère, avait amené la guérison.
DYSENTERIEdysenterie. — Le sirop préparé avec les baies de belladone, à la dose d’une petite cuillerée, a offert à Gesner un moyen rapide de guérison dans une épidémie de dysenterie. « Ut vel liguloe, aut cochlearis parvi mensun somnum inférât, fluxiones sistat, dolores tollat, dysenteriam curet; gratus est plane, sed cavendum ne ampliùs detur (4). »
Leclercq (5) fait appliquer au-dessus du pubis un large emplâtre quadrilatère d'extrait de belladone. Chaque emplâtre doit être renouvelé toutes les vingt-quatre heures chez les malades gravement atteints, ou chez les dysentériques qui n'ont été soumis au traitement qu'après le huitième jour delà maladie. Chaque emplâtre de belladone doit être composé d’au moins 30 gr. d'extrait préparé au bain-marie. L’emplâtre de datura produit le même effet. Dans les cas graves, il est bon d'allerner l'emplâtre d'extrait de datura, et vice versa. Les résultats obtenus de l'emploi de la belladone à l'intérieur dans la dysenterie n’ont pas été assez décisifs pour que Leclercq puisse conseiller ce mode de traitement. Toutefois, il est persuadé que cette affection, combattue dès le début par les solanées vireuses convenablement administrées à l’intérieur, céderait à leur action.
(J’ai combattu avec le plus grand succès le ténesme si pénible de la dysenterie par des lavements répétés de belladone. Toutes les deux heures, je faisais pratiquer une injection anale avec 150 gr. d’eau et 2 à 5 centigr. d’extrait. Malgré l'élévation relative de la dose, je n'ai jamais constate de
 
 
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(1) Annales médicales de la Flandre occidentale, 1856.
Dans la fièvre pernicieuse cholérique que j’ai eu souvent l'occasion d'observer pendant les chaleurs de l’été dans les marais du Calaisis, l'opiunià l’intérieur et la belladone appliquée à l'épigastre faisaient presque toujours cesser les vomissements et les évacuations alvines qui avaient lieu pendant l’accès.
 
 
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(1) Journal de la Société de médecine de Gand, 1852, p. 40.
PHLEGMASIES. -r- L’emploi de la belladone dans Yophthalmie n'est pas nouveau. — Tragus eh parle ainsi : « Succus albumine ovi tempérants oculis impositus, inflammations eorum tollit. » — Vicat dit que, depuis longtemps, Welsh avait recommandé cette plante contre les phlegmasies de l’oeil. Dans certaines ophthalmies dont le symptôme le plus saillant est la photophobiè avec larmoiement abondant, Lisfranc faisait pratiquer des frictions sur les tempes et derrière les oreilles avec 4 gr. d’extrait de belladone délayé dans un peu d'eau. Quelquefois il faisait instiller dans l’oeil une solution de 5 à 10 centigr. de cet extrait dans 120 gr. d’eau distillée de rose pu de plantain. Ce traitement, que Dupuytren employait déjà depuis longtemps, a réussi dans beaucoup d’ophthalmiesqui avaient résisté .aux moyens ordinairement mis en usage. — Les lotions faites avec une laiD’e infusion de jusquiame ou de belladone sont préconisées par JungkenT de Berlin (4), contre l’ophtalmie militaire avec irritabilité extrême des yeux. -— Sichel (5) considère les antiphlogistiques et les frictions faites avec 1 extrait de belladone, quatre à huit fois par jour, sur le front, la région sous-orbitaire, les pommettes, les tempes, comme les moyens les plus efficaces contre la photophobie. Quand le mal résiste, il y joint l'emploi de la bella-
 
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1 Dûblm Journal, juillet 1838.
Saunders a, le premier, fait connaître les bons effets de la belladone dans l’iritis. « Cette substance, dit-il, appliquée convenablement sur l'oeil pendent le procédé adhésif de l'inflammation, force la marge interne de l'iris de s’étendre et dé s'éloigner de l'axe de la pupille, de surmonter l'obstacle provenant de l’agglutination de la lymphe, et d'allonger la bande organisée qui unit l'iris à la capsule, si le mal n'est pas ancien. Ainsi les adhérences sont réduites à une extrême ténuité, et il en résulte une transparence qui laisse passer les rayons lumineux. Si l’effet de l'inflammation a été léger, les adhérences seront peu de chose, et la pupille ne sera que légèrement irrégulière. L’iris conservera une certaine puissance d'action et la visionne sera que peu lésée. En général, la pupille est déformée, et 1 iris parfaitement fixe; mais si l’ouverture est assez grande et que la capsule ne soit pas devenue trop opaque, le. malade, pourra encore voir. (4).
Lorsque l'iritis l’iritis se termine par exsudation, le professeur Sloeber (b) con-  _______________________
(1) Bouçhardat, Annuaire de thérapeutique, 1844, p. 12.
HERNIE DE L’IRIS. — Beaucoup de praticiens ont employé la belladone dans le traitement des hernies ou des providences de l'iris. — Quand on n'a pu réduire, au moyen d'un stylet mousse, la hernie récente et produite par une lésion traumatique, Caron du Villars recommande l’usage de la belladone à l'intérieur et à l'extérieur. «Par ce moyen, dit-il, on obtient une dilatation grande et énergique qui, dans la plupart des cas, fait disparaître la hernie commençante ; cet état de l’iris devra être provoqué et maintenu pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, on cherchera à obtenir par tous les moyens possibles la cicatrisation de la cornée. » — Quand le prolapsus s’est fait par un ulcère ou par une ouverture très-petite, et qu’il ne peut être réduit mécaniquement, le professeur Stoeber conseille la position sur le dos, l’occlusion des paupières, l'obscurcissement de la chambre, et l'instillation de la belladone. « Ces moyens, dit-il, dégagent quelquefois l’iris et donnent le temps à la cornée de se cicatriser,» Dans les cas où la cornée, ramollie ou ulcérée, menace de se perforer, Sichel conseille, pour prévenir la hernie de l’iris, l’extrait de belladone en frictions autour de l’orbite et en instillation entre les paupières ; mais si le ramollissement ou l’ulcération occupent la circonférence delà cornée, cette médication, selon lui, peut être nuisible ; car alors la dilatation, en rapprochant davantage la partie libre de l’iris du point ramolli ou perforé, tend à favoriser l’accident qu’on cherche à éviter.—Velpeau (3) pense aussi que ce n’est que pour les procidences qui ont lieu assez loin de la sclérotique, qu'on peut recourir à l'emploi de la belladone. Dans ces cas seulement il y aurait, suivant lui, quelque chance de retirer l’iris en arrière en dilatant forcément la pupille. —Lorsque, dans la providence de l’iris, la pupille prend une forme oblique et allongée qui met obstacle au passage des rayons lumineux, on doit, suivant Bérard (4), tenter la réduction delà providence, soit en exposant brusquement l’oeil à la lumière, soit en repoussant l’iris hernie avec un stylet mousse, soit enfin en provoquant une dilatation permanente de la pupille, et par conséquent la rétraction de l’iris, en instillant de la
 
 
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(1) Bayle, Bibliothèque de thérapeutique, t. II, p. 454.
Lorsque le cristallin est opaque dans son centre, ou qu’il existe des taies au centre de la cornée (cataracte centrale, taies centrales), on peut donner passage aux rayons lumineux à côté de la partie opaque qui les,intercepte, et rendre au malade la faculté de voir les gros objets. « A cet effet, dit Debreyne, nous faisons instiller tous les jours, ou de deux jours l’un, une goutte de solution saturée d’extrait de belladone dans les yeux, afin de maintenir la pupille suffisamment large pour dépasser la circonférence de la tache ou le noyau opaque du cristallin cataracte. C’est ainsi que nous avons fait voir plusieurs aveugles qui ne pouvaient plus se conduire, et qui aujourd’hui, munis d'une solution d'extrait de belladone, se promènent librament depuis plusieurs années; et un entre autres qui était complètement aveugle depuis cinq ans par une large taie centrale qui occupe son seul el unique oeil. Depuis qu'il instille dans l'oeil de la solution de belladone, c'est-à-dire depuis sept ans, il voit suffisamment pour se conduire, et même, dit-il , pour travailler. C’est aussi à l'aide de ces instillations de belladone qne nous avons, il y a trente-six à trente-sept ans, fait voir au bout d’une demi-heure une personne atteinte de cataracte centrale depuis vingt ans, avec
 
 
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(1) Bouçhardat, Annuaire, 1848, p. 12.
Baumes regarde l'oxymel de belladone comme très-avantageux conlrf
 
 
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(1) Bulletin de l'Académie de médecine, t. IX, p. 496.
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